La première série de Léa May aux Éditions Addictives !
Elle y est à l’aise comme un poisson dans l’eau. Décidément, elle m’étonnera toujours. J’admire cette nana. Jamais aigrie par la vie, alors qu’on ne peut pas vraiment dire qu’elle ait été hyper bien servie au départ ! Elle gagne son argent et aide sa mère. Elle pourrait faire tellement d’autres choses que barmaid ! Ce n’est pas que je dénigre ce travail, bien au contraire. En fait, je trouve injuste qu’elle ait dû arrêter ses études pour aider financièrement sa famille. Elle avait commencé un cursus en communication et elle était assez douée en plus ! Évidemment, la matière où elle excellait était les relations publiques, c’était tout à fait son truc.
J’ai lu un jour sur Internet que quand on désire une personne, nos pupilles se dilatent. Je voudrais pouvoir à ce moment précis m’observer dans un miroir. On dirait qu’une part de moi le désire, mais qu’une autre est en colère contre cet homme qui semble jouer à me provoquer et à me mettre mal à l’aise. Il me séduit autant qu’il m’agace, tandis qu’il attend tranquillement ses clés avec ce petit sourire enjôleur.
Hypnotisée par cette multitude de toits gris et de cheminées orange dans la lumière déclinante du soir, je repense soudain à La Joconde, que j’observais cet après-midi… C’est comme si cette femme au sourire énigmatique avait été le témoin bienveillant de tout ce que j’ai vécu depuis mon arrivée en France, il y a déjà presque deux mois : l’attente inquiète de ma valise à l’aéroport, mon premier taxi, l’odeur du port de Marseille, le souffle puissant du mistral dans mes cheveux, mon premier bain de mer dans la Méditerranée, mon corps immergé pour la première fois dans ses eaux calmes aux courants frais et le sel qui sèche sur ma peau… Mon maillot de bain plein de sable, le soleil qui me caresse.
Moi aussi, j’ai envie de croquer la vie à pleines dents et de découvrir enfin l’amour ! Car pour le moment, j’ai découvert plus de choses sur le sujet dans les livres que je trouvais dans la librairie. Entre l’hôpital, la maison, ma scolarité chaotique qui m’a forcée à bosser comme une folle dès que j’avais un moment de répit et les rares séjours en colonie spécialisée – où les garçons étaient tous plus puérils les uns que les autres –, on ne peut pas vraiment dire que mon cœur ait souvent chaviré…
Durant toute mon adolescence, j’ai envié ces filles qui pouvaient montrer leurs jambes, dévoiler leurs épaules, se balader dans la rue fièrement, parées de robes en tissus légers aux couleurs acidulées… sans jamais oser en porter ! Non, mon quotidien vestimentaire à moi, c’étaient plutôt pantalon et sweat-shirt. Pas très glamour, mais plus pratique et malheureusement nécessaire.
Les belles filles, ça attire la clientèle masculine ? Et qui dit clientèle masculine, dit gros sous-sous dans la po-poche !
L’horizon des possibles qui s’ouvre soudain à moi me fait l’effet d’un grand vertige. Comme l’impression que ma vie de femme commence ici et maintenant ! Emportée par ce sentiment de joie intense, je sens les larmes me monter aux yeux.
C’est un truc de Français, le piston ! Aujourd’hui, plus personne n’a envie d’embaucher un neveu incompétent pour faire plaisir à sa sœur. On est aux États-Unis, Marie ! La place est donnée au plus méritant, point barre.
Je ressens un plaisir violent que j’ai du mal à canaliser. Sur le point d’exploser, une partie de moi voudrait qu’il ne cesse ses attouchements et une autre voudrait qu’il s’immisce en moi.
C’est un baiser passionné auquel il répond avec encore plus de fougue qu’il n’a mise dans le premier. J’ai l’impression que la foudre me tombe dessus et électrise mon corps tout entier.