Citations de LouGane Rose (132)
Je frissonne et resserre mon étreinte autour de ses hanches, un tout petit peu apaisée. Nous commandons à boire et pendant qu’ils discutent business, je savoure mon expresso, persuadée que celui-ci au moins n’est pas décaféiné.
Cette femme est sublime : immense, rousse, bronzée comme toutes les Californiennes… Son tailleur gris pourrait sembler strict sur n’importe qui, mais sur elle, il est complètement indécent : elle a tout le profil de la secrétaire cochonne et sexy. Sa chemise blanche est déboutonnée jusqu’au creux de ses seins siliconés et son décolleté est hypnotisant, même pour moi, qui malgré quelques nuits d’ivresse et moments d’égarement, n’ai jamais eu de réelle attirance pour le sexe féminin.
La vie semblait presque normale, sauf que nos activités n’étaient pas vraiment celles d’un jeune couple en lune de miel. Nous nous entraînions avec assiduité au tir au revolver, courions comme des forcenés pour échapper à des agresseurs invisibles et baisions comme si notre vie en dépendait. Pour nous, tout était presque normal. Je vomissais un peu moins et me goinfrais toujours autant, mais mon ventre restait aussi plat que la table du salon.
Cette nuit, j’ai fait l’amour à ma femme aussi tendrement que je l’avais prise brutalement l’après-midi même. Et le sommeil nous a entraînés dans une nuit sans songes, reposant et réparateur pour la première fois depuis trop longtemps.
Après l’avoir lentement déshabillée, je la dépose dans l’eau bouillante et recouverte de jolies bulles parfumées. Son corps disparaît sous le rideau de savon. Mon t-shirt et mon jean volent à leur tour et je glisse dans son dos pour la ramener contre moi, entre mes cuisses solides. Ses cheveux attachés en une choucroute voluptueuse caressent ma joue mal rasée. Ma tête repose contre le rebord de la baignoire et je souffle, serein, profitant de ce moment divin de calme et de douceur.
Je ne veux pas que tu tentes de me protéger au point de m’entraver. Tu sais que j’ai besoin de vivre, de vibrer, de respirer… de faire mes propres choix. Je ne suis pas un trésor que tu peux protéger en l’enfermant, Mil’. Je suis forte aussi, je suis ta partenaire, ton alliée, ta femme… On forme une bonne équipe tous les deux, ensemble. Si on doit se battre contre la terre entière, on ne réussira pas sans l’autre.
Son regard me troue la peau, comme au début de notre rencontre quand elle ne voyait en moi qu’un bon à rien de fils à papa. Je m’assieds, conscient d’attirer l’attention sur nous, et Dieu sait qu’on n’a pas besoin de ça ! Ses lèvres pulpeuses ont disparu dans une ligne fine et blanche à force de les comprimer. Entre nous, l’air est chargé d’électricité. La tension monte en silence.
Il y a trois semaines à peine, je n’aurais jamais pu imaginer me retrouver ici, mariée à « fils à papa » alors que je venais d’apprendre qu’il était promis à une autre depuis presque toujours, étendue au milieu d’une réserve Navajo, au cœur de l’Arizona… Ne plus avoir de nouvelles de mes parents, de mes amis. Merde, il faut que je les appelle demain. Maintenant que c’est fait, je dois juste leur annoncer que j’ai épousé Milo, facile ! Non, pas facile… Notre voyage sur les routes au gré de nos désirs, de notre curiosité, de nos humeurs, est le symbole de nos esprits libres.
L’ambiance est lourde. J’inspire difficilement. Je suis trempée : mes cheveux, mes vêtements. On continue à nous jeter de l’eau glacée, puis des pierres brûlantes sont ajoutées encore. La chaleur m’étouffe et le noir m’oppresse, je suffoque, m’asphyxie… Je demande la permission de sortir lors d’un moment de silence et y suis autorisée.
C’est très étrange de sentir ces corps près de nous sans les apercevoir, de les toucher sans les connaître. Nous sommes assis dans la poussière. Chacun est invité à prier pour ce qu’il souhaite, formuler ses vœux de changements à haute voix, des choses intimes, ou d’autres, plus générales.
Amarok nous asperge régulièrement d’eau froide, très froide. Le noir est abyssal et effrayant, mais je dois libérer mon homme pour le laisser faire son voyage spirituel, seul. Mes doigts desserrent le sien. Je reste assise, j’ai du mal à me détendre, à lâcher prise… Je sens que les corps près de moi ont glissé sur le sol. Recroquevillés, à cause du manque d’espace, dans la poussière. Des sanglots s’échappent de certains d’entre eux. Je crois percevoir les murmures de Milo, mais je ne sais pas où il est, je ne l’ai jamais entendu pleurer…
Je déteste le noir, ça m’étreint, ça m’angoisse. J’inspire un grand coup, j’ai envie de le faire. Pour lui, surtout. Le phœnix doit renaître de ses cendres et étendre sa perception pour prendre conscience de ses possibilités, et moi je serai aux premières loges pour l’accompagner à chaque étape et lui rappeler que la liberté vaut qu’on se batte pour la préserver.
Sans un mot, elle vient enrouler ses bras fins autour de mon cou et y glisser son petit nez frais. Sa bouche, pour une fois, reste close, muette, mais ses yeux reflètent sa fierté et son émotion.
Elle caresse ma main posée sur le levier de vitesse du bout de ses doigts frais, elle connaît exactement la nature de mes pensées, et d’un coup d’œil dans sa direction, je puise dans son sourire tout le courage qui pourrait me manquer si je venais à faillir un instant. Je vois au fond de ses yeux que ça n’arrivera pas. Pas tant qu’elle se tiendra à mes côtés, ma femme, ma force, ma vie, enfin.
Son regard dur et sérieux me convainc, il ne laissera jamais personne s’immiscer entre nous. Mon mari nous protégera toujours, il veillera sur notre fragile liberté, il en fait foi… Et je le crois.
Mon idiot de mari se moque ouvertement de moi, il rit fort et je me froisse à nouveau en tapant du pied. Mais une fois la porte de la chambre claquée derrière nous, il me plaque sauvagement contre elle, son désir est évident et ma mauvaise humeur s’évapore. Mon souffle devient haletant, je suis en effervescence, pressée de sentir le corps de mon époux envahir le mien. Mais ce que je ne sais pas encore, c’est qu’il n’en a, une fois de plus, pas l’intention.
Lui aussi a du mal à respirer et il lui faut quelques secondes pour que le trouble, dans son corps et son regard, ne se dissipe.
— J’en ai tellement envie…, grogne-t-il.
— Alors vas-y, je suis prête et… j’ai oublié d’enfiler ma petite culotte avant de partir.
Il grogne à nouveau, mais il s’exécute, mon dernier argument le fait enfin basculer. En quelques secondes, son pantalon libère son sexe et je le sens fondre en moi si fort et si profondément que j’en perds un instant mes repères.
Un sourire un brin goguenard sur son visage me montre qu’il a compris ce que nous venons de faire mon époux et moi, ma robe blanche et mon bouquet rouge me trahissant sans vergogne. Mais très vite je le perds à nouveau de vue lorsque les portes de l’ascenseur se referment sur nous.
Même si tout ce folklore ressemble à une mascarade, c’est mon mariage avec l’homme de ma vie, celui que j’aime en dépit des obstacles qui tentent de se dresser contre nous, et nous le célébrons comme nous l’avons choisi. En plus, Elvis, quoi !
C’est chaud, c’est bouillant, tellement excitant. Les images vont vite mais des flashs me percutent, je vois entre ses bras mon avenir : des éclats de rire, du sexe, de la passion et des larmes… J’y vois un mariage et pas d’enfants. De la douleur, aussi. Mes barrières tombent. Dans ce baiser se trouve mon futur, et lutter contre des moulins à vent serait vain…
Les doigts de sa main gauche se sont glissés sur ma peau et remontent la cambrure de mes reins, que mon sweat court dévoile. Cet homme est probablement suicidaire et je promets de l’aider à assouvir ce désir de mort dès que Vivi aura tourné les talons. Je suis furieuse, il va le payer, de profiter ainsi de la présence de mon amie pour oser me toucher. Je lutte pour ne pas fermer les paupières et savourer pourtant la torride caresse. Ma peau prend feu alors que ma tête fume de colère et de frustration.
Cet homme est brûlant et j’adore le sentir collé contre moi, « Canon/Collant » prend soudain un autre sens. Ses yeux ne quittent pas mes lèvres. Je sais qu’elles excitent les mecs, elles sont pleines et bombées, gourmandes, et ajoutent une moue boudeuse à mon visage de poupée… Ça les met dans tous leurs états.