Mari Strachan

Madame Llywelyn Pugh ajuste son renard mort autour de ses épaules.(...) Il me fixe de ses yeux vitreux. Je l'observe et je lis la tristesse dans son regard. Est-ce qu'il est triste de ne pas avoir été enterré dignement? Le renard mort abaisse lentement les paupières, comme John Morris lorsqu'il est amical. Je me tourne vers Ma' mais elle est trop transportée par la Voix de Dieu pour remarquer le grand miracle qui, à deux rangées d'elle, vient de se produire.

- Gwenni est une gentille petite, monsieur Morgan. Elle ne fait pas toujours comme tout le monde, mais c'est parce qu'elle est assez intelligente pour voir qu'il y a différentes manières de faire les choses.

Bethan s'est endormie en pleurant toutes les larmes de son corps, ce soir. Je l'ai laissée hoqueter et renifler en bas, et me suis élevée haut, très haut dans le ciel, là où l'air est doux comme la poitrine poudreuse de Mme Williams de Penrhiw. Tout là-haut, loin du monde, la nuit est paisible et je n'entends rien d'autre que le fredonnement de la terre.

Tout là-haut, loin du monde, la nuit est paisible et je n'entends rien d'autre que le fredonnement de la terre. A l'école, quand j'ai chanté la note à M. Hughes, du cours de musique, il m'a dit que c'était un si bémol.

Je regarde les nuages amassés au-dessus de la Wyddfa. Ils avancent sur nous comme une armée. Des nuages bas et sombres gorgés de gouttes de pluie grosses comme des shillings scintillants, argentés, durs.

Nous nous allongeons dans l'herbe, jambes pointées vers la mer. Le soleil détrempé a du mal à réchauffer nos têtes. Le froid s'insinue à travers mon imper, mais je sens que je commence à dériver, telles les brindilles sur le torrent. Et si je m'envolais pendant mon sommeil ? Alors, j'entraînerais Catrin avec moi , tout là-haut dans le ciel. Je serrerais sa main bien fort, pour qu'elle ne tombe pas, et je lui ferais écouter le chant de la terre autour de nous.

- N'empêche que c'est pas un endroit pour une femme, Gwenni, un terrain de football.

Tout là-haut, loin du monde, la nuit est paisible et je n'entends rien d'autre que le fredonnement de la terre. A l'école, quand j'ai chanté la note à M. Hughes, du cours de musique, il m'a dit que c'était un si bémol.