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Citations de Kostas Papaïoannou (34)


L'Antiquité avait elle aussi connu le culte parfois mélancolique des ancêtres, la louange du "bon vieux temps". Déjà Homère se plaignait : "les mortels tels qu'ils sont aujourd'hui", et Platon, qui avouait s'être converti à la philosophie sous la "contrainte" du temps, parlait des "temps anciens où les hommes habitaient plus près des dieux". Mais les Grecs ne savaient pas quelles jouissance il y a à goûter le passé comme un attrait douloureux, à le rendre présent dans son irrémédiable absence. Il leur manquait le sens de l'altérité, le sens historique qui attire l'esprit vers des mondes mentalement hors d'atteinte. [...] Le mythe remplaçait la conscience historique lorsque les Spartiates croyaient retrouver à Tégée les ossements d'Oreste ou que les Athéniens ouvraient à Skyros le tombeau qui contenaient les restes présumés de Thésée. Décidé à ne parler que du "temps des hommes", Hérodote renvoyait Minos au "temps des dieux" [...], personne n'a pensé, comme Schliemann - un autre passionné d'Homère - à fouiller la colline d'Ilion. On voulait du mythe, non de l'histoire, et Platon avait raison de dire des Grecs qu'ils sont des "éternels enfants sans mémoire aucune du passé".
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Un demi-siècle après Solon, la cosmologie ionienne place la diké au centre de l'univers. Dans le système d'Anaximandre, le cosmos tout entier apparaît comme une cité où " les êtres se donnent mutuellement réparation et compensation pour leur injustice, selon l'ordre du temps " : le mouvement éternel qui tend à rétablir l'équilibre perpétuellement menacé par la lutte des contraires et la pléonexia (croissance des choses les unes aux dépens des autres) existe non seulement dans la vie humaine, ainsi que le pensait Solon, mais dans l'ensemble de l'univers.
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En faisant de l'homme un citoyen du Ciel,le christianisme a dévalorisé l'Etat et émoussé l'intérêt à la chose publique.Plus:"religion et politique ont joué le même role ;la religion a enseigné ce que le despotisme voulait:le mépris du genre humain,son incapacité au bien quel qu'il soit,son incapacité à être quelque chose par lui-même"
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Mais les idées ne sont indépendantes ni dépendantes. Elles dépendent plutôt de notre indépendance d'esprit, de notre capacité de liberté et d'équité : c'est l'histoire de cette liberté, ce heurt perpétuel de la vérité et de la pesanteur, cette dialectique jamais surmonté de l'élan et de l'enlisement que cette petite anthologie se propose de commémorer.
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Marx connaissait bien l'hybris du sectarisme : "La secte trouve sa raison d'être dans son point d'honneur, et ce point d'honneur, elle le cherche non pas dans ce qu'elle a de commun avec le mouvement de classe, mais dans un signe particulier qui la distingue du mouvement." (lettre à J.B. Schweitzer du 13/10/1868)
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Ce que les Grecs demandent à leurs dieux, c'est d'être " ceux qui vivent sans effort ", selon l'étonnante expression homérique. Les dieux réalisent pleinement et perpétuellement, sans interruption, ce que les hommes ne peuvent atteindre que par moments.
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Plus se développent les contradictions d'une société, dit Marx, plus son idéologie s'abaisse "au rang d'une simple phraséologie idéalisante, d'une illusion consciente, d'une hypocrisie intentionnelle. Mais plus la vie lui donne des démentis, et moins elle a de valeur devant la conscience, et d'autant plus résolument on la fait valoir - d'autant plus le langage de cette société devient hypocrite, moral et sacré."
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Marx, qui attendait la victoire du socialisme "uniquement du développement intellectuel de la classe ouvrière, tel qu'il devait résulter nécessairement de l'action commune et de la discussion", n'éprouvait aucune sympathie pour les "élites" et leurs "surhommes".
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Comment des gens comme nous, qui fuyons comme la peste les positions officielles, pourrions-nous nous trouver chez nous dans un "parti" ... (lettre d'Engels à Marx en février 1851)
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Comme dans la tragédie, le juge est le temps et le devenir cosmique tout entier - la succession des saisons, la naissance et la mort de tout ce qui existe - est interprété comme une suite ordonnée de réparations et de compensations pour les transgressions commises. La notion de diké se projette d'ailleurs non seulement de la société sur l'univers, mais aussi sur l'individu : quelques décennies après Anaximandre, le médecin pythagoricien Alcméon de Crotone assimilera l'organisme à une cité où l'égalité des forces (isonomie) correspond à la santé, la maladie étant due à la prépondérance monarchique d'un des éléments sur les autres : l'idéal démocratique de l'isonomie s'érigeait ainsi en principe cosmique régulateur.
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Ce destin de toutes les idées devenus idéologies ne fut pas épargné au génial critique des idéologues.
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Ce destin, d'un mystère inexplicable, d'une indicible cruauté envers l'esprit, fut-il épargné à Marx ? Il avait eu, lui, le temps de nous avertir qu'il n'était pas "marxiste". Mais qui aurait pu penser que ce marxisme-là allait servir de parure idéologique à la négation de tous les principes de liberté et de justice qui l'ont fait naître ?
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Nietzsche et Marx ont été traqués par le même démon socratique qui se refuse à une vie purement acceptée, non perpétuellement remise en question. (...) Tous les deux ont voulu propager par le fer et le feu cette dévorante indépendance d'esprit qui les garda toujours en éveil.
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Il représentait l'élément d'inquiétude par excellence, une vivante mise en garde, une exigence de rigueur et d'irrévérencieuse liberté perpétuellement suspendue sur ce monde bourgeois.
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Dans le grand poème de Solon, investi en 594 de plein pouvoirs extraordinaires pour remédier à la crise sociale, on a une image saisissante de l'état de détresse qui existait Athènes vers la fin du VIIème siècle : " Combien avaient été vendus soit injustement, soit par une justice sévère, ou qui s'étaient exilés sous la contrainte d'une dette et qui ne parlaient plus la langue attique à force d'avoir erré en tous lieux ! Et combien, ici même, subissaient une servitude indigne, tremblant devant l'humeur de leurs maîtres ..."
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Un temps d'arrêt n'est pas l'arrêt du temps. Le creux de la vague n'est pas l'océan. Le "Tout" hégélien n'était pas le "Vrai" et sa vérité n'était pas le Tout. Le résultat n'était pas la fin. La taupe n'avait pas fini son travail. La négativité s'appellera désormais Révolution. Lorsque la Révolution aura accompli son travail souterrain, alors, dit Marx, "l'Europe sautera de sa place et jubilera : "Bien creusé, vieille taupe ! "...
L’Esprit ne s'était pas oublié.
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Cette notion d'aliénation n'a pas été le moindre des explosifs que Hegel a légués à la postérité. La grandeur de Hegel, dira Marx en 1844, a été de saisir l'histoire comme réalisation de l'homme et d'avoir montré que l'homme ne pourra se réaliser que sous la forme de l'aliénation. Toute l'histoire depuis la fin de la démocratie grecque et jusqu'à la Révolution française est le récit de la réalisation et de l'aliénation humaine.
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A Hölderlin, aout 1796
Autour de moi, en moi, c'est la paix. Des hommes affairés
Les incessants soucis dorment, me laissant liberté
Et loisir. Je te remercie,
O nuit, ma libératrice ! D'une blanche brume
La lune enveloppe les contours incertains
Des lointaines collines, et gentiment vient vers moi, brillante,
La trainée lumineuse du lac.
Des bruits fastidieux du jour le souvenir s'éloigne,
Comme si des années le séparaient du moment présent.
Ton image, ô ami, se présente à moi,
Et aussi les plaisirs des jours lointains.
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LA CRISE : " LE POINT NOCTURNE DE LA CONTRADICTION"
Et Hegel qui voulait "penser la pure vie" devait découvrir à son tour que "la vrai vie est absente". Une crise d' "hypocondrie" qu'il a subie "durant deux ans jusqu'à l'épuisement de ses forces" ainsi qu'il le dit dans une lettre, a été le tribut qu'il a payé au Dieu de la déception qui s'acharnait déjà sur la génération romantique : Novalis s'éteindra en 1801, Hölderlin sombrera dans la folie en 1806, bientôt (1811) Kleist se fracassera le crâne dans un accès de désespoir.
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LA CRISE : " LE POINT NOCTURNE DE LA CONTRADICTION"
Le "Royaume de l'esprit" n'était pas vraiment de ce monde allemand des bourgeois replets et des curés où l'Hypérion de Hôlderlin cherchait en vain des hommes.
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