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Critiques de Léonard Vincent (12)
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Les hommes du ministère

Léonard Vincent est un écrivain et journaliste, qui a déjà commis quelques ouvrages sur l'Érythrée. Ici, il ne fait pas dans le reportage mais dans la fiction et, bien qu'il ne soit jamais question nommément de l'Érythrée, le pays qu'il décrit y ressemble furieusement. Même si ce qui s'y passe pourrait être transposé dans toutes les dictatures africaines, puisque le schéma colonisation-guérilla de libération nationale-indépendance-dictature n'est pas propre à l'Érythrée. C'est ce processus l'auteur décrit à travers les portraits de trois personnages archétypaux : le ministre, le fonctionnaire, le Chef. On nous les présente dans leurs fonctions actuelles, entre bureaucratie complexe et vide de sens et diplomatie de carnaval. Anciens guérilleros remarqués à l'époque pour leur courage, leur loyauté ou la peur qu'ils suscitent, ils regrettent le temps béni de la lutte d'indépendance et s'ennuient ferme dans leur bureau à la climatisation glaciale, dans la monotonie des tâches répétitives. Les deux premiers ont un autre point commun : la peur (qu'ils partagent d'ailleurs avec la plupart de leurs concitoyens). Peur de déplaire, d'en dire trop ou trop peu, de froncer un sourcil à un moment inopportun, d'être dénoncé pour un toussotement intempestif. Une peur matérialisée par l'arrivée soudaine d'un Land Rover sans plaques d'immatriculation, qui les cueille au petit matin sans explication et les emmène on ne sait où pour Dieu sait combien de temps. le Chef, quant à lui, est tout-puissant, mais il sait pertinemment qu'un jour viendra où il ne le sera plus, débarqué par un coup d'Etat venu de la rue, pilotée par la faim ou la pauvreté, ou par des puissances étrangères rêvant de faire main basse sur les richesses du sous-sol local.

La forme du roman autorise l'auteur à prendre du temps et de la distance, contrairement aux journalistes à l'affût d'information immédiate frappant les esprits. Une distance qui lui permet paradoxalement de donner une vue de l'intérieur de la dictature. Sans surprise, celle-ci apparaît répressive, brutale, aveugle, avide de pouvoir et d'argent, indifférente au sort de sa population. Mais au final, un colosse aux pieds d'argile, qui ne parvient pas à empiler tous les "déviationnistes" dans ses fosses communes. Beaucoup s'entassent dans des camps de réfugiés dans les pays limitrophes ; parfois certains de ces "hommes du ministère" écoeurés, épuisés par cette mortelle mascarade, font défection à l'occasion d'un voyage officiel en Europe. Peut-être que, sans nous en douter, nous en avons déjà croisés, réfugiés dans l'anonymat de nos démocraties occidentales.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Les hommes du ministère

Ce qui surprend dans ce livre et dès l'introduction c'est l'immersion, jusque dans les moindres détails, dans une ville africaine souillée et malodorante au milieu de la population, on entend, on sent, on touche. Tout le livre va se dérouler dans cet esprit de détail et d'anecdotes, construisant des bouts d'intrigues en flash-back et nous conduisant au travers de la vie ordinaires d'hommes passés de la rébellion aux ministères, vivant avec leur malaise et leurs contradictions.

Du sans grade au "chef" le portrait est juste et l'auteur nous fait vivre les sensations de chacun, au ras des faits.

C'est très bien tourné et on prend conscience, même si l'auteur se défend de tout attachement au réel, de la réalité du passage de la clandestinité au pouvoir et des sacrifices des sans-grades.

On est à la fois proche de 1984, des absurdités vécues de la dictature, mais j'y ai retrouvé les anecdotes proches de celles dont parlait Che Guevarra, quand il essayait de mener les rebelles du Congo au combat.

Une vraie réussite !
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Les Erythréens

Au delà d'un pays, c'est un peuple qui constitue le sujet du livre du journaliste Léonard Vincent. Les Érythréens. Qu'ils continuent de vivre laborieusement sous le joug d'un dictateur violent, qu'ils aient tenté leur chance sur le chemin périlleux de l'émigration, avec son lot de peur, de morts et de malheurs, qu'ils se battent en dehors des frontières pour un Érythrée démocratique, ou qu'ils essaient de vivre une vie d'exilés tant bien que mal. Qu'ils soient déserteur au service obligatoire, ou journalistes dans un pays baillonné. Les Érythréens sont ce camaïeu de couleurs, de parcours, de vies, et bien souvent, de combats.



Aujourd'hui, un Érythréen sur cinq vit en dehors de son pays, plaçant ce petit pays, niché entre la mer rouge, l'Ethiopie et le Soudan, au dixième rang des pays fournissant des réfugiés dans le monde. Le constat est terrible: le pays se vide peu à peu, hémorragiquement, de sa population. Et la blessure n'est pas prête de se résorber.



Acteur héroïque de l'indépendance de son pays du joug éthiopien, Issaias Akeworki est passé en quelques années du président charismatique d'un nouveau pays libre au dictateur sanguinaire et répressif que le pays connaît aujourd'hui. Comme souvent dans la guerre, le libérateur est devenu le bourreau. Depuis 2001, la presse libre est interdite dans le pays.



Ce fut un long travail pour Léonard Vincent que d'aller au contact de ces réfugiés, clandestins, craignant toujours les représailles et les délations des "moustiques", les partisans d' Afeworki. Peu à peu il a gagné leur confiance, leur amitié, et lutte à leur côté pour faire entendre la voix de ceux qui doivent se cacher.
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Les hommes du ministère

Les hommes du ministère. (envoi masse critique)

Léonard Vincent est présenté par l’éditeur comme « journaliste et écrivain » dans ce livre à l’élégante reliure et au beau papier

En l’occurrence, c’est l’écrivain qui s’adresse au lecteur en précisant que son ouvrage traite de toute l’Afrique et que le pays qu’il évoque sans le nommer (même si nous découvrons au fil des pages qu’il s’agit de l’Erythrée) est choisi en métaphore de tout le continent. Du reste Leonard Vincent a publié d’autres ouvrages sur cette nation épouvantable et épouvantée dont chacun connait la triste renommée.

Le sujet n’est pas dans la révélation factuelle de la violence et de l’horreur mais est une tentative d’évocation sereine de la situation au travers de trois portraits. Ceux du ministre de l’information, d’un jeune fonctionnaire et du vieux chef qui règne encore aujourd’hui depuis plus de vingt ans.

La forme du roman offre la possibilité de cerner sans caricature l’inanité de la dictature, la vacuité des objectifs politiques et la prégnance de l’asservissement du peuple pourtant toujours prêt à l’espoir, comme on peut le constater régulièrement du nord au sud du continent

Par manque de recul les journalistes de leur côté peinent à convaincre. Le temps joue contre eux et contre les populations opprimées. Le public se lasse vite et se satisfait davantage de faits divers, d’actes violents et isolés, d’immédiateté.

Trois chapitres particulièrement bien écrits et documentés qui forment un récit cohérent, un roman sans pathos qui atteint parfois le sublime comme par exemple lorsque le jeune fonctionnaire quittant sa capitale fiévreuse arrive à Paris, ébloui au point d’envisager la fuite. Une clef pour comprendre ce qui meut l’immigration.

Voilà un roman juste et utile

Les photos du bar en couverture sont superbes. Une belle réussite éditoriale.

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Éloge de la grève

La grève… aujourd’hui trop souvent limitée à un banal titre de l’actualité, ou ramenée par les juristes à ses moyens réglementaires de mise en œuvre, nous en finissons par oublier qu’elle constitue, avant tout, un incroyable levier d’expression collective, traversant les époques, terrassant les cadres et les contraintes auxquelles on tente de la soumettre…

Non, la grève n’est pas limitée aux salariés d’une entreprise, elle a permis à des étudiants et même à des professions libérales, d’exprimer un désaveu, de témoigner d’un désaccord collectif profond, de faire part d’une opinion partagée, de dire simplement non.

L’éloge de la grève de Léonard Vincent n’est pas un manifeste politique, il le précise lui-même, oublions « l’imagerie sociale qui lui est trop souvent attachée », et attachons-nous à tout ce que la grève peut faire résonner « de colère et de joie ».

Léonard Vincent nous fait traverser les époques, des ouvriers égyptiens sous Ramsès II à Gandhi et sa lutte non-violente, en passant par une fable de loufoques paysans dauphinois…

Au-delà des articles du code du travail, la grève c’est la fabuleuse expression d’un non général, la fin de l’acceptation tacite d’une oppression, quelle qu’en soit la nature, la forme, l’origine.

Et puisque l’auteur décrit son ouvrage comme un « livre Molotov à l’usage des timides, des affligés et des gueulards », vous constaterez rapidement, à sa lecture, que vous tenez entre les mains une petite bombe de poésie tranchant avec l’ordre établi.

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Les Erythréens

Un ouvrage très enrichissant, qui se lit comme un très long reportage de magazine d'actualité.

On y découvre l'histoire récente et le présent tragique de ce pays méconnu qui borde la mer rouge, les mécanismes qui ont mené ce peuple sous le joug d'un dictateur qui n'a rien à envier à des Khadafi ou à des el Hassad. L'auteur nous emmène avec empathie à la rencontre de personnages divers, tous confrontés à la dictature intraitable qui règne dans ce pays. On suit la fuite à travers le désert, de citoyens ordinaires pointés du doigt par le régime et pour qui l'exil devient une question de survie (puisque c'est tout ce que nombre d'entre eux se verront proposer à l'arrivée en Europe). Certains bouleversants épisodes de rafles rappellent les périodes les plus dramatiques de notre histoire européenne... On découvre également comment des Erythréens exilés ou des occidentaux amoureux de ce pays luttent à distance et avec une efficacité malheureusement encore toute relative pour ramener ce pays à la liberté.

L'auteur nous fait partager son amour et son respect pour ce peuple en souffrance et l'on se prend à rêver pour lui d'un "printemps érythréen"...
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Les hommes du ministère

Ce n'est pas mon genre de lecture habituelle puisque, lorsque je me lance dans ce genre de thématique, je préfère lire un livre d'actualités et/ou de politique plutôt qu'un roman, il n'empêche que le livre est plutôt bien agencé et est rédigé en trois uniques chapitres qui traitent chacun d'un personnage-clef du régime dictatorial en sujet, qui pourrait être n'importe quel pays d'Afrique qui maltraite son peuple et qui met le pouvoir dans les mains de quelques-uns qui se l'est arrogé de plein droit.



Le style d'écriture était un peu lourd puisqu'il n'y a pas de dialogues espacés du texte, tout est rédigé en un bloc de texte, j'ai eu un peu de mal à m'habituer.



Ce préalable étant abordé, il me faut vous dire qu'il s'agit d'une histoire romancée qui laisse à réfléchir sur les pouvoirs en place, sur la collaboration de certains pays dans le but d'obtenir du cobalt, du coltan, du pétrole et autres substances qu'ils ne possèdent pas eux-mêmes, de l'hypocrisie des régimes corrompus et corrupteurs, du malheur des peuples qui doivent subir, bref, tout un programme .... encore et toujours d'actualité .... malheureusement.
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Shiftas

Tout commence par un ballet de dromadaires dans le ciel de Mogadiscio. Cet envol surréaliste n’est, en fait, qu’un chargement d’animaux à une bosse dans le port de la capitale de Somalie. Mais le rythme est établi, ce Shiftas (mot qui signifie hors-la-loi dans les langues de la corne d’Afrique) sera un rocambolesque road-trip dans cette Afrique de l’Est déchirée par des années de guerre, de dictatures et de terrorisme.



Nous faisons connaissance en premier de Bruno, un cuistot embarqué sur le Baraka, un pétrolier plutôt bizarre et tendance à bout de souffle. Bruno est originaire des Bouches-du-Rhône et employé dans ce cargo sans trop peut-être savoir pourquoi, des envies de prendre le large dans une société qui ne lui correspond pas. Puis c’est la rencontre avec Medhanie, un Abyssin, qui se déclare comme assassin face à ce qu’il a vécu dans son Erythrée natale. D’errance en errance, il a parcouru des milliers de kilomètres, a traversé à ses risques et périls la Méditerranée, puis s’est retrouvé à nouveau en Somalie, dans la fournaise du port somali.

Et enfin, c’est un berger Somali qui va compléter ce trio hors-norme, Abdi, qui va quitter sa région natale dans l’esprit de récupérer un trésor qu’il sait caché dans une ferme, de l’argent, en grande quantité, engrangé par un groupe terroriste.



Les trois compères décident de quitter le navire pour tenter cette quête d’une poule aux œufs d’or revisitée mais où se dessinent tout le mystère d’un voyage initiatique et la folle descente dans le dédale crépusculaire de l’humanité. Parviendront-ils à leur but ? Comment la désertion de ces trois hommes va-t-elle être gérée ?



Comme un thriller de l’itinérance, ce roman oscille entre fuites incroyables, fiction abracadabrantesque et réflexions bien réelles sur la situation africaine, l’administration française et internationale, la cupidité des profiteurs de drames, la folie des médias et les fameuses théories du complot, théories de plus en plus à l’honneur avec les réseaux dits sociaux. Le tout chapeauté par une équipe de barbouzes, mafieux et terroristes, qui parfois, font plutôt ménage à trois…

Dans cette mallette livresque, l’écrivain journaliste a pris soin d’ajouter des bouffées d’humour, des piques corrosives, des pochettes de subtilité et un inexplicable talent pour ne jamais lasser le lecteur dans cette odyssée africaine portée par l’amitié entre un Français, un Somali et un Abyssin. Comme pour montrer que la sincérité, le partage et l’entraide n’ont pas de frontières, d’origines, de religions.



Il serait injuste d’oublier un autre « personnage » du roman, celui d’un petit âne, plutôt cahin-caha, qui se pose des questions quand il se retrouve sur la plate-forme du pick-up des aventuriers, il ne cherche pas trop de réponses et, après-tout, c’est peut-être lui la véritable sagesse de l’histoire dans toute la schizophrénie des civilisations…


Lien : https://squirelito.blogspot...
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Les Erythréens

Ce récit écrit comme un roman retrace la vie réelle de quelques érythréens qui tentent de vivre dans leur pays, à Asmara ou Massawa, qui ont fui l’Érythrée et sa dictature au péril de leur vie et de terribles épreuves. Des personnes qui se réinstallent en Suède, au USA, au Canada mais qui restent encore sous le contrôle des "moustiques". La vie de leur famille restée au pays est en danger.

Une écriture superbe, un témoignage d'espoir lorsque viendra la démocratie.

Je connais le pays et son histoire et suis admiratif de l'auteur du récit, Léonard Vincent, pour son écriture magnifique et le réalisme des descriptions de personnes, de lieux qu'il n'a jamais visités
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Les Erythréens

C'est un livre très dur, inracontable mais qu'il faut lire pour comprendre. L'Erythrée, pays voisin de l'Ethiopie, à l'Est de l'Afrique, est devenu indépendant en 1993, dirigé par Isaias Afwerki. Mais en septembre 2001, le régime se change brusquement en une dictature oppressante : disparitions des opposants, dissolution des journaux indépendants, arrestations arbitraires, rafles, services militaires prolongés, menaces sur les exilés de la diaspora...



La première partie du livre consiste en une suite de témoignages d'Erythréens ayant réussi leur fuite vers le Soudan, ou autres pays, grâce à des passeurs, avec les risques qu'une telle entreprise comporte.



Ensuite, l'auteur nous relate l'histoire de l'Erythrée et celle de son dictateur. Mais finalement on manque d'informations récentes sur ce qui motive la conduite haineuse de cet homme, sachant que les Erythréens représentent parait-il la majorité des Réfugiés dans le monde.



Les derniers chapitres se concentrent sur la diaspora et leurs difficultés à vivre libres. En effet, aussi incroyable que cela paraisse, chaque pays a accueilli une ambassade officielle de l'Erythrée (!) et ces ambassades, via leurs réseaux d'espions (les "moustiques" comme les appellent les exilés) menacent la liberté des Erythréens exilés, leur imposent le silence et les "aident" pour mieux les contrôler.



Dur.
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Éloge de la grève

Eloge de la Grève est un bien trop long exposé historique composé dans un sabir de fort en thème chargé d'innombrables références. L'auteur, en plus de lâcher une référence à "l'histoire des hommes" en 2021 ce qui touche à des sommets de ridicule (et du coup la grève des sardinières de Douarnenez c'était quoi ?) sautille sans trop de fil directeur d'un angle français à l'international ou glisse un "les haut fonctionnaires qui se prennent pour des hommes d'affaires" concernant l'Egypte Antique pour tenter d'établir une comparaison avec notre époque. C'est long, confus, verbeux. Bof.
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Les Erythréens

Dans son livre, le journaliste n’omet rien : les rafles, l’arbitraire, les tortures, le désespoir. Pas toujours facile de tourner la page pour aborder celle d’après. Et pourtant, on continue.
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