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Critiques de Kevin Smith (31)
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Spider-Man/Black Cat : L'enfer de la violence

Le nom de la collection est Marvel must-have.

Peut-être mais en l’occurrence c’est au moins Marvel must-read !



L’histoire éditoriale de cette mini-série en 6 épisodes est déjà inhabituelle. Les trois premiers épisodes ont été écrits en 2002, puis Kevin Smith a attendu trois ans avant d’écrire les trois suivants.



Cela se ressent dans l’atmosphère. Les trois premiers sont assez détendus. On vanne, on rigole, on se chauffe même entre Spider-Man et Black Cat (ce sont d’anciens amants). Les deux héros ont affaire à des morts par overdose dont on ne comprend pas par quel moyen ils se sont inoculés la drogue. Le méchant chef du réseau est rapidement identifié : un gars bien en société, affublé d’un frère plutôt réservé.

La compréhension du moyen de diffusion de la drogue est expliqué à la fin du troisième épisode, au cours d’un épisode au suspense insoutenable, vu ce qui menace la pauvre Black Cat.



Et là, les lecteurs ont dû attendre trois ans ! Enfer !



Les trois derniers épisodes se révèlent beaucoup plus dramatiques, où le sujet du viol devient prépondérant. Les personnages qui ont vécu cette horreur se livrent, et c’est vraiment dur à lire.

Cerise sur le gâteau, des guest-stars viennent filer un coup de main : Matt Murdock / Daredevil (à la fois en tant qu’avocat et en tant que héros) et le mutant ex Diablo.



Le dessin de Terry Dodson colle bien aux deux atmosphères, même si je le trouve un peu fainéant sur les foules en fond : visages à peine esquissés, parfois sans bouche ni yeux. La ligne est plutôt claire dans l’ensemble.



La force tragique de la deuxième partie vaut largement celle d’un roman ou d’un témoignage. J’en suis resté muet.



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Daredevil : Sous l'aile du Diable

Énorme !



Je ne connaissais pas cette version Kevin Smith / Joe Quesada de Daredevil et je tombe des nues. Dans un style graphique très différent du sombre Frank Miller, ce duo égale le maître.



Il est déclaré dans l’introduction : « comme souvent pour Matt Murdock, la série est au sommet lorsque son héros est au plus bas ». Et là, les auteurs en mettent plein la tronche du héros et de ses compagnons. Matt largué par Karen Page sans un mot d’explication, Foggy Nelson accusé de meurtre, Karen qui a chopé le SIDA, Matt qui perd les pédales et devient violent, au point de vouloir tuer un bébé…

L’humour est quand même présent. Et la présence de Black Widow, sublime, un rafraichissement bienvenu.

Les auteurs exploitent à fond la foi catholique de Matt, un élément nouveau dans le comics pour moi mais largement utilisé dans la série Disney.



Mais le plus génial est la façon dont Smith & Quesada jouent avec les habitudes des lecteurs blasés et des héros naïfs pour leur faire prendre des vessies pour des lanternes. Nous sommes en effet habitués aux histoires cosmiques, aux histoires de magie, réelles dans les comics, qui font que l’on est vite pris au piège. Les auteurs brouillent encore les pistes en faisant intervenir Dr. Strange et Méphisto dans une scène mystique proprement glaçante.

Le bébé récupéré par Matt est-il l’incarnation du Diable ?

La solution du problème est tellement chouette et inattendue que je pardonne aux auteurs de m’avoir roulé dans la farine. L’exploitation maximum d’un vilain de troisième ordre est magistrale.



Le dessin de Joe Quesada est plutôt clair, les couleurs ont quelques chose de métallique. L’effet est profondément différent de ce que j’ai vu sur Daredevil, mais pas désagréable.



Un album de la collection Must-have qui mérite ce titre.

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Green Arrow, tome 1

Ce tome débute une nouvelle série consacrée à Green Arrow, mettant en œuvre le retour d'Oliver Queen, mort dans une explosion d'avion dans l'épisode 101 de la précédente série, paru en octobre 1995. Il comprend les épisodes 1 à 5 de la série suivante, initialement parus en 2001, écrits par Kevin Smith dessinés par Phil Hester, encrés par Ande Parks, avec une mise en couleurs réalisée par Guy Major & James Sinclair. Ce commentaire porte sur les épisodes 1 à 10.



Pendant The Final Night, sur le toit du Daily Planet, Superman indique à Batman qu'il ressent le plein effet de la disparition progressive de ses pouvoirs, comme un manque qu'il n'arrive pas à cerner. Dans le même temps, Connor Hawke (à l'époque Green Arrow) s'écroule inanimé sur la tombe d'Oliver Queen, mort quelques temps auparavant dans un avion ayant explosé en plein vol. Au temps présent, à New York, Arsenal (Roy Harper) observe des trafiquants de drogue depuis la structure métallique du plafond du hangar. Il se souvient d'une séance d'entraînement avec Oliver Queen, et de ses valeurs de justice sociale. À Seattle, depuis le toit d'un immeuble, Black Canary (Dinah Lance) observe à la jumelle une femme en train de faire la vaisselle, attendant le retour du criminel violent avec qui elle vit. Dinah Lance repense à sa relation tumultueuse avec Oliver Queen, à Shado, mais aussi à Robert (le fils de Shado) et à Marianne. Dans un monastère, Connor Hawke continue de travailler à maîtriser la rage qui l'habite et il repense à son mentor Oliver Queen. Dans une rue de Star City, un vieil homme (Stanley Dover) se fait agresser par 2 individus. Il est sauvé par l'interruption d'un sans-abri habillé en haillons évoquant la tenue de Robin des Bois.



Oliver Queen est de retour en pensant qu'il n'a été absent que quelques semaines, suite à un voyage dans l'univers pour des aventures avec Green Lantern (Hal Jordan). Green Arrow intervient pour dénoncer les magouilles du politicien le conseiller Freddy Dreyfus qui s'apprêtait à se faire plaisir avec Mia Dearden, une très jeune prostituée. Une fois le conseiller municipal neutralisé et remis à la police, Green Arrow retourne chez Stanley Dover, riche individu, qui a accepté de l'héberger. De son côté, Mia Dearden indique à son souteneur Richard qu'elle en a assez de cette vie, et le quitte, après lui avoir montré qu'elle sait se défendre. La nouvelle de l'humiliation de Freddy Dreyfus ne passe pas inaperçue et dans la Batcave Bruce Wayne relève les indices indiquant l'intervention d'un archer. Mais le premier superhéros dont Green Arrow croise la route est Aquaman à qui il manque la main gauche.



Quand il écrit ces épisodes, Kevin Smith a déjà réalisé plusieurs films, plusieurs comics indépendants et également travaillé pour l'éditeur Marvel pour lequel il a écrit DAREDEVIL : SOUS L'AILE DU DIABLE (dessiné par Joe Quesada) dans le cadre de la gamme Marvel Knights. Les lecteurs sont un peu surpris de le voir passer chez DC et écrire un héros de second plan, plutôt que Batman ou Superman. Dans son introduction, le scénariste explique qu'il avait fait des choix bien arrêtés concernant son écriture : (1) s'intégrer dans la continuité du personnage, (2) mettre à profit de nombreuses références à l'univers partagé DC, (3) utiliser des dialogues très copieux. Il n'a menti sur aucun de ces 3 points. Il commence par référencer un crossover de 1996 dans lequel un Sun-Eater s'en prend au Soleil de la Terre, pour ensuite évoquer le souvenir d'Oliver Queen au travers de ses proches. À cette époque la situation de ce personnage est très particulière, puisqu'il est mort en se sacrifiant pour éviter qu'une bombe dans un avion n'explose à Métropolis et il a été remplacé par Connor Hawke, un personnage plus jeune. Suite à Crisis on infinite Earths (1985/1986), l'éditeur DC Comics avait fait redémarrer une partie de ses personnages de zéro (Superman, Wonder Woman) et fait évoluer d'autres (Swamp Thing) vers des versions plus adultes. En 1988, Mike Grell avait positionné Oliver Queen dans la deuxième catégorie avec Green Arrow: The Longbow Hunter, ainsi qu'avec la série mensuelle qui avait suivie en 1988 se déroulant à Seattle, à commencer par Green Arrow Vol. 1: Hunters Moon, même si le logo de Vertigo n'apparaissait pas sur les couvertures. Kevin Smith se montre très facétieux en ramenant à la vie une version d'Oliver Queen dont les souvenirs s'arrêtent avant Crisis on infinite Earths. Dinah Lance fait donc référence aux événements de la série de 1988, ainsi qu'aux personnages afférents comme Shado, Marianne ou Eddie Fyers que cet Oliver Queen de retour ne connaît pas.



Il y a bien un fil narratif relatif à un tueur d'enfants en série qui sévit à Star City (car Oliver Queen n'est pas retourné à Seattle), mais il généralement en arrière-plan. Les deux tiers des épisodes sont avant tout consacrés à la prise de contact d'Oliver Queen avec ses anciens amis, d'Arthur Curry à Hal Jordan, avec Dinah Lance, mais aussi l'intervention plus surprenante de Jason Blood (The Demon). Effectivement ces personnages ont beaucoup à se dire, puisqu'ils retrouvent un individu mort depuis plusieurs années. Ça commence avec les retrouvailles entre Oliver Queen et Arthur Curry, la surprise du premier devant l'attitude agressive du second vis-à-vis de son ennemi, ainsi que la perte de sa main gauche. Kevin Smith n'a pas menti : ça parle beaucoup plus à des familiers de l'univers partagé DC et à l'histoire personnelle d'Oliver Queen (la continuité du personnage) qu'à des lecteurs de passage. Il a fait le choix assumé de s'adresser à des connaisseurs pour mettre à profit la richesse infinie de cet univers partagé. Pour un tel type de lecteur, c'est un plaisir aussi étonnant qu'épatant de pouvoir ainsi retrouver ces personnages qu'il a côtoyé pendant des années, de ressentir aussi vivement leur histoire, leur caractère. En effet, chacun réagit différemment à Oliver Queen, en fonction de leur histoire commune, et en fonction de sa personnalité. Aucun n'est interchangeable.



Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un projet initié par Kevin Smith et qui reflète ses goûts, son intention d'auteur. Pour mettre en images cette histoire, les responsables éditoriaux ont fait appel à un dessinateur consentant, conscient de son rôle d'exécutant dans un boulot à la dimension créatrice quasiment nulle en ce qui le concerne, et particulièrement difficile à rendre visuellement intéressant du fait des dialogues copieux, parfois à en devenir envahissants. Leur choix s'est porté sur Phil Hester qui réalise des dessins dans un registre très comics de superhéros, embrassant pleinement l'aspect infantile d'individus habillés dans des costumes moulants aux couleurs souvent criardes. En surface les dessins sont exactement ce à quoi un lecteur peut s'attendre d'un comics de superhéros : des traits de contour un peu grossiers, des expressions de visage un peu exagérées, des combats spectaculaires, une imagerie parfois infantile (les flèches gadgets ou le démon Etrigan grimaçant). Ande Parks accentue cette apparence avec des traits d'encrage appuyés et gras, avec des angles même pour la morphologie humaine. Toutefois, Phil Hester impressionne par la fluidité de sa narration. Malgré les phylactères importants, il arrive à conserver un intérêt visuel à chaque planche et à chaque case. Il gère avec élégance l'apparence des nombreux personnages, et il réalise des mises en scène en cohérence avec la saveur de superhéros renvoyant à une époque plus simple. Pour autant, il est toujours en cohérence avec ce que raconte Kevin Smith, y compris les sous-entendus sexuels (par exemple la relation entre Oliver & Dinah).



Le lecteur se rend d'ailleurs compte que Kevin Smith ne fait pas que raconter l'histoire du retour d'un superhéros parmi la communauté des autres superhéros, de la Justice League, et d'évoquer de vieux souvenirs. Effectivement, c'est l'ancien Oliver Queen qui est revenu avec une sensibilité gauchiste peu accommodante, et il fait le constat de ce que sont devenus les superhéros depuis son absence, avant 1985 dans la réalité. Outre le mystère de savoir comment il est revenu d'entre les morts (intrigue que Smith mène à son terme en jouant avec élégance des conventions de récit de superhéros), il s'agit de confronter la notion de superhéros datant de 2 époques différentes. Par la bouche d'Oliver Queen, le scénariste décoche des piques sur le caractère artificiel de certains aspects de la maturité des superhéros des années 2000. Par leurs bouches, il se moque également des artifices des superhéros des années 1970. Ce discours n'est ni revanchard, ni amer, ni méprisant. Les références à la continuité et l'univers partagé DC attestent sans doute possible du degré d'investissement émotionnel de l'auteur pour ces histoires. Il parle en connaissance de cause, mais aussi en fan de cette littérature. Il réussit la quadrature du cercle à raconter une histoire de superhéros au premier degré en mettant en œuvre tous les éléments les plus abracadabrantesques, et en parlant de ces conventions de genre, chaque scène exhalant l'amour qu'il porte à ce genre, sans oublier des remarques et des sous-entendus adultes, et une vraie réflexion sur le genre et son attrait, ses conventions et codes puérils.



Kevin Smith est un véritable auteur et c'est avec cette ambition qu'il s'attaque à faire revenir Oliver Queen d'entre les morts, une démarche mercantile dont abuse les éditeurs de superhéros. Il prend le parti d'aller à l'encontre du sens commun en forçant la dose sur les dialogues, la continuité et les références internes. Il dispose d'un dessinateur qui se plie à ces contraintes et qui parvient à apporter de la fluidité dans la narration visuelle. Le lecteur consentant plonge dans un récit totalement superhéros (retour à la vie, superpouvoirs, ennemis improbables, intervention d'un démon, de créatures surnaturelles, etc.), drôle, émouvant, intelligent, émotionnel et réflexif.
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Daredevil - 100% Marvel, tome 2 : Chemin de..

Curieux des aventures de Daredevil, l'Homme sans Peur, depuis belle lurette, j'ai enfin céder en achetant le deuxième tome de ce super-héros dans la collection 100% Marvel de chez Panini Comics.

Chemin de Croix est la suite directe du premier tome, mais le sachant à l'avance et m'intéressant déjà pas mal à ce super-héros, cela ne m'a pas trop gêné dans ma progression au sein du récit. Affrontant un ennemi "mystérieux" (stoppons les spoilers ici), Daredevil doit à la fois défendre son identité, sa bien-aimée et un enfant qui pourrait se révéler être l'Antéchrist... rien que ça ! Du lourd au niveau intrigue donc, mais qui est peut-être un peu trop surchargé par l'intervention de deux autres super-héros de New York : le Docteur Strange et Spider-Man. SI le premier se justifie à peu près de par la teneur de l'intrigue, le second ne sert carrément à rien, excepté à faire du racollage plus ou moins vendeur, via la couverture de la dernière édition notamment.

Malgré tout, ces défauts certains n'enlèvent rien au très gros potentiel du héros sans peur, pur croyant mais portant l'uniforme du diable, qui peine à faire l'objet d'une nouvelle adaptation au cinéma, après un premier essai mitigé avec Ben Affleck, mais qui m'avait plu dans l'ensemble.
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Green Arrow, tome 2

Ce tome continue une nouvelle série consacrée à Green Arrow, mettant en œuvre le retour d'Oliver Queen, mort dans une explosion d'avion dans l'épisode 101 de la précédente série, paru en octobre 1995. Il comprend les épisodes 6 à 10 de la série suivante, initialement parus en 2001, écrits par Kevin Smith dessinés par Phil Hester, encrés par Ande Parks, avec une mise en couleurs réalisée par Guy Major & James Sinclair. Ce commentaire porte sur les épisodes 1 à 10.



Pendant The Final Night, sur le toit du Daily Planet, Superman indique à Batman qu'il ressent le plein effet de la disparition progressive de ses pouvoirs, comme un manque qu'il n'arrive pas à cerner. Dans le même temps, Connor Hawke (à l'époque Green Arrow) s'écroule inanimé sur la tombe d'Oliver Queen, mort quelques temps auparavant dans un avion ayant explosé en plein vol. Au temps présent, à New York, Arsenal (Roy Harper) observe des trafiquants de drogue depuis la structure métallique du plafond du hangar. Il se souvient d'une séance d'entraînement avec Oliver Queen, et de ses valeurs de justice sociale. À Seattle, depuis le toit d'un immeuble, Black Canary (Dinah Lance) observe à la jumelle une femme en train de faire la vaisselle, attendant le retour du criminel violent avec qui elle vit. Dinah Lance repense à sa relation tumultueuse avec Oliver Queen, à Shado, mais aussi à Robert (le fils de Shado) et à Marianne. Dans un monastère, Connor Hawke continue de travailler à maîtriser la rage qui l'habite et il repense à son mentor Oliver Queen. Dans une rue de Star City, un vieil homme (Stanley Dover) se fait agresser par 2 individus. Il est sauvé par l'interruption d'un sans-abri habillé en haillons évoquant la tenue de Robin des Bois.



Oliver Queen est de retour en pensant qu'il n'a été absent que quelques semaines, suite à un voyage dans l'univers pour des aventures avec Green Lantern (Hal Jordan). Green Arrow intervient pour dénoncer les magouilles du politicien le conseiller Freddy Dreyfus qui s'apprêtait à se faire plaisir avec Mia Dearden, une très jeune prostituée. Une fois le conseiller municipal neutralisé et remis à la police, Green Arrow retourne chez Stanley Dover, riche individu, qui a accepté de l'héberger. De son côté, Mia Dearden indique à son souteneur Richard qu'elle en a assez de cette vie, et le quitte, après lui avoir montré qu'elle sait se défendre. La nouvelle de l'humiliation de Freddy Dreyfus ne passe pas inaperçue et dans la Batcave Bruce Wayne relève les indices indiquant l'intervention d'un archer. Mais le premier superhéros dont Green Arrow croise la route est Aquaman à qui il manque la main gauche.



Quand il écrit ces épisodes, Kevin Smith a déjà réalisé plusieurs films, plusieurs comics indépendants et également travaillé pour l'éditeur Marvel pour lequel il a écrit DAREDEVIL : SOUS L'AILE DU DIABLE (dessiné par Joe Quesada) dans le cadre de la gamme Marvel Knights. Les lecteurs sont un peu surpris de le voir passer chez DC et écrire un héros de second plan, plutôt que Batman ou Superman. Dans son introduction, le scénariste explique qu'il avait fait des choix bien arrêtés concernant son écriture : (1) s'intégrer dans la continuité du personnage, (2) mettre à profit de nombreuses références à l'univers partagé DC, (3) utiliser des dialogues très copieux. Il n'a menti sur aucun de ces 3 points. Il commence par référencer un crossover de 1996 dans lequel un Sun-Eater s'en prend au Soleil de la Terre, pour ensuite évoquer le souvenir d'Oliver Queen au travers de ses proches. À cette époque la situation de ce personnage est très particulière, puisqu'il est mort en se sacrifiant pour éviter qu'une bombe dans un avion n'explose à Métropolis et il a été remplacé par Connor Hawke, un personnage plus jeune. Suite à Crisis on infinite Earths (1985/1986), l'éditeur DC Comics avait fait redémarrer une partie de ses personnages de zéro (Superman, Wonder Woman) et fait évoluer d'autres (Swamp Thing) vers des versions plus adultes. En 1988, Mike Grell avait positionné Oliver Queen dans la deuxième catégorie avec Green Arrow: The Longbow Hunter, ainsi qu'avec la série mensuelle qui avait suivie en 1988 se déroulant à Seattle, à commencer par Green Arrow Vol. 1: Hunters Moon, même si le logo de Vertigo n'apparaissait pas sur les couvertures. Kevin Smith se montre très facétieux en ramenant à la vie une version d'Oliver Queen dont les souvenirs s'arrêtent avant Crisis on infinite Earths. Dinah Lance fait donc référence aux événements de la série de 1988, ainsi qu'aux personnages afférents comme Shado, Marianne ou Eddie Fyers que cet Oliver Queen de retour ne connaît pas.



Il y a bien un fil narratif relatif à un tueur d'enfants en série qui sévit à Star City (car Oliver Queen n'est pas retourné à Seattle), mais il généralement en arrière-plan. Les deux tiers des épisodes sont avant tout consacrés à la prise de contact d'Oliver Queen avec ses anciens amis, d'Arthur Curry à Hal Jordan, avec Dinah Lance, mais aussi l'intervention plus surprenante de Jason Blood (The Demon). Effectivement ces personnages ont beaucoup à se dire, puisqu'ils retrouvent un individu mort depuis plusieurs années. Ça commence avec les retrouvailles entre Oliver Queen et Arthur Curry, la surprise du premier devant l'attitude agressive du second vis-à-vis de son ennemi, ainsi que la perte de sa main gauche. Kevin Smith n'a pas menti : ça parle beaucoup plus à des familiers de l'univers partagé DC et à l'histoire personnelle d'Oliver Queen (la continuité du personnage) qu'à des lecteurs de passage. Il a fait le choix assumé de s'adresser à des connaisseurs pour mettre à profit la richesse infinie de cet univers partagé. Pour un tel type de lecteur, c'est un plaisir aussi étonnant qu'épatant de pouvoir ainsi retrouver ces personnages qu'il a côtoyé pendant des années, de ressentir aussi vivement leur histoire, leur caractère. En effet, chacun réagit différemment à Oliver Queen, en fonction de leur histoire commune, et en fonction de sa personnalité. Aucun n'est interchangeable.



Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un projet initié par Kevin Smith et qui reflète ses goûts, son intention d'auteur. Pour mettre en images cette histoire, les responsables éditoriaux ont fait appel à un dessinateur consentant, conscient de son rôle d'exécutant dans un boulot à la dimension créatrice quasiment nulle en ce qui le concerne, et particulièrement difficile à rendre visuellement intéressant du fait des dialogues copieux, parfois à en devenir envahissants. Leur choix s'est porté sur Phil Hester qui réalise des dessins dans un registre très comics de superhéros, embrassant pleinement l'aspect infantile d'individus habillés dans des costumes moulants aux couleurs souvent criardes. En surface les dessins sont exactement ce à quoi un lecteur peut s'attendre d'un comics de superhéros : des traits de contour un peu grossiers, des expressions de visage un peu exagérées, des combats spectaculaires, une imagerie parfois infantile (les flèches gadgets ou le démon Etrigan grimaçant). Ande Parks accentue cette apparence avec des traits d'encrage appuyés et gras, avec des angles même pour la morphologie humaine. Toutefois, Phil Hester impressionne par la fluidité de sa narration. Malgré les phylactères importants, il arrive à conserver un intérêt visuel à chaque planche et à chaque case. Il gère avec élégance l'apparence des nombreux personnages, et il réalise des mises en scène en cohérence avec la saveur de superhéros renvoyant à une époque plus simple. Pour autant, il est toujours en cohérence avec ce que raconte Kevin Smith, y compris les sous-entendus sexuels (par exemple la relation entre Oliver & Dinah).



Le lecteur se rend d'ailleurs compte que Kevin Smith ne fait pas que raconter l'histoire du retour d'un superhéros parmi la communauté des autres superhéros, de la Justice League, et d'évoquer de vieux souvenirs. Effectivement, c'est l'ancien Oliver Queen qui est revenu avec une sensibilité gauchiste peu accommodante, et il fait le constat de ce que sont devenus les superhéros depuis son absence, avant 1985 dans la réalité. Outre le mystère de savoir comment il est revenu d'entre les morts (intrigue que Smith mène à son terme en jouant avec élégance des conventions de récit de superhéros), il s'agit de confronter la notion de superhéros datant de 2 époques différentes. Par la bouche d'Oliver Queen, le scénariste décoche des piques sur le caractère artificiel de certains aspects de la maturité des superhéros des années 2000. Par leurs bouches, il se moque également des artifices des superhéros des années 1970. Ce discours n'est ni revanchard, ni amer, ni méprisant. Les références à la continuité et l'univers partagé DC attestent sans doute possible du degré d'investissement émotionnel de l'auteur pour ces histoires. Il parle en connaissance de cause, mais aussi en fan de cette littérature. Il réussit la quadrature du cercle à raconter une histoire de superhéros au premier degré en mettant en œuvre tous les éléments les plus abracadabrantesques, et en parlant de ces conventions de genre, chaque scène exhalant l'amour qu'il porte à ce genre, sans oublier des remarques et des sous-entendus adultes, et une vraie réflexion sur le genre et son attrait, ses conventions et codes puérils.



Kevin Smith est un véritable auteur et c'est avec cette ambition qu'il s'attaque à faire revenir Oliver Queen d'entre les morts, une démarche mercantile dont abuse les éditeurs de superhéros. Il prend le parti d'aller à l'encontre du sens commun en forçant la dose sur les dialogues, la continuité et les références internes. Il dispose d'un dessinateur qui se plie à ces contraintes et qui parvient à apporter de la fluidité dans la narration visuelle. Le lecteur consentant plonge dans un récit totalement superhéros (retour à la vie, superpouvoirs, ennemis improbables, intervention d'un démon, de créatures surnaturelles, etc.), drôle, émouvant, intelligent, émotionnel et réflexif.
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Hit Girl à Hollywood

Ce tome fait suite à Hit-Girl, tome 3 : Rome (épisodes 9 à 12) de Rafael Scavone & Rafael Albuquerque, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 13 à 16, initialement parus en 2019, écrits par Kevin Smith, dessinés et encrés par Pernille Ørum, et mis en couleurs par Sunny Gho. Les couvertures ont été réalisées par Francesco Francavilla.



C'est l'heure de la rentrée au lycée de Cedar Wing. Parmi les élèves, deux d'entre eux ouvrent leur sac de sport pour vérifier son contenu avant : des armes à feu et des cagoules. Ils pénètrent dans la bibliothèque où plusieurs dizaines d'élèves sont en train de travailler ou de discuter tranquillement, certains s'amusant en consultant un ouvrage d'anatomie. La bibliothécaire leur demande le silence ; le crâne de l'un d'entre eux explose sous l'effet d'une balle. Les 2 jeunes ont revêtu leur cagoule et commencent à ouvrir le feu en arrosant toute la salle. Hit-Girl passe à travers la baie vitrée et lance un shuriken pile dans l'entrejambe d'un des tueurs. Le pistolet automatique de l'autre s'enraye, et elle le décapite d'un large revers de son katana. L'autre s'enfuit en courant à travers la bibliothèque et en renversant les étagères. Des livres s'éparpillent sur le sol. Hit-Girl stoppe le fuyard dans sa course avec une étagère qui lui tombe dessus. Elle s'approche pour l'achever, mais remarque un livre au sol qu'elle ramasse : sa biographie non autorisée.



Suite à sa découverte, Mindy McCready se rend à Hollywood car une adaptation de sa biographie est en train d'être tournée. Elle s'achète un billet et se joint à un groupe qui effectue une visite du studio où est tourné le film. Elle se rend compte qu'elle va assister au tournage de la scène où Big Daddy est mis à mort par la pègre. L'acteur qui interprète son père est en train d'être maquillé. L'actrice Juniper Florence entre sur le plateau : c'est elle qui incarne Hit Girl. Son costume est assez réaliste, comprenant des renforts en kevlar. Le tournage de la scène commence, et Mindy McCready devient la proie de 2 sentiments contradictoires. D'un côté, la reconstitution n'est pas authentique car la scène ne s'est pas déroulée comme ça dans la réalité ; de l'autre côté elle ne peut pas s'empêcher de ressentir le fait que c'est son père qu'on assassine.



En relançant la série Hit-Girl en 2018, Mark Millar la conçoit comme une suite d'aventures indépendantes réalisées par des équipes artistiques successives dans un lieu à chaque fois différent. Il s'acquitte de la première histoire, dessinée par Ricardo Lopez-Ortiz, puis passe la main à Jeff Lemire & Eduardo Risso. Le lecteur est attiré par ce quatrième tome car il espère retrouver le Kevin Smith des bons jours, celui de Daredevil: Guardian Devil (avec Joe Quesada) et celui de Green Arrow: Quiver (avec Phil Hester), ou encore celui de Spider-Man / Black Cat: The Evil That Men Do (avec Terry Dodson). Effectivement, il retrouve rapidement les provocations parfois potaches de l'auteur : les jeunes adolescents en train de pouffer en matant la représentation d'une femme nue dans un livre d'anatomie, le shuriken entre les 2 jambes, le vieux pervers qui essaye de peloter Cindy McCread dans l'avion, les crânes qui explosent sous l'effet des balles, le producteur qui expose son engin à la jeune starlette, la cape en phallus, ou encore Juniper Florence en train de lire assise sur les toilettes, sans parler d'une jeune enfant fascinée par la débauche de violence meurtrière. De ce point l'horizon d'attente du lecteur est comblé, même s'il a souvent l'impression que Kevin Smith lui ressert des scènes réchauffées à la provocation gratuite.



Au vu du scénario, le lecteur se dit également que Kevin Smith va se livrer à une satire décapante de l'industrie du cinéma, d'autant plus mordante qu'il est lui-même un réalisateur et qu'il a donc fait l'expérience de cette industrie de l'intérieur. En fait, à part le clin d'œil appuyé à l'affaire Harry Weinstein, la seule forme de satire provient des méthodes d'actrice de Juniper Florence, et de la question sur l'abandon ou non du tournage de la biographie d'Hit-Girl. Comme Jeff Lemire avant lui, Kevin Smith se focalise sur la création d'une intrigue qui permet à Hit-Girl de débiter du méchant, de préférence de manière violente et sanguinolente. Pour remplir ce contrat implicite, il commence avec un épisode muet, sans paroles ni commentaire, à l'exception de la quatrième couverture de sa biographie dans la bibliothèque du lycée. Par la suite, il introduit 2 autres vigilants eux aussi bien partis dans leur tête, et bien évidemment, Hit-Girl se retrouve à se battre contre eux. En guise d'intrique pour les épisodes 2 à 5, le scénariste se contente du producteur abusant de sa position de pouvoir avec les actrices, et de la confrontation entre les 2 vigilants et Hit-Girl. C'est un peu court mais il ajoute un membre de la famille Genovese pour faire bonne mesure.



Même s'il est un peu déçu par ce minimum syndical, le lecteur se dit qu'il va se rattraper avec la narration visuelle, puisque le scénario est construit sur mesure pour que l'artiste puisse s'en donner à cœur joie en termes de violence sadique et cathartique. Comme à son habitude, Francesco Francavilla réalise des dessins très évocateurs pour servir de couverture. Il met en scène Hit-Girl dans une pose en relation avec l'industrie cinématographique, avec un élément visuel laissant entendre que le carnage a eu lieu ou qu'il va se produire, généralement par des traces sang. À ce titre, celle de l'épisode 2 est magnifique : Hit-Girl regarde par l'oculaire d'une caméra en faisant face au lecteur, avec un sourire évoquant la jouissance du voyeur, avec des traces de sang sur le clap suggérant que la jouissance est générée par la souffrance d'individus blessés ou par leur mort. Le premier épisode étant dépourvu de mots, le lecteur a tout loisir d'apprécier la qualité de la narration visuelle de Pernille Ørum. Elle réalise des dessins sous influence de manga, plutôt de type shojo, pour les grands yeux et les expressions de visage bien exagérées, avec des éléments de bande dessinée européenne. Sunny Gho a adapté sa palette de couleurs en conséquence, privilégiant les tons pastel et doux.



Pernille Ørum détoure les décors en les simplifiant énormément. Le lecteur peut voir la façade de l'entrée du lycée qui présente une architecture particulière, mais les couloirs du lycée sont très génériques et peu réalistes et il en va de même pour la volumétrie de la bibliothèque, ainsi que des rayonnages de livres tout aussi générique. Comme dans n'importe quel comics industriel, elle s'affranchit de la corvée de dessiner les décors dans les arrière-plans dès qu'un combat dure plus de deux cases, ou pendant un dialogue de plus de deux phrases. De fait, le premier épisode se lit très rapidement, car la narration est fluide, et la densité d'informations visuelles est faible. Dans son approche manga, l'artiste donne des visages très agréables et souriants à tous les personnages, jouant sur le contraste entre ces individus détendus et sympathiques, et les actions meurtrières auxquelles ils se trouvent mêlés, soit en tant que victime, soit en tant que tortionnaire.



En ouverture de l'épisode 2, le lecteur est impressionné par l'économie de moyen avec laquelle Pernille Ørum arrive à donner l'impression d'une allée de desserte entre 2 bâtiments abritant des studios de tournage. Il sourit en voyant la navette à bord de laquelle monte le petit groupe de touriste, car elle ressemble surtout à un jouet, plus qu'à un véhicule réel. L'économie de moyens règne toujours dans les séquences suivantes : quand il faut un décor, l'artiste le détoure à l'aide de quelques traits rapides, créant un lieu générique, même s'il est vrai qu'elle sait implanter les bons accessoires aux bons endroits en ce qui concerne le matériel de tournage. Le lecteur comprend où se déroule chaque scène, mais il ressent l'impression de décors en carton-pâte, sans aucune consistance. Il se rend aussi compte que Ørum sait également se montrer facétieuse comme le scénariste (ou bien lui obéit au doigt et à l'œil), quand il contemple le derrière dénudé et peu appétissant du producteur de films, s'exposant à la jeune actrice.



Par contre, le lecteur a du mal à réconcilier le sadisme de Hit-Girl avec la narration visuelle. Il comprend bien que Kevin Smith préfère écrire dans un registre parodique, intégrant le caractère absurde de cette jeune tueuse aux capacités peu plausibles. Il comprend bien également que Pernille Ørum souhaite elle aussi se placer dans le registre de la parodie. Mais ses dessins semblent s'adresser à un jeune public pré pubère, plutôt féminin. Du coup, la gentillesse de ses dessins rend chaque scène inoffensive plutôt que provocatrice. Lorsque Hit-Girl se livre au décolletage d'un lycéen armé, le trait est presque net, il y a quelques tâches de rouge, et le lecteur a l'impression que c'est du coton imbibé de rouge qui sort du cou tranché. Quand il aperçoit pour la première fois la méchante avec sa cape composée de pénis tranchés, il a l'impression qu'il s'agit de jouets plastique mal moulés du fait qu'ils ne ressemblent que vaguement à un pénis. Du coup, le récit perd totalement le peu de mordant qu'il possédait, rendu inoffensif par ces dessins gentils et presque tout public. Du coup, il ne peut que rarement sourire, par exemple quand le scénariste case une réplique culte au bon moment : je vois des gens morts.



Au vu de la nature de cette série, le lecteur a bien compris qu'il s'agit d'histoires courtes et prétexte pour assister à des massacres perpétrés par une jeune fille de 12 ans. Cela peut se concevoir comme un genre en soi, sûrement régressif, peut-être provocateur s'il est bien tourné. Avec cette histoire, il se rend compte que ça n'a pas dû prendre beaucoup de temps à Kevin Smith pour imaginer cette histoire et l'écrire. Il constate que le choix de Pernille Ørum pouvait donner un résultat intéressant car elle est à contre-emploi, mais qu'en fait elle neutralise tout ce que ces exploits de mauvais goût auraient pu avoir de transgressifs.
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Hit-Girl, tome 4 : The golden rage of Holly..

Ce tome fait suite à Hit-Girl Volume 3: In Rome (épisodes 9 à 12) de Rafael Scavone & Rafael Albuquerque, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 13 à 16, initialement parus en 2019, écrits par Kevin Smith, dessinés et encrés par Pernille Ørum, et mis en couleurs par Sunny Gho. Les couvertures ont été réalisées par Francesco Francavilla.



C'est l'heure de la rentrée au lycée de Cedar Wing. Parmi les élèves, deux d'entre eux ouvrent leur sac de sport pour vérifier son contenu avant : des armes à feu et des cagoules. Ils pénètrent dans la bibliothèque où plusieurs dizaines d'élèves sont en train de travailler ou de discuter tranquillement, certains s'amusant en consultant un ouvrage d'anatomie. La bibliothécaire leur demande le silence ; le crâne de l'un d'entre eux explose sous l'effet d'une balle. Les 2 jeunes ont revêtu leur cagoule et commencent à ouvrir le feu en arrosant toute la salle. Hit-Girl passe à travers la baie vitrée et lance un shuriken pile dans l'entrejambe d'un des tueurs. Le pistolet automatique de l'autre s'enraye, et elle le décapite d'un large revers de son katana. L'autre s'enfuit en courant à travers la bibliothèque et en renversant les étagères. Des livres s'éparpillent sur le sol. Hit-Girl stoppe le fuyard dans sa course avec une étagère qui lui tombe dessus. Elle s'approche pour l'achever, mais remarque un livre au sol qu'elle ramasse : sa biographie non autorisée.



Suite à sa découverte, Mindy McCready se rend à Hollywood car une adaptation de sa biographie est en train d'être tournée. Elle s'achète un billet et se joint à un groupe qui effectue une visite du studio où est tourné le film. Elle se rend compte qu'elle va assister au tournage de la scène où Big Daddy est mis à mort par la pègre. L'acteur qui interprète son père est en train d'être maquillé. L'actrice Juniper Florence entre sur le plateau : c'est elle qui incarne Hit Girl. Son costume est assez réaliste, comprenant des renforts en kevlar. Le tournage de la scène commence, et Mindy McCready devient la proie de 2 sentiments contradictoires. D'un côté, la reconstitution n'est pas authentique car la scène ne s'est pas déroulée comme ça dans la réalité ; de l'autre côté elle ne peut pas s'empêcher de ressentir le fait que c'est son père qu'on assassine.



En relançant la série Hit-Girl en 2018, Mark Millar la conçoit comme une suite d'aventures indépendantes réalisées par des équipes artistiques successives dans un lieu à chaque fois différent. Il s'acquitte de la première histoire, dessinée par Ricardo Lopez-Ortiz, puis passe la main à Jeff Lemire & Eduardo Risso. Le lecteur est attiré par ce quatrième tome car il espère retrouver le Kevin Smith des bons jours, celui de Daredevil: Guardian Devil (avec Joe Quesada) et celui de Green Arrow: Quiver (avec Phil Hester), ou encore celui de [ASIN:0785110798 Spider-Man / Black Cat: The Evil That Men Do]] (avec Terry Dodson). Effectivement, il retrouve rapidement les provocations parfois potaches de l'auteur : les jeunes adolescents en train de pouffer en matant la représentation d'une femme nue dans un livre d'anatomie, le shuriken entre les 2 jambes, le vieux pervers qui essaye de peloter Cindy McCread dans l'avion, les crânes qui explosent sous l'effet des balles, le producteur qui expose son engin à la jeune starlette, la cape en phallus, ou encore Juniper Florence en train de lire assise sur les toilettes, sans parler d'une jeune enfant fascinée par la débauche de violence meurtrière. De ce point l'horizon d'attente du lecteur est comblé, même s'il a souvent l'impression que Kevin Smith lui ressert des scènes réchauffées à la provocation gratuite.



Au vu du scénario, le lecteur se dit également que Kevin Smith va se livrer à une satire décapante de l'industrie du cinéma, d'autant plus mordante qu'il est lui-même un réalisateur et qu'il a donc fait l'expérience de cette industrie de l'intérieur. En fait, à part le clin d'œil appuyé à l'affaire Harry Weinstein, la seule forme de satire provient des méthodes d'actrice de Juniper Florence, et de la question sur l'abandon ou non du tournage de la biographie d'Hit-Girl. Comme Jeff Lemire avant lui, Kevin Smith se focalise sur la création d'une intrigue qui permet à Hit-Girl de débiter du méchant, de préférence de manière violente et sanguinolente. Pour remplir ce contrat implicite, il commence avec un épisode muet, sans paroles ni commentaire, à l'exception de la quatrième couverture de sa biographie dans la bibliothèque du lycée. Par la suite, il introduit 2 autres vigilants eux aussi bien partis dans leur tête, et bien évidemment, Hit-Girl se retrouve à se battre contre eux. En guise d'intrique pour les épisodes 2 à 5, le scénariste se contente du producteur abusant de sa position de pouvoir avec les actrices, et de la confrontation entre les 2 vigilants et Hit-Girl. C'est un peu court mais il ajoute un membre de la famille Genovese pour faire bonne mesure.



Même s'il est un peu déçu par ce minimum syndical, le lecteur se dit qu'il va se rattraper avec la narration visuelle, puisque le scénario est construit sur mesure pour que l'artiste puisse s'en donner à cœur joie en termes de violence sadique et cathartique. Comme à son habitude, Francesco Francavilla réalise des dessins très évocateurs pour servir de couverture. Il met en scène Hit-Girl dans une pose en relation avec l'industrie cinématographique, avec un élément visuel laissant entendre que le carnage a eu lieu ou qu'il va se produire, généralement par des traces sang. À ce titre, celle de l'épisode 2 est magnifique : Hit-Girl regarde par l'oculaire d'une caméra en faisant face au lecteur, avec un sourire évoquant la jouissance du voyeur, avec des traces de sang sur le clap suggérant que la jouissance est générée par la souffrance d'individus blessés ou par leur mort. Le premier épisode étant dépourvu de mots, le lecteur a tout loisir d'apprécier la qualité de la narration visuelle de Pernille Ørum. Elle réalise des dessins sous influence de manga, plutôt de type shojo, pour les grands yeux et les expressions de visage bien exagérées, avec des éléments de bande dessinée européenne. Sunny Gho a adapté sa palette de couleurs en conséquence, privilégiant les tons pastel et doux.



Pernille Ørum détoure les décors en les simplifiant énormément. Le lecteur peut voir la façade de l'entrée du lycée qui présente une architecture particulière, mais les couloirs du lycée sont très génériques et peu réalistes et il en va de même pour la volumétrie de la bibliothèque, ainsi que des rayonnages de livres tout aussi générique. Comme dans n'importe quel comics industriel, elle s'affranchit de la corvée de dessiner les décors dans les arrière-plans dès qu'un combat dure plus de deux cases, ou pendant un dialogue de plus de deux phrases. De fait, le premier épisode se lit très rapidement, car la narration est fluide, et la densité d'informations visuelles est faible. Dans son approche manga, l'artiste donne des visages très agréables et souriants à tous les personnages, jouant sur le contraste entre ces individus détendus et sympathiques, et les actions meurtrières auxquelles ils se trouvent mêlés, soit en tant que victime, soit en tant que tortionnaire.



En ouverture de l'épisode 2, le lecteur est impressionné par l'économie de moyen avec laquelle Pernille Ørum arrive à donner l'impression d'une allée de desserte entre 2 bâtiments abritant des studios de tournage. Il sourit en voyant la navette à bord de laquelle monte le petit groupe de touriste, car elle ressemble surtout à un jouet, plus qu'à un véhicule réel. L'économie de moyens règne toujours dans les séquences suivantes : quand il faut un décor, l'artiste le détoure à l'aide de quelques traits rapides, créant un lieu générique, même s'il est vrai qu'elle sait implanter les bons accessoires aux bons endroits en ce qui concerne le matériel de tournage. Le lecteur comprend où se déroule chaque scène, mais il ressent l'impression de décors en carton-pâte, sans aucune consistance. Il se rend aussi compte que Ørum sait également se montrer facétieuse comme le scénariste (ou bien lui obéit au doigt et à l'œil), quand il contemple le derrière dénudé et peu appétissant du producteur de films, s'exposant à la jeune actrice.



Par contre, le lecteur a du mal à réconcilier le sadisme de Hit-Girl avec la narration visuelle. Il comprend bien que Kevin Smith préfère écrire dans un registre parodique, intégrant le caractère absurde de cette jeune tueuse aux capacités peu plausibles. Il comprend bien également que Pernille Ørum souhaite elle aussi se placer dans le registre de la parodie. Mais ses dessins semblent s'adresser à un jeune public pré pubère, plutôt féminin. Du coup, la gentillesse de ses dessins rend chaque scène inoffensive plutôt que provocatrice. Lorsque Hit-Girl se livre au décolletage d'un lycéen armé, le trait est presque net, il y a quelques tâches de rouge, et le lecteur a l'impression que c'est du coton imbibé de rouge qui sort du cou tranché. Quand il aperçoit pour la première fois la méchante avec sa cape composée de pénis tranchés, il a l'impression qu'il s'agit de jouets plastique mal moulés du fait qu'ils ne ressemblent que vaguement à un pénis. Du coup, le récit perd totalement le peu de mordant qu'il possédait, rendu inoffensif par ces dessins gentils et presque tout public. Du coup, il ne peut que rarement sourire, par exemple quand le scénariste case une réplique culte au bon moment : je vois des gens morts.



Au vu de la nature de cette série, le lecteur a bien compris qu'il s'agit d'histoires courtes et prétexte pour assister à des massacres perpétrés par une jeune fille de 12 ans. Cela peut se concevoir comme un genre en soi, sûrement régressif, peut-être provocateur s'il est bien tourné. Avec cette histoire, il se rend compte que ça n'a pas dû prendre beaucoup de temps à Kevin Smith pour imaginer cette histoire et l'écrire. Il constate que le choix de Pernille Ørum pouvait donner un résultat intéressant car elle est à contre-emploi, mais qu'en fait elle neutralise tout ce que ces exploits de mauvais goût auraient pu avoir de transgressifs.
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Green Arrow - Sounds of violence, tome 2

Ce tome fait suite à Green Arrow, tome 2 (Carquois, épisodes 1 à 10) qu'il faut avoir lu avant pour comprendre les relations entre les personnages. Il comprend les épisodes 1 à 15, initialement parus en 2002, écrits par Kevin Smith, dessinés par Phil Hester, encrés par Ande Park et mis en couleurs par James Sinclair. Les couvertures ont été réalisées par Matt Wagner. Ces épisodes ont été réédités dans Green Arrow by Kevin Smith (épisodes 1 à 15).



À Star City, Richard (un jeune homme) court à perdre haleine, mais reçoit rois flèches dans la manche gauche, le clouant au mur. Green Arrow (Oliver Queen) se tient devant lui. Speedy (Mia Dearden) s'apprête à lui décocher une autre flèche avec son arbalète. Le réveil de Mia sonne avec insistance et la tire malgré elle de ce doux rêve de vengeance. Elle se rend à la cuisine où Ollie a fini de préparer le petit-déjeuner. Elle goûte directement dans le fait-tout et se précipite sur l'évier pour se remplir la bouche d'eau, tellement ce chili est épicé. Afin de trouver encore un peu plus de douceur apaisante, elle se rapproche de d'Ollie et l'embrasse. Cette fois-ci, c'est la main de Green Arrow qui la tire de son sommeil. Oliver lui indique qu'elle est à la bourre pour aller au lycée car il est déjà huit heures. Elle se lève en courant. Oliver commence à faire son lit et découvre l'arbalète-pistolet à côté. Oliver Queen se rend ensuite à l'abri pour orphelin afin de servir le petit-déjeuner, et il est aidé par Connor Hawke, son fils biologique. De retour chez lui, Oliver Queen se retrouve face au téléphone et il n'arrive pas à se décider à appeler Dinah Lance pour prendre un rendez-vous avec elle et renouer contact.



En fin de journée, Mia Dearden revient de ses cours et Oliver Queen lui rappelle qu'elle doit faire ses devoirs, se nourrir et ne pas oublier de faire sa vaisselle. Enfin, une fois la nuit tombée, il patrouille les rues de Star City, ayant revêtu son costume de Green Arrow. Il ne faut pas longtemps avant qu'il ne tombe sur un voyou de rue qu'il chope avec une flèche bien placée. Il s'en occupe sans réussir à l'impressionner jusqu'à ce que le voyou réalise que son comparse est lui aussi neutralisé alors que Green Arrow lui tournait le dos. Mia Dearden a suivi Queen pour lui montrer qu'elle est capable de se défendre. Queen n'a d'autre solution que de se lancer dans la discussion qu'il a repoussée : expliquer à Mia qu'il ne veut plus mettre en danger un adolescent comme assistant superhéros. Il indique que Wonder Girl, Aqualad, Robin et les autres sont le reflet d'une époque révolue et qu'aucun superhéros ne souhaite encore exposer sciemment des adolescents à des risques mortels. Ceci étant fait, Oliver Queen se rend compte qu'il ne peut plus repousser l'inévitable : reprendre contact avec Dinah Lance.



En arrivant sur le titre, Kevin Smith avait décidé de tout faire à l'envers, de briser les conventions narratives tenues pour des évidences, et de réaliser une histoire en 10 épisodes, avec des phylactères volumineux, et des références pointues à l'univers partagé DC. Le lecteur se demande bien ce que va lui réserver ce dernier tiers. D'un point de vue narratif, le lecteur constate que le scénariste a choisi de revenir à une forme plus classique, avec un volume de texte diminué, et un supercriminel très mystérieux, tout neuf. Dans l'épisode 12, Onomatopoeia s'en prend à des superhéros de seconde zone (Virago, puis Buckeye) pour se faire la main : il les assassine froidement. Sur ce plan-là, Smith embrasse d'autres conventions de comics de superhéros : le supercriminel est méchant parce qu'il est méchant, et il n'y a aucune tentative de faire semblant d'expliquer son comportement, de lui donner une histoire personnelle. Il faut un ennemi à opposer au superhéros : c'est un tueur sans identité dans un costume noir dépouillé avec uniquement 2 ronds concentriques sur le visage, et un imperméable par-dessus pour passer inaperçu. Les caractéristiques des dessins de Phil Hester sont totalement en phase pour rendre un tel personnage plausible : des dessins descriptifs avec un bon degré de simplification, des contours encrés avec un traits un peu épais, des angles donnant à la fois de l'épaisseur et une impression plus spontanée, et des petits aplats de noir aux formes irrégulières pour donner du poids au personnage. Ainsi Onomatopoeia apparaît comme un individu mystérieux et énigmatique, raccord avec le reste des personnages.



Parmi les scènes attendues dans chaque épisode de série de superhéros, il y a les affrontements physiques. Le scénariste a opté pour des combats rapides, sauf pour le dernier épisode où il dure 10 pages, la moitié du numéro. L'approche visuelle un peu simplifié de Hester & Parks fait que le lecteur n'a pas besoin de consentir plus de suspension de crédulité pour y croire, pour qu'elles soient plausibles. Les artistes arrivent à faire passer qu'un individu s'habille en costume vert évoquant Robin des Bois, qu'il utilise un arc et que ça marche. Hester se montre un metteur en scène inventif, pouvant aussi bien utiliser des cases de la largeur de la page, que de la hauteur de la page (épisode11), ou bien des ombres chinoises (épisode 12), une succession de 4 gros plans sur l'ennemi en train de frapper (épisode 13), des cases en trapèze pour accentuer le mouvement (épisode 14) ou encore des cases en insert sur un dessin en pleine page (épisode 15). Le lecteur ressent pleinement que ces séquences ne s'apparentent pas à des passages obligés permettant de tirer à la ligne, mais que les créateurs prennent plaisir à se montrer inventifs dans ces échanges de coups.



Dans ces 5 épisodes, le lecteur retrouve certaines des caractéristiques de l'écriture de Kevin Smith. Il a conservé plusieurs éléments de référence à la continuité de Green Arrow, à commencer par sa relation avec Dinah Lance, mais aussi la présence de Connor Hawke, sans oublier une référence à Roy Harper, la présence de plusieurs membres de la Société de Justice d'Amérique (Mister Terrific, Star-Spangled Kid, Sand), ou encore l'apparition de Riddler le temps d'un épisode. Par la force des choses, ces éléments parlent plus à un lecteur familier de l'univers partagé DC, et suppose de la part du lecteur qu'il dispose d'une connaissance préalable de l'histoire personnelle d'Oliver Queen. La seconde composante habituelle de la narration de Kevin Smith consiste en des propos sexuels explicites. Après qu'Oliver ait passé la soirée avec Dinah, Mia Dearden lui adresse des phrases à double sens qui font tousser Oliver. Elle lui rappelle alors qu'elle a exercé le métier de prostituée pendant plusieurs mois. Dans le même ordre d'idée, le combat contre Riddler et ses hommes de main rapproche Dinah et Oliver au point qu'ils terminent au lit. Dans l'épisode suivant, Oliver se fait choper au lit avec Dinah par Hawkman particulièrement belliqueux. Dinah doit intervenir en costume d'Ève devant s'interposer pour les séparer, devant plusieurs membres de la JSA. Hester s'amuse à placer des objets pour masquer ses seins et son pubis, avec une facétie évidente. Le scénariste réussit à conserver la dignité de Dinah Lance intacte pendant toute la séquence, sa nudité étant la preuve de sa confiance en elle au point qu'il est impossible pour les autres personnages (et par voie de conséquence pour le lecteur) de la réduire à un simple objet du désir.



Outre ces éléments, le plaisir de lecture naît de la richesse des personnalités et de leurs interactions. Le lecteur est sous le charme de Dinah Lance, de son assurance, de sa sollicitude pour Ollie ce qui ne l'empêche pas de ne pas lui tomber dans les bras juste parce que c'est lui. Il sourit devant la franchise de Mia Dearden qui ne se laisse pas impressionner par la figure paternelle d'Ollie. Il s'amuse lors des échanges entre Green Arrow (gauchiste) et Hawkman (réactionnaire), à la fois l'expression de leur amitié, à la fois l'expression de leur inimitié. Finalement même le mode d'expression d'Onomatopoeia (uniquement des onomatopées) finit par lui conférer de l'épaisseur dans son comportement monomaniaque. Le lecteur aimerait pouvoir côtoyer ces individus dans la vraie vie, échanger avec eux, profiter de leur entrain et de leur aura positive. Sous des apparences un peu caricaturales, les dessins les rendent très expressifs, permettant au lecteur de saisir leur état d'esprit, la nature de leurs émotions.



Ces 5 épisodes ne servent pas de coda à l'histoire précédente, mais racontent comment Oliver Queen reprend le cours de sa vie, reprend contact avec sa famille et ses amis, reste habité par des valeurs humanistes, aime et souffre. La narration de Kevin Smith, Phil Hester et Ande Parks embrasse les codes des comics de superhéros, adopte une apparence tout public, passe du drame au comique avec une élégance épatante, et une sincérité irrésistible, avec un ton adulte que ce soit dans certaines remarques (le sexe) ou par la maturité des personnages. Le lecteur espère que Brad Meltzer fait aussi bien dans Green Arrow: Archer's Quest (épisodes 16 à 21) dessiné par Phil Hester & Ande Parks.
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Daredevil (100% Marvel), tome 1 : Sous l'Ai..

Ce tome regroupe les épisodes 1 à 8 de la série redémarrée en 1998/1999. Le scénario est de Kevin Smith, les dessins de Joe Quesada, et l'encrage de Jimmy Palmiotti. Il contient également le numéro 1/2, une brève introduction de Joe Quesada, et une postface de Kevin Smith.



Quelque part à New York, une maternité est dévastée causant la mort de plusieurs nourrissons. Gwyneth (15 ans) arrive à sortir en emportant avec elle son bébé. Alors qu'elle essaye d'échapper à ses poursuivants, elle passe à proximité d'une église où Matt Murdock est en train de recevoir le sacrement du pardon. Il évoque au prêtre son manque de repère depuis que Karen Page a décidé de vivre sa vie de son coté. Celui-ci ironise un tantinet en faisant remarquer que Murdock vient se confesser uniquement après avoir perdu le réconfort de sa femme, mais que c'est toujours mieux que de recourir à une thérapie ou un bouquin de développement personnel. Murdock n'écoute plus, il a déjà revêtu son habit de Daredevil et court au secours de Gwyneth. Peu de temps après celle-ci lui rend visite à son cabinet d'avocat et lui confie son enfant, avant de s'évanouir dans la nature. Puis Murdock reçoit la visite de Nicholas Macabes qui lui explique que son organisation Sheol a la certitude que ledit enfant est l'antéchrist. Pour preuve, peu de temps après l'avoir recueilli, Murdock constate que sa vie part en sucette.



En 1998, Bob Harras (éditeur en chef de Marvel Comics) confie quelques séries moribondes à Joe Quesada en tant que responsable éditorial (la naissance de la ligne Marvel Knights). Ce dernier décide de relancer Daredevil en faisant appel à un ami : Kevin Smith, réalisateur de films indépendants tels que Clerks, les employés modèles ou Chasing Amy. Ce dernier est un lecteur assidu de comics, mais aussi un créateur avec une vision claire de ce qu'il souhaite faire avec le personnage. Pour commencer, il est hors de question qu'il raconte une histoire à destination des enfants. Dès le premier épisode il accumule les transgressions d'interdits implicites dans les comics : il parle des relations charnelles entre Matt et Karen, il intègre un prêtre et une confession, et plus fou encore, il ose faire jouer un rôle crucial à un nourrisson. N'importe quel lecteur sait que la religion ne sert qu'à inclure des démons de pacotille, que les relations physiques constituent un tabou (imaginez que même Foggy couche), et qu'un nouveau né plombe le récit qui ne peut pas s'en relever.



Non seulement, ce sale gosse de Kevin Smith ne respecte pas les codes en vigueur, mais en plus il se complait dans de copieuses cellules de textes et de longs monologues pour mieux développer les personnages. Comme si ça ne suffisait pas, après avoir installé Daredevil dans une intrigue dépourvue de superhéros (sauf Black Widow) dans la première moitié, il n'hésite pas à inviter d'autres superhéros dans la deuxième moitié à commencer par un magicien qui exige un niveau de suspension consentie de l'incrédulité sans commune mesure avec celle déjà nécessaire pour tous ces gugusses en costumes moulants aux couleurs criardes.



Et pourtant, ce récit se lit avec plaisir, il recèle énormément de moments intelligents et chargés en émotion. Il est fidèle à l'esprit des superhéros, il est fait pour les lecteurs qui ont grandi avec les superhéros. Kevin Smith cite les récits les marquants de Daredevil, à commencer par Born again de Frank Miller et David Mazzucchelli (en ramenant même Sister Maggie, pas sa meilleure idée), mais aussi les histoires écrites par Ann Nocenti (Typhoid Mary, en anglais), et bien d'autres encore. Le talent de Smith lui permet de faire honneur à ses ambitions : le résultat est enlevé, avec une légère dérision très savoureuse, et Daredevil accomplit toutes les actions superhéroïques que le lecteur attend de lui.



Comme il l'observe lui-même dans la postface, il a la chance que Joe Quesada se charge de la mise en images, et qu'il arrive à faire passer ses textes volumineux. À la lecture, il est visible que Quesada s'est bien amusé à illustrer ce récit. Cela commence avec l'idée astucieuse d'insérer avec parcimonie quelques gravures de Gustave Doré pour une petite touche de religieux. Cela transparaît dans chaque pose prise par Daredevil, chacune de ses acrobaties où Quesada ne se contente pas de ressortir les plans de ses prédécesseurs, il construit ses planches et choisit ses angles de vue de manière à mettre en valeur son coté athlétique et casse-cou. Et puis il y a ces petits tics graphiques propres à Quesada qui apportent une saveur particulière aux illustrations. Il y a sa propension à exagérer la taille des yeux des personnages pour mieux faire passer l'émotion, employant un code propre aux mangas. Il y a les muscles de Daredevil qui ne bénéficient pas toujours d'un bel arrondi, qui présentent parfois une protubérance disgracieuse qui confère un aspect moins lisse au personnage. Il y a aussi les clins d'oeil à des personnages d'autres séries. Pour commencer, Nicholas Macabes ressemble comme 2 gouttes d'eau au Commissaire Dolan de la série Spirit de Will Eisner. Dans l'épisode 6, le lecteur attentif pourra identifier les clients du bar fréquenté par Turk Barrett : Jesse Custer, Nancy Callahan et Marv en provenance directe de Sin City. Dans le dernier épisode, le présentateur télé a une ressemblance marquée avec Clark Kent, et il est possible de reconnaître bien des individus sur les bancs de l'église (à commencer par les auteurs eux-mêmes), avec en particulier Ash (un personnage créé par Joe Quesada et Jimmy Palmiotti).



L'épisode 1/2 est également écrit par Kevin Smith sous forme de texte, avec des illustrations. Il s'agit d'un résumé de la vie de Matt Murdock.



Kevin Smith réalise une histoire complètement imprégnée de l'historique du personnage, avec un suspense de bonne facture, des personnages avec des points de vue, et une belle profession de foi sur l'un des métiers du cinéma dont il parle avec passion. La mise en images de Quesada et Palmiotti compense les pages un peu chargées en texte, par une grande vitalité et une énergie impressionnante, tout en renforçant encore les références discrètes au monde des comics.
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Batman: The Widening Gyre

Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie du même nom, initialement parus en 2009/2010. Il peut être lu indépendamment de toute autre histoire, ou presque. Il s'adresse à des lecteurs connaissant bien le personnage et son historique, et il s'agit de la première moitié du récit. Le scénario est de Kevin Smith, les dessins de Walter Flanagan, et l'encrage d'Art Thibert.



Il y a quelques années Batman et Robin (Dick Grayson) intervenaient dans une synagogue monumentale pour affronter de supercriminels nazis. De nos jours, Nightwing a demandé l'aide de Batman sur un cas de cadavre qui implique Poison Ivy (Pamela Isley) alors qu'elle se trouve encore à l'asile d'Arkham. Batman s'y rend et doit se battre contre 2 ou 3 internés, ainsi que contre Etrigan le démon (Jason Blood). De manière inopinée, il reçoit l'aide de Baphomet un nouveau superhéros à Gotham. Par la suite, il a le plaisir de retrouver l'une de ses anciennes amies intimes. Il collabore à nouveau avec Baphomet et il commence à envisager la possibilité de pouvoir arrêter d'être Batman.



Il s'agit de la deuxième histoire de Batman écrite par Kevin Smith et dessinée par Walter Flanagan, après Cacophony. Elle a reçu un accueil peu favorable des fans du personnage, et pourtant...



Les 2 premiers épisodes sont un peu déroutants. Batman expédie les supercriminels avec une rapidité impressionnante, un nouveau superhéros surgit de nulle part, une ancienne conquête féminine est de retour et s'installe pour de bon, Bruce Wayne songe à renoncer à sa guerre contre le crime. Il est facile de comprendre que cette vision de Batman ne peut pas plaire à tout le monde. Quand on commence à regarder les supercriminels qu'il combat, on est en droit de se demander qui les a choisis. Certes, ça commence classiquement : Poison Ivy, une apparition de Joker, de Killer Croc, etc. L'inclusion d'Etrigan fait craindre une dérive du récit vers le surnaturel, mais finalement il n'en est rien. Par contre les supercriminels suivants ont été pêchés dans les années folles de Batman : Baron Blitzkrieg (un énième néonazi de pacotille), Toyman (un ennemi de Superman), Catwoman dans son ancien costume avec cape, et Crazy Quilt (Paul Dekker, il faut le voir pour le croire). Dans la postface, Kevin Smith indique que les plus loufoques d'entre eux correspondent à une demande de Flanagan qui souhaitait les dessiner. Heureusement qu'il y a Cornelius Stirk (un cannibale pur et dur) pour relever le sérieux et le degré de dangerosité.



D'un coté, Kevin Smith semble donc traiter dédaigneusement les supercriminels qui servent surtout de chair à canon pour fournir le quota d'action nécessaire dans chaque épisode. De l'autre, le coté obscur de ces gugusses indique qu'il s'adresse plutôt à des lecteurs assidus de Batman qu'à des novices. Ce point de vue se trouve renforcé par l'évocation de différentes phases de la carrière de Batman qui ne parleront qu'aux amateurs éclairés : Year one, Robin faisant partie de l'équipe des Teen Titans, Dick Grayson quittant son mentor pour devenir Nightwing à Blüdhaven, l'évolution du costume de Nightwing au fur et à mesure de sa carrière (seuls les dessins de Flanagan souligne ce point), la participation de Batman aux Outsiders, la relation entre Bruce Wayne et Silver St. Cloud, le tout premier costume de Catwoman, etc. Walter Flanagan ajoute quelques allusions discrètes supplémentaires à l'univers partagé DC, telle l'effigie de Booster Gold sur un placard publicitaire.



Dès le deuxième épisode, il devient évident que le but du récit de Smith est de mettre Batman dans une position inédite : celle où il pourrait laisser Gotham entre de bonnes mains et vivre sa vie de Bruce Wayne. Sacrilège ou pas ? Trahison complète du personnage, ou piste narrative intéressante ? À chacun de se faire sa propre opinion. En tout cas, Kevin Smith est un auteur malin avec un style affirmé et un sens de la narration à fort pouvoir de divertissement. Il dispose d'un savoir impressionnant sur le personnage de Batman, il insère des blagues à caractère sexuel assez régulièrement (mais sans en abuser) et les personnages se conduisent comme des adultes désabusés plutôt que comme des enfants. Il entremêle les combats avec les scènes de développement des personnages, il refuse de se reposer sur un statu quo rassurant et il donne un sens à chaque combat. Le lecteur plonge donc un récit construit avec une progression dramatique intelligente.



Dans "Cacophony", les illustrations de Walter Flanagan étaient un peu rigides et elles manquaient parfois de substance. Depuis il a fait des progrès impressionnants. Les dessins reposent essentiellement sur des traits fins qui délimitent les contours, et quelques aplats de noirs judicieusement placés pour lester suffisamment chaque dessin. Le niveau de détail est assez élevé tout du long des 6 épisodes et le lecteur a vraiment la sensation de découvrir chaque endroit, plutôt que d'aboutir dans un site générique sans particularité. Il sait trouver le détail juste pour transmettre chaque sentiment ou ambiance, qu'il s'agisse d'horreur (la dentition d'Etrigan, le repas du cannibale), ou la chaleur humaine de Dick Grayson, la gêne entre Batman et Baphomet, l'intimité entre Bruce Wayne et la charmante dame, etc. En outre, Flanagan dispose d'une bonne maîtrise du langage corporel et des expressions du visage ce qui lui permet de transmettre les émotions des personnages avec facilité.



Kevin Smith et Walter Flanagan ont fait d'énormes progrès depuis "Cacophony" et ils racontent une histoire prenante, pleine de surprises, drôle et émouvante, dans laquelle ils osent imaginer que Bruce Wayne puisse envisager de prendre sa retraite. Si je me souviens bien, Frank Miller avait osé faire la même chose dans The Dark Knight returns où il indiquait que Batman avait cessé son activité pendant une dizaine d'années. Vivement la deuxième partie !
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Batman: Cacophony

Ce tome comprend les 3 épisodes de la minisérie du même nom parue en 2009, ainsi que le script de Kevin Smith pour le troisième épisode.



Tout commence à Arkham Asylum : Deadshot s'introduit jusqu'à la cellule du Joker pour l'abattre conformément au contrat qu'il vient de passer avec le père d'une de ses victimes. Il est interrompu juste avant d'abattre le Joker par un étrange gugusse costumé qui ne s'exprime que par onomatopées. Pendant ce temps là, Batman met fin aux agissements de Zsasz (un sympathique tueur en série qui se mutile d'un bâton chaque fois qu'une nouvelle personne a succombé sous son couteau). Maxie Zeus refait également son apparition à Gotham : il a trafiqué le poison du Joker (la substance qui fait littéralement mourir les gens de rire) pour en faire la nouvelle drogue récréative à la mode. Évidemment le Joker n'est pas très satisfait de l'usage qu'il fait de son invention. Et le mystère qu'est Onomatopoeia s'épaissit de page en page.



Au départ, Kevin Smith s'est fait connaître en tant que cinéaste (par exemple Chasing Amy & Dogma). Ce qui ne l'a pas empêché d'écrire quelques scénarios pour Marvel (Daredevil: Guardian Devil & Spider-man / Black Cat : The Evil That Men Do) et pour DC (Green Arrow: Quiver qui comprend la première apparition d'Onomatopoeia). Il est également connu par les fans de comics comme étant incapable de tenir les délais d'une série mensuelle (une minisérie de Daredevil & Bullseye jamais terminée).



Évidemment tout le monde l'attendait au tournant pour ses débuts sur Batman. Premier constat : cette histoire est complète et terminée (88 pages de comics). Deuxième constat : Kevin Smith a pris le pari risqué de ne pas se couler dans le moule traditionnel du personnage pour en donner une vision personnelle. Résultat : le ton est personnel, mais les personnages sont bancals. Pour commencer, Kevin Smith affectionne les longs dialogues d'exposition : entre Deadshot et Joker, entre Maxie Zeus et une intervieweuse, entre Batman et Joker. Seul Onomatopoeia est épargné car il se limite à reproduire les effets sonores transcrits sur la page (une très belle idée qui ne peut fonctionner que dans une bande dessinée). À la fois ces dialogues permettent aux personnages d'exister au-delà de la simple caricature, et à la fois il constitue la plus grosse prise de risque. Faire parler le Joker de manière cohérente, c'est diminuer son impact chaotique, c'est articuler son raisonnement et donc désamorcer sa folie. Toutefois si l'on suit la logique exposée par Grant Morrison dans Batman and Son : à chaque nouvelle apparition (et donc à chaque nouveau scénariste), le Joker s'invente une nouvelle personnalité. Après tout celle qu'il a choisie dans cette histoire est un peu déconcertante mais finalement acceptable. Le discours de Maxie Zeus ne sert qu'à faire avancer l'histoire, pour le reste il est plutôt convenu. La tirade de Batman présente une facette de sa personnalité cohérente avec le mythe, mais mise de coté depuis les années 1990. Le dispositif ressort comme très artificiel (Batman se confiant au Joker) et très gauche.



De manière surprenante, Walt Flanagan se révèle un professionnel très capable. La mise en page de longs dialogues nécessite un savoir faire de metteur en scène chevronné. Et les différentes tirades ou dialogues bénéficient de mouvements de caméra et de cadrage qui les rendent vivants malgré la taille des phylactères. À la lecture de la presse spécialisée, la profession n'a pas apprécié que Kevin Smith impose Flanagan comme dessinateur. Les 2 sont des copains de longue date et Flanagan n'a qu'une expérience très limitée et pointue ne matière d'illustrations de comics. À mon goût, le résultat est à la hauteur de bien des professionnels chevronnés. Les dessins manquent de précision et de nuances dans les expressions des visages (le Joker n'arrête pas de grimacer), mais chaque scène bénéficie de découpages et de prises de vue très vivantes qui compense la banalité du style graphique.



Ce tome se lit rapidement avec des vrais morceaux de bravoure dedans (sous-entendus sexuels compris) au milieu d'une soupe assez convenue (à commencer par les dilemmes moraux du type "Batman doit-il laisser mourir le Joker ?") avec des vrais dessins plutôt fades mais bien agencés pour donner des séquences dynamiques. En plus le lecteur peut admirer avec plaisir les 3 couvertures d'Adam Kubert dont le travail est ici vraiment personnel et réussi, ainsi que 3 couvertures variantes de Bill Sienkiewicz absolument magnifiques et placées sous le signe d'un second degré intelligent. La reproduction du script de Smith pour le troisième épisode ne m'a pas apportée grand chose. Cette histoire se conçoit donc plus comme un apéritif, une mise en bouche, l'introduction de The Widening Gyre.
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Daredevil : Sous l'aile du Diable

Kevin Smith prend de vrais risques dans l’écriture du scénario et rempli parfaitement sa mission visant à relancer la série. La qualité du récit monte crescendo et les retournements de situation sont bien présents. De plus, certains évènements ont et auront des conséquences irréversibles sur la vie du héros.

Les dessins et l’ancrage sont vraiment typiques des années 2000. Ils sont similaires à ce qu’il se fait sur du Ultimate Spider-man par exemple. Les planches sont magnifiques mais trop colorées à mon goût pour du Daredevil. Je lui préfère des ambiances avec un ton plus sombre.

Je ne peux que recommander ce récit qui est incontournable, notamment si vous souhaitez connaitre les évènements les plus marquants sur la continuité Daredevil.
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Spider-Man/Black Cat : L'enfer de la violence

Un Must-Have qui propose une mini-série un peu particulière puisque publiée sur au moins quatre ans. Ainsi, les épisodes 1 à 3 datent de 2002 et les épisodes 4 à 6 de 2006. « Spider-Man/Black Cat: The Evil That Men Do » a donc bénéficié d’une longue pause créatrice et éditoriale.



Cela se ressent tout de suite lorsque l’on passe des numéros 3 à 4. Le ton, l’ambiance ne sont plus les mêmes. Le sujet abordé est aussi plus délicat et violent car les auteurs n’y vont pas vraiment par quatre chemins à propos du viol et de l’inceste.



Un sujet dur, que je n’attendais pas du tout ici. Surprenant mais qu’il est nécessaire d’aborder même dans les comics. Un peu déstabilisant malgré tout dans la manière dont la série progresse mais qui révèle tout ce qui peut se passer dans la tête d’un auteur entre le moment où il débute un récit et celui où il le conclut.
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Spider-Man / Black Cat: The Evil That Men Do

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome comprenant les 6 numéros de la minisérie du même nom (les 3 premiers sont parus en 2002, les 3 derniers en 2006).



Une amie a appelé Felicia Hardy (Black Cat) pour lui indiquer qu'une de leurs amies communes (Tricia) a disparu depuis plusieurs jours sans donner signe de vie. Felicia accepte de se rendre à New York pour voir si elle peut la retrouver ou dénicher une information sur sa situation ; elle emporte son costume de Black Cat dans sa valise. Arrivée à New York, elle s'installe dans un palace. Peter Parker (Spider-Man) enquête sur la mort d'un des étudiants de son université : Donald Philips est mort d'une overdose d'héroïne. Les 2 disparus avaient partie liée avec Hunter Todd, une star montante du petit et du grand écran. Spider-Man se met en planque devant la fenêtre de cet acteur pour en apprendre plus. Juste au moment où Todd est en train de réaliser une transaction d'achat d'héroïne, Black Cat tombe sur Spider-Man et le projette à travers la baie vitrée de l'appartement. L'enquête pour retrouver le dealer et démêler ce qui s'est vraiment passé s'annonce ardue.



Cette histoire n'a pas été très bien perçue par les fans à sa parution parce que Kevin Smith a mis 4 ans pour en écrire la seconde moitié. À la lecture, ce hiatus ne se ressent pas. Avec cette histoire, Marvel Comics mariait 2 forces créatrices impressionnantes : Kevin Smith (réalisateur de films tels que Dogma) et Terry Dodson (encré par Rachel Dodson, sa femme) connu pour son style rond et ses personnages féminins séduisants. À l'arrivée le résultat ne souffre pas de schizophrénie, même si l'un et l'autre jouent chacun sur un registre différent.



Kevin Smith aborde ce scénario en l'écrivant pour des adultes ayant atteint la trentaine. Les préoccupations de Felicia et de Peter sont celles de trentenaires, et non de grands adolescents ou de jeunes adultes. Ce point de vue se ressent dès les premières pages dans lesquelles Felicia se dit qu'elle a passé l'âge de se balader dans un costume en cuir moulant, Peter analyse ses motifs pour sortir des vannes pendant les combats et le dealer connaît un franc succès parce qu'il propose à ses clients un moyen d'injection qui ne laisse pas de trace de piqûre. Kevin Smith décrit ses héros comme des individus ayant déjà une expérience de la vie et ayant conscience de leurs habitudes et de la bizarrerie de leurs comportements (sauter de toit en toit dans un costume moulant). Dès le début, le thème de la défonce est abordé sous un angle de dépendance plutôt que moyen pour faire la fête. Au fil des pages, il apparaît que Kevin Smith propose au lecteur d'avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est-à-dire des thèmes adultes et une histoire de superhéros qui s'inscrit dans la continuité. Ce deuxième aspect est inattendu, mais Smith a bien révisé avant d'écrire et les références évidentes (le pont duquel le Green Goblin a jeté le corps de Gwen Stacy) et pointues (Matt Murdock ayant feint d'être mort et se faisant passer pour son frère dans l'épisode 25 de 1967, ou dans le deuxième épisode un jeune photographe roux accompagnée d'une délicieuse journaliste ressemblant à Jimmy Olsen et Lois Lane) s'insèrent naturellement dans le récit. Smith utilise sans honte et sans vergogne les richesses de l'univers partagé Marvel (apparition de Matt Murdock, d'un membre des X-Men, etc.). Il met en scène les acrobaties du Black Cat et les superpouvoirs de Spider-Man avec intelligence (ce dernier en train de surfer sur l'asphalte les pieds sur une plaque d'égout). Il bâtit une intrigue policière qui tient la route (comment s'envoyer une dose sans se piquer ?). Et il fait exister les personnages avec des dialogues ciselés (même si certaines pages sont un peu envahies par les phylactères). Peter et Felicia flirtent gentiment mais fermement, tout en appuyant là où ça fait mal, à savoir ce qui s'est mal passé pendant leurs premières rencontres quelques années auparavant. Les méchants de l'histoire commettent des crimes immondes (ce n'est pas une histoire pour les enfants), mais ils ont également leur propre histoire et leurs propres traumatismes.



À l'opposé de ce mode narratif conscient de lui-même et assez noir, les illustrations des époux Dodson donnent à 100% dans le registre superhéros avec des beaux à-plats de noir arrondis, des mises en valeurs systématiques des courbes du Black Cat, etc. Du début à la fin elle se balade avec la fermeture de sa combinaison descendue en dessous du niveau de sa poitrine pour un décolleté généreux. La scène d'ouverture la montre en train de prendre sa douche. Mais au bout de quelques pages il apparaît sur son visage des émotions plus complexes que celles du jeu de la séduction. Son visage exprime le doute, l'amertume, la résignation qui vient avec le temps, etc. De la même manière quand Spider-Man enlève son masque, son visage exprime des émotions complexes qui n'ont rien de juvéniles. Les Dodson se servent de cet aspect lisse au premier degré pour donner des visages andins aux 2 frères Klum (les dealers), mais au fil des pages leurs traits évoluent pour prendre en compte leur cruauté et leur souffrance. Le scénario inclut plusieurs scènes de souffrances et d'actes cruels entre adultes non consentants que les Dodson parviennent en image sans tomber dans le voyeurisme, mais sans affadir ces séquences pour autant. Ils s'avèrent des illustrateurs plus subtils que la mise en avant de la poitrine de Felicia aura pu laisser croire. Même la mise en avant de ses atouts mammaires a une justification dans l'histoire. Et leur style graphique parfois un peu simple permet d'accentuer l'efficacité et la rapidité des scènes d'action.



Alors que la première scène peut laisser croire à une histoire racoleuse et bas du front, ce récit s'adresse à des adultes ayant grandi avec les superhéros pour aborder une forme de crime ordinaire abject (autre que le trafic d'héroïne) avec des illustrations très plaisantes, mais qui savent se faire plus subtiles quand le scénario l'exige.
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Spider-Man/Black Cat : L'enfer de la violence

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome comprenant les 6 numéros de la minisérie du même nom (les 3 premiers sont parus en 2002, les 3 derniers en 2006).



Une amie a appelé Felicia Hardy (Black Cat) pour lui indiquer qu'une de leurs amies communes (Tricia) a disparu depuis plusieurs jours sans donner signe de vie. Felicia accepte de se rendre à New York pour voir si elle peut la retrouver ou dénicher une information sur sa situation ; elle emporte son costume de Black Cat dans sa valise. Arrivée à New York, elle s'installe dans un palace. Peter Parker (Spider-Man) enquête sur la mort d'un des étudiants de son université : Donald Philips est mort d'une overdose d'héroïne. Les 2 disparus avaient partie liée avec Hunter Todd, une star montante du petit et du grand écran. Spider-Man se met en planque devant la fenêtre de cet acteur pour en apprendre plus. Juste au moment où Todd est en train de réaliser une transaction d'achat d'héroïne, Black Cat tombe sur Spider-Man et le projette à travers la baie vitrée de l'appartement. L'enquête pour retrouver le dealer et démêler ce qui s'est vraiment passé s'annonce ardue.



Cette histoire n'a pas été très bien perçue par les fans à sa parution parce que Kevin Smith a mis 4 ans pour en écrire la seconde moitié. À la lecture, ce hiatus ne se ressent pas. Avec cette histoire, Marvel Comics mariait 2 forces créatrices impressionnantes : Kevin Smith (réalisateur de films tels que Dogma) et Terry Dodson (encré par Rachel Dodson, sa femme) connu pour son style rond et ses personnages féminins séduisants. À l'arrivée le résultat ne souffre pas de schizophrénie, même si l'un et l'autre jouent chacun sur un registre différent.



Kevin Smith aborde ce scénario en l'écrivant pour des adultes ayant atteint la trentaine. Les préoccupations de Felicia et de Peter sont celles de trentenaires, et non de grands adolescents ou de jeunes adultes. Ce point de vue se ressent dès les premières pages dans lesquelles Felicia se dit qu'elle a passé l'âge de se balader dans un costume en cuir moulant, Peter analyse ses motifs pour sortir des vannes pendant les combats et le dealer connaît un franc succès parce qu'il propose à ses clients un moyen d'injection qui ne laisse pas de trace de piqûre. Kevin Smith décrit ses héros comme des individus ayant déjà une expérience de la vie et ayant conscience de leurs habitudes et de la bizarrerie de leurs comportements (sauter de toit en toit dans un costume moulant). Dès le début, le thème de la défonce est abordé sous un angle de dépendance plutôt que moyen pour faire la fête. Au fil des pages, il apparaît que Kevin Smith propose au lecteur d'avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est-à-dire des thèmes adultes et une histoire de superhéros qui s'inscrit dans la continuité. Ce deuxième aspect est inattendu, mais Smith a bien révisé avant d'écrire et les références évidentes (le pont duquel le Green Goblin a jeté le corps de Gwen Stacy) et pointues (Matt Murdock ayant feint d'être mort et se faisant passer pour son frère dans l'épisode 25 de 1967, ou dans le deuxième épisode un jeune photographe roux accompagnée d'une délicieuse journaliste ressemblant à Jimmy Olsen et Lois Lane) s'insèrent naturellement dans le récit. Smith utilise sans honte et sans vergogne les richesses de l'univers partagé Marvel (apparition de Matt Murdock, d'un membre des X-Men, etc.). Il met en scène les acrobaties du Black Cat et les superpouvoirs de Spider-Man avec intelligence (ce dernier en train de surfer sur l'asphalte les pieds sur une plaque d'égout). Il bâtit une intrigue policière qui tient la route (comment s'envoyer une dose sans se piquer ?). Et il fait exister les personnages avec des dialogues ciselés (même si certaines pages sont un peu envahies par les phylactères). Peter et Felicia flirtent gentiment mais fermement, tout en appuyant là où ça fait mal, à savoir ce qui s'est mal passé pendant leurs premières rencontres quelques années auparavant. Les méchants de l'histoire commettent des crimes immondes (ce n'est pas une histoire pour les enfants), mais ils ont également leur propre histoire et leurs propres traumatismes.



À l'opposé de ce mode narratif conscient de lui-même et assez noir, les illustrations des époux Dodson donnent à 100% dans le registre superhéros avec des beaux à-plats de noir arrondis, des mises en valeurs systématiques des courbes du Black Cat, etc. Du début à la fin elle se balade avec la fermeture de sa combinaison descendue en dessous du niveau de sa poitrine pour un décolleté généreux. La scène d'ouverture la montre en train de prendre sa douche. Mais au bout de quelques pages il apparaît sur son visage des émotions plus complexes que celles du jeu de la séduction. Son visage exprime le doute, l'amertume, la résignation qui vient avec le temps, etc. De la même manière quand Spider-Man enlève son masque, son visage exprime des émotions complexes qui n'ont rien de juvéniles. Les Dodson se servent de cet aspect lisse au premier degré pour donner des visages andins aux 2 frères Klum (les dealers), mais au fil des pages leurs traits évoluent pour prendre en compte leur cruauté et leur souffrance. Le scénario inclut plusieurs scènes de souffrances et d'actes cruels entre adultes non consentants que les Dodson parviennent en image sans tomber dans le voyeurisme, mais sans affadir ces séquences pour autant. Ils s'avèrent des illustrateurs plus subtils que la mise en avant de la poitrine de Felicia aura pu laisser croire. Même la mise en avant de ses atouts mammaires a une justification dans l'histoire. Et leur style graphique parfois un peu simple permet d'accentuer l'efficacité et la rapidité des scènes d'action.



Alors que la première scène peut laisser croire à une histoire racoleuse et bas du front, ce récit s'adresse à des adultes ayant grandi avec les superhéros pour aborder une forme de crime ordinaire abject (autre que le trafic d'héroïne) avec des illustrations très plaisantes, mais qui savent se faire plus subtiles quand le scénario l'exige.
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Hit Girl à Hollywood

Hit girl apprend que son histoire va etre adaptée à l'écran avec l'actrice Juniper Florence dans son rôle. Cette hsitoire ne lui plaît pas du tout. Elle se rend à Holywood dans les studios pour voir ce qu'il en est. Au même moment le producteur du film qui rappelle furieusement Harvey Weinstein, se fait castrer par deux super héros alors qu'il tente de violer une starlette. Hit girl découvre alors que Juniper Florence n'est pas qu'une starlette sans cervelle et devient complice de la "coupeuse de bites". Une histoire qui surfe sur le mouvement Me too mais qui ne rend pas hommage au combat de ces femmes victimes de harcèlements et viols et rend le sujet des violences sexuelles dans le milieu du cinema completemet ridicule. C'est completement nul.
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Spider-Man/Black Cat : L'enfer de la violence

La rencontre entre les deux monte-en-l'air anciens amants aurait pu faire des étincelles mais l'intrigue en carton, les dessins mal définis et des personnages inintéressants finissent par ennuyer. Seuls quelques allusions coquines, quelques cases mettant en valeur les formes généreuses de Felicia Hardy et quelques dialogues épicés sauvent la mise, avant une dernière partie plus sombre et adulte où chacun évoque ses traumas de jeunesse. Dispensable.
Lien : http://comicsmarvel.blogspot..
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Green Arrow, tome 1

Green Arrow est mort.

Il a perdu la vie, atomisé par une bombe sous les yeux de Superman.



Mais alors qui est ce mystérieux personnage qui décoche les flèches comme personne, qui prétend être le défunt Ollie Queen, et surtout, qui ne semble pas se souvenir des dix dernières années ?



Un super héros qui ressuscite, ça n'est pas un scoop. Ils l'ont tous fait, au point de se demander si ce n'est pas un rite d'initiation, si les vrais héros ne sont pas ceux capables de revenir d'entre les morts, ou si certains, à l'image de Jean Grey des X-Men, n'ont pas une loge réservée à la morgue, louée à l'année...



Pour ressusciter Green Arrow ?

Il n'a pas de pouvoirs, il a un habit vert moche, une barbichette qui date des années 70 et il est quasiment inconnu en France. Même aux USA, il a longtemps été un second couteau (le comble, pour un archer)



La réponse est simple : Kevin Smith.

Kevin Smith, brillant réalisateur de Dogma, Clerks, scénariste, producteur, acteur et valeur sûr du cinéma américain est avant tout un fan de comics. Et difficile d'admettre que son héros d'enfance, Green Arrow, mange les pissenlits par la racine.

Mais Smith a plus d'une corde à son arc. Il déboule chez DC, explique son problème, et la notoriété aidant, le projet est monté en flèche.

Kevin Smith fait mouche, et ressuscite Green Arrow.



Alors pourquoi Green Arrow est-il intéressant ?

Autant être franc, Green Arrow a été naze. Sans super-pouvoirs, il a été une sous-copie de Batman (l'Arrow-cave, l'Arrow-Plane etc) Mais dans les années 60, dans le but de moderniser les héros et de les accompagner dans le VRAI monde réel, Green Arrow est associé à Green Lantern dans des aventures plus sombres et plus réalistes.

Speedy, le "Side-Kick" de Green Arrow (Tous les héros DC étaient alors accompagnés d'un enfant en costume pour affronter les dangers, quoi de plus logique ?), donc Speedy va sombrer dans l'enfer de la drogue, de l'héroïne pour être exact.

Et là, c'est l'explosion. La drogue entre dans l'univers des comics. Les vices du monde réel entrent dans l'univers rose bonbon des comics. Et c'est un coup de maitre. Les deux Green (Arrow & Lantern) vont se battre contre de vrais problèmes, sans forcément vaincre les méchants.

Green Arrow, ex-capitaine d'industrie va devenir un super héros contestataire, n'ayant pas peur de cracher sur le pouvoir, l'argent, les médias. Une révolution.



Puis, ayant tué un homme par accident, il sombre dans la dépression, devient de plus en plus noir, violent, acide... pour ensuite mourir en héros.



Alors, pourquoi ressusciter Green Arrow en 2001 ?

Tout simplement, parce qu'il le vaut bien.
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Daredevil : Sous l'aile du Diable

Daredevil étant mon héros préféré, j'essaie d'en lire un maximum sur le personnage.



Dans le run de Kevin Smith et Joe Quesada, le côté catholique de Matt Murdock va être mis en avant avec la présence d'un bébé qui pourrait être le sauveur de l'humanité ou celui qui va le conduire à sa perte.



Pas le meilleur run sur le personnage, mais il ne démérite pas, il faut dire que la concurrence est rude, tant quasiment tous les runs sont bons !

Cela reste une lecture très sympathique.
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Green Arrow, tome 2

Cette deuxième partie de diptyque qui ressuscite Oliver Queen, le Green Arrow d’origine, regroupe les épisodes US Green Arrow #6 à 10.



L’enquête concernant le pourquoi et le comment du retour d’Oliver Queen se poursuit dans l’autre Monde en compagnie de Hal Jordan. Au final, Kevin Smith livre une histoire agréable à lire, assez divertissante et pourvu de quelques clins d’œil intéressants au reste de l’univers DC.



Mais, le tout demeure assez prévisible avec notamment l’identité du tueur qui officie à Star City que l’on devinait déjà lors du tome précédent. Au niveau du graphisme, malgré un encrage parfois trop prononcé, la mise en image de Phil Hester tient parfaitement la route.



Bref, sympa, mais sans plus.
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