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Citations de Mandy Robotham (41)


Quelque part en moi, j’eus envie de lui faire part de ces aspects moins gais, mais c’était une règle tacite parmi les sages-femmes : ne pas s’attarder sur les côtés négatifs. Après tout, à quoi bon ? Les femmes enceintes étaient embarquées dans un voyage qui passait par les heures éprouvantes du travail pour arriver à la maternité, sans possibilité de prendre un raccourci. Alors pourquoi révéler que ce parcours était plein de dangers, réaffirmant ainsi la vieille conception allemande de l’accouchement comme un moment de péril suprême ? En tant que sages-femmes, nous savions qu’une peur intense pouvait entraver la phase de travail et avoir de lourdes conséquences. Nous avions besoin de mères prêtes à accueillir le travail dans leur chair, si tant est que l’on puisse accueillir la douleur et l’inconfort. Après d’innombrables heures passées auprès des femmes en travail, je croyais fermement que l’angoisse était notre ennemi numéro un, contre lequel la bonne humeur constituait le meilleur remède.
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Il n’y avait pas de journaux, rien qui permette d’évaluer notre positionnement sur le grand échiquier. C’était sûrement voulu : l’ignorance constituait un élément du régime de la peur et lui permettait ainsi de faire pression sur nos vies et celles de nos familles. Tout était bon pour isoler notre humanité.
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Avant la guerre, cet homme devait être petit et insignifiant. Le conflit lui avait conféré de l’importance, du sérieux, et il en profitait.
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J’étais censée ne pas aimer cette femme, la haïr, même. Elle avait pactisé avec le diable, procréé avec lui, et nourrissait maintenant son enfant. Pourtant, elle ressemblait à n’importe quelle femme avec un joli ventre rond et l’envie de bercer son nouveau-né. Je regrettai à nouveau de ne plus être au camp, avec Rosa à mes côtés, dans ce monde certes laid mais où les choses avaient au moins l’avantage d’être soit noires, soit blanches. Un monde où je savais qui détester, qui était l’ennemi.
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Tout ce que je savais, c’était qu’en apparence au moins, Eva Braun avait l’air d’une femme innocente. Par calcul ou authentique naïveté, je l’ignorais, mais j’avais du mal à croire qu’elle ait pu choisir de coucher avec un monstre, et encore moins d’avoir un enfant de lui. Seulement, les nazis ne juraient que par la famille. « Cuisine, enfants, église », voilà le credo des bonnes épouses allemandes, que l’on appelait d’ailleurs les soldats du foyer et qui se voyaient bizarrement décorées de véritables médailles pour leur abondante progéniture.
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Je sentis presque instantanément qu’Eva Braun, maîtresse d’Hitler ou pas, n’était pas une Magda Goebbels. Elle me fit l’impression d’une jeune femme ordinaire, qui aurait aussi bien pu travailler dans un grand magasin de Berlin avant la guerre, au service des clientes, un flacon d’eau de Cologne à la main. Elle possédait une nature et un sourire à faire tomber bien des barrières. Peut-être était-ce justement ce qui avait charmé l’homme le plus puissant d’Europe ? Sauf que je ne savais pas encore si je devais la détester ou non pour cela.
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Les femmes les plus saines n’hésitaient pas à vendre leur corps aux gardiens en échange de nourriture pour maintenir en vie leurs enfants, ou une amie ; un contrat acceptable puisque nous étions déjà coupées de notre sexualité, devenue une simple fonction anatomique. Mais les informations données, qui pouvaient mener nos consœurs prisonnières à la mort par torture, c’était une tout autre affaire.
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La responsabilité d’une vie ne m’avait jamais effrayée durant toutes mes années de travail auprès des mères et des enfants, mais cette vie-là… ce pauvre enfant qui ne se doutait de rien pourrait bien être une exception. Ni plus ni moins précieux que les autres que j’avais vus, mais doté du pouvoir de créer d’incessantes ondes de choc à travers l’Europe et le monde entier. Dans toute l’Histoire. J’avais presque envie de revenir au camp, parmi les miens, où je pouvais être utile, sauver des vies, au lieu de m’abaisser au rang de servante pour de riches nazis. Puis, honteuse d’avoir eu cette simple pensée, je me rappelai la chance que j’avais d’être sortie de l’enfer.
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Était-il possible qu’Adolf Hitler, le Führer, le chef du Troisième Reich et potentiellement, à terme, de l’Europe entière, soit le père du bébé d’Eva Braun ? Quelle conséquence cela aurait-il sur son statut de Père de l’Allemagne, vis-à-vis d’une population qu’il déclarait considérer comme ses enfants ? Pour ceux d’entre nous qui avaient connu le « nettoyage » selon Hitler, qui avaient assisté directement à ce qu’il était capable d’infliger à des êtres humains, toute progéniture à venir héritant de cette mentalité ne pouvait que faire froid dans le dos. J’avais du mal à envisager l’existence d’un fils, d’un héritier de son nom, de ses gènes.
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Si Himmler, le bras droit d’Hitler, était souvent décrit comme un rat dans le plus haut cercle hitlérien, alors Joseph Goebbels faisait une fouine parfaite. Pour sa femme, l’attirance avait dû se jouer sur un autre plan que le physique.
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C’était lui, Joseph Goebbels, membre du premier cercle d’Hitler, maître de la déformation de la réalité, des mensonges éhontés et des fictions destinées à influencer les honnêtes gens d’Allemagne. N’était-ce pas lui qui avait déclaré : « La mission de la femme est d’être belle et de mettre des enfants au monde » ? Je me rappelais le rire qu’avaient suscité ces paroles chez ma sœur Ilse et moi. Maintenant que je voyais sa femme, je comprenais mieux qu’il puisse croire à ce genre de choses.
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Je n’étais certes pas un ange dans la vie, mais je prenais mes responsabilités au sérieux. Les mères étaient enceintes pour avoir des bébés en bonne santé, et les bébés étaient censés survivre, pour la majorité d’entre eux. Telle était la règle d’or.
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Les règles de ma formation de sage-femme m’interdisaient toute discrimination entre les riches et les pauvres, les bonnes ou les mauvaises, les criminelles ou les bonnes citoyennes ; au moment de leur naissance, tous les bébés naissaient égaux et tous méritaient la même chance de vivre. C’étaient les instants, les mois et les années d’après qui les divisaient en des mondes inégaux.
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Après avoir vu tant d’horreurs, de destruction et d’inhumanité, ce sont les choses les plus simples qui brisent votre résistance et vous rappellent la douceur du monde.
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...les femmes allemandes avaient été chargées de procréer pour fournir la nouvelle génération). Avant mon éviction, les rues de Berlin avaient été recouvertes d’affiches visant à encourager la natalité. On y voyait des blondes souriantes tenant dans leurs bras leur saine progéniture aryenne prête à servir de chair à canon pour la cause du Reich. C’était leur devoir, et elles ne le remettaient pas en cause. Et dans le cas contraire, on ne pouvait pas le savoir puisque les Allemandes infidèles au régime en place ne parlaient pas ouvertement.
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Jamais je n’eus de plus belle preuve de ce que la beauté réside dans l’œil du spectateur que lors de cette naissance.
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Tous les médecins, sages-femmes et infirmières avaient eu droit à ce petit discours. Entre eux une étrange conspiration du silence s’instaura. Ils étaient polis avec tout le monde, trop polis, comme si nous écartions déjà les dissidents parmi nous, ceux qui refusaient de s’engager. La salle de travail fonctionnait normalement, mais chaque naissance suscitait une nouvelle question. Avant, nous demandions : « Garçon ou fille ? Quel est son poids ? » Maintenant, c’était : « Est-ce que tout est normal ? » Nous jouions à la roulette russe sans connaître le nombre de balles dans le barillet. Et personne ne voulait être le premier à perdre.
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Les lois de Nuremberg avaient interdit le mariage entre Juifs et Aryens depuis plusieurs années, et à l’hôpital nous avions en effet constaté un véritable déclin des naissances « mixtes ». Maintenant que les Juifs étaient exclus de l’assistance de l’État, nous n’avions quasiment plus de contact avec les mères juives, à moins qu’elles soient à la fois riches et téméraires.
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Le mot viol ne faisait tout simplement pas partie du vocabulaire du camp. Quelle ironie, pourtant, qu’une grande partie des bébés nés ici soient à moitié aryens et sacrifiés au nom de la race supérieure...
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Je détestais les rats, mais en en même temps, j’admirais leur instinct de survie. Vermine ou humains, nous tentions tous de survivre.
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