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Citations de Laurice Schehadé (29)


La vie m'a donné en partage des mots chantants, des mots mendiants (...)
Mots d'amour, de détresse, ruisselant sur mon visage et mes mains, je
trébuchais en chemin et vous laissais tomber , dépareillés: un noir, un
blanc, blanc noir, noir...et blanc. (p. 23)
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On ne revient jamais sur ses pas sans être étouffé par son ombre...

LE TEMPS EST UN VOLEUR D'IMAGES
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Mon amour, si je pouvais rire de mon amour, tout me semblerait plus simple: l'aube serait l'aube et le bonheur le bonheur, l'infini aurait les dimensions de la terre, la lune ne cesserait jamais d'être le croissant. (p. 8)
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J'aimerais l'homme qui aura des mains semblables au vent. (p.34)
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Laurice Schehadé
Laurice Schehadé par Eric Dussert [ cf. Le Matricule des Anges, n° 086 / septembre 2007]

Soutenue par l'éditeur Guy Lévis Mano, Laurice Schehadé fut écrivain comme son frère. Mais l'exilée nostalgique ne se limita pas à la prose comme ils en avaient convenu...

Le monde arabe est moins formaliste que l'Occident en matière de dates. Le temps coule différemment sous le soleil sans doute, et la vie des êtres y est perçue comme un cadeau du ciel qui ne se mesure pas. C'est, du moins, ce que l'on peut déduire du flottement général des états civils et notamment celui de Laurice Schehadé qui, comme son frère Georges, le poète bien connu, ne sut jamais si elle était née en 1908 (selon son certificat d'études primaires), en 1912 (sur son acte de mariage) ou en 1916 (d'après ses papiers d'identité). Après tout, que sont huit années dans une vie qui ne manqua pas de relief ? " J'ai l'impression que ma vie sera longue et semée de tourments, qu'en ferai-je ? Un clocher apparaît et disparaît dans ma fenêtre pour lancer sa pointe vers un ciel bas. Les étoiles se cachent autant qu'elles peuvent derrière les nuages ; le fleuve est lent et trop sage pour aimer toutes les étoiles, une seule lui suffirait, il n'en veut pas, comme toi mon amour ".

Née à Alexandrie, après sa soeur Renée et son frère Georges (né en 1905... ou en 1907), elle aborde le monde au sein d'une ancienne famille libanaise grecque orthodoxe et francophone installée en Egypte. Son père y fait le commerce du coton jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale où la chute des cours de bourse le ruine et contraint la famille au repli libanais. La fillette, puis la jeune fille y connaît des années de bonheur dans une vieille maison des hauteurs d'Achrafieh, entourée de ses parents, de sa fratrie et d'une paire d'oncles. C'est là que son existence se cristallise.
Laurice Schehadé poursuit ses études à Beyrouth au collège de la Sainte-Famille où elle commence à écrire. Son frère aîné l'encourage tout en cadrant ses tentatives et ses projets. Au risque de la concurrence familiale, un palliatif est trouvé par le bouillant Georges qui fixe les règles d'un compromis : à lui la poésie et ses univers, à Laurice le monde de la prose sous la forme qui lui plaira, roman, récit, conte... " Comme il doit être difficile d'être la soeur d'un poète, quand on est soi-même écrivain ! " Ce constat de Pierre Seghers, cité par Albert Dichy, le spécialiste de Georges Schehadé à qui l'on doit ici beaucoup, en dit long sur le carcan que dut soulever la jeune femme pour s'autoriser à aborder enfin, en 1952, les territoires circonvoisins du poème en prose avec son premier recueil, Le Temps est un voleur d'images. Mais gardons le fil : aucun ouvrage n'aurait peut-être été publié si Laurice n'avait un triste et beau jour de 1934 quitté le Liban.
Sa rencontre avec le marquis de Benzoni marque le principal tournant de sa vie. Non content de la séparer de ses proches, son mariage va lui imposer de prendre ses distances avec sa terre. Son mari, consul d'Italie rencontré à Damas, l'emmène au hasard de son parcours diplomatique. En poste en Pologne, en Yougoslavie, à Rome où ses positions antifascistes le font rappeler, puis à Paris ses monuments, ses rencontres majeures , puis en Hongrie et, finalement, en Hollande. On comprend que l'oeuvre de la marquise Benzoni soit tournée vers son pays et vers les siens, et que son oeuvre, à la différence de la poésie de son frère Georges, trame la mémoire familiale dans une sorte de chronique nostalgique où se mêlent, cependant, moins de mélancolie que d'affection. " J'ai mal de t'avoir quitté, mal de vivre, pays de mûriers, de vignes, de ruisseaux secrets, semblances de Dieu, ma vallée heureuse. Morte j'irai à ta recherche, dans un sac de pauvre, un peu de terre et d'eau, le pain de tes promesses. Et l'on dira : cette femme au loin, il n'y a d'ombre nulle part pour elle ".
Toujours en proses très poétiques, Laurice-Anne fut donc publiée à partir de 1947, à la suite de son installation parisienne et sur la pression de ses amis Jacques Maritain, Julien Green et Charles-Albert Cingria. GLM, l'éditeur de la rue Huyghens, dans le XIVe arrondissement de Paris, qui publia tant Char, Eluard, Breton et... Georges Schehadé trouva tout naturel d'avoir donné à la soeur du poète ses chances et à son Journal d'Anne Anne est son second prénom. Il y prit goût et réitéra assidûment l'expérience, puisque c'est elle qu'il publia le plus souvent avec La Fille royale et blanche, Fleurs de chardon, Portes disparues, Jardins d'orangers amers, Le Batelier du vent, J'ai donné au silence ta voix, Du ruisseau de l'aube... Huit plaquettes virent le jour entre 1947 et 1962, date de la publication du récapitulatif Livre d'Anne. Avec un peu d'obstination, on pourra l'obtenir à Beyrouth, au siège des éditions Dar An-Nahar, au coeur du volume collectif intitulé Les Livres d'Anne où il fut repris en 1999 en même temps que le Journal d'Anne et le Récit d'Anne.
Plus accessibles aux lecteurs d'aujourd'hui peut-être, Les Grandes Horloges ont paru en 1961 chez Julliard. Sous la forme d'un roman intimiste, Laurice Schehadé y poursuivait sa recomposition existentielle d'exilée perpétuelle. Bien sûr, on peine à distinguer dans ce livre ce qui fait la part de la poésie et de la prose tant la simplicité de son port de phrase s'accompagne de grâces renouvelées, d'un brin d'exotisme aérien et d'un souhait assumé de la pureté. La marquise Laurice-Anne Schehadé Benzoni, " intime avec les anges, coquette avec le Seigneur ", a livré à la fuite du temps et à l'enfance perdue toute son oeuvre et consacré au Liban (J.-L. Meunier, 1984) tout son talent. (...)

Eric Dussert
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FLEURS DE CHARDON



extrait /b

     Le bonheur est passé jeune et joyeux, vêtu de velours clair,
portant son cœur à nu et dans la main du poignard, quand je lui
ai souri il était déjà loin s’effaçant dans l’horizon devenu tout à
coup très sombre, sa belle cape laissant traîner des arabesques
de sang.
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Mon amour, je croyais te trouver dans les livres que je ne te savais pas lire. Tu me cherchais en un désert dont le mirage me multipliait, multipliait mes yeux, ma bouche, ma ressemblance avec moi .
Harassés, nous nous sommes assis l'un près de l'autre sans nous voir. (p. 31)
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Je rêvais et ne parlais jamais de mes rêves. Dans ma famille, j’étais la plus obstinée, la plus silencieuse, aussi m’accusait-on de n’aimer rien, ni personne. J’aimais pourtant mes parents, l’arbre que je voyais de ma fenêtre, le bruit de la pluie et d’autres choses encore que je ne connaissais pas. J’étais une étrange et douce petite fille. »

« Quand je connus cette parente de mon père, elle était déjà vieille, toussait beaucoup et promenait avec elle un narghileh fleuri dont elle tirait d’immenses bouffées entre des phrases savoureuses empruntées au parler du peuple. Ses cheveux, dans leur jeunesse d’un beau roux, passaient alors, suivant ses caprices, du noir au jaune, ou en cas de deuil à un blanc sale et sorcier. Sa peau ridée, couleur brique, faisait paraître infiniment drôles et perdus ses yeux d’un bleu tendre et gris, des yeux de jeunesse allemande. Son nez parfaitement aquilin, pareil à celui de mon père, achevait le contraste, lui donnant l’air d’un oiseau de proie malade, et par moments, celui d’une grande-duchesse russe.
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Tout m'est cher de mon enfance (...)
Il m'est resté de cette époque une grande tâche de tendresse violente et douce, à chaque angle de mon coeur du rire en grelots, des ombres dans un léger brouillard. Ombres bienveillantes qui saviez le secret des passages les plus secrets de l'âme, la faiblesse des êtres vis-à-vis de la vie, qui avez vécu, comme si vous jouiez à l'existence, aux naissances, à la mort, à l'amour avec ironie, à la douleur avec patience, je vous ai gardées en moi précieuses et rares, telles les pièces d'une collection de bonheur. (p. 19)
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Mon amour, j'ai donné au silence ta voix et le silence a couvert la terre.[...]
-------------------------------------------------------------------------------------------------Adolescence éblouie de félicité simple: le vent égrenait les heures, effeuillait le silence.
J'avais alors une certitude, celle de mon existence, un seul goût, celui de
l'éternité. (p. 7)
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Il y a des contrées où chacun peut se faire un manteau de ciel, au ciel une place sans location préalable, et où l'on ne meurt que si on le veut bien. (p. 13)
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Mon pays, comme en la laine …


Extrait 2

  J’ai mal de t’avoir quitté, mal de vivre, pays de mûriers, de vignes, de ruisseaux secrets, semblances de Dieu, ma vallée heureuse. Morte j’irai à ta recherche, dans un sac de pauvre, un peu de terre et d’eau, le pain de tes promesses. Et l’on dira : cette femme au loin, il n’y a d’ombre nulle part pour elle.
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Mon pays, comme en la laine …


Extrait 1

  Mon pays, comme en la laine des blanches brebis, je voudrais passer mes mains en toi, t’étreindre plus cher qu’un homme, que l’homme le plus aimé, pays d’olives et de pain, de mes origines et de la joie, puis morte trouver une place dans le cimetière où jouent la chèvre et l’enfant quand les fleurs fêtent leur naissance.
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Ton amour a la douceur de ces vallées où l'herbe pousse, que personne ne piétine, celle des mains désirées, disparues, des rêves à peine esquissés, le sourire de l'aubépine quand la nuit furtive enlace l'aurore. Le mien a la violence de l'automne, toujours près à mourir, une tristesse qui fait le tour de la terre. (p.23)
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Les jardins de mon enfance se réduisent à un seul (...) : celui où ma mère a joué, jardin de fruits d'or où notre passe-temps épousait des légendes, où nous courions après le mystère, où toute fleur avait son nom, sa carte d'identité, toute plante sa vie personnelle, une capacité de haine et d'amour; où tout se confond, se perd, où chaque saison apportait son parfum, ses jasmins, ses violettes, ses arbres nains et ses fruits défendus. (p. 17)
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Jardins d’orangers amers…


Extrait 3

  En la maison la plus haute, toutes lanternes éteintes,
un gardien borgne escamotait mes yeux longs et soyeux
éclaireurs, tandis qu’emporté dans les bras lents de la
rivière, enfant d’un rêve couleur d’été sur la plaine, mon
amour avait la douceur tranquille d’un désespoir sans
rémission ni fin.
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Mon amour, je t'ai dit les mots que je savais; ceux des prières, ceux venus de très loin, avec moi; j'en ai fait un fleuve long et impétueux, le fleuve de beaux voyages, puis te laissant sur la rive, je m'embarquai toute seule et me trompai de parcours. (p. 24)
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Sous le portail de la vie, revenir en arrière ! Ebouriffer le printemps, porter la voûte de l'été, dormir l'arc en ciel dans les bras ! (p. 12)
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Mauve voudrait inventer un vocabulaire d'amour, une langue d'amour unique, attendrissante, merveilleuse, et Jean partira sans qu'elle ne lui ai rien dit. Ils sont vis à vis l'un de l'autre insatisfaits et titubants. Peut-on jamais quelque chose pour quelqu'un ? ...(p. 77)
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Sais-tu ce qu'est une découverte de tous les moments ? Faire glisser la joie entre ses mains, l'y accrochant ? Pouvoir mettre et sortir de sa poche la lune pour émerveiller un regard ? (p. 31)
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