Citations de Louise Tremblay D`Essiambre (538)
Evangéline !
Si quelqu'un m'avait dit, quand je l'ai rencontré en 1954, qu'un jour j'aimerai cette femme désagréable, je lui aurai répondu qu'il mentait. Jamais, je n'aurais pu imaginer qu'un cœur aussi généreux se cachait derrière cette mauvaise humeur chronique.
Voilà que j'écris ces mots et je sens un sourire bien involontaire se dessiner sur mes lèvres.
Dans le fond, pourquoi pas ? Pourquoi est ce que la peinture ne serait pas magique ? Quand il peint, Antoine oublie vraiment tout le reste, comme moi, quand j'écris.
Pourtant, à certains égards, Laura a encore l'impression, parfois, d'être cette petite fille craintive qui ne sait comment dire les choses pour se faire comprendre.
La nostalgie d'une époque où il s'était senti en contrôle de son existence et le vague à l'âme qui portait Marcel depuis la fermeture de l'épicerie venaient d'être balayer par un vent de colère.
Abandonner son fils, c'était se condamner à vivre le reste de ses jours avec une inquiétude incroyable au fond du cœur, avec des regrets que rien ni personne ne pourrait effacer.
Bernadette poussa un long soupir de contentement. Toute une journée à elle !
À ben y penser, j’ai jamais vu Irénée Lafrance sourire. Même les petits cadeaux qu’on y donne, des fois, ça fait jamais son affaire! C’est une vraie manie de toujours dire non à toute. On se démène comme un diable dans l’eau bénite pour y faire plaisir, pis ça fait jamais. Faut toujours qu’il aye le dernier mot. C’est ben fatigant, vous saurez.
Je te l’avais jamais dit, mais dans le travail des souliers, c’est la mauvaise odeur que j’aime pas beaucoup. Des pieds mal lavés, il y en a plus qu’on pense dans notre paroisse, pis des fois, ça me levait le cœur. Mais icitte, c’est encore pire. C’est toute le dortoir qui pue les pieds pis tout le reste mal lavé, si tu vois ce que je veux dire… Ça fait que je commence à m’ennuyer pas mal de la cordonnerie.
Il était fini, le temps des politesses, Jaquelin en ferait l’expérience assez rapidement. À partir de ce jour et du fait qu’il avait signé son engagement, le tutoiement s’imposerait entre les hommes. Cette familiarité un peu déroutante pour celui qui s’était toujours fait un devoir de traiter sa clientèle avec beaucoup de respect ferait désormais partie du quotidien. Sauf quand lui-même aurait à s’adresser à ses supérieurs, cela va de soi, Jaquelin comprit rapidement qu’il n’aurait pas le choix de s’y habituer. Le foreman avait droit à tous les égards, puisqu’il représentait le patron, mais le respect de la hiérarchie n’allait pas jusqu’à imposer le vouvoiement entre les hommes, même si certains d’entre eux étaient de vieux habitués.
Comme on dit, ton avenir est en arrière de toi. C’est sûr que ça te revire un homme quand même, de voir sa maison détruite, on serait découragé à moins que ça.
Trop de choses à prévoir à court et à long termes, à organiser pour le quotidien, à remplacer rapidement… La jeune femme en avait le tournis et elle détestait se sentir bousculée comme elle l’était présentement. Femme pratique et consciencieuse, elle était agacée de ne pouvoir faire ce qu’elle avait prévu.
Elle était encore jeune et particulièrement jolie, malgré la grande fatigue qui dessinait de larges cernes sous ses yeux.
Après tout, je n’ai ni patron ni horaire, n’est-ce pas? C’est la beauté de mon travail, cette liberté totale devant les obligations! Mais n’ayez crainte, je vais résister à cette envie de paresse prolongée, car le désir de connaître enfin tous ces nouveaux personnages est aussi très vif et très réel. Toutefois, ce faisant, je me piège moi-même! En effet, je sais pertinemment que dès l’instant où nous aurons échangé un premier regard entre nous, ces mêmes personnages deviendront un patron intransigeant. Ce seront eux qui planifieront mes horaires, qui présideront à mes réveils de plus en plus matinaux, qui dicteront mes heures prolongées devant l’écran ou la feuille, et ils peuvent être impitoyables, croyez-moi!
«L’amour d’une famille, le centre autour duquel tout gravite et tout brille.»
Victor Hugo
Faut dire que Napoléon a des sous. Après toute, il a travaillé comme maçon pendant proche cinquante ans. C’est pas des farces, il y a ben la moitié de Viauville qui a poussé au boutte de sa truelle pis grâce à son mortier. C’est plein de maisons en pierres pis en briques, dans le coin, pis c’est toute Napoléon qui les a bâties, je crois ben!
Il a beau toujours chercher des poux là où il y en a pas, Irénée Lafrance est pas un cave. Lui avec, il va comprendre assez vite que ça pourrait pas aller mieux…
Pas de fafinages, avec monsieur Irénée, ni de demi-vérités, avait ajouté son voisin. Ou c’est blanc ou c’est noir. Avec lui, c’est jamais gris. Mais ça a au moins l’avantage d’être clair.
Après toute, faut en profiter: c’est un peu comme une fête, cette affaire-là, pis les fêtes, ça arrive pas tous les jours, tout le monde sait ça!
À treize ans, c’est un peu jeune pour savoir vraiment ce qu’on veut faire dans la vie. Surtout pour un choix aussi sérieux que le sacerdoce.
Faut savoir faire les bons choix dans la vie, pis continuer d’étudier, c’en est un! Jamais je croirai, Cyrille, qu’on va t’obliger à rentrer au Grand Séminaire si jamais t’avais pas la vocation, ajouta alors Jaquelin avec conviction.