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Citations de Lucien Descaves (55)


Fils de 93, lève-toi ! Si tu es vaincu, c'est la fusillade, la déportation, un nouveau bail de tyrannie ... Si tu es vainqueur, c'est la transformation complète de l'état de choses existant, c'est la liberté, c'est le bonheur ! ...
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Que devient la liberté de conscience, sous un régime qui oblige le peuple à passer de l'école, où l'on apprend à adorer un dieu en trois personnes, à la caserne où cette trinité s'adjoint, pour la renforcer et la défendre, un compère couronné ...
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L'âge, en ce temps-là, n'altérait pas les croyances de la jeunesse : elles restaient fraîches dans un coffre usé ...
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Il y avait maintenant à la brasserie, sans compter la patronne, cinq femmes : Rita, une solide et carabinière entraîneuse, promise aux débauches de la cavalerie ; Camille, l'enfant terrible, l'enseigne vivante de la maison, une petite moricaude sans cou, la poitrine sous le menton, roulant sur soi-même ou bien, assise, exhibant et dérobant alternativement, comme à Guignol, derrière la rampe de ses seins, un pruneau grimaçant et voyou ; Alice l'Anglaise, une rousse fanée, experte, autrefois mariée et conservant, de son concubinage avec un oiselier qui lui avait appris le français, une étonnante prononciation où s'amalgamaient des vestiges de langue maternelle, le frouement de l'éleveur et le jasement de la perruche ; Pomponnette, une Allemande soi-disant Alsacienne et qui était l'une et l'autre suivant qu'on la trouvait à jeun ou ivre, une méchante bête venant du quartier Latin et dont on hésitait à se débarrasser parce qu'elle consommait et faisait consommer à souhait ; Delphine enfin.
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Favières, Devouge, Tétrelle et tous ceux que la présence d'une femme agitait, se pressèrent autour d'elle. Blanc, Vaubourgeix et d'autres sergents pour qui, au contraire, le vin primait la jupe, s'étaient rapprochés de Burel, estimant qu'on boirait mieux là qu'ailleurs. Et l'on fut vingt-six attablés, douze à droite, quatorze à gauche, pour éviter le chiffre treize.
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La récréation lui devenait aussi pénible que la classe, à laquelle il ne prenait pas un intérêt bien vif. Son intelligence restait endormie et n'avait que de courts réveils.

p.87
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- Les gouvernements changent : les prisons restent.
- La Bastille est tout de même tombée.
- Elle a fait des petits. En cherchant bien, on retrouverait des pierres de la Bastille dans toutes les prisons d'aujourd'hui ...
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Les Burel rendaient à l'adjudant de petits services. Ils lui obtenaient, en l'achetant quasiment pour eux,la viande à meilleur compte, échangeaient son pain de sous-officier contre du pain plus blanc, lui vendaient à crédit des boissons, du bouillon, de l'épicerie
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Un salon modeste de pension de famille au rez de chaussée. Meubles démodés recouverts de reps grenat. Piano sur lequel s'alignent des photographies dans leurs cadres à chevalet. Cheminées surmontée d'une pendule Empire. Porte, côté gauche, donnant sur un petit salon d'attente ; autre porte de dégagement, côté droit.
La baie vitrée qui ferme le décor au fond laisse apercevoir le jardin planté de marronniers qui se défeuillent à l'automne, et le dôme de l'Observatoire.
Au lever de rideau, Karoline, 20 ans, blonde, fraîche et massive, achève le ménage et intrigue fort deux jeunes gens qui la regardent du dehors.
Ils finissent par entrer et tournent autour d'elle...
Boquet.- Je voudrais bien savoir quelle est cette petite bonne ?
Lardin.- Si c'est une allemande et comment elle se donne !....
(lever de rideau de la pièce extraite de "La petite Illustration" n° 175 parue en décembre 1926)
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- Enfin, Commune, la Commune..., qu'est-ce que ça signifie? Tout en commun?
- Tout, c'est peut-être beaucoup dire... mais quelque chose de plus que la peine, le besoin et l'espérance éternelle.
- Croyez-moi, ces insensés n'en ont pas pour un mois.
- Tant pis, monsieur Prophète, car ils ont jeûné beaucoup plus longtemps que ça et un petit dédommagement leur était bien dû.
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A la descendance des héros de la Commune, dont la gloire est d'avoir jeté bas le mât de cocagne impérial, les hommes de bronze qui grimpent après et le César qui excite leur émulation, je dédie cet encouragement à recommencer.
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Les hommes libérables, après avoir entendu la lecture du dernier rapport qui les intéressât, donnant les heures de départ et la composition des cadres de conduite, eurent la surprise d'un Ordre exemplaire où le colonel, pour frapper leur imagination, réprouvait en ces termes la mort de Tétrelle : 

   " En dehors de toute idée religieuse et quel qu'en soit le motif, le suicide est une lâcheté, c'est aussi une désertion : notre vie appartient au pays qui, demain, peut nous la réclamer.

   le sergent-major Tétrelle a accompli, en se suicidant, cet acte de désertion. Il s'est montré indigne du choix dont il avait été l'objet parmi ses camarades, l'élite de la jeunesse française ; aussi, non seulement les honneurs militaires ne lui seront pas rendus, mais personne n'accompagnera son convoi.

                                                         Le colonel : Vérignac".



Favières est libre....

Parisien, il a sur les malheureux qu'on pousse vers les gares en troupeau et qui, jusqu'à la dernière minute, auront au col, au poignet, aux chevilles, le carcan, les menottes et les chaînes disciplinaires, il a sur eux l'avantage de s'en aller seul, presque civil déjà, en petite tenue et sans armes.

   Il a serré quelques mains, salué deux ou trois officiers qui lui furent cléments.

   Il se hâte, maintenant, détale, ne se refrène que hors de la caserne, au large !

   Libre !... Il est libre !...

   Il fait un clair soleil de septembre ; le ciel est gai, les frondaisons de la place Fontenoy sont peuplées de pépiements, la matinée sent bon et les passants ont tous l'air heureux...

   Favières a envie de leur parler, de se confier à eux, de se mêler à la partie de marelle que jouent des enfants, de demander un renseignement quelconque aux agents, d'offrir ses services... Depuis qu'on l'a désarmé, il se sent des velléités d'héroïsme ; il voudrait être généreux, se dévouer, se jeter à la tête d'un cheval emporté ou sauver un homme qui se noie...

   Il respire par tous les pores, comme au sortir d'une fièvre éruptive, lorsqu'une peau toute neuve se reforme sur les croûtes qui vont tomber, qui tombent...

   Mais il éprouve autre chose encore qu'un bien-être physique. En même temps que des vêtements civils, il va retrouver une conscience, le sentiment de la dignité, du devoir intégral, de la personnalité, des responsabilités sociales.

   C'est déjà comme du linge blanc, sous l'uniforme qu'il quittera tout à l'heure. Il a changé de chemise, laissé dans l'autre la vermine qui s'y était attachée et qui le dévorait.

   À mesure qu'il s'éloigne de la caserne, sa libération n'est plus inscrite sur les contrôles seulement; une voix intérieure en répand la bonne nouvelle, et le sens moral assoupi en lui se réveille.

    Il s'indigne des turpitudes que peuvent engendrer le sabre au fourreau et le galon gratuit ; de l'espèce d'immunité qu'ils confèrent à leurs détenteurs.

   Car il n'est pas possible que la culture de la bravoure, de l'héroïsme, les considérât-on comme des fleurs de serre, exige tant de fumier. La mémoire de Favières en vide des brouettées, en remue qu'il a lui-même apporté, par contagion, réellement sans savoir ce qu'il faisait, comme dans un cauchemar.

   Il n'y a pas jusqu'à l'homélie du colonel sur la fosse ouverte pour Tétrelle, qui ne plaide en faveur de celui-ci. La mort devait l'exempter à la fois de service - et des corbeaux. Pourquoi, sur son cadavre, ce croassement encore ? De quel droit condamnait-on à s'en aller seul, sans cadre de conduite, sans aucun des compagnons de chaîne qu'il avait eus... à s'en aller comme un chien crevé, ce pauvre diable ni meilleur ni pire, au demeurant, que ses parents d'occasion, les membres impurs de l'illusoire famille épousée par contrainte ?...



   Et, tout à coup, il sembla à Favières que le véritable enterrement de sa vie militaire, goujate, cruelle, improbe et pitoyable, c'était l'enterrement de ce malheureux, et qu'il devait le suivre non seulement pour se donner, en souffletant la consigne, une éclatante preuve d'affranchissement, mais parce que le suivant, il accompagnait d'abord tous ceux qu'il avait vu tomber sur la route, de lassitude, de faiblesse, de découragement, les obscures victimes des règlements, de l'hôpital, du désespoir, de la promiscuité, des pique-bœuf...

   Midi ! S'il allait arriver trop tard ? Il doubla le pas, se dirigea vers l'avenue Rapp...

   Une porte était ouverte, un convoi prête à sortir, solitaire et cahoté, au milieu d'une valetaille irrespectueuse et funèbre, se demandant quel crime avait bien pu commettre celui-là dont la charogne partait dans l'universel abandon...

   Favières s'informa rapidement, puis s'effaça, se laissa dépasser par le corbillard.

    Et, tête nue, il marcha derrière.
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C'est leur histoire à toutes ... première liaison dévoilée, colère des parents, rupture ou tolérance - pire ... le départ ... la rue ... la maison ... des rêves de retour au pays ... fable et réalité : le petit savoyard des filles publiques.
Elles rentrent par là dans le présent, semblent exprimer naïvement le sentiment qui les jette aux bras l'un de l'autre, soldat et prostitué, les pousse à entasser sur le lit de misère capote et jupons, uniforme et hardes, pour avoir plus chaud, pour se défendre à la fois contre les chefs et contre la vie, dans ces refuges sordides : les lupanars et les casernes ! ...
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- Qu'un républicain convaincu comme monsieur Mazoudier parle ainsi, je le comprends.
Mais la canaille avec laquelle il se compromet n'est pas guidée par une idée sociale, ni même politique.
Elle n'écoute que ses mauvais instincts et ses appétits.
Son rêve est de jouir sans travailler.
- C'est le rêve de tous ceux qui travaillent indéfiniment sans jouir ...
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J'en présente mes excuses aux professeurs et aux critiques professionnels qui regardent Mme Valmore comme un talent de troisième ordre et ne lui pardonnent pas son ignorance avouée, ses obscurités, son insipide romance, ses lieux communs, ses fautes de syntaxe, ses impropriétés, sa réputation surfaite enfin par une dévotion aveugle.
C'est tellement vrai que tout le monde l'a revue et corrigée pour la rendre lisible et non plus risible : Latouche, Antoine de Latour, Sainte-Beuve, Lacaussade, son mari, son fils, les éditeurs, leurs commis...
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