FLEURS DE CHARDON
extrait /b
Le bonheur est passé jeune et joyeux, vêtu de velours clair,
portant son cœur à nu et dans la main du poignard, quand je lui
ai souri il était déjà loin s’effaçant dans l’horizon devenu tout à
coup très sombre, sa belle cape laissant traîner des arabesques
de sang.
Mon pays, comme en la laine …
Extrait 1
Mon pays, comme en la laine des blanches brebis, je voudrais passer mes mains en toi, t’étreindre plus cher qu’un homme, que l’homme le plus aimé, pays d’olives et de pain, de mes origines et de la joie, puis morte trouver une place dans le cimetière où jouent la chèvre et l’enfant quand les fleurs fêtent leur naissance.
Mon pays, comme en la laine …
Extrait 2
J’ai mal de t’avoir quitté, mal de vivre, pays de mûriers, de vignes, de ruisseaux secrets, semblances de Dieu, ma vallée heureuse. Morte j’irai à ta recherche, dans un sac de pauvre, un peu de terre et d’eau, le pain de tes promesses. Et l’on dira : cette femme au loin, il n’y a d’ombre nulle part pour elle.
FLEURS DE CHARDON
extrait /a
Quand mes vingt ans avaient vingt ans, le printemps émerveillé
s’embarrassait de patience, les chevaux de la nuit mêlaient leurs
âges à la pierre, sorcière vendue la sagesse était au bord du silence,
la joie tissait de fils fragiles les yeux des femmes, je jouais et l’eau
dispersait le miracle, la mort avait un visage d’amour.