«C'est comme si le monde s'était retourné dans son sommeil et qu'une de ses idées s'était échappée pour devenir réalité.»
Steve Mosby, Les fleurs de l'ombre
Vingt minutes plus tard, elle parvint à destination. Toutes les pensées qui avaient traversé son esprit s'effacèrent - elle passait en mode professionnel. Émotions personnelles entre parenthèses, concentration totale sur ce qui l'attendait. Route encombrée de badauds, voiture partout, démonstration de force de la police.
C'était son métier.
Le désosseur arrive, le désosseur existe. Il ne s'arrête jamais, il ne ressent rien...
Elle n’était jamais revenue sur sa décision d’entrer dans la police. Ç’avait juste été un aboutissement logique : avec l’enfance mitigée qu’elle avait eue, et ses problèmes pendant l’adolescence, rien de plus normal que de trouver dans la police une nouvelle famille. Personne ne l’avait prévenue qu’il s’agissait d’une famille aussi dysfonctionnelle que tant d’autres.
Le passé a une façon bien à lui de vous happer. La nostalgie est un assassin masqué.
Dans Le Désosser de Liverpool.
Le Désosseur arrive,
Le Désosseur existe.
Il ne s’arrête jamais,
Il ne ressent rien.
Il t’attrapera,
Il te fera pleurer,
Il coupera dans ta chair,
Et ne gardera que tes os.
Tous ces enfants qui se racontaient des histoires et emplissaient de leur rire, de leur insouciance, ce champ aujourd’hui désert. Comme étaient désertes les rues, bien plus que lorsqu’elle était jeune. Est-ce que ces lieux risquaient d’être souillés à jamais pour elle ? Bois, champs, parcs…Tous ces endroits magiques de son enfance, désormais métamorphosés en autre chose.
Des lieux où l’obscurité et l’invisible étaient aux aguets dans l’ombre, sans qu’elle s’en aperçoive.
Le Désosseur arrive,
Le Désosseur existe.
Il ne s’arrête jamais,
Il ne ressent rien.
Il t’attrapera.
Il te fera pleurer,
Il coupera dans ta chair,
Et ne gardera que tes os.