Citations de Madame de Duras (96)
“c’est une vraie séduction qu’un joli sentier sur le bord d’un bois, le marcher si doux sur la mousse, la fraicheur, les beaux arbres de la lisière qui étendent leurs branches en liberté, nous admirions ces vues champêtres, et les variétés de l’ombre et de la lumière sur les bois, sur les eaux et sur cette vénérable abbaye dont le soleil semblait se plaire à éclairer l’élégance gothique.”
"La mer a cet avantage qu'on peut penser à la fois à elle et à autre chose. Son idée n'a rien de fixe, c'est plutôt une sensation qu'elle fait éprouver, une sensation de vague, d'infini, qui se mêle à tout et colore les pensées sans en distraire."
L'âme vivait encore, mais le corps était détruit, et elle portait toutes les marques d'un long et violent chagrin.
Il y a des illusions qui sont comme la lumière du jour: quand on les perd, tout disparaît avec elles.
Il faut avoir aimé pour savoir jusqu'ou peut aller l'imprévoyance.
souffrir profondément appartient aux âmes distinguées, car les sentiments communs sont toujours superficiels.
Je serais la négresse esclave de quelque riche colon ; brûlée par le soleil, je cultiverais la terre d’un autre: mais j’aurais mon humble cabane pour me retirer le soir ; j’aurais un compagnon de ma vie, et des enfants de ma couleur, qui m’appelleraient Ma mère ! Ils appuieraient sans dégoût leur petite bouche sur mon front ; ils reposeraient leur tête sur mon cou et s’endormiraient dans mes bras.
Jusqu’à l’époque dont je viens de vous parler, j’avais supporté mes peines ; elles avaient altéré ma santé, mais j’avais conservé ma raison et une sorte d’empire sur moi-même ; mon chagrin, comme le ver qui dévore le fruit, avait commencé par le cœur ; je portais dans mon sein le germe de la destruction, lorsque tout était encore plein de vie au dehors de moi. La conversation me plaisait, la discussion m’animait ; j’avais même conservé une sorte de gaieté d’esprit ; mais j’avais perdu les joies du cœur. Enfin, jusqu’à l’époque dont je viens de vous parler, j’étais plus forte que mes peines ; je sentais qu’à présent mes peines seraient plus fortes que moi.
"Vous venez voir une personne bien malade! me dit-elle. A présent, je désire guérir, mais je ne l'ai pas toujours souhaité, et c'est peut-être ce qui m'a fait tant de mal."
Son amitié présente ressemblait à son amitié passée, comme la fleur artificielle ressemble à la fleur véritable : c'est la même chose, hors la vie et le parfum.
Pour la rendre heureuse, il eût fallu en faire une personne commune : je crois sincèrement que cela était impossible. Et bien ! peut-être sera-t-elle assez distinguée pour se placer au-dessus de son sort, n’ayant pu rester au-dessous.
Elle ne peut vouloir que de ceux qui ne voudront pas d’elle.
Il me serait impossible de vous peindre l'effet que produisit en moi ce peu de paroles. L'éclair n'est pas plus prompt: je vis tout; je me vis négresse, dépendante, méprisée, sans fortune, sans appui, sans un être de mon espèce à qui unir mon sort, jusqu'ici un jouet, un amusement pour ma bienfaitrice, bientôt rejetée d'un monde où je n'étais pas faite pour être admise.
Me sauver de l'esclavage, me choisir pour bienfaitrice madame de B., c'était me donner deux fois la vie. Je fus ingrate envers la Providence en n'étant point heureuse, et cependant le bonheur résulte-t-il toujours de ces dons de l'intelligence?
« je ne prevoyais pas que ces douces études seraient suivies de jours si amers »
« elle s'est placée dans la société sans sa permission; la société se vengera »
Cet affreux sentiment de l'inutilité de l'existence, est celui qui déchire le plus profondément le cœur ; il me donna un tel dégoût de la vie, que je souhaitai sincèrement mourir de la maladie dont j'étais attaquée.
Il me disait pourtant à peu près tout ce qu’il me disait autrefois ; mais son amitié présente ressemblait à son amitié passée, comme la fleur artificielle ressemble à la fleur véritable : c’est la même chose, hors la vie et le parfum.
On croit que c’est vivre que d’exister, comme on se trompe !
« mes talents seraient comme la fleur au poète anglais qui perdait son parfum dans le désert »