Comme il existait déjà de nombreuses biographies de Louis de Funès, je me disais que sans une approche nouvelle, cela n`avait pas de sens d`en produire une de plus. Je voulais aborder la vie de Louis de Funès sous un angle un peu différent. Je me suis également rendu compte que dans tous les ouvrages des acteurs de l`époque, de sa famille ou de ses amis, il y a de vrais souvenirs passionnants et parfois négligés par les biographes.
Je trouve par ailleurs qu`il y a un côté difficile et peut-être un peu prétentieux à présenter de manière linéaire la vie de quelqu`un. Comment tout saisir d`un homme ? Je trouvais important, pour cette biographie, de varier les angles et les points de vue, d`autant que la période de l`après-guerre dans laquelle s`inscrit Louis de Funès constitue une époque importante du cinéma français. C`est à ce moment-là que le cinéma passe du noir et blanc à la couleur. On connait d`ailleurs tous cette période du cinéma français même si on n`a pas vu tous les films.
Il était intéressant de replacer Louis de Funès dans ce contexte et de revenir sur ses rencontres les plus marquantes avec les grands « acteurs » de cette période du cinéma français.
Pour construire la forme de ce livre, je ne suis pas partie des films en tant que tels mais des thèmes. Je me suis cependant assez rapidement rendue compte qu`il y avait certains thèmes, pourtant importants par rapport à la personnalité de de Funès, que je ne pouvais pas aborder à travers les rencontres. L`idée m`est alors venue de rentrer dans le détail sur certains points particuliers à travers les encarts. J`ai pu ainsi m`intéresser par exemple au fait que Louis de Funès était châtelain dans de nombreux films… comme à la ville ! de même, il y a beaucoup de points communs entre ses films. C`était intéressant de voir lesquels. Cela permet de découvrir, de révéler certains traits de sa personnalité.
Comment s`est déroulé le travail de documentation ? Avez-vous rencontré les personnes citées dans le livre pour qu`elles vous livrent leurs souvenirs de Louis de Funès?
La plupart des « personnages » du livre ne sont plus de ce monde. J`ai donc pris le parti de travailler à partir d`interviews d`époque et de documents tels que des mémoires ou des biographies. J`ai fouillé les archives pour me constituer un véritable corpus de textes.
Je trouvais plus intéressant de lire les livres de témoignages de ces acteurs de l`époque plutôt que de les interviewer aujourd`hui : il y a dans leurs livres des scènes entières, des images précises avec des lieux et des dates.
Le temps est un ennemi et enlève un certain nombre de précisions : interviewer Michel Galabru aujourd`hui ne m`aurait guère apporté par rapport à ce que l`on trouve dans ses textes.
Je savais que certaines collaborations, avec Jean Gabin ou Jean Marais notamment, s`étaient mal passées mais je n`en connaissais pas les raisons. le fait d`aller chercher systématiquement pourquoi me l`a rendu à chaque fois beaucoup plus sympathique. J`ai découvert que ces « accrochages » ont toujours été justifiés par des raisons professionnelles. Jean Gabin lui reproche de ne penser qu`à lui alors que c`est exactement l`inverse : de Funès pense avant tout à l`intérêt du film.
Plus généralement, on associe souvent Louis de Funès à ses personnages de despotes autoritaires et lèche-bottes. Ce sont des idées reçues qui ne sont pas conformes à la réalité mais qui sont certainement alimentées par les quelques interviews qu`il lui arrive de donner : avant de tourner le film Rabbi Jacob, il disait ainsi en interview qu`il avait, comme son personnage, de nombreux préjugés. L`amalgame entre son personnage et l`acteur est rapidement fait auprès du public.
Je ne le savais pas aussi acharné de travail. Je savais par exemple qu`il se ressourçait auprès de ses fleurs. Cela me laissait penser qu`il séparait clairement sa vie professionnelle et sa vie privée. Mais j`étais à mille lieues d`imaginer qu`il avait besoin de prendre de l`énergie, de se ressourcer pendant ces moments-là et que cela constituait déjà, pour lui, une préparation pour son rôle suivant.
C`est un problème qui n`a malheureusement pas de solution. Dès qu`il n`a plus eu la possibilité d`aller au restaurant sans être reconnu, il a regretté l`époque d`avant, mais il a en même temps toujours été très reconnaissant envers son public.
Je trouve amusant par exemple qu`au restaurant, par respect pour une certaine image qu`il donnait de lui-même, il se sente obligé de commander plus que de raison, de ne pas se contenter d`une omelette ! Ce n`est pas de la simple générosité de façade, c`est une forme de gratitude. de même qu`il ne refuse jamais les autographes, il laisse à chaque fois de grosses additions dans les restaurants où il passe. On avait l`image d`un radin. C`est encore une idée reçue.
Assez rapidement dans sa carrière, Louis de Funès a rencontré des gens avec lesquels cela se passait bien. Les quelques fois où cela s`est moins bien passé, comme avec Jean Gabin par exemple, l`ont poussé à ne travailler qu`avec des gens de confiance.
Mais plus que des doutes, Louis de Funès a toujours eu une certaine pression, non pas financière, mais plutôt liée à sa popularité auprès du public. Il a rapidement compris que le succès des films dans lesquels il tournait reposait presque entièrement sur ses épaules. Il pensait que si un film ne marchait pas, comme il en était souvent la vedette, c`est à lui qu`on le reprocherait. de fait, il pensait que son succès pouvait s`arrêter du jour au lendemain.
C`est cette exigence permanente avec ses films et avec lui-même qui a fait que cela se passait parfois mal avec d`autres acteurs.
Oui, il a refusé de tourner dans des films dramatiques après le film « La traversée de Paris ». Il disait que le public l`aimait dans des rôles comiques et que c`était donc là qu`était sa place.
Louis de Funès disait par ailleurs, et je pense avec raison, qu`il était beaucoup plus difficile de faire rire sur la durée d`un film et sur la durée d`une carrière que de jouer un rôle dramatique.
Mais tout en restant dans le registre comique, de Funès refusait de faire toujours la même chose et de céder à la faciliter alors même que sa simple présence dans un film garantissait à celui-ci d`être rentable. Ainsi, même son personnage du maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot de la série des « Gendarmes » , qu`il incarne tout de même à six reprises, il voulait le faire évoluer à chaque film.
Louis de Funès en était à un moment de sa carrière où il se disait qu`il aimerait rendre à d`autres ce que d`autres avaient fait pour lui par le passé. Il avait été tiré vers le haut par Bourvil ; il voulaitt faire la même chose pour Coluche.
C`est une rencontre très touchante car au départ, ils avaient tous les deux quelques a priori. Coluche avait entendu qu`il était compliqué de travailler avec de Funès et de Funès n`appréciait pas l`humour, trop politique, de Coluche. Finalement ils se découvrent l`un et l`autre sur le tournage et cela se passe merveilleusement bien.
J`ai été surprise de voir que les chaînes de télévision se sont contentées de rediffuser quelques films déjà archi-diffusés de Louis de Funès. Il n`y a pas eu de rediffusions de films plus méconnus. Il y a certes eu quelques émissions spéciales mais on n`est pas sorti des traditionnelles rediffusions de ses films.
J`ai lu sur des forums des réactions de fans qui disaient que la télévision boudait complètement Louis de Funès. Je ne sais pas si c`est vrai mais le meilleur des hommages aurait été de diffuser des films un peu moins connus. Les chaîines auraient je pense pu se permettre de faire découvrir de nouvelles choses à l`occasion de ces célébrations.
A vrai dire, au départ, j`ai trouvé un côté intimidant au fait de travailler sur Louis de Funès : je ne pouvais pas faire n`importe quoi sur cet icône populaire !
En ce qui concerne mon travail de biographe, je dois préciser que j`étais d`une part obsédée par la vérité et d`autre part uniquement préoccupée par ce qui pouvait éclairer sa carrière d`acteur. J`ai ainsi respecté sa vie privée.
Maintenant je dois dire que je me suis tout de suite passionnée par cet homme. Je suis allée tellement loin dans la connaissance de Louis de Funès que je pense qu`il ne me quittera jamais.
Ces univers sont autant de facettes de ma personnalité… Pourquoi se cantonner à un seul genre ? Mais il est vrai que j`aime l`écriture sous contraintes. Je trouve ça presque plus facile d`écrire avec des règles précises à respecter. Il y a une émulsion, quelque chose qui te pousse. Pour écrire un roman en parascolaire ou une biographie, il faut respecter certains codes, avoir certaines exigences. C`est ce qui relie peut-être tous mes ouvrages.
Tout ce que j`ai lu à l`adolescence à l`exception des lectures contraintes dans le cadre scolaire. J`ai pu les aimer après mais sur le moment je trouvais ça insupportable. Dans les lectures plus récentes, il y a de nombreux livres qui me poussent à écrire. Je pense à « Microfictions » de Régis Jauffret, « L`homme de profil même de face » de Charly Delwart ou « Ce que j`appelle oubli » de Laurent Mauvignier qui est une seule phrase qui fait 70 pages. Ce sont des œuvres qui innovent sur la forme.
Aucun parce qu`on peut considérer que même si quelque chose a déjà été fait, il y a autant de façon de traiter le sujet qu`il y a d`individus. Il n`y a pas de compétition. Chaque découverte élargit le champ des possibles.
Les malheurs de Sophie ! Non, plus sérieusement je crois que c`est « Les souffrances du jeune Werther » de Goethe.
Je relis régulièrement les recueils de nouvelles pour adultes de Roald Dahl, en particulier « Kiss kiss » et « Bizarre ! Bizarre ! ». Les Fables de La Fontaine aussi.
Ce n`est pas une honte mais un regret : je n`ai jamais lu la Bible. Je regrette mais en même temps je n`ai pas du tout envie de m`y mettre et je pense que je ne l`aurais jamais.
Le premier roman de Cypora Petitjean-Cerf, « Le musée de la sirène. » C`est un roman complètement improbable de 120 pages. L`histoire d`une jeune peintre qui attrape une sirène dans un restaurant chinois et qui l`élève chez elle. Il y a un côté fable qui est rendu complètement réel par l`écriture de Cypora. Depuis que je l`ai lu je garde cette sirène en tête. C`est un auteur qui a un univers vraiment à elle. J`ai conseillé et offert ce livre à beaucoup de gens !
Boris Vian, dans « L`écume des jours », a écrit « Je ne peux pas gagner ma vie, je l`ai. ». Il y en a une autre, d`Anton Tchekhov je crois, que j`aime beaucoup : « La littérature, c`est un moment d`intimité entre deux êtres qui ne se connaissent pas. »
Dernièrement, j`ai lu « A qui le tour ? » de Murielle Renault, qui vient de sortir aux éditions le Dilettante. C`est un roman très drôle, mais à l`humour doux amer. C`est autour de plusieurs grands gagnants du loto réunis le temps d`un week-end. L`un va mourir et tous se posent alors la question : « A qui le tour ? »
J`ai également lu « Les étourneaux » de Fanny Salmeron que je trouve génial de poésie et de concision.
Enfin, j`ai lu, « La nuit pacifique » de Pierre Stasse qui se passe en Thaïlande, un pays avec lequel je n`avais guère d`affinités. Le personnage est un retoucheur d`images et tout le livre est autour de la fiction des souvenirs et de la retouche d`images, de l`illusion de l`apparence. Il y a de nombreux aspects de la Thaïlande que je ne connaissais pas comme les retouches d`images sur les photos des prises de police afin d`effacer un sac de drogue sur deux, ou le fait d`aller en prison parce qu`on a envoyé un texto contre le roi… Ce sont trois romans très différents mais que je recommande grandement !
Elle aurait eu 90 ans en 2023, et s'est éteinte il y a 20 ans, en 2003. le Book Club met à l'honneur l'icône Nina Simone, avec la journaliste Marianne Vourch et l'écrivaine Sophie Adriansen qui lui ont consacré deux ouvrages biographiques : l'un sous forme de journal intime, l'autre en BD. #ninasimone #musique #bookclubculture _______ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture Retrouvez votre rendez-vous littéraire quotidien https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqL4fBA4¤££¤6Nina Simone16¤££¤ ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-book-club-part-2 Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
de quelle couleur est le poisson ?