Après une arrivée en trombe dans le milieu du polar avec Derrière les portes, son premier roman (près d?un million d?exemplaires vendus au Royaume-Uni), l?anglaise B.A. Paris prend du galon dans le thriller psychologique et familial avec Défaillances, son dernier roman dont voici 3 bonnes raisons de le lire.
Je n’ai encore jamais regardé la télévision en journée et en zappant d’un programme à l’autre, je tombe sur une chaîne de téléachat. Je reste dessus un moment, émerveillée par tous ces gadgets dont j’avais besoin sans même savoir qu’ils existaient, [...].
Dans la mesure où il était capable de me duper, de m’amener à oublier, même pendant quelques secondes, ce qu’il m’avait révélé de lui, comment allais-je parvenir à convaincre les autres qu’il était un loup déguisé en agneau ?
— Tu ne me donnerais pas plutôt un whisky ? ai-je soupiré.
— Un whisky ?
— Oui.
— J’ignorais que tu aimais le whisky.
— Comme j’ignorais que tu étais un psychopathe, ai-je murmuré en me frottant les yeux avec lassitude.
Quand on vous prive de quelque chose que vous désirez plus que tout, l’envie ne vous quitte jamais.
Environ une demi-heure après son retour, je l’entends monter l’escalier puis marcher sur le palier. La clé tourne dans la serrure, la porte s’ouvre, et il s’encadre sur le seuil, mon bel époux psychopathe.
Je me souviens de maman et de sa bouilloire, et je me remets à pleurer à chaudes larmes.
Combien de temps avant que je ne sache même plus me faire une simple tasse de thé ? Combien de temps avant que je sois incapable de m'habiller seule ?
[...] j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai googlé « amnésie périodique », ce qui m’a redirigé vers « ictus amnésique ou amnésie globale transitoire ». Bien que le terme m’ait été familier, à cause de maman, mon cœur se serrait un peu plus à chaque ligne que je lisais, et j’ai vite quitté la page, essayant d’étouffer la panique qui montait en moi. Je ne sais pas si c’est ce que j’ai, et surtout, je ne veux pas le savoir. Pour l’instant, mon ignorance me préserve.
[Il] avait accepté sans difficulté de m'emmener en courses parce qu'il retirait un immense plaisir à entretenir mes illusions de victoire pour mieux les écraser ensuite. Il adorait préparer le terrain de mes chutes, jouissait de son rôle d'époux aimant mais harcelé, se délectait de mes cruelles déceptions et, à la fin, savourait les châtiments qu'il m'infligeait. Le pire, c'est que sa capacité à prédire mes actes signifiait que j'étais condamnée à l'échec dès le départ.
La dame se tourne et nous sourit. Je sais qu’elle ne voit qu’un couple charmant dont les membres sont si près l’un de l’autre qu’ils doivent beaucoup s’aimer. Ça me renvoie, une fois de plus, à l’impasse dans laquelle je me trouve. Je commence à désespérer que quelqu’un remette un jour en cause la perfection absolue de notre existence, et quand nous sommes avec des amis, je m’émerveille de le bêtise qui les incite à croire que Jack et moi ne nous disputons jamais, que nous tombons d’accord sur tout, et qu’une femme de trente-cinq ans intelligente et sans enfant comme moi se contente de rester chez elle toute la sainte journée pour jouer à la dînette.
J’aspire à ce qu’un curieux pose des questions, soit soupçonneux.
Il est atroce de dépendre de quelqu’un pour les détails les plus basiques de l’existence.