Lauren Layne

Elle savait ce qu’elle recherchait : lui.
Quand elle fut plus près, Luke s’aperçut que son visage était aussi agréable à regarder que son corps : de grands yeux bleus, des lèvres charnues, des cheveux aux épaules juste assez ébouriffés pour qu’on se demande dans quelles circonstances ils avaient été mis dans cet état… et pour qu’un homme ait envie d’en être responsable.

Chérie, si je voulais te balancer et révéler la garce que tu es, je l'aurais fais quand tu as volé mes notes après que je t'ai trouvée en train de t'envoyer mon petit copain sur la pile.

Ne me dites pas que je fais ma diva, parce que je ne vous ai pas encore expliqué ce que c'était que Serial Largueur. Imaginez le Bachelor, mais en bien pire - pour moi, en tout cas.
Je joue le rôle non pas de n'importe quel célibataire endurci, mais du marié en fuite. Celui qui a acquis la réputation de planter ses fiancées à l'autel.
D'accord, sur le principe, je possède les qualifications pour y participer. Mais j'ai mes raisons, dont aucune que j'aie envie d'expliquer à la télé devant le pays entier.
Et ce n'est même pas le pire. Dans le Bachelor, le pauvre mec a jusqu'à la fin de l'émission pour décider s'il va faire une demande à l'une des femmes qu'il a rencontrées. Mais Serial Largueur ne se termine pas sur une demande éventuelle.
Il se clôt sur un mariage.

Alors il fit la seule autre chose qui, selon lui, la prendrait au dépourvu.
Il l’embrassa.
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Il reste en eux des sentiments troubles enfouis, des remords, des envies de vengeance et des incompréhensions.

Rien n’existait de plus attirant que l’idée de dompter un homme indomptable.
Plus leur héros apparaîtrait comme un fruit défendu, plus les téléspectateurs saliveraient pour qu’il tombe amoureux.

Ça représente beaucoup d’argent, reprit-elle. Et comme je vous l’ai dit tout à l’heure, si l’argent n’a pas d’importance pour vous, pensez simplement aux améliorations qu’il apporterait à la ville, dans l’éventualité où vous en feriez don.

Cet homme était tellement… intense.
Pas de façon amère. Il souriait. Il avait un très beau sourire, quoique jamais adressé à elle. Il riait souvent, mais elle y sentait parfois un peu d’effort. Il y avait de toute façon chez lui une énergie tranquille, comme s’il contenait des émotions bouillonnantes qu’il tentait de dissimuler sous des manières affables et une casquette à l’envers.

Pour tout dire, la télé, c’était un défilé permanent d’imprévus.
Des succès inattendus, des annulations impromptues, des grossesses, des caprices de stars, des coucheries… Pour résumer, les surprises étaient le quotidien de la téléréalité.

On ne pouvait pas dire qu’il ait beaucoup réfléchi au type de femme qui se cachait derrière les messages qu’il avait effacés sans autre forme de procès mais, si on lui avait posé la question, il aurait répondu : « Emmerdeuse. »
Il aurait sans doute eu tort. Même si, sans conteste, elle était ambitieuse, elle ne ressemblait pas à une briseuse de burnes prête à tout.
Son corps délié était peut-être tout en angles et en longueur, mais il montrait aussi de la douceur. Dans ses cheveux, qui se fichaient bien des conventions. Dans son sourire spontané, son rire facile et ses petits seins tout ronds.

Cela faisait un bon moment qu’il n’avait pas prêté autant d’attention à une personne du sexe opposé.
Autrefois, il avait aimé cette sensation ; l’alchimie sexuelle était la combinaison presque parfaite entre douleur et plaisir. Un subtil coup de poing dans le ventre qu’on avait envie de vivre et de revivre.

Elle avait besoin, pour reprendre pied, qu’il aime vraiment beaucoup les femmes. Plus précisément, qu’il apprécie vingt-cinq femmes, mises en concurrence sur une chaîne à diffusion nationale, afin de le convaincre de convoler avec l’une d’elles pour un mariage de contes de fées destiné également à divertir des téléspectateurs de tout le pays.
Le Bachelor, c’était out.