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Citations de Louise Simard (36)


«La flamme vacilla. Lys-Aimée avait perdu la notion du temps. Elle ferma les yeux. Une voix lui murmurait à l'oreille: «Que tu es belle! Quand tu es là, je ne sais plus s'il est nuit ou jour.» Raphaël. De sa bouche sortaient des mots volés au livre. Donner tout mon sang pour rien - pour le seul plaisir de te le donner. Le trouble des personnages devenait le sien. Le leur. Ils lisaient à deux, avec les mêmes yeux.
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- Je t’aime, dit-il.
Il l’admire dans toute sa fraîcheur, sa robe étalée autour d’elle comme une corolle. Elle soutient son regard, amoureuse elle aussi. Avant même de le connaître, elle l’aimait déjà. Elle a eu peur qu’il ne vienne pas, mais c’est fini maintenant. Plus rien ne compte, ni le pays, ni le temps, ni ces odeurs fruitées dans toute la vallée, ni le déferlement des vagues dans la crique. Rien ne compte puisqu’ils portent tout cela en eux. Comme elle voudrait pouvoir lui dire son amour, lui demander d’avoir confiance, quoi qu’il advienne !
- Je t’aime, répète Etienne.
Parce qu’elle ne peut pas parler, elle se blottit contre lui, minuscule dans ses bras immenses.
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Dans la graisse du gros garçon empoté coule le sang de Malvina ; dans les cris de Malvina perce le désespoir muet de son frère. Ils se complètent à merveille.
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(...) se concentrer sur un problème à la fois, en faisant surtout bien attention de ne pas en inventer. Sa grand-mère lui avait appris cette façon d'affronter la vie, et elle ne l'avait pas oubliée.
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Il leur reste si peu de temps pour dire ce qu’ils ont toujours tu. Ils ont fait le coup de feu, certains n’ont pas hésité à mettre des hommes en joue et à tirer, on leur a appris depuis toujours à être braves, à pourvoir aux besoins des plus faibles en laissant aux femmes la sensiblerie, mais ce matin, comme des enfants perdus, ils osent réclamer amour et compassion. Qui sait combien de temps ils devront rester là-bas, dans ce pays dont ils ne se rappellent jamais le nom ?
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Il ne saura jamais qui a crié : « En avant ! » Il se rappellera seulement cette course débridée à travers champs. Il a cent têtes, mille bras, mille jambes. Il n’est plus Désiré Bourbonnais ; il s’appelle tout en même temps Joseph, Julien, François ou Xavier. Et pourtant jamais il n’a eu l’impression plus vive, enivrante, d’exister, d’être lui et personne d’autre. Devenir tous les autres et rester soi-même, si pleinement soi-même. Plusieurs hommes en un seul. L’espace d’une course dans le frimas de novembre, aura-t-il rivalisé avec les dieux ?
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Ce ne sont plus des sons, mais un chant. La musique, légère, se hisse au-delà des murs et tout le monde se tait pour mieux l’entendre. Même les gardiens écoutent religieusement le garçon, sale et en haillons, pieds nus.
De tout son corps fuse une musique s’une sublime élégance, pure et simple comme tout ce qui est grand, tellement présente qu’on la voit se couler entre les pierres, s’accrocher aux jambes et ramper jusqu’au fleuve. Quelques-uns croisent les bras dans un réflexe de protection.
Quand Désiré dépose enfin l’instrument minuscule sur ses genoux, les hommes gardent le silence un moment pour entendre encore les échos de cette musique immense.
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« La justice…, pense-t-il, the justice, pareille dans les deux langues. N’est-ce qu’un vain mot inventé par les hommes pour faire souffrir d’autres hommes ?
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Il voudrait tellement se retrouver chez lui, tout au bout du champ, sous le grand orme. Là-bas, il pouvait croire en dieu parce que Dieu était partout. Dans le mil abondant, dans les pommiers chargés de fruits, dans la terre si riche et si féconde. On le devinait dans les rafales de neige, belles et fortes comme des prières. Dieu chantait avec le vent, bêlait avec les brebis, hululait avec les chouettes. Dieu était partout, là-bas, au pays. Ici, il n’est nulle part. Il les a regardés dériver vers l’enfer, puis il s’est détourné. Inutile de l’appeler ; Dieu n’entend que les hommes libres.
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De tout temps, les chasseurs aborigènes ont brûlé les forêts d’eucalyptus pour en permettre la croissance. Déjà, dans ce décor d’holocauste, les bourgeons cachés sous l’écorce ont recommencé le cercle inlassable de la vie. Les graines de banksias, celles des casuarinas, enfouis dans le sol, germent en sourdine sous la cendre. Le sinistre n’a rien détruit puisque tout va renaître.
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Hippolyte se hâte, mais l’attitude d’Etienne le rend perplexe. Comment peut-il être aussi sûr de lui ? Comment peut-il avec une aussi grande aisance faire un trait sur son passé, l’enfance, sa famille, sa patrie ? En répétant ces mots dans sa tête, Hippolyte constate avec effarement qu’il n’en retrouve plus le sens exact. Ce ne sont que des notions abstraites sans aucun ancrage dans le réel.
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« Je ne laisse rien, je ne quitte rien, je ne trahis personne. Le pays, c’est moi, c’est toi. Il est en chacun de nous, où que nous soyons. » (Etienne)
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« Quand vas-tu comprendre que la loi, ce n’est pas la justice ? » (Etienne à Hippolyte)
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Un jour, il partira pour ne plus revenir. Ils le savent tous les deux et n’osent plus ouvrir les yeux, de crainte que ce jour ne soit venu au creux de la nuit, au creux de l’amour, avant même qu’ils n’aient épuisé leur désir. Ils ne se courtisent pas, ils s’espionnent, se hantent, marchent d’un même pas, aux mêmes lieux, se pillent cruellement, blond et noire, jumeaux de la nuit, enfantés dans le déclin du jour, unis dans ce qui ne sera jamais. (Alicia & Hippolyte)
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Ils croient défaillir en reconnaissant Désiré, ce jeune félin pris au piège encore une fois. Le même piège toujours, qui se referme sur lui, où qu’il fuie. D’un coup, ils sont ramenés en arrière, loin dans le temps et l’espace. Des soldats anglais battent un jeune garçon de Beauharnois qui a voulu tuer son père. La même haine toujours, les mêmes prisons. Ils reviennent là-bas d’où ils ne sont jamais dans ce lieu où tout ce qui a commencé semble bien ne jamais vouloir finir.
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Désiré n’est d’aucun pays, si ce n’est celui qui perce dans ses yeux bistre. Pays de forêts, de lacs, de rivières, de brume et de soleil, de pluie et de silence. Il doit se taire pour mieux entendre la sève monter en lui, le tonnerre qui gronde constamment, les rivières en crue, les loups qui hurlent.
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Louise Simard
Un peuple, il le sait maintenant, c’est plus qu’une poignée d’hommes, mousquets à l’épaule et rage au cœur. C’est aussi des femmes et des enfants. Des vieillards, des infirmes, des malades. Et ce n’est pas toujours dans les tranchées que la guerre fait le plus mal, comme ce n’est pas toujours en combattant, arme au poing, qu’on se révèle le plus brave.
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Une gélinotte jaillit du sol dans une bruyante saccade de battement d’ailes. Etienne Langlois, le prisonnier qui a maîtrisé Désiré, la suit des yeux et s’évade derrière elle. Il marche sa terre endormie sous la gelée, humant au passage le foin engrangé depuis juillet. Il entend bruire les feuilles du tilleul bicentenaire, il voit le soleil juché au-dessus du grand orme et, tout autour des chaumes, les grandes verges d’or, plus touchantes encore dans leurs teintes hivernales.
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La jeune femme se penche et leur présente la bouillie en chuchotant des mots tendres. Elle le désire si fort qu’elle croit les voir bouger, mais les chattes restent immobiles, couchées en rond l’une contre l’autre. Leur maîtresse a beau les caresser, murmurer leur nom, réchauffer leurs petites pattes, elles demeurent obstinément inertes et silencieuses, déjà en train de se figer dans une raideur cadavérique.
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[…] les yeux d’Exilia étincellent. Deux feux follets qui scintillent dans le désert aride et crevassé de son visage. Depuis très longtemps, elle n’avait plus ressenti une telle émotion. Il fallait le retour d’Aimé pour qu’elle renoue avec cet indicible contentement. Amour et pouvoir, l’un entraînant l’autre.
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