Siraj fascinait en effet car Siraj était beau. Il avait la stature d'un mâle dans sa force de caractère , dans ses obstinations et ses ambitions, mais la manière était en courbes et en finesse. Sa générosité, son intuition et ses gestes à la fois lents et efficaces étaient empreints de féminité. Il avait ce regard intelligent, avenant, un peu curieux et teinté d'amusement qui se pose sur les hommes et les choses avec douceur. Siraj était beau comme un Jésus. Il était jeune, trop jeune même, pour être marié et père de deux enfants. L'expérience des responsabilités lui avait donné un esprit pragmatique et patient auquel était assujettie son énergie de jeune immortel. Sa peau ne portait aucune cicatrice et son sourire ne se plissait d'aucun regret. Il était pur et sans tache. (p 191)
J'ai pensé qu'il suffisait de remettre l'amour à plus tard comme un achat. L'objet est toujours neuf quel que soit le jour où on l'achète. Peut-être que si je parvenais à vivre comme si demain était du bonus j'y gagnerais l'éternité et, après tout, c'est tout ce qui compte.
Le monde est fait de systèmes qui s'affrontent et se repositionnent comme des plaques techtoniques. Tu dois traquer les failles cachées sous le ciment des civilisations. Tu dois introduire le jeu de la thèse et de l'antithèse dans ton modèle. C'est cet équilibre qui introduit le temps et donne la direction de l'évolution de l'humanité. Retiens ceci : la contradiction est la racine de tout mouvement et de toute manifestation vitale. (Nope, Hegel)
Les Japonais sont comme ça ; ils peuvent nous entretenir de sujets anodins pendant des heures. Comme le dit Selim, ces petites choses sans importance sont autant de nénuphars qui parsèment la surface de l'eau et cachent pudiquement la vase boueuse des vérités froides et nues. Les Japonais sont toujours en train de nous signifier autre choses que ce dont ils nous entretiennent.
En Occident, la confiance, on s'y résigne seulement quand il n'y a pas moyen de faire autrement. On la concède en maugréant des "si tout le monde faisait comme ça". Ici, on donne sa confiance d'emblée, simplement, parce que la fierté se porte sans mensonge. Quand bien même on la perdrait, ce n'est jamais définitif, car le suicide rend tout au Japon.
Mais qu'importe! Quand il y a crise, il y a opportunité !
Il laissait le temps percoler en lui. Il se sentait à sa place, parfaitement dans son espace et dans le présent. Il en saisissait chacun des infinis instants qui coulaient en lui. On aurait dit qu'il s'était libéré du désir lié à l'attente.
Les riches comme les pauvres polluent. Les uns par luxe, les autres par nécessité.
Ce qui n'est pas encore modélisé est nommé liberté. Ce qui est modélisé est nommé rationalité. Ce que l'on nomme évidence est donnée. Ce que l'on nomme choix est équation. Ce que l'on nomme décision est résolution.
C'est juste qu'il y a trop de monde. Trop de monde comme à Tokyo. On est tous trop serrés et on s'intoxique comme des poulets de batterie. Pourtant ça n'arrête pas de pondre. Scylla a raison, ça vit trop.