La beauté est une douleur parce qu'elle n'est pas éternelle.
Ne pas avoir d'enfant, c'est vivre constamment dans la peur : celle de la grossesse, de ce à quoi ça ressemble, des regrets. Avoir des enfants, c'est vivre avec la peur chevillée au ventre pour eux, pour le reste de sa vie.
Depuis toujours, je regarde des films d'horreur. Enfant, ils me plaisaient juste parce qu'ils étaient interdits. Même s'ils me donnaient des cauchemars, je les regardais pour le plaisir de la transgression. Puis j'ai appris à les apprécier pour d'autres raisons.
J’avais effectué tant de petits boulots. Toutes les filles de ma connaissance avaient commencé ainsi dans la vie active. Nous étions employées à mi-temps, comme hôtesses d’accueil ou vendeuses. Par essence, les emplois étaient les mêmes : rester debout, sourire, avoir l’air jolie, être mince et bien habillée. Un jour, on m’avait dit : « Vous êtes le visage de cette société », ce qui était censé signifier que j’étais la première personne que les clients voyaient, mais voulait dire en réalité que je n’étais rien de plus qu’un visage pour ceux-ci.
S'occuper d'un petit enfant, c'est penser aux sensations, aux goûts, à la texture des choses.
C'est aussi apprendre à gérer la monotonie. L'aire de jeu, puis encore l'aire de jeu, et toujours l'aire de jeu. Les mêmes chemins, les mêmes essais, pour trouver son équilibre, jauger son adresse, les tentatives systématiques pour grimper au même mur oblique de brique. Le va-et-vient de la balançoire sécurisée. Le va-et-vient. Que fais-tu de ton cerveau, pendant ce va-et-vient ?
En fait, je pense qu'on est juste des animaux, tu vois ? Et qu'on utilise le mot "âme" pour parler des choses abstraites, comme l'amour ou l'espoir. D'ailleurs, l'amour est une vue de l'esprit. En soi, c'est juste une réaction chimique, liée aux hormones, ça correspond à des attentes sociales et à la théorie de l'évolution selon laquelle nous avons une meilleure chance de survivre si nous ne sommes pas seuls.
On vit toutes les expériences possibles aux environs de dix-neuf ou vingt ans, et on passe le reste de nos longues vies à se les rappeler.
Les mots n'ont pas le sens que nous pensons qu'ils ont, répondit Lonnie d'une voix trébuchante. On ne peut comprendre le "maintenant" qu'en relation avec l'"après", donc on ne peut jamais vraiment comprendre le temps.
Que nous infligeons-nous à nous-mêmes ? Pourquoi gravons-nous tant de détails stupides dans notre cerveau ? Nous croyons toujours devoir nous souvenir de choses qu'il est au contraire crucial que nous oubliions.
Parce qu'il est parfois nécessaire de se détacher de ceux qui nous connaissent le mieux afin de ne pas oublier que l'on meurt seul. Et qu'en réalité, on vit seul, aussi.