Citations de Marie Alvery (37)
(Hélène)
J’ai souhaité témoigner pour démystifié l’image de la personne atteinte d’un trouble bipolaire. Parce que je ne me suis pas reconnue dans la caricature d’une personne souvent dépeinte divorcée, interdite bancaire et de jeu, en situation précaire ou avec des démêlés judiciaires. Parce que la bipolarité n’est pas forcément synonyme de crises sensationnelles. Parce que je ne suis pas réduite à une maladie et que ma vie n’est pas réduite à des crises. Parce qu’il y a autant de dérèglements de l’humeur possible qu’il y a de personnes diagnostiquées bipolaires.
« La seule différence entre un fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou », disait Dali.
J'ai le médecin de l'âme, j'ai le médecin du corps. Quand je vais voir le médecin de l'âme - mon psychanalyste -, nous parlons d'une partie de moi. Quand je vais voir mon médecin du corps -mon psychiatre-, nous parlons d'une autre partie de moi et j'en ressort avec des pilules a ingurgiter tous les jours. J'ai confiance en chacun d'eux, mais j'avoue être un peu éberluée être ainsi écartelée entre deux pratiques médicale si différentes. Ne suis je pas le même personne? La maladie ne se comprend-elle pas dans son ensemble? Pourquoi me sectionner ainsi? Pourquoi les praticiens ne communiquent-ils pas sur leurs patients?
On ne peut pas demander à la folie d'être consensuelle, à la souffrance d'être partagée, à la différence d'être normative.
A courir après la normalité, on finit par escamoter son identité au risque de se perdre.
Vos vrais amis mesurent le combat, la volonté nécessaire. Les autres ne sont pas nos vrais amis.
Car la véritable épreuve à l'hôpital est de tuer le temps qui devient un véritable ennemi.
En fait, j'ignorais la définition du mot "manie", au sens d'un état mental. J'étais loin d'imaginer que ce terme pouvait recouvrir des états aussi divers qu’exhalation, énergie, délire, surpuissance, mégalomanie, euphorie, hallucination, hyperactivité...
Mais je parle, je parle, je parle... J'ai un besoin effréné d'entrer en contact avec les gens. Parfois, j'achète, j'achète, j'achète. Evidemment rien dont je n'ai besoin.
J'ai toujours l idée que mon lendemain est incertain. Je vis avec le sentiment que mon seul présent constitue mon avenir. Que je mourrais jeune, peut-être demain, qu il me faut tout faire tout de suite, sinon rien ne sera certain. Une impatience liée à un sentiment d urgence, comme la conscience d une maladie susceptible de me dérober mon futur à tout instant.
(....), il faut remettre sans cesse le coeur à l'ouvrage pour obtenir les applaudissements du public.
Oui, c est un vrai travail quotidien. Quand bien même je peux me réjouir d être bien entourée, je reste seule face à mon dérèglement de l humeur. Personne d autre que moi ne peut le gérer et le prendre en charge chaque jour.
Moment de folie, où je suis dans l incapacité de m occuper de mes enfants, qui n ont aucune clé pour comprendre le tourbillon qui se déroule sous leurs yeux. Car c est bien là la particularité de cette maladie : personne n y comprend rien, à commencer par soi même.
En fait, j ignorais la définition du mot"manie" au sens d un état mental. J étais loin de m imaginer que ce terme pouvait recouvrir des états aussi divers qu exaltation, énergie, délire, surpuissance, mégalomanie, euphorie, hallucination, hyperactivité...
Le drame du viol tient souvent dans ce voile noir de la honte, empêchant ainsi toute réappropriation de soi, et tout combat pour les autres.
Je venais de vivre les symptômes d une maladie que l on diagnostiquerait plus tard : une phase maniaque aiguë liée à une grande surexcitation, puis une très grande phase déprimée.
Mais aucun médecin ne mit de nom sur mes maux. Je vivais comme avec une maladie orpheline, dans l incompréhension absolue de ce qui m étais arrivé.
(...), mon tempérament soupe au lait monte tout en épingle et fait de chaque détail un événement.
Quelques éclaboussures par terre après la douche, un plat brûlé, un objet mal rangé, un mot déplacé et c est le coup de gueule assuré ! Coups d éclat qui me mettent hors de moi et se terminent souvent en crise de nerfs et de larmes la seule façon que je connaisse de désamorcer cette spirale inflationniste dont je ne peux m extraire et qui m entraîne jusqu'à l épuisement.
" A chaque fois qu'on se voyait, j avais l impression d avoir loupé un épisode et je me demandais quand tu te lasserais de voir en chaque homme rencontré le père de tes enfants !" Des hauts et des bas qui sont quasiment imperceptibles au travers d un caractère entier, enthousiaste, ambitieux et bien trempé. Le désordre thymique se cache derrière mon tempérament.
" A chaque fois qu'on se voyait, j avais l impression d avoir loupé un épisode et je me demandais quand tu te lasserais de voir en chaque homme rencontré le père de tes enfants !" Des hauts et des bas qui sont quasiment imperceptibles au travers d un caractère entier, enthousiaste, ambitieux et bien trempé. Le désordre thymique se cache derrière mon tempérament.
Je me fourvoie ou m électrise dans des conquêtes sans avenir, mais qui flattent mon ego. J avais un manque affectif tel que j étais prête à faire n importe quoi, et cela m'a perdue longtemps.
(Hélène)
Mes angoisses, mes crises de larmes ou d’irritabilité, lassent l’amoureux. Il n’a ni l’envie ni la force de supporter mes sautes d’humeur. Moi non plus. Je le comprends et ne lui en veux pas.