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Critiques de Leopoldo Lugones (7)
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Les forces étranges

Cette oeuvre surprenante de Leopoldo Lugones, composée d'une série de contes, est un recueil hybride où la frontière entre fiction et essai se révèle perméable : les fictions visent à illustrer les chapitres de l'essai qui devient alors leur substrat théorique. Les contes de Las fuerzas extrañas trouvent l'explication de leur dénouement dans la dernière leçon de l'essai. En effet, dans de nombreux récits de ce livre, un scientifique fait des expériences sur des forces étranges dont il pressent la nature et la portée mais dont il ignore les conséquences pratiques : le passage à l'expérimentation et la vérification concrète de l'hypothèse entraîne la mort ou la folie du savant ou de la créature. Ces récits fondent leur développement sur l'explication minutieuse et détaillée d'un phénomène fantastique, étayé par tout un arsenal scientifique : arguments d'autorité, axiomes, examens des hypothèses, précisions techniques, illustration par l'exemple, néologisme d'apparence scientifique (la force Omega, la métamusique…).

Cette hybridation générique est aussi thématique : certains personnages ou objets sont eux-mêmes hybrides. A bien des égards, cette oeuvre constitue une étape fondamentale du développement de la littérature fantastique en Argentine
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Les forces étranges

“Si lo que se crea es una ilusión o un conjunto de ilusiones, es bueno señalar que cuando Lugones las está produciendo está preocupado, en el plano consciente e ideológico, por otras ilusiones, la de las armas, la de la fuerza, la de la autoridad, la de la raza. En estas figuraciones caprichosas, para algunos de puro divertimento, hay, en lo que se escapa, la perdurable e inquietante fuerza de una escritura”. - Noé Jitrik
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Les forces étranges

“Si lo que se crea es una ilusión o un conjunto de ilusiones, es bueno señalar que cuando Lugones las está produciendo está preocupado, en el plano consciente e ideológico, por otras ilusiones, la de las armas, la de la fuerza, la de la autoridad, la de la raza. En estas figuraciones caprichosas, para algunos de puro divertimento, hay, en lo que se escapa, la perdurable e inquietante fuerza de una escritura”. - Noé Jitrik
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Les forces étranges

Donner une représentation à l'invisible et à l'immatériel, aux sons, odeurs et pensées. Dans une langue flamboyante et une prose scientifique métaphorique, les treize nouvelles des Forces étranges se révèlent un enchantement vénéneux. Leopoldo Lugones offre, dans ce recueil de 1906, de captivants récits où la science oscille entre cataclysme et révélation de l'immuable d'une cosmogonie compliquée. Les forces étranges laissent, menaçantes, entrevoir une très jolie réflexion sur la création dont la littérature ne serait qu'un prototype, une image par équivalence de cet absolu imploré par Lugones.
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Les forces étranges

On n'arrête pas de découvrir ce que la littérature argentine possède de grands écrivains avant comme après Borges, le Grand Ancien dont les tentacules d'écriture semblent s'infiltrer dans tous les livres, insufflant son ombre dans la veine de romans qui doivent ensuite se débattre contre cette étrange possession à travers le temps et l'espace. Mais peut-être suis-je trop encore marqué par "Les Forces étranges" et par "le Plagiat par anticipation" de Pierre Bayard.



De Juan José Saer au Tripode – gloire à "Glose" et à "l'Ancêtre" – à Pablo Khatchadjian (éditions Vies parallèles), de Mariana Enriquez (éditions du sous-sol) à Ariadna Castellarnau (éditions de l'Ogre), de Rodrigo Fresán (éditions du Seuil) à Angelica Gorodisher (éditions de la Volte), la littérature argentine contemporaine ne cesse de nous ravir. Et il est excitant de découvrir un auteur dont la sorcellerie scientifique a su imprégner l'imaginaire des Borges, Bioy Casares et autres Cortazar.



"Las fuerzas extrañas" est un recueil de 13 nouvelles, paru en 1906 en Argentine et reparu en France chez Allia en 2016 puis en 2019 chez Quidam dans une traduction, une présentation, et une collection d'Antonio Werli.



Si l'on devait se plaire à risquer une qualification ésotérique, de ce genre de label ne servant qu'à créer d'affreuses chimères, on aurait envie de dire qu'il s'agit parfois de hard science occulte. Ce serait peu dire, et surtout injuste, tant sont variées les approches des nouvelles où brillent des moments plus spiritualistes ou plus fantastiques et composant une vision singulière de ce qui ne se nomme pas encore science-fiction.



Et puis, si l'on veut vraiment approfondir l'idée, il faudrait dire rétro hard science occulte d'ailleurs, puisque la science dont est exploitée l'extrême pointe du savoir est celle du début 20e, une époque où, par exemple, l'éther était encore ce milieu subtil de la physique pré-einsteinienne mais pour nous rejoignant l'idée vague d'un smog cosmique, précieux à la mode romantique, quand il fut un postulat scientifique tout à fait sérieux.



Mais tout autant pourrait-on qualifier à l'envie "les Forces étranges" de « cauchemar scientifique », à la manière renversée du « merveilleux scientifique » qui s'est inventé sous la plume de Maurice Renard au même moment sur un autre continent. Une façon de regarder la science non pas dans son côté horrifique, mais décadent, grinçant, vertigineux.



Oublions ces qualificatifs (la science-fiction en pullule, genre proliférant, heureusement proliférant par excellence), il faut se plonger dans le plaisir du texte nous amenant à lire une toute autre littérature, une toute autre façon de lier les idées, une idiosyncrasie tout à fait captivante. Chez Léopoldo Lugones, le fantastique et la science-fiction s'accordent dans une prose poétique dont la musique est absolument envoûtante. Il peut prendre une nouvelle juste pour raconter « L'origine du déluge » en un récit scientifique animé de la langue la plus souple, racontant l'extinction de la vie infime et infinie du monde aquatique de cette sphère gélatineuse en apparence qu'on appelle la Terre.



Il peut aussi relire l'épisode de la "pluie de feu" de Sodome et Gomorrhe de manière réaliste. Rejoignant ces publications fin 19e où l'on détaille médicalement la manière dont a physiquement dû mourir le Christ sur la Croix ou les diagnostiques d'hystérie touchant tel ou tel saint personnage, la pluie de feu devient ici le phénomène fascinant d'une pluie de météorites de souffre :



« Vers onze heures, les premières étincelles se mirent à tomber.

L'une ici, l'autre là, des particules de cuivre semblables aux

bluettes d'une mèche ; des particules de cuivre incandescentes qui

tombaient au sol avec un petit bruit de sable. le ciel conservait sa

limpidité ; le tumulte de la ville ne décroissait pas. Seuls les

oiseaux de ma volière avaient cessé de chanter. »



Le génie de Lugones tient à ce qu'il fait cette narration de la catastrophe céleste racontée non du point de vue de Dieu, comme dans la Bible, mais du point de vue d'une de ses futures victimes, et ce, non pas en versant dans un réalisme fantastique mais en restituant le fantastique de manière réaliste. Merveilleux retournement. Avec le point de vue interne du personnage surpris par la première averse de feu nous plongeons dans l'effroi d'un tel phénomène inexplicable. Et par le parti pris de cette narration intime de l'événement, étranger à toute signification transcendante possible (et inaccessible), c'est toute la dimension morale et vengeresse qui disparaît, ne laissant apparaître que sa cruauté désastreuse et naturelle. Ce que l'on voit, ce sont des hommes, des hommes faits d'une humanité terriblement commune, qui meurent dans cette pluie de feu. Hommes, femmes, maîtres, esclaves, pécheurs, innocents.



Le reste du récit compte les conséquences affreuses de ces averses "étranges", la corruption des citernes d'eau potable, l'accalmie et l'espoir avant la reprise de la pluie de feu. Tout est décrit avec une cruelle précision pour donner à vivre ce qu'aurait représenté l'effroyable récit allégorique de la Bible décrit à hauteur d'homme.



On pourrait continuer longtemps à détailler de la même manière tous les tours de force qu'accomplit Lugones dans ces nouvelles en mêlant science, métaphysique, poétique et fantastique : « la Force Omega » (littérature faradique), « la Métamusique » (TV-micro-onde-écran-de-ciné-musique), « le Psychon » (« Demain nous essaierons une expérience, nous liquéfierons la pensée »), « Viola Acheronta » (un Dr Moreau des plantes), « Yzur » (l'énigme du langage : est-ce qu'un singe peut s'exclamer comme Mallarmé « je suis hanté. L'Yzur ! L'Yzur, L'Yzur ! L'Yzur ! » ?) et l'« Essai de cosmogonie en 10 leçons » (le texte final qui m'a fait penser au terme « rétro hard science », le reste étant bien moins « hard » en vérité). Oui, toutes ces nouvelles seraient à analyser, à lire et à relire.



Lugones, qui a initié tout un courant argentin où métaphysique, imaginaire, science et littérature fantastique se conjuguent, nous apparaît aujourd'hui non pas une chose du passé, mais une littérature toujours pleine de perspectives pour ré-envisager les possibles de la science-fiction... allez, un dernier pour la route ? ok, alors disons une « strange science-fiction ».


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Les forces étranges

Nourri de poésie fantastique et d’art du conte abstrait, une œuvre majeure d’un pionnier de la science-fiction et de la littérature spéculative.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/07/08/note-de-lecture-les-forces-etranges-leopoldo-lugones/
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Les forces étranges

Tout au long de ce recueil de treize nouvelles, les événements, situations, personnages bizarres vont se succéder, la tension va battre son plein, la sueur va perler sur les fronts.



Douze nouvelles courtes dans lesquelles le fantastique va côtoyer la science-fiction voire l’anticipation : une machine sonore infernale et désintégratrice, de fines granules de cuivre pleuvant sur le monde, un homme mystérieux à l’ombre immobile, un petit tour en 1099 en pleines croisades avec Pierre l’Ermite comme guide, un crapaud maléfique, une musique permettant la mise en lumière au sens propre, l’arrivée des premiers êtres humains sur terre jusqu’au déluge, mais aussi des chevaux devenant conscients, qui s’humanisent et se révoltent, des fleurs noires inodores qui pleurent, un homme qui tente de transmettre la parole à un singe afin de faire sauter le chaînon manquant (darwinien ? Sans doute ma nouvelle préférée), un Satan déguisé en pèlerin qui veut faire prendre vie à une statue de sel.



La treizième et dernière nouvelle est la plus longue, 50 pages à elle seule, c’est aussi la plus ardue : pas vraiment une nouvelle, plutôt un cours très pointu, très exigeant et très particulier de physique, de science naturelle, sur la formation de la terre, ses entités, les termes sont très techniques et parfois abscons pour tout novice – dont je fais ire-et-mais-diablement partie. Selon ce récit, l’homme doit rester à sa place, c’est la Terre qui gouverne puisque c’est elle, (peut-être aidée de Dieu, qui sait ?), qui s’est façonnée elle seule. « Cet équilibre infiniment instable – dénué de durée, car il serait aussitôt rompu par la plus infime permanence dans l’un ou l’autre état qui le compose ; et dénué de temps, car être ou ne pas être concomitants – est ce qu’on nomme existence. Cesser d’exister revient à la fin de cet équilibre, au fait que l’être entre dans un état inconcevable. Dans notre univers, ce qui commence à être se nomme matière et ce qui cesse d’être se nomme énergie, mais il est évident que ces choses figurent ici en tant qu’entités abstraites. Cependant, comme les manifestations polaires de la vie permutent, ce qui commence à être, c’est-à-dire la matière, provient de l’énergie, et vice versa ». Ce récit reprend à lui seul la plupart des thèses évoquées dans les nouvelles précédentes.



Particularités de ce recueil : il fut écrit par un argentin, Leopoldo LUGONES, qui vécut entre en 1874 et 1938, passa sur l’échiquier politique de l’anarchisme au fascisme. Ces nouvelles furent rédigées entre 1897 et 1906, et apparaissent enfin pour la première fois sous ce recueil complet traduit en français.



Bien sûr, l’influence d’Edgar Allan POE est très forte, ainsi que celle de Herbert George WELLS, entre science pionnière, anticipation, science-fiction et sueurs froides. On peut entrevoir aussi l’aspect gothique d’une Mary SHELLEY, en plus halluciné, en plus apocalyptique. Parfois viennent se glisser comme subrepticement des références mythologiques, se croisent des êtres fantastiques, des situations supranaturelles. La plupart de ces nouvelles sont rédigées à la première personne, se présentant comme des contes servant à faire partager une histoire vécue et invraisemblable (le fantastique). C’est ici peut-être que se situe une sorte de chaînon, de relais entre LUGONES et MAUPASSANT (le prince des nouvelles). Pas spécifiquement le MAUPASSANT des contes et nouvelles fantastiques, mais bien celui de toute une œuvre sur formats courts (il en a écrit près de 300 durant sa courte vie), dont LUGONES semble ici s’inspirer des structures, des squelettes. Et puisque nous en sommes au cocorico, il nous faudra ajouter que la figure de Jules VERNE se dessine sur certaines pages de ce recueil, pour l’aspect scientifique, précurseur, de chercheur tous azimuts.



Mais il serait ingrat d’oublier de préciser que le dessin de couverture de 1887 et signé Odilon REDON est de toute beauté et fait magnifiquement écho au contenu du livre. Tout comme nous rappellerons que la traduction d’Antonio WERLI retranscrit à merveille l’atmosphère gothique et très fin de XIXe siècle du recueil, et que sa préface est très instructive sur le bonhomme LUGONES. Quant au titre du recueil, il colle parfaitement au contenu global.



Leopoldo LUGONES fut adulé par Jorge Luis BORGES. Quidam éditeur nous offre la chance de le redécouvrir aujourd’hui. Le charme désuet du style permet de replonger dans cette atmosphère très spécifique des fictions gothiques du XIXe siècle. Le recueil vient de sortir, il est bien sûr à lire en noir et blanc, armé d’un fusain de préférence, durant un printemps maussade et gris (je pense que cela fonctionne aussi pour la période automnale).



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