Citations de Marie Alhinho (35)
Pour l'entendre, Octobre se servait de son pouvoir. Ce qu'il percevait, c'était l'invisible et l'impalpable.
Le tressaillement fragile d'une aura.
Le chuchotement timide d'une âme.
La danse fébrile d'un ceur battant.
Si tu ne nuis pas
Fais ce que tu voudras.
Précis de bonnes manières à usage
Des sorciers aguerris.
Ysaurine Proctor-Sorcelage, 1892
Elle se disait qu’il lui faudrait encore des jours, des mois, peut-être des années avant de s’aimer pleinement.
Le tressaillement fragile d’une aura. Le chuchotement timide d’une âme. La danse fébrile d’un coeur battant.
- Tu n’as pas cessé de t’acharner sur ces vieux livres toute la journée, dit-il. Si tu continues comme ça, ce sont ces grimoires qui verront en toi, plutôt que l’inverse.
Nana s’apprêtait à faire chauffer de l’eau pour son thé, lorsqu’un bruit suspect s’éleva sans raison. Elle interrompit aussitôt son geste et dit un peu trop fort :
- Et sinon, vos parents ont téléphoné !
Elle fit claquer la bouilloire en fonte sur la table et s’installa précipitamment sur un banc, déplaçant la vaisselle et les couverts dans un fracas retentissant. Avril et Octbre écarquillèrent les yeux. Leur surprise était moins due à l’agitation de Nana Morphose qu’à la rumeur désordonnée qui émanait de l’un des placards. Leur vieille tante faisait son possible pour couvrir le chuchotement furtif qu’on entendait et pour distraire l’attention de Nour, mais le frère et la sœur n’était pas dupes. Un fantôme errait entre les paquets de céréales. Et ce fantôme n’était autre que leur grand-oncle Obole.
La vieille retroussa ses jupons crottés (elle en portait sept, enfilés les uns sur les autres, sorte de cloche flasque incommode) et entra dans la rame de métro bondée. Les passagers, déjà serrés, grommelèrent. (...) L’odeur lourde la prit à la gorge, mélange de parfums capiteux vaporisés à la hâte, d’haleines à jeun, de vêtements mal séchés. La vieille cacha son long nez courbé dans un pli de sa tunique verte.
Il avait cette façon déconcertante et bouleversante d’accrocher les yeux de ses interlocuteurs, un regard qui écoutait, qui englobait, qui embrassait, tandis qu’elle se réfugiait souvent vers des objets inanimés, qui ne vous disent rien de leur émotion et qui ne lisent rien de la vôtre.
La danse des caddies me laisse de marbre. Ils roulent, se rencontrent et se cabossent dans un bruit de ferraille triste, tandis que les éclairages crus des gondoles de produits frais se déversent sur moi comme une douche froide.
Elle ne pouvait pas empêcher les souvenirs de resurgir : toutes ces émotions que le démon avait réveillées en elle. La sensation d'être une moins que rien, d'être trop fade, trop inintéressante, trop médiocre pour mériter l'amour de ses proches.
Pourtant, il ne s'était pas imaginé à quel point il pouvait s'avérer douloureux d'être mortel.
Elle n'avait besoin de personne pour lui dire qui elle était.
Ses yeux immenses, comme deux flaques d'une douce soirée d'été, son sourire timide, émerveillé parfois...
Ils la suivaient toujours, la respectaient toujours, l'aimaient toujours, malgré tout ce qui s'était produit, malgré ce qu'elle leur avait révélé, malgré ses failles. Peut-être même l'aimaient-ils encore davantage, en réalité, en dépit et à cause de tout cela. Alors Avril ouvrit les yeux.
Grâce à ses amis, elle affronterait le monstre.
La voix onctueuse, et malgré tout sardonique, de la marquise du Chèvre de Sainte-Maure me rappelle celle de Dolores Ombrage. Ca ne me dit rien qui vaille.