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William Maxwell (Préfacier, etc.)Dominique Mainard (Traducteur)
EAN : 9782070789344
384 pages
Joëlle Losfeld (09/02/2006)
3.25/5   6 notes
Résumé :

Les vingt et une nouvelles rassemblées ici racontent l'histoire de trois familles qui vivent dans une banlieue calme de Dublin.

Maeve Brennan utilise ses propres souvenirs d'enfance irlandaise, avant de décrire précisément l'amour, la frustration ou la solitude de ses personnages : l'amour entre mari et femme qui commence joyeusement, perd son pouvoir, puis disparaît à jamais : l'amour fraternel ou l'amour filial qui se transforment en so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un recueil de nouvelles tout en originalité.

Original parce qu'il contient trois groupes de nouvelles : trois groupes pour trois thèmes évoqués.
Original parce qu'un fil relie toutes les histoires, les unes aux autres : le lieu, une maison modeste dans un faubourg de Dublin. Un décor, toujours le même, le même mobilier, le même environnement, la même disposition des lieux et le même jardin avec le même rosier jaune et le cytise qui ferait pâlir d'envie le soleil...
Une maison comme un personnage à part entière qui se contente d'abriter, de regarder les êtres qui s'y débattent, et qui essayent tout simplement d'y vivre en toute quiétude.

Maeve Brennan a certainement passé son enfance en Irlande dans une maison qui ressemblait énormément à celle décrite au fil des récits.

La première partie du recueil raconte, d'une certaine façon, cette enfance : des souvenirs ponctuels vus à travers les yeux d'une petite fille fantasque et intrépide d'une dizaine d'années. Tout, au premier regard, y est insouciance mais si on se rapproche, si on écoute davantage, la misère, la solitude des êtres, le poids d'une religion sur les actes d'une vie sont finalement la trame des récits. La vie s'écoule douce parce que la famille est soudée, une mère aimante, un père présent - même s'il doit se cacher à une certaine époque à cause des ses convictions politiques - une fratrie envahissante mais tellement nécessaire pour vivre.


Les deux autres parties du receuil vont évoquer deux couples. le récit est plus imaginaire, moins autobiographique à ce qu'il semble.

Deux couples que les convenances obligent à une certaine lâcheté dans l'attitude. La religion, arme de bienséance et d'obligations et les convenances d'une vie sociale, remparts sur lesquels on s'appuie pour ne pas dévier, enferment les êtres dans une existence qu'ils voudraient tant bousculer, peut-être pour revenir, aussitôt, à un présent pas si différent, mais également pour avoir la sensation d'avoir été maîtres d'un destin qui leur échappe, au moins une fois.
Ils sont seuls, perdus dans leurs pensées et pour cela ils sont centrés sur eux-mêmes, égoïstes, rendant l'autre responsable de leur état de mélancolie et de désarroi, de leur inaptitude à vivre en toute sérénité, s'ils apprenaient seulement à apprécier le peu qu'ils possèdent.
Ils ne s'aiment pas, et si une flamme de sentiment les a un jour caressés, ils ont oublié, pleins de rancoeur à cause de la présence de l'autre, à cause de ses habitudes, de ses manies...pour le regretter quand l'autre les quittera, mais la vie aura passé et ils l'auront gaspillée même s'ils ne s'en rendront jamais compte, ni responsables.


C'est un recueil très sombre pour les deux parties imaginaires. En lisant, notre coeur se serre devant cette incompréhension qui habite une maison où il faudrait si peu pour vivre dans la joie. On espère qu'ils vont comprendre que se parler serait tellement plus simple que de se taire et ressasser. Mais non, ils ne le feront pas parce que leur fierté les en empêche, ils préfèrent se dire qu'ils sont dans le bon chemin - même s'ils ont encore la lucidité de se questionner à ce sujet, quotidiennement - plutôt que de communiquer, quitte à faire trembler cette petite maison, certes, mais pour reconstruire un destin commun lumineux comme le cytise du jardin.

Mesquinerie et faiblesse, cruauté et mépris, jalousie et prétention, autant de sentiments qui s'accrochent à ces récits, rendant la lecture éprouvante mais ensorcelante comme elle peut l'être sous la plume de cette écrivaine talentueuse.



Juste un mot pour la préface de William Maxwell qui nous parle si bien, en préambule de la personnalité, de Maeve Brennan.
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Cet ouvrage n'est pas vraiment un recueil de nouvelles comme le présente l'éditeur. C'est plutôt une série de trois histoires.
La première racontée par une enfant prénommée Maeve ( l'auteur elle même ?) plante le décor d'une banlieue middle-class de Dublin où vivent les personnages des deux histoires qui vont suivre.
On y rencontre d'abord Hubert et Rose Derdon dont le fils est entré dans les ordres. Depuis le couple, qui s'est marié sans amour et vit en vase clos, éprouve de l'aversion l'un pour l'autre. Chacun est enfermé dans une profonde solitude, un désespoir qui les rend mesquins et proches de la cruauté mentale mais tout en gardant un air de bienséance. Leurs sentiments les plus futiles sont longuement observés, plombant le texte d'une atmosphère étouffante, extrêmement déprimante. Ils se détestent et on sent que derrière la façade lisse, la folie guette et qu'un drame peut éclater à tout instant.
Viennent ensuite Martin et Délia Bagot guère mieux lotis au niveau amoureux. Et c'est reparti pour un nouveau désastre conjugal...
Arrivée au 3/4, le livre m'est tombé des mains. Pas question de continuer à suffoquer plus longtemps en barbotant dans les eaux glauques de la sinistrose. Plutôt que de périr d'ennui, j'ai préféré laisser tomber ! J'avais vraiment besoin d'une lecture facile, joyeuse et un peu simplette, à l'ambiance chaleureuse et réconfortante dans le style de celles de Maeve Binchy mais c'est tout l'inverse que m'a offert Maeve Brennan.
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L'auteure : Maeve Brennan est née en 1917 en Irlande. Fille du premier ambassadeur d'Irlande aux USA, elle s'y installe en 1934. En 1949, elle rejoint l'équipe du New Yorker où durant 30 ans, sous le nom de plume « The LongWinded Woman », elle écrira une série de portraits sur la vie quotidienne, repris ultérieurement dans deux anthologies de nouvelles.

Mon avis :

Les vingt et une nouvelles qui composent ce recueil se passent toutes dans la même impasse bordée de pavillons à Ranelagh, une banlieue élégante et tranquille de Dublin. de l'une à l'autre on reconnaît les jardins alignés derrière les pavillons, le garage contre les murs du fond et le court de tennis plus loin.

« La santé délicate de Derry a pesé sur toute mon enfance de la même façon que l'Église catholique ou la lutte pour l'Irlande libre. »

Les premières nouvelles sont courtes et sans doute autobiographiques. Ce sont des chroniques familiales, racontées par Maeve lorsqu'elle était enfant à Dublin. L'incendie du garage, un vieil homme qui leur vend des pommes, ses visites aux clarisses (moniales ayant fait voeu de silence) que la fillette imagine dormant la nuit dans un cercueil avec des pierres en guise d'oreiller, sa première confession. La quatrième nouvelle raconte un épisode plus dramatique, en 1922 – Maeve a alors cinq ans –, « lorsque des hommes hostiles vêtus en civil et armés de revolvers s'introduisirent chez [eux] à la recherche de [son] père ou d'informations le concernant ». le père était en effet engagé en politique du côté Républicain (vs Loyalistes).

Les six nouvelles suivantes, plus longues, racontent Mr et Mrs Derdon. Elles reprennent toutes ces deux personnages, Hubert et Rose Derdon, mais d'un point de vue légèrement différent à chaque fois. L'époque n'est jamais la même – on les découvre âgés, enfants, jeunes mariés ou une fois leur fils parti de la maison. Les pensées de chacun alternent, apportant un éclairage particulier et pertinent sur leur caractère et leurs relations. Les redites inévitables m'ont été sympathiques, comme une petite musique de fond familière. Après vingt ans de mariage, quand Hubert ne se souvient même pas d'avoir un jour aimé Rose, on a envie de lui taper sur l'épaule et de lui lire la nouvelle où leur première rencontre est évoquée, ou ce bal où ils sont allés ensemble quand ils ont commencé à se fréquenter, ou encore le récit de leur aménagement à Dublin après leur mariage : si, tu vois, là, tu étais fou d'elle ! Maeve Brennan ausculte minutieusement les êtres, les incompréhensions mutuelles et le manque de communication dans une vie de couple, les frustrations, le dépit, la peur, La solitude. C'est parfois horrible(ment triste), mais le ton est toujours très juste.

Les huit dernières nouvelles dépeignent quant à elles les Bagot, Martin, Délia et leurs filles, de la même manière détaillée et introspective. Ce couple évolue aussi en désamour, mais les nouvelles sont plus empreintes de douceur dans leur contenu que pour les Derdon. Sans doute les jeux des deux fillettes, l'affection du chien ou les ronronnements des deux chats y contribuent-ils, ainsi que le caractère plus affirmé de Délia en comparaison de celui de Rose. Ma lecture s'est néanmoins essoufflée ; j'ai trouvé à ces récits moins d'acuité et de force que ceux des Derdon. Sauf pour la dernière nouvelle, la plus longue du recueil et qui lui donne son nom, qui est absolument prodigieuse, de mesquinerie et de cruauté. C'est la meilleure du livre. On y retrouve vraiment d'une manière condensée tout le talent de l'auteure.

Maeve Brennan fait preuve d'une grande finesse d'analyse et d'observation des vies ordinaires. Elle nous permet littéralement de plonger dans l'esprit et les sentiments de ses personnages. J'ai beaucoup aimé certaines nouvelles – surtout l'ensemble des Derdon et Les origines de l'amour, la dernière, mais trouvé quand même le recueil un peu long. Pour les amateurs de prose tout en finesse et en études de caractère, c'est un ouvrage à découvrir. J'ai très envie maintenant de lire son court roman La visiteuse, lui aussi édité chez Joëlle Losfeld.

« John, son fils, avait quitté la maison pour ne plus revenir : il avait disparu à tout jamais dans la crevasse la plus répandue des familles irlandaises – la prêtrise. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il entendait des voix ténues provenant des courts de tennis, et le grand colley des Donovan qui gémissait plaintivement en tirant sur la chaine le maintenant attaché à la niche exigüe où il vivait depuis qu'il était chiot. Les Donovan avaient pris ce chien pour les protéger contre les cambrioleurs. Hubert aurait voulu qu'un cambrioleur escalade le mur du fond et détache le chien, qui aurait alors pu entrer dans la maison et tuer Tom Donovan, son épouse et leurs trois enfants insolents, et manger peut-être à sa faim pour une fois.
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Elle préférait ne nourrir aucune illusion et savoir qu'elle n'avait aucune chance plutôt que devoir lutter contre le mince espoir qu'elle berçait et dont elle avait honte, parce qu'il était si petit et si craintif.
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John, son fils, avait quitté la maison pour ne plus revenir : il avait disparu à tout jamais dans la crevasse la plus répandue des familles irlandaises - la prêtrise.
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Vidéo de Maeve Brennan
Interview with Sean Rocks, Arena, RTE, Radio 1, about her show celebrating writer, Maeve Brennan.
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