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Critiques de Léa Murawiec (56)
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Le grand vide

Savez-vous si, dans votre ville, votre pays ou au-delà, vous avez un homonyme ? Une personne qui a les mêmes nom et prénom que vous, et pas grand-chose d'autre en commun ? Parfois cela génère des situations cocasses ou des tracas administratifs, mais rien de comparable à ce qui arrive à Manel Naher, l'héroïne de ce roman graphique dystopique, puisqu'ici il s'agit ni plus ni moins que d'une question de vie ou de mort.



Car dans le monde de Manel, la vie des gens dépend de leur Présence. C'est-à-dire de leur existence dans les pensées des autres. C'est-à-dire que si personne ne pense à vous, vous mourrez. Alors pour qu'on pense à eux, les gens affichent leur nom sur des pancartes qu'ils accrochent partout dans les rues, aux fenêtres, sur les murs. Certains font tout et n'importe quoi pour devenir célèbres et obtenir suffisamment de Présence pour atteindre le but ultime : l'Immortalité. A l'autre extrême, les pauvres ne mendient pas de l'argent ou de quoi manger, mais des regards. D'autres paient des sociétés privées qui paient des salariés pour lire les listes des noms de leurs clients à longueur de journée. C'est le boulot de Manel.



Le reste de son temps, elle le passe à fouiner dans une librairie, ou à discuter avec son meilleur ami des possibilités d'échapper au système infernal de cette mégalopole toute en verticalité. Elles sont peu nombreuses : hors des limites de cette ville tentaculaire, il n'y a rien. C'est le Grand Vide. Enfin, c'est ce que la plupart des gens croient, ou veulent croire. Malgré les risques et les inconnues, Manel et son ami préparent pourtant leur départ en secret.



Et c'est là qu'intervient l'autre Manel Naher, chanteuse à succès de plus en plus célèbre. Et plus elle devient populaire, plus notre Manel dépérit, puisque de plus en plus de gens pensent à la vedette, et de moins en moins à Manel la souris de librairie, dont la famille et l'entourage sont, en plus, assez restreints. Manel tombe malade, on lui prescrit un traitement de choc consistant à lui organiser des tas d'activités, inintéressantes au possible, mais qui lui apporteront un peu de cette Présence vitale...



« Le grand vide » est donc une fable dessinée, une métaphore d'un mal-être actuel, à savoir la conviction de certaines personnes que pour exister, il faut se distinguer de la masse, être présent sur les réseaux sociaux et récolter plus de likes que les autres. Être célèbre et populaire, mais donc être dépendant du regard des autres. Est-ce cela, exister ? Une addiction à l'attention virtuelle et souvent éphémère d'inconnus ? Tout le contraire de « pour vivre heureux, vivons cachés ».



« le grand vide » est une satire sur le sens de la vie à l'heure du virtuel, un sujet profond dont la pesanteur est compensée par la forme : un dessin en quadrichromie, plein d'énergie, dynamique, bouillonnant, explosif même. le propos est parfois trop elliptique, on ne comprend qu'après coup les césures qui font avancer la narration, et la fin un peu facile m'a laissée perplexe. Malgré cela, « le grand vide » est un premier roman graphique qui sonne juste, audacieux et prometteur.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Le grand vide

Lorsque mon amie m'a prêté cette bande dessinée, elle m'a averti : "Il faut rentrer dedans, c'est pas facile, mais une fois que ..."

Je dois admettre la pertinence de son jugement en forme de conseil. Si vous décidez de la lire, il faut avoir cela en tête. J'ajouterai : munissez vous d'un marque-page car elles ne sont pas numérotées !

Très originale réflexion autour du monde virtuel, de l'apparence, de la réputation, du crédit social...

Graphiquement, c'est un style très original, d'une intensité assez remarquable. Le noir et blanc très majoritaire est parfois rehaussé de pages très lumineuses en trois couleurs, que j'ai perçu comme étant bleu/orange/marron (code Pantone à vérifier) et qui dynamisent le récit

Un défilé de patronyme assez considérable nuit un peu à la fluidité de la lecture mais paraît consubstantiel au propos de l'auteure : nous existons tant que d'autres pensent à nous, prononcent nos noms...

Un ancien président de la république, des membres de la famille de l'auteure, et sans doute d'autres clins d’œil cherchent ainsi à exister...

Car en dehors de ce monde métaphorique de notre univers virtuel, il y a ... le grand vide...

(D'où la disparition progressive des fées, des lutins, des korrigans de nos campagnes, remplacés par la multitude d'objets techniques qui nous en éloignent, digression sans rapport avec cette bande dessinée, quoique...)

L'héroïne dont on ne doit pas oublier le nom, Manel Naher, cherche sa place dans ce monde digne d'un épisode de "Black Mirror"...

Attirée avec son ami Ali (ben oui ! ) par le grand vide et l'espace de liberté qu'il paraît incarner, elle devra choisir entre la notoriété, la reconnaissance et ... son contraire...

J'émets un petit bémol pour la fin qui ne me satisfait pas... j'aime que l'on me fasse une vraie proposition, pas qu'on me laisse choisir ou imaginer, sinon, tant qu'à faire, je choisirai l'écriture plutôt que la lecture...





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Le grand vide

Mais c’est quoi ce livre ????

Juste un roman graphique exceptionnel.

Dystopie ultra-flippante où la survie dépend de la renommée.

L’heroine , Manel Naher, va survivre, pour son plus grand malheur.

Accrochez-vous : c’est assez terrifiant, le graphisme est à la hauteur du propos et nous ballade dans une mégapole chargée de patronymes.

Première BD très réussie !!!!
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Le grand vide

Le scénario, particulièrement flippant, est digne de la série black mirror. Le graphisme et la colorisation sont simplissimes mais tapent (presque au sens propre) juste.

L'angoisse de l'inexistence pousse la logique des réseaux sociaux jusqu'au bout, surtout quand une homonyme célèbre capte toute l'attention. Se montrer, faire le buzz ... tout est superficiel, mais c'est le seul moyen d'exister.

L'humour noir et le suspense (qu'est-ce que ce grand vide?) contribuent à la qualité de l'intrigue, mais la répétition de certaines scènes et quelques longueurs en atténuent l'impact ! Le dessin est de plus en plus nerveux au fur et à mesure qu'on avance, jusqu'au paroxysme.

Un peu long, même si beaucoup de pages sont uniquement graphiques, et on en ressort comme fatigué par autant de stress !
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Le grand vide

C'est vrai que ce super roman graphique me fait penser énormément à un épisode de "black mirror" dans lequel l' héroïne tombait dans un état dépressif au fur et à mesure que sa popularité s'amoindrissait sur les réseaux dits sociaux comme ailleurs..... allégorie du paraître et de la futilité... le grand vide nous y sommes quasiment non?
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le grand vide

Une claque graphique, un rythme trépidant, une dystopie hallucinée, un sous-texte intelligent… Voilà !



Qu’il est difficile de parler de ce livre ! Franchement je me disais « C’est pas pour moi ! »… et puis j’ai osé, grâce à vous, à vos avis, grâce à Francine surtout. Et puis cette ancienne élève de l’EESI méritait bien que j’essaie… #angouleme



Alors d’abord ce qui frappe c’est le visuel : quel travail ! : les lignes, les lettrages, les personnages, l’énergie et ces 3 couleurs… c’est franchement impressionnant !

Ensuite le fond.. D’abord une société fictive (quoique), Nahel et Ali veulent quitter la ville pour rejoindre le grand vide…. Oui mais avant de partir, Nahel voit sa vie mise en danger par manque de présence.



La présence… raison de vivre, nécessité, pour exister au sens propre et au sens figuré. Là démarre la réflexion… que je vous laisse mener au cours de la lecture de cet album déroutant, déstabilisant mais bigrement intéressant !



Au final, c’est bien un incontournable de cette fin d’année que ce Grand Vide… Il ne laissera personne insensible. Léa Murawiec, sa présence à elle est assurée !

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Le grand vide

Pour vivre heureux/reuse, faut-il vivre caché/e ?



Dans le monde de Manel, la vie des gens dépend de leur présence, càd de leur existence dans la pensée des autres. Ainsi donc, si personne ne pense à toi, tu t'éteins. Dans le monde de Manel, les gens n'hésitent pas à afficher leurs noms sur des pancartes lumineuses placardées partout dans la ville pour ne pas se faire oublier et exister aux yeux des autres. Certains auront d'ailleurs tellement de présence qu'ils en deviendront immortels. Au-delà des frontières de la ville, il n'y a qu'un "grand vide" dont personne n'est jamais revenu. Impossible donc d'échapper à l'obligation de présence qui est vitale.

Manel est une jeune fille qui se fiche plutôt de se faire voir auprès des autres et préfère dévorer les livres de sa librairie préférée ou passer du temps à rire avec son meilleur ami. Un jour, Manel apprend l'existence d'une chanteuse qui porte le même nom et prénom qu'elle. La présence de Manel va donc drastiquement diminuer du fait de la popularité de la chanteuse.

Manel ira consulter un médecin qui va lui prescrire un traitement de choc : multiplier les actions pour se faire voir de tous et augmenter drastiquement sa présence.



Dans cette dystopie, Léa Murawiec nous invite à nous interroger sur notre besoin de nous "afficher" aux yeux des autres et d'exister à travers les yeux de ceux qui nous regardent. Bien évidemment, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec notre monde actuel et notamment ce besoin que beaucoup d'entre nous éprouvent de nous montrer sur les réseaux sociaux et de prouver aux autres que l'on existe et que l'on mène une existence géniale.

Plus qu'un besoin, c'est même devenu une dépendance pour certaines personnes avec des répercussions sur la santé mentale qui ne sont pas sans conséquences.



J'ai trouvé ce roman graphique particulièrement intelligent et très prenant. Les dessins représentant la ville imaginaire sont très parlant et je me suis sentie un peu "étouffer" sous le poids de tous ces panneaux, tous ces noms et toutes ces lumières, un peu comme le sentiment anxiogène qui nous envahit quand on scrolle son écran.

J'apprécie énormément les auteurs/trices qui savent non seulement raconter une histoire, mais surtout, qui utilisent cette histoire pour vous faire réfléchir sur des sujets sociétaux et c'est complètement le cas ici.



Un premier roman graphique qui parait très prometteur pour la suite !
Lien : https://mademoisellechristel..
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Le grand vide

Étrange graphisme hors de tout académisme, il y en a qui ne vont pas apprécier, mais en ce qui me concerne, ça aurait plutôt tendance à m’attirer. Visages ronds corps qui s’étirent, traits épais au pinceau, soigné, travaillé uniquement en aplats de trois couleurs, imprimé en trichromie (trois encres Pantone© non primaires), indigo, cyan et orange, peu de mélanges, peu de trames, mais on remarque un aspect artisanal et non numérique car dans les grands aplats de tons indigos, il reste quelques traces de dilution, d’étalement au pinceau. Les corps se déforment, comme vus à travers des glaces déformantes, les effets de perspectives surdimensionnent les pages, et puis des noms de personnes envahissent chaque recoin, comme des panneaux publicitaires accrochés dans chaque espace disponible. La ville est tentaculaire, étouffante, difficile de s’y faire une place. Ces noms de personnes profitent de chaque espace pour sembler nous demander de les lire, à la recherche de la visibilité.



Léa Murawiec invente un monde, une sorte de dystopie où la vie ne tient qu’à la visibilité de chacun : si on t’oublie, tu vieillis puis tu meures, et au contraire, si ton nom est sur toute les lèvres, tu restes jeune éternellement. Problème pour Manel Naher, elle a une homonyme qui est une star de la chanson, donc dès que son nom est lu ou vu, c’est à l’autre que bénéficie de cette visibilité. Elle va devoir se ressaisir, c’est une question de survie.



Le grand vide est une façon détournée de critiquer une dérive actuelle de notre société, la starification par les réseaux, Tiktok©, Twitter©… l’idéal de vie basée sur un nom, une image, la course aux abonnés, où tous les coups sont permis et peu importe le sens du message, positif, négatif ou même absent. J’adore cette façon détournée de cingler nos travers, le monde où vit Manel Naher semble ridicule, artificiel, un claque filmée va changer sa vie, telle Kanye West et son tee-shirt “White lives matter”, l’autoflagellation qui fait plus de bruit que l’art, qui éclipse tous les talents, et pourtant tellement pitoyable et inutile, voire honteux. En rendant son univers ubuesque, la diatribe est d’autant plus percutante. L’histoire est joyeuse et tragique, la caricature fait mouche, elle moque notre “Grand vide” qui lobotomise, la quête de l’inconsistant, du futile, dont les réseaux sociaux nous abreuvent tous les jours.



Le choix d’un graphisme hors des modes, hors des canons, semble vouloir nous dire, apprenez à regarder autrement, et arrêtez d’aimer par mimétisme moutonnier. Le message est fort, simple mais percutant. La bande dessinée a du caractère, de l’audace, du culot, de l’humour, de la violence et de la douceur, et tout ça, j’aime.
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Le grand vide

Concept très intéressant, idée forte, mais développement qui pèche et qui s'étire un peu trop pour garder en efficacité.

J'ai ce sentiment de pages qui font du remplissage pour l'histoire et que l'on perd en pertinence sur le long terme.

De même pour les personnages que je trouvais très intéressant au départ mais qui perdent en attrait au fur et à mesure.

J'en sors très mitigé avec une première partie très emballante et une deuxième partie plus "fade" (à défaut de trouver un terme moins péjoratif)
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Le grand vide

Idée déjà vue dans d’autres œuvres, le concept de la vie tenant à l’attention portée par d’autres est au cœur du Grand vide. Manel Naher, jeune femme introvertie et peu entourée, se retrouve menacée par l’attention portée à son homonyme, une chanteuse nouvellement connue. Après une crise cardiaque causée par le manque de Présence, elle va commencer à suivre un traitement pour ne pas être oubliée…



Léa Murawiec renouvelle ce concept pour nous envoyer dans une mégalopole où chaque centimètre est utilisé pour afficher des noms de personnes et les faire vivre. Les habitants se promènent avec des pancartes exhibant leur nom, font des soirées pour se présenter et penser aux autres, et les solitaires, les discrets, les introvertis comme Manel Naher ne peuvent réellement survivre dans ce monde étrange. Celui-ci jouit d’une belle cohérence, avec ce « grand vide » dont on nous parle dès le début et que l’on ne saurait réellement imaginer.



L’écriture est fluide, le dessin clair et sans fioriture ; seules deux couleurs sont utilisées, le bleu et le rouge. Le Grand vide mérite amplement sa place dans la sélection d’Angoulême 2022 (Prix du public France Télévision 2022), car même s’il n’a pas été récompensé, il a l’étoffe des meilleurs romans graphiques.



Je recommande cette lecture, questionnant encore une fois notre rapport au temps et à la mort, de manière toutefois assez légère et se lisant d’une traite.
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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Le grand vide

Pour éviter le grand vide, il faut que des personnes pensent à vous. Plus il y en a, plus votre espérance de vie est meilleure. Vous pouvez même devenir immortel-le. Mais si personne ne pense à vous, vous avez de grandes chances d’atterrir dans le grand vide.

Alors, quand Manel Naher, qui a très peu d’amis et de famille, voit une de ses homonymes devenir célèbre, son espérance de vie est au plus bas.



Quel superbe roman graphique où l’autrice, Léa Murawiec, nous transporte dans un monde complètement fou. Ses dessins sont talentueux , le rythme est accéléré et effréné . Tout l’album est en trois couleurs : bleu, blanc,touge. Il n’en faut pas plus pour nous immerger dans l’histoire. Quelle maîtrise ! C’est fabuleux pour un premier roman graphique. On en demande encore.

Et quand on ferme ce bel album, on repense à un certain nombre de personnes ( amis, famille, anciens collègues…) à qui nous n’avons pas pensé depuis un petit moment.

Merci Léa Murawiec.
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Le grand vide

J'avais vu passé beaucoup de bonnes critiques sur cet ouvrage, et la curiosité a pris le dessus. Et je ne regrette pas ! Ce roman graphique est vraiment très bien pensé, la narration intelligente. A l'heure des réseaux sociaux et du culte de l'image, comment exister parmi des milliers de gens ? Comment se distinguer ? A travers un récit futuriste, l'autrice questionne notre rapport au moi, notre rapport aux autres. Avec un dessin dynamique, misant sur la profondeur et la distorsion, nous plongeons dans cet univers sans fin, immense, pour nous questionner sur ce besoin incessant de reconnaissance. On sent une liberté dans le trait, et c'est appréciable ! Une belle surprise, que je vous conseille de découvrir, car nous devrions continuer d'en entendre parler !

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Le grand vide

Si on ne pense plus à vous, cesserez-vous d'exister? Dans le monde de Manel Naher, la réponse est littéralement oui. Et la jeune femme va en subir la douloureuse expérience quand une star de la chanson portant le même nom émerge... Il lui reste deux options : essayer de rejoindre le grand vide ou faire une cure de réputation.

Dans ce roman graphique Black Mirroresque, Léa Murawiec interroge notre société et surtout l'importance que l'on donne à notre présence (physique ou en ligne). Si je pense que ce pavé aurait largement pu être amputé de quelques pages répétitives, le travail graphique et le propos valent largement la peine.
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Le grand vide

"Le Grand Vide" est un album étrange, fascinant, particulier, voire dérangeant. Une couverture un peu énigmatique, un éditeur qui l'est tout autant pour moi : 2024, ça ne me disait rien. Une histoire troublante. Et ironiquement, un album qui a fait un petit buzz sur instagram, ce qui lui a donné une certaine visibilité et interrogeait.

Même sans vraiment lire l'avis, on le voit passer, on sait qu'il existe.

On pourra remarquer que l'éditeur fait un vrai effort pour lui donner de l'accessibilité en numérique, avec une différence de prix qui vaut la peine.

Le graphisme est lui tout aussi bizarre, troublant. Tout est sur 3 couleurs : bleu, rouge, blanc. Par moment, les membres s'allongent, parfois on se sent comme agresser, surtout par tout le brouhaha extérieur qui nous rappellent des tonnes de publicité, de grandes villes. Il y a un coté décousu, insolite, on ne maîtrise rien à ce monde dans lequel on est tombé, tout vas très vite, trop vite.

Quand on rencontre Manel Naher, c'est une jeune femme qui a sa famille, pas beaucoup d'amis mais des sincères, pas vraiment beaucoup de relations, ne sort pas beaucoup, passe beaucoup de temps dans une librairie, et réfléchit avec son meilleur ami au grand vide, à échapper à la folie de ce monde.

Dans celui-ci, la présence est importante. Plus de gens connaissent et scandent votre nom, mieux c'est. Pire encore, sans elle, vous pourriez disparaître sans que personne ne se rappelle de vous.

On voit Mahel à son travail, qui nous donne un choc, tout comme d'autres petites choses vont le faire. On voit la prescription de son médecin, un autre.

Elle est menacée par cet homonyme, chanteuse, qui a son succès, sa présence est plus que jamais en danger.

Ce n'est pas sans nous rappeler les dérives de nos sociétés modernes, des réseaux sociaux, des relations où les gens ne vous connaissent pas vraiment mais ce besoin de reconnaissance, de like, et plus généralement de faire mieux que son voisin, d'être adulé, d'être au-dessus des autres, etc.

Mais également le non-sens de certaines, et la perte de repère et de valeurs bien plus importantes.

C'est un livre psychédélique, qui nous explose en pleine figure, il exploite pas mal certains éléments, il se vit, il se découvre. A mettre si possible dans les bibliothèques/médiathèques, car l'expérience vaut quand même le coup, même si elle me met mal à l'aise, fait grincer des dents, et qu'il y a un côté trop décousu, barré et de ne pas en savoir assez pour moi. Par contre, vous aurez pas mal de surprises, et des réflexions intéressantes, percutantes.

Une expérience insolite à faire si l'occasion se présente.

Le grand vide qu'on peut voir de plusieurs manières même, et une ironie qui frappe de plein fouet.
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Le grand vide

J’ai trouvé cette BD à la bibliothèque et j’ai voulu tenter.

J’ai beaucoup aimé ce livre dystopique.

On est dans une ville qui a des limites et au-delà, c’est le grand vide. Dans cet univers, on survit grâce à un certain système. Si cela s’enraye, c’est mal barré pour vous.

C’est un peu ce qui arrive à la protagoniste.

Comment va-t-elle faire pour que la tendance s’inverse?

Je vous laisse le découvrir avec les dessins de Léa Murawiec.

Je vais certainement me laisser tenter si je trouve d’autres bd d’elle à la bibliothèque.
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Le grand vide

Cette BD a les qualités et défaut d'une première œuvre qui veut tout faire bien mais pourrait le faire mieux. Avec sa couverture en composition vertigineuse, son dessin qui tente et ose, parfois un peu trop, et son scénario qui veut nous parler de plusieurs sujets tout en restant linéaire, la BD semble de prime abord réservé avant tout à des curieux endurcis et une élite littéraire qui osera se plonger dans un volume aussi étrange. Mais si l'on passe l'étrangeté de la mise en scène et de la représentation du monde, la BD s'avère somme toute assez classique dans le fond. Il s'agit d'une histoire portant au paroxysme l'idée de célébrité d'un monde hyper-connecté, avec une mise en scène où la vie nous quitte lorsque nous avons été oublié. J'y vois une variation moderne du choix d'Achille, dans l'Illiade, mais c'est sans doute une vision personnelle.



La BD a un graphisme assez original, variant les compositions entre des personnages qui sont plus en courbe et des décors tout en ligne, dans un mélange qui est assez unique visuellement. Les compositions de pages sont travaillées, parfois trop peut-être, pour donner des sensations diverses notamment lorsqu'on se balade à l'extérieur ou que la protagonistes a des états d'âme. C'est fouillé, mais presque trop pour une lecture parfaitement fluide. Après, c'est en adéquation avec le propos et cette omniprésence de noms en tout sens pour tenter de ne pas disparaitre sous la masse.



La critique menée dans la BD est assez pertinente grâce à l'évolution du personnage principal et de son parcours progressif. Évoluant par la force des choses et les nécessités, Manel Naher devient une héroïne changeante, qui n'est pas toujours sympathique et qui peut devenir même agaçante à se conformer à ce système absurde au dernier degré. Finalement, rejetant tout et s'enfonçant dans les bois, elle s'arrêtera sur une conclusion ouverte qui a quelque chose d'étrange : trop ouvert pour ce qui a été amenée, trop avancée pour être réellement ouverte. Il aurait fallu un peu plus ou un peu moins je pense, s'arrêter sur le choix de partir ou continuer pour montrer la décision finale. Cet arrêt un peu étrange me semble trop entre deux.



Au final, après lecture, je ressors avec un intérêt léger pour l'auteure et ses potentielles créations futures, mais je ne suis pas sur d'avoir envie d'investir dans celle-ci. Il y a un peu trop de détails qui me bloquent pour que je l'achète, mais la lecture a un intérêt pour les curieux et passionnés de BD.
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Le grand vide

Cela fait un an que j'ai découvert par hasard, au détour du stand des 2024 au salon du livre jeunesse de Montreuil, cette BD dont la couverture m'a séduit immédiatement.



"Le Grand Vide" est une oeuvre forte en émotions, nous fait ressentir la révolte mais aussi le désespoir de Manel. L'histoire nous parle de l'importance du nom, de l'influence que les autres ont sur nous. On est plongé dans une société terrifiante où le regard des autres prime sur notre propre volonté, notre propre identité.



Le dessin est particulier mais percutant. On aime ou on aime pas, mais on ne peut lui enlever sa force. Quelques double pages sont époustouflantes, renversante, nous faisant ressentir le poid sur les épaules de Manel.



Avec "Le Grand Vide", Léa Murawiec offre une première œuvre réussie. Une auteur que je vais suivre de près.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Le grand vide

Dans le monde dystopique et angoissant imaginé par Léa Murawiec, si personne ne pense à vous, vous mourrez. Alors quand Manel se découvre en prime une homonyme célèbre, son existence est en danger...

L'idée de départ illustrant la manière dont on n'existe que par le regard de l'autre, notamment par les réseaux sociaux, est tout simplement formidable. Comment se faire une place dans cette ville tentaculaire, dont le graphisme à trois couleurs commence par brouiller le regard du lecteur et lui faire perdre ses repères, avant qu'il comprenne que les gratte-ciel affichent les noms d'anonymes qui ont trouvé ce moyen tout à fait artificiel pour ne pas être oubliés ? En son centre, Manel déplace ses longues courbes dynamiques et lutte de toutes les manières pour sa survie, son angoisse grandissante transparaissant à travers un dessin expressif qui provoque une impression de vertige et de suffocation à chaque page.

Le tout porte une réflexion ambitieuse, audacieuse et parfois grinçante sur la renommée et le fait de n'être que soi au milieu de la masse. Costaud !
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Le grand vide

Dans un monde où la célébrité est une question de survie, Manel Naher voit sa santé décliner. Férue de lecture, Manel préfère lire un on bouquin plutôt que de sortir et socialiser... jusqu'à ce qu'un jour elle se rende compte que son coeur est entrain de la lâcher, faute de Présence. En effet peu de gens pensent à elle. Pire, elle a une homonyme célèbre qui potentiellement dévie une partie de sa présence.

Manel n'a pas le choix, il faut qu'elle se sociabilise pour survivre, quitte à basculer dans tous les excès.



Un album très intéressant s'encrant dans un monde où le fait d'être connu est une nécessité, à l'image de notre société poussée à l'extrême. J'ai trouvé le récit très à propos et le personnage très cohérent. Les thématiques abordées sont très actuelles, la question de la course à la popularité sur les réseaux sociaux, la mise en scène de soit-même, l'indifférence, et la course à la jeunesse éternelle.

Le style graphique n'est pas particulièrement à mon goût, principalement au niveau du trait mais m'est apparu très à propos, très raccord avec les récit lui-même. La dominance de blanc, bleu et rouge rendant le tout assez monochrome participe à l'ambiance du volume assez angoissante dans l'urgence du personnage.

Cependant, ce qui constitue ce point positif est également un défaut pour moi. J'ai tendance à avoir du mal avec les albums visuellement très chargés car certaines cases peuvent l'être tellement que la lisibilité en pâti. Je reste donc un peu sceptique sur ce côté de ma lecture.



A côté de cela, le rythme semble maîtrisé même si parfois ça va un peu vite pour moi. J'ai finalement regretté la fin. Il a manqué quelques pages à mon goût, laissant un goût d'inachevé. Dommage.
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Le grand vide

J'aurais sans doute dû acheter la version numérique d'autant que les pages ne sont pas numérotées. "Le grand vide" de Léa Murawiec aux éditions 2024 est en phase avec notre époque. Il faut être populaire pour exister. L'héroïne, Manel Naher, a le même nom qu'une chanteuse célèbre : elle manque donc de présence et risque de disparaître. Le postulat est original, tout autant que le graphisme faussement naïf. Les illustrations sont en noir et blanc, sauf sur les doubles pages où les formes géométriques urbaines s'affichent en bleu, blanc, rouge et noir. L'ensemble a un aspect désespérant : comme dans "the Truman Show", le personnage principal voudrait s'enfuir sauf que la vraie vie est ce qui est désormais parasité, que nous sommes tous en quête de notoriété. La leçon est assénée alors que les saynètes humoristiques se suivent de façon parfois décousue, dans une ambiance psychédélique. La satire de notre société fait plus sourire que rire. On trouve plusieurs jeux de mots, prénoms, clins d'oeil amusants tout au long de la quête de Manel Naher qui s'apparente parfois à un "Trouvez Charlie", mais l'ensemble presente un caractère décousu, tournant comme une fable autour de son idée sans jamais donner une véritable densité à ses personnages. Peut-être que le grand vide est là, après tout : l'individu comme enveloppe vide en quête de reconnaissance et personnages comme des bonshommes esquissés se baladant de page en page. Ce miroir tendu à notre époque a un côté déprimant : on rit jaune (si on rit...).
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