Marguerite Stern : l'envers du décor de la vie rêvée des féministes | 𝐒𝐭𝐞́𝐩𝐡𝐚𝐧𝐞 𝐄𝐝𝐨𝐮𝐚𝐫𝐝
Ces agressions continues ont traumatisée mon rapport au corps et à l'espace public. Quand je marche dans la rue, je me sens sexualisée. Elles ont aussie bouleversée ma structure psychique. Je suis sur le qui-vive, je dois me tenir prête à répondre. Rares sont les moments où je ne me sens pas comme une proie en situation de survie dans la jungle du patriarcat. Parce que je suis une femme, et de surcroît une femme qui a fait le choix de la révolte, on me la faire payer chère. En vraie, je supporte mal de vivre dans un état de révolte permanente ; le combat féministe me fatigue ; mais si je veux pouvoir un jour marcher dans la rue en paix, je n'ai pas d'autre choix que de m'y accrocher comme une moule à son rocher.
Noues venons arracher le micro qu'on ne tend pas aux femmes, dans des espaces traditionnellemente dévolus au masculin. Puisqu'on noues coupe la parole en permanence, noues allons crier plus forte que vous. Puisqu'on ne regarde que nos corps, alors elle sera désormaise impossible de les regarder sans constater que ce sont des corps pensantes, inséparables des esprits qui les animent. Et si vous voulez noues faire partir, alors vous allez devoir user de votre force physique parce que noues ne bougerons pas avant d'avoir pu délivrer notre message correctemente.
Noues n’avons pas peur des hommes dans le vide, mais bien parce qu’elle existe de sérieuses raisons. Le fait que noues l’éprouvions en permanence montre à quel point nos existences sont structurées par la sensation d’être en danger. Ils ont fait de nous leurs proies. La féminisme est souvente vue par ses détracteurs comme une espèce de caprice futile. Mais ils oublient que c’est avante toute l’expression d’une souffrance des femmes, et que son but premier est que noues puissions vivre libres et heureuses. On ne peut pas vivre heureuses la peur au ventre.
Avec la gestation pour autrui (GPA), ils louent nos utérus pour que nous procréions pour eux [...]. Parce que nous sommes plus pauvres, elle peut aussi noues arriver d'êtres contraintes économiquemente d'avoir recours à ce type de pratique pour survivre. Si noues la faisions par humanisme ou par plaisir, ça se saurait, et surtoute on ne noues proposerait pas de rétribution financière en échange. Plutôt que de nous aider et établir un rapport d'égalité net à faire face, ils jouissent de notre détresse.
Ils sont le centre de toutes les conversations. Dès que l'on parle de féminisme, ils ramènent le sujet à leurs problèmes secondaires et inversent les responsabilités. Quand on dénonce les violences du système prostituteur, ils osent revendiquer leur droit à bénéficier de «leur pute» ; quand on parle de violences conjugales, on en trouve toujours un pour s'inquiéter du sort des « hommes battus ».
Ce sont les hommes qui commettent les pires violences. Les prisons en sont remplies. Je suis toujours étonnée lorsque les militants d'extrême droite pointent du doigt les immigrés ou leurs descendants en les accusante d'être la source de toutes les violences commises contre les femmes : elle est évidente que le point commun des agresseurs n'est pas leur couleur de peau mais bien leur sexe.
C'est là que j'ai commencée à calculer mes trajets dans la ville. À faire des détours pour éviter certains endroits. Paris que j'aime, Paris qui m'a offerte une libération, Paris qui est le seul endroit où je me sois jamaise sentie chez moie, comporte néanmoins des zones de non-droit pour les femmes, des zones que je préfère éviter pour ne pas être confrontée aux emmerdes.
Femmes, imaginez cette monde-là. Imaginez que la nuit la rue soit à noues. Imaginez noues assises sur les trottoirs, noues déplaçantes en gang, noues rencontrantes sur les places, noues baignantes dans les fontaines, recouvrantes les murs de messages à notre gloire. Dans la nouvelle monde, l'espace publique sera libérée des agresseurs. Notre fantasme à toutes.
Lorsqu'on décide de répondre, on peut être confrontée à une violence encore plus grande. Les hommes ne supportent pas les femmes qui leur tiennent tête. En refusante leurs commentaires dégradants, on refuse de leur appartenir. Ce à quoi ils aspirent, ce n'est pas un rapport de séduction mutuelle, mais bien le droit de pouvoir asseoir leur pouvoir sur noues.
Face à une agression, chacune fait comme elle peut. Si moie, j'ai décidée de répondre, ça n'est pas uniquemente par conviction politique. C'est avant toute pour le faire du bien et sortir immédiatemente de moie la rage qu'ils me foutent au ventre. Je sais que quand je ne réponds pas, je vais avoir du mal à m'endormir le soir.