J’ai rarement été aussi heureux de ma vie. Je fixai mon compagnon avec un air de conquistador, le regard hautain, la poitrine gonflée de vaillance. Il me rendit un sourire complice de timonier espiègle, le même que j’ai découvert plus tard, le jour de la seconde mort du grand-père. La barque s’en fut à la dérive, descendant le fleuve, poussée par les rafales de notre inhabituelle allégresse. Quand nous cherchâmes les rames pour lui donner son véritable cap, nous ne trouvâmes rien. Le vieux coquin nous avait tendu un piège.
Page 23 – chapitre 1 : Le plongeur
Au milieu de l'indifférence générale, je crois que j'essayai de chercher la lumière, hélas mes zones de clarté étaient trop enfouies.
Nous étions en pleine conversation quand mon frère Marcos fit irruption pour me demander de lui prêter ma fronde. Je la lui donnai sans commentaire pour qu’il reparte au plus vite. Il ne remarque rien de nouveau dans la pièce. L’image du grand-père s’évapora dans la pénombre, sans à-coups. Je sus alors que le don incroyable de parler aux morts m’avait été révélé, et que je ne pus éviter de sentir que ma peau portait la marque des élus.
Page 30 – chapitre 2 – Le grand-père