Lily Berg

« Dites monsieur, qu’y a-t-il au bout de la planète ? Les hommes ont-ils déjà essayé de s’en approcher ou ont-ils peur de tomber ?" je souris. Ce petit est si curieux.

"Il n’y a pas de bout à proprement parlé. La terre est une sphère, nous en faisons le tour sans jamais tomber." les étoiles dans ses yeux, elles, s’effondrent pourtant. Il semble déçu. Je me mords les lèvres, rajoute "enfin c’est ce que les scientifiques disent. Mais moi, un jour je me suis approché du bout. J’ai glissé." il me regarde de nouveau avec tant de plaisir, impatient de connaître la suite de l’histoire. "J’ai eu très peur ce jour-là. Je suis tombé. Mais, heureusement, un lit d’étoiles se trouvaient là pour amortir ma chute. J’ai pu me rattraper à temps. Et ce que l’on peut voir là-bas, c’est magnifique. Je n’oublierai jamais ce que j’y ai vu. La grandeur de notre galaxie, là, à portée de main." Il s’arrête, tire la manche de mon manteau.

"Je veux y aller moi aussi. Maman ne m’a jamais laissé m’approcher trop près du vide. Elle disait que j’étais trop maladroit." Il soulève les épaules, poursuit "je suis un grand garçon. Je n'ai pas besoin que maman me protège." Je rigole à ses mots, il me lance un regard vexé.

"Je— Je ne comprends pas pourquoi mon monde est si sombre." Je soupire.

"Il est à l’image de ton âme Antoine. N’as-tu jamais remarqué, quand tu regardais toutes ces personnes rire autour de toi ? Ne t’es-tu jamais senti seul et perdu ? Je me souviens des pensées qui t’occupaient. Tu ne te sentais jamais à ton aise, tu n’arrivais jamais à te convaincre que tu méritais ta place parmi eux. Ai-je tort ?" Je ne réponds rien, il poursuit. "Et quand tu t’endors aux côtés de ta femme, qu’elle te dit je t’aime avant de s’endormir, n’as-tu jamais eu de doutes ? Combien de nuit es-tu resté éveillé, comme asphyxié par tant de souffrances ? Tu n’as jamais eu l’impression que tout était réel. Tu attendais le jour où elle partirait finalement, où tu serais de nouveau seul. Après tout, comment toutes ces personnes pourraient-elles aimer un être aussi misérable, aussi détruit que toi ? On ne peut pas sauver une personne qui n’est même pas sûre elle-même de vouloir poursuivre le combat. De vouloir gagner cette bataille, avec la vie. Pour la vie." Une. Deux. Trois larmes qui glissent. Tombent au sol. Se mêlent à la pluie.

Les heures s’écoulent lentement près de vous. Quel sentiment de plénitude que de vous avoir retrouvé. Vous, l’amour, le soleil, la chaleur. Le ciel se peint, de rouge, de rose, de jaune. C’est un spectacle merveilleux. Les rayons du soleil se reflètent sur l’eau, à mesure que cette grosse boule de feu se couche. Et bientôt, elle disparait. Laissant derrière elle quelques couleurs oubliées dans le ciel. Comme un dernier souvenir.