23-Émission Littéraire "Cause toujours" Auteurs Laurentides/TVCL- Louise Tremblay-D'Essiambre
On ne parle pas de la folie sur le ton dont on parlerait d'une vie en quête de bonheur. Car c'est bien ce dont je veux parler ici, une forme de folie. Il n'y aura ni complaisance ni facilité. Quand un être malade remorque sa famille dans son pitoyable voyage au bout de lui-même, volontairement ou non, il ne peut y avoir de compromis.
Dans quelques heures, ma route va s'arrêter. Nous avons cheminé ensemble longtemps. Maintenant, tu dois continuer sur le chemin qui est le tien. Tu as été un bon mari, un merveilleux compagnon. Je sais que tu seras toujours un bon père pour nos enfants. Mais tu dois aussi penser à toi. Je veux que l'homme que j'aime continue à être heureux. Tu dois donc regarder devant toi et ne puiser dans le passé que l'énergie pour avancer.
- Tu trouves pas que les mots ont été inventés juste pour faire des images ?
- Des images ?
- Oui, prends le mot "locomotive", par exemple. Si tu le dis très vite et souvent, on entend un train qui passe.
À ces mots, Blanche éclata de rire...
...Raymond, lui, ne trouvait pas qu'il y avait matière à moquerie. Il plia le journal devant lui.
- Moi aussi, Charlot, je trouve parfois que les mots font de très jolies images.
(…) la poussière qui dansait sur les meubles, courtisée par tous les rayons de lumière qui se faufilaient par les fenêtres.
Puisque les besognes ménagères n’avaient jamais fait partie des attributions de Connor, la simple idée de prendre un torchon pour épousseter ne l’avait jamais effleuré.
Certains matins, j’ai l’impression que tout a changé autour de moi. Les valeurs, les façons de vivre, les espoirs, les priorités, les revendications. Comme si je tombais tout juste sur une autre planète… un peu moins jolie que celle que je viens de quitter. Et si, bien timidement, j’essaie de faire comprendre que le gros bon sens devrait continuer d’exister dans toute son humble, mais ô combien grande efficacité, je suis rabrouée de droite à gauche, et je finis par me faire clouer le bec par cette phrase que l’on croit lapidaire, mais je trouve tellement creuse :
─ Aujourd’hui, ce n’est plus pareil que dans votre temps. Une société se doit d’être inclusive et ouverte à tout et à tous.
(…)
On peut être inclusif, sensible et clairvoyant en même temps. Non?
(…) parce que l’hiver avait été plutôt rude, cette année, et qu’il lui avait paru fort long et particulièrement glacial.
─ À croire que le frette est de plus en plus frette au fur et à mesure que j’avance en âge, constata-t-elle. Ça se pourrait-tu, ça là?
Il y avait un roman de Jules Verne dont Darcy lui avait parlé en disant qu’il le relirait des dizaines de fois tellement il avait aimé ce livre.
─ Pourquoi le relire, puisque tu connais l’histoire? »
─ Juste pour l’écriture, Henry. Juste pour le plaisir de relire les phrases. J’aime les livres bien écrits. On dirait que les mots sont des pinceaux qui dessinent des images dans ma tête. J’aimerais ça, écrire aussi bien que Jules Verne… J’aimerais écrire un jour, tout simplement!
Pour l’instant, elle était émue aux larmes, comme chaque fois qu’elle se retrouvait devant l’océan. Cette sensation d’être à la fois minuscule et essentielle face à l’immensité de la mer ne la quittait pas. Elle s’arrêta brusquement, heureuse au-delà des mots pour l’exprimer.
─ De toutes les créations du Bon Dieu, c’est vraiment la plus belle! murmura-t-elle sans se soucier des passants qui pouvaient l’entendre.
─ Ça pue, pis sa goûte le diable! Pourquoi je ferais des efforts pour me mettre à fumer, je vous le demande un peu? De toute façon, j’ai pas ça de ʺlousseʺ dans le fond de mes poches, moi, de l’argent de trop pour payer des cigarettes!
Heureusement, comme le sirop d’érable n’était pas rationné, la vieille dame en profitait pour l’utiliser à foison, avec pour résultat un arrière-goût de printemps et de cabane à sucre dans plusieurs de ses desserts.