Huw Wheldon introduces this report from writer and critic Simon Raven, who travels to Swansea to converse with Kingsley Amis at the university where he teaches. In this genial interview, Amis recalls his most famous character, Jim Dixon, the protagonist of 'Lucky Jim', and discusses his subsequent writing career, including the novel on which he is currently working (published as 'Take a Girl Like You').
Bradbury est le Louis Armstrong de la science-fiction, non par son âge ou par le fait qu'il se répète constamment, mais parce qu'il est le seul auteur connu de ceux qui ignorent tout de la science-fiction. Je ne saurais me prononcer sur cet état de choses. Peut-être s'explique-t-il par la tendance qu'a Bradbury à sombrer dans cette espèce de sous-sentimentalisme poétique qui va droit au vieux cœur racorni de tous les lecteurs de journaux du dimanche.
L'idée considérée comme l’héroïne du roman, voici la base de nombreux ouvrages de science-fiction.
Le terme science-fiction est de moins en moins approprié au sujet qu'il désigne, et l'espèce de combat d'arrière-garde que livrent ses supporters en alléguant que la politique, la psychologie, l'anthropologie, l'éthique même sont des sciences au même titre que la physique atomique, n'a d'autre résultat que d'indiquer un état d'esprit. En tout cas, parmi les appellations suggérées, nulle n'est assez bien venue pour justifier l'abandon d'un terme aussi fermement établi que celui de science-fiction. Résumons-nous : la science-fiction décrit avec vraisemblance les effets sur la race humaine de changements spectaculaires, tantôt voulus, tantôt subis, survenus dans le milieu ambiant.
L'autre genre adjacent, c'est le "space-opéra", cousin du western malgré quelques différences bien superficielles.
Dans le "space-opéra", Mars succède à l'Arizona, le héros porte à sa ceinture un désintégrateur atomique au lieu d'un révolver, les traîtres sont remplacés par de malveillants extra-terrestres que seule une peau verte et parfois un sixième doigt distinguent de leurs ancêtres ...
Là où le roman ou la nouvelle ordinaires ressemblent à l'art du portrait ou du tableau d'intérieur, la science-fiction offre un paysage où se meuvent quelques silhouettes ; vouloir que ces personnages lointains soient décrits avec autant de précision que le sujet d'un portrait, ce serait évidemment demander l'impossible.
Si la science-fiction respecte, comme je l'ai indiqué, les faits réels ou hypothétiques, le fantastique, lui, met son point d'honneur à les narguer : aux robots, aux astronefs, aux techniques, aux équations, il substitue des elfes, des manches à balais, des pouvoirs occultes et des incantations.
La publicité en elle-même est une offense, un assaut dirigé contre l'esprit humain.
Rien n'est plus typique de la science-fiction qu'une idée intéressante, parfois même originale, présentée avec une banalité accablante.
- Et moi Bond. James Bond. Comment avez-vous deviné que je parlais anglais ?
Elle rite encore.
- Tout le monde parle anglais. Et vous avez l'air très anglais, monsieur Bond. Personne ne peut vous prendre pour autre chose, même pas pour un Américain.
- En fait je ne suis pas du tout Anglais, mais moitié Écossais, moitié Suisse.
- Les Anglais vous ont annexé, alors.
L'importance intrinsèque de Lovecraft est assez réduite, mais il faut avouer qu'il donne l'impression d'être plus que mûr pour la psychanalyse, impression qui se dégage souvent du fantastique ou de la science-fiction à ses débuts, et la difficulté que l'on éprouve à classer certaines de ses œuvres réfléchit fidèlement la confusion d'une époque où la littérature non-réaliste était en proie aux affres d'une fission interne.