Vous reprendrez bien un peu de cosy mystery ?
Et la lumière de cette fin d'après-midi me permettait de constater qu'elle se maquillait toujours autant. Un nuage suffocant de parfum dériva vers moi et j'essayai de ne pas m'étouffer.
Nero sourit. Comme il était plus vieux et plus sage qu'elle, il l'avait entraînée à devenir un chat détective. Parce que en réalité c'était leur vraie nature. Ils n'étaient pas seulement les gardiens de l'Oyster Cove Guesthouse, mais des félins enquêteurs qui aidaient les humains à résoudre leurs affaires. Ces derniers n'avaient évidemment pas la moindre idée de l'existence de ce coup de pouce. C'était toute une histoire pour leur révéler les indices et leur indiquer les suspects en leur faisant croire qu'ils avaient eu ces idées tout seuls.
Parfois, c’est le suspect le moins vraisemblable qui est coupable.
J'ai toujours aimé la sérénité des promenades en forêt avec les écureuils et les oiseaux pour unique compagnie. L'odeur des pins et les taches des rayons de soleil qui filtrent entre les branches sont magiques. Mais pas ce jour-là. Ce jour-là, la forêt ne dégageait qu'une sensation de mauvaise augure, et m'y trouver toute seule n'avait rien de serein.
— Vous avez essayé la technique de la tête de souris coupée ? demanda Harry.
— Pas encore. On est toujours en train de la dégrossir.
— Et la technique caresse-griffe ?
Poe faisait référence à un vieux truc : faire comme si on souhaitait une caresse et griffer les humains quand ils tendaient la main.
— J’ai essayé plusieurs fois, répondit Marlowe. Ça a eu l’air de la remettre à sa place, mais ensuite elle ne voulait plus me caresser.
— Et refuser la nourriture ? Pour qu’elle soit obligée de vous donner des morceaux de choix ? poursuivit Stubbs. Ça, ça permet tout de suite de montrer qui est le patron.
— On va peut-être essayer bientôt.
La journée était magnifique, un ciel bleu sans nuages, un soleil chaleureux, des oiseaux qui gazouillaient et s'envolaient des branches des chênes et des érables centenaires qui bordaient la grand-place.
Elle leva les yeux vers le ciel, comme si c'était là qu'elle rangeait ses souvenirs - apparemment, ce n'était pas pour rien qu'on la disait tête en l'air au lycée.
p.95 (Éd. Harper Collins)
Nero pensait souvent que les choses seraient plus faciles si seulement les humains étaient plus conscient de ce qui les entoure. Mais leur incapacité à communiquer avec les chats compliquait le travail de ces derniers, parce qu'ils étaient quasiment obligés de leur taper sur la tête avec les indices pour qu'ils finissent par croire qu'ils les avaient trouvés tout seuls.
— Alors, vous aimez cette nouvelle humaine, vous deux ?
— Plus ou moins, répondit Marlowe sans tenir compte du coup d’œil de mise en garde de Nero. Elle a quand même déclaré qu’elle était notre propriétaire… elle n’est pas encore domptée.
Harry s’esclaffa.
— Votre propriétaire ? Ça ne fait pas longtemps qu’elle sert les chats, alors.
Dans les rues, des paniers débordant de fleurs bigarrées étaient suspendus aux lampadaires. Il flottait dans l'air des effluves de pop-corn, des rires et les cris occasionnels des mouettes.