Laurent de Graeve

L'homme hurlait de douleur en tournoyant sur lui-même. La torche vivante amusa beaucoup les enfants qui en redemandèrent pour Noël à leurs parents. Une fumée noire avala soudain les infames, dont le crime souilla le bleu du ciel bleu; et Dieu, encore un peu plus sale, détourna la tête afin de n'être pas incommodé par les odeurs.

Je connais bien le pouvoir des mots. Vous n'imaginez pas les ravages que peut provoquer dans une âme un seul subjonctif imparfait. La rhétorique et la grammaire sont des machines de guerre aussi diaboliques qu'efficaces. Les mots sont des torpilles. Il y a ceux, empoisonnés, qui s'attaquent aux vanités: ceux, plus subtils, qui explosent à retardement; et ceux qui séduisent leur cible avant de l'exterminer. Il y a ces mots, aux arêtes tranchantes, qui blessent; mais il y en a d'autres, plus affûtés, qui tuent. p. 178

Convaincre, c'est encore vaincre; et moi, je ne veux plus lutter. P. 180

Ce qu'il y a de plus agaçant chez nos amants lorsqu'ils se décident à mourir, c'est qu'ils vous rappellent que vous n'êtes pas immortelle. Le tact n'a jamais été le fort de M. de Valmont.

Je suppose que je devrais pleurer, l'occasion s'y prête à merveille, mais je suis incapable de pleurer le bonhomme. J'ai beau fouiller l'organe, titiller le muscle, triturer la viande. En moi tout est sec.Je ne pense à rien. Je ne ressens rien. Le cœur est calciné ; les émotions, périmées. Madame la marquise ne pleure pas les amants hors d'usage.