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Critiques de Maeve Brennan (5)
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La Visiteuse

Anastasia est une toute jeune femme.

Elle revient en Irlande, ce pays dans lequel elle est née, un vingtaine d'années auparavant.

Ces six dernières années, elle les a passées en compagnie de sa mère à Paris : celle-ci ayant quitté son mari en emmenant sa fille avec elle. Anastasia n'a jamais revu son père, celui-ci est mort de chagrin : il n'a pas supporté d'avoir été abandonné.



Anastasia revient dans la maison familiale où vit toujours sa grand-mère paternelle. Elle est sa seule parente et Anastasia espère s'installer, désormais, dans la maison auprès d'elle.

Une grand-mère qui n'a jamais pardonné à sa bru et sa petite-fille d'avoir fui…





Il y a, dans ce court roman, des descriptions des paysages, des saisons, de la course des nuages, des jeux du soleil sur un jardin dans lequel l'esprit vagabonde, comme autant de façons de dire les souvenirs : ceux qu'Anastasia a gardés, ceux qu'une amie de sa grand-mère et qui était aussi très liée avec sa mère, a à lui confier.

Et c'est la vie d'un couple qui réapparaît devant les yeux de la petite fille qu'elle était, nous dévoilant les raisons du départ et de l'absence.

C'est la vie d'une autre jeune femme, quelques années plus tôt, qui aurait du s'écrire avec le mot "bonheur" au fil des jours et qui se transforme en tragédie à cause d'esprits trop égoïstes.

Tant de vies anéanties parce qu'otages de mères trop possessives.





Peu de personnages au fil des pages, mais une atmosphère de sévérité, de rigidité et un pardon dont on comprend très vite qu'il ne viendra pas.





Et la religion comme un carcan des esprits, dans cette Irlande, où elle a toute sa puissance, une religion qui empêche une grand-mère de regarder Anastasia comme la fille d'un fils qu'elle a trop chéri, qui empêche les mains de se tendre, les âmes de s'ouvrir, que l'amour de l'Autre soit la seule raison de vivre.

Une religion qui rend les coeurs secs, qui fait oublier la signification de la compassion, qui empêche les femmes d'être heureuses, simplement d'exister.





Le chemin d'une presque folie parce qu'il ne reste plus que la fuite...



Un très beau texte.

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Les origines de l'amour

Un recueil de nouvelles tout en originalité.



Original parce qu'il contient trois groupes de nouvelles : trois groupes pour trois thèmes évoqués.

Original parce qu'un fil relie toutes les histoires, les unes aux autres : le lieu, une maison modeste dans un faubourg de Dublin. Un décor, toujours le même, le même mobilier, le même environnement, la même disposition des lieux et le même jardin avec le même rosier jaune et le cytise qui ferait pâlir d'envie le soleil...

Une maison comme un personnage à part entière qui se contente d'abriter, de regarder les êtres qui s'y débattent, et qui essayent tout simplement d'y vivre en toute quiétude.



Maeve Brennan a certainement passé son enfance en Irlande dans une maison qui ressemblait énormément à celle décrite au fil des récits.



La première partie du recueil raconte, d'une certaine façon, cette enfance : des souvenirs ponctuels vus à travers les yeux d'une petite fille fantasque et intrépide d'une dizaine d'années. Tout, au premier regard, y est insouciance mais si on se rapproche, si on écoute davantage, la misère, la solitude des êtres, le poids d'une religion sur les actes d'une vie sont finalement la trame des récits. La vie s'écoule douce parce que la famille est soudée, une mère aimante, un père présent - même s'il doit se cacher à une certaine époque à cause des ses convictions politiques - une fratrie envahissante mais tellement nécessaire pour vivre.





Les deux autres parties du receuil vont évoquer deux couples. Le récit est plus imaginaire, moins autobiographique à ce qu'il semble.



Deux couples que les convenances obligent à une certaine lâcheté dans l'attitude. La religion, arme de bienséance et d'obligations et les convenances d'une vie sociale, remparts sur lesquels on s'appuie pour ne pas dévier, enferment les êtres dans une existence qu'ils voudraient tant bousculer, peut-être pour revenir, aussitôt, à un présent pas si différent, mais également pour avoir la sensation d'avoir été maîtres d'un destin qui leur échappe, au moins une fois.

Ils sont seuls, perdus dans leurs pensées et pour cela ils sont centrés sur eux-mêmes, égoïstes, rendant l'autre responsable de leur état de mélancolie et de désarroi, de leur inaptitude à vivre en toute sérénité, s'ils apprenaient seulement à apprécier le peu qu'ils possèdent.

Ils ne s'aiment pas, et si une flamme de sentiment les a un jour caressés, ils ont oublié, pleins de rancœur à cause de la présence de l'autre, à cause de ses habitudes, de ses manies...pour le regretter quand l'autre les quittera, mais la vie aura passé et ils l'auront gaspillée même s'ils ne s'en rendront jamais compte, ni responsables.





C'est un recueil très sombre pour les deux parties imaginaires. En lisant, notre cœur se serre devant cette incompréhension qui habite une maison où il faudrait si peu pour vivre dans la joie. On espère qu'ils vont comprendre que se parler serait tellement plus simple que de se taire et ressasser. Mais non, ils ne le feront pas parce que leur fierté les en empêche, ils préfèrent se dire qu'ils sont dans le bon chemin - même s'ils ont encore la lucidité de se questionner à ce sujet, quotidiennement - plutôt que de communiquer, quitte à faire trembler cette petite maison, certes, mais pour reconstruire un destin commun lumineux comme le cytise du jardin.



Mesquinerie et faiblesse, cruauté et mépris, jalousie et prétention, autant de sentiments qui s'accrochent à ces récits, rendant la lecture éprouvante mais ensorcelante comme elle peut l’être sous la plume de cette écrivaine talentueuse.







Juste un mot pour la préface de William Maxwell qui nous parle si bien, en préambule de la personnalité, de Maeve Brennan.
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Les origines de l'amour

Cet ouvrage n'est pas vraiment un recueil de nouvelles comme le présente l'éditeur. C'est plutôt une série de trois histoires.

La première racontée par une enfant prénommée Maeve ( l'auteur elle même ?) plante le décor d'une banlieue middle-class de Dublin où vivent les personnages des deux histoires qui vont suivre.

On y rencontre d'abord Hubert et Rose Derdon dont le fils est entré dans les ordres. Depuis le couple, qui s'est marié sans amour et vit en vase clos, éprouve de l'aversion l'un pour l'autre. Chacun est enfermé dans une profonde solitude, un désespoir qui les rend mesquins et proches de la cruauté mentale mais tout en gardant un air de bienséance. Leurs sentiments les plus futiles sont longuement observés, plombant le texte d'une atmosphère étouffante, extrêmement déprimante. Ils se détestent et on sent que derrière la façade lisse, la folie guette et qu'un drame peut éclater à tout instant.

Viennent ensuite Martin et Délia Bagot guère mieux lotis au niveau amoureux. Et c'est reparti pour un nouveau désastre conjugal...

Arrivée au 3/4, le livre m'est tombé des mains. Pas question de continuer à suffoquer plus longtemps en barbotant dans les eaux glauques de la sinistrose. Plutôt que de périr d'ennui, j'ai préféré laisser tomber ! J'avais vraiment besoin d'une lecture facile, joyeuse et un peu simplette, à l'ambiance chaleureuse et réconfortante dans le style de celles de Maeve Binchy mais c'est tout l'inverse que m'a offert Maeve Brennan.
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Les origines de l'amour

L'auteure : Maeve Brennan est née en 1917 en Irlande. Fille du premier ambassadeur d'Irlande aux USA, elle s'y installe en 1934. En 1949, elle rejoint l'équipe du New Yorker où durant 30 ans, sous le nom de plume « The LongWinded Woman », elle écrira une série de portraits sur la vie quotidienne, repris ultérieurement dans deux anthologies de nouvelles.



Mon avis :



Les vingt et une nouvelles qui composent ce recueil se passent toutes dans la même impasse bordée de pavillons à Ranelagh, une banlieue élégante et tranquille de Dublin. de l'une à l'autre on reconnaît les jardins alignés derrière les pavillons, le garage contre les murs du fond et le court de tennis plus loin.



« La santé délicate de Derry a pesé sur toute mon enfance de la même façon que l'Église catholique ou la lutte pour l'Irlande libre. »



Les premières nouvelles sont courtes et sans doute autobiographiques. Ce sont des chroniques familiales, racontées par Maeve lorsqu'elle était enfant à Dublin. L'incendie du garage, un vieil homme qui leur vend des pommes, ses visites aux clarisses (moniales ayant fait voeu de silence) que la fillette imagine dormant la nuit dans un cercueil avec des pierres en guise d'oreiller, sa première confession. La quatrième nouvelle raconte un épisode plus dramatique, en 1922 – Maeve a alors cinq ans –, « lorsque des hommes hostiles vêtus en civil et armés de revolvers s'introduisirent chez [eux] à la recherche de [son] père ou d'informations le concernant ». le père était en effet engagé en politique du côté Républicain (vs Loyalistes).



Les six nouvelles suivantes, plus longues, racontent Mr et Mrs Derdon. Elles reprennent toutes ces deux personnages, Hubert et Rose Derdon, mais d'un point de vue légèrement différent à chaque fois. L'époque n'est jamais la même – on les découvre âgés, enfants, jeunes mariés ou une fois leur fils parti de la maison. Les pensées de chacun alternent, apportant un éclairage particulier et pertinent sur leur caractère et leurs relations. Les redites inévitables m'ont été sympathiques, comme une petite musique de fond familière. Après vingt ans de mariage, quand Hubert ne se souvient même pas d'avoir un jour aimé Rose, on a envie de lui taper sur l'épaule et de lui lire la nouvelle où leur première rencontre est évoquée, ou ce bal où ils sont allés ensemble quand ils ont commencé à se fréquenter, ou encore le récit de leur aménagement à Dublin après leur mariage : si, tu vois, là, tu étais fou d'elle ! Maeve Brennan ausculte minutieusement les êtres, les incompréhensions mutuelles et le manque de communication dans une vie de couple, les frustrations, le dépit, la peur, La solitude. C'est parfois horrible(ment triste), mais le ton est toujours très juste.



Les huit dernières nouvelles dépeignent quant à elles les Bagot, Martin, Délia et leurs filles, de la même manière détaillée et introspective. Ce couple évolue aussi en désamour, mais les nouvelles sont plus empreintes de douceur dans leur contenu que pour les Derdon. Sans doute les jeux des deux fillettes, l'affection du chien ou les ronronnements des deux chats y contribuent-ils, ainsi que le caractère plus affirmé de Délia en comparaison de celui de Rose. Ma lecture s'est néanmoins essoufflée ; j'ai trouvé à ces récits moins d'acuité et de force que ceux des Derdon. Sauf pour la dernière nouvelle, la plus longue du recueil et qui lui donne son nom, qui est absolument prodigieuse, de mesquinerie et de cruauté. C'est la meilleure du livre. On y retrouve vraiment d'une manière condensée tout le talent de l'auteure.



Maeve Brennan fait preuve d'une grande finesse d'analyse et d'observation des vies ordinaires. Elle nous permet littéralement de plonger dans l'esprit et les sentiments de ses personnages. J'ai beaucoup aimé certaines nouvelles – surtout l'ensemble des Derdon et Les origines de l'amour, la dernière, mais trouvé quand même le recueil un peu long. Pour les amateurs de prose tout en finesse et en études de caractère, c'est un ouvrage à découvrir. J'ai très envie maintenant de lire son court roman La visiteuse, lui aussi édité chez Joëlle Losfeld.



« John, son fils, avait quitté la maison pour ne plus revenir : il avait disparu à tout jamais dans la crevasse la plus répandue des familles irlandaises – la prêtrise. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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La Visiteuse

Voilà un court roman de Maeve Brennan (j’y reviendrai bientôt, je dois lire depuis trop longtemps sa biographie), tout à fait stupéfiant. Retrouvé bien après sa mort, le manuscrit de « The visitor », écrit en 1940, semble être la première œuvre de Maeve Brennan. Pourquoi ne l’a-t-elle jamais publié ? Ce court roman est loin d’être une tentative balbutiante, c’est l’œuvre déjà accomplie d’un très bon écrivain.

« La visiteuse » raconte l’histoire d’une jeune fille, Anastasia, qui après la mort de sa mère, quitte Paris où elle était avait trouvé refuge avec cette dernière pour rejoindre sa grand-mère paternelle et la maison familiale. Sa maison, pense-t-elle, alors qu’il ne lui reste plus grand-chose à laquelle se raccrocher à présent.

L’accueil de la vielle femme est réfrigérant. Elle ne pardonne pas à Anastasia d’avoir suivi sa mère quelques années plus tôt, abandonnant leur père qui devait trouver la mort peu après.

La jeune fille n’est décidément pas la bienvenue dans cette maison confinée dans le souvenir du fils aimé, trop aimé…. de la vieille femme. L’atmosphère est pesante, lourde à souhait, pétrie d’amour propre mal placé, de rancœur, et de passion exclusive, quasi incestueuse. Anastasia s’y débat tant bien que mal, persuadée de parvenir un jour à y faire sa place, n’est-ce pas sa maison après tout ?

En contrepoint, et comme en abyme – image inversée dans le miroir – la destinée de la voisine, vieille fille unique d’une femme âgée, omnipotente et castratrice, elle aussi, qui bien que morte depuis belle lurette, continue de tourmenter sa fille…. Sentant sa fin venir, la voisine confie à Anastasia sa dernière volonté, sa seule révolte… Anastasia y consent, jusqu’à un certain point de non retour…



Peuplé de femmes tantôt vampires, tantôt victimes consentantes ou révoltées, ce court roman nous entraîne dans le cercle des passions maternelles inavouables, celles qui tuent dans l’œuf leur progéniture ou la dévore tout cru, bien faisandée.

Il n’y a qu’un choix, qu’une issue possible, fuir ou mourir en attendant la mort de la gorgone.
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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