Où commence la réalité et où se termine la fiction ? La frontière est mal définie et nullement protégée. Tout se peut et rien ne se vérifie. Les choses, les gens, les événements se croisent, se doublent, se chevauchent et se répètent. Un roman, c’est un reflet de la vie. Parfois en mieux, parfois en faux, parfois criant de vérité. La vie est aussi, à certains moments, plus rocambolesque qu’un roman.
Toute sa vie n’était en somme qu’apparence et illusion. Il a bâti sa force sur les images, sur une discrète mais farouche manipulation qui prenait la forme qu’il avait choisie. Ce n’était qu’un jeu de séduction. Un chassé-croisé qu’il maîtrisait à la perfection. Tel le miroir qui réfléchit l’exact contraire. Cela, il ne l’a pas perdu. Petit à petit, les choses se placent là où il les veut. Il a perdu sa femme et sa maison et aujourd’hui, sa famille est éclatée. Il n’y peut rien changer. Peu à peu, il apprendra à composer avec cette nouvelle réalité. Il s’adaptera comme il l’a toujours fait. Ne reste que la solitude, l’isolement. Pourtant, quand il y pense bien, la solitude non plus ne lui fait pas vraiment peur.
Dans ce monde particulier, on ne doit jamais se fier aux apparences. Tout n’est que chimère, qu’illusions. Surtout quand on exerce un métier qui n’est inscrit dans aucun livre, dont on ne parle que sous la couverture, en catimini. Être agent double, c’est accepter d’exister en parallèle. C’est accepter aussi de vivre dans un monde fait de mensonges, d’apparences, de manipulation, de silences et parfois même de désespoirs aussi grands que la mort.
Ne pas s’attarder à un passé qui pourrait le blesser inutilement et concentrer ses efforts sur demain. Rebâtir sa vie. Il s’est promis de le faire tout le temps qu’il serait ici. Se donner des buts et préparer sa défense.
Parfois les priorités changent de perspective et nous laissent amer. Il se sent comme le soir avant sa comparution. Une partie de sa vie lui échappe et il se retrouve face à un inconnu qu’il n’a pas choisi, qu’il n’a surtout pas voulu. Bien sûr, il admet qu’il aime bouger, qu’il a besoin d’être en contrôle. Peu importe les titres, il préfère être du côté des décideurs…
23-Émission Littéraire "Cause toujours" Auteurs Laurentides/TVCL- Louise Tremblay-D'Essiambre