Citations de Marie-Claude Vincent (18)
" On peut se souvenir très longtemps du regard, du satiné d'une peau, de l'emplacement d'un grain de beauté , de l'odeur d'une chevelure .
Mais la voix , le rire, les particularités d'un accent, tout cela s'évanouit .
On a beau essayer de se souvenir de toutes ses forces, le chant singulier d'une voix tombe en premier dans l'oubli ....Ses éclats de rire en cascade, ses chuchotis , ses OH, ses. AH ....."
"On peut dire, comme tu l'as fait tout à l'heure, qu'elle est partie, mais c'est plus juste de dire qu'elle est morte. Parce que, quelqu'un qui est parti, on s'attend à ce qu'il revienne".
Je crois, petit Léo, que les peurs qu’on ne peut ni nommer ni regarder en face, ce sont les pires.
Mais j'ai constaté qu'en plus d'être muettes, les étoiles sont sourdes. Il ne faut rien en attendre , mon petit, elles filent au moindre souhait qu'on leur adresse d'en bas, je te préviens au cas où.
[p134]
« J’avais douze ans. Je croyais que la vie, c’était ça. (…) Je croyais que ça n’aurait pas de fin. »
Je voudrai que la rose
Fût encore au rosier
Et que le rosier même
Fût encore à planter
Moi, je m'appelle Jules. Je suis assez vieux, comme tu peux le constater, et muet de naissance. Pour couronner le tout, je suis analpha. Les gens disent analphabète, il faut toujours qu'ils en rajoutent. Ce n'est pas parce qu'on ne sait ni lire ni écrire qu'on est bête.
[p9]
Comme les attentes, toutes les guerres ont une fin. La guerre de Cent Ans elle-même connut son armistice. Ma guerre à moi ne dura que huit mois. Mais huit mois, dans une vie qui n'en compte que cent cinquante-cinq, c'est une petite éternité.
Etre parti ou perdu, ce n'est pas mourir, que je sache. Les gens partent à la mer ou à la montagne. Ils partent travailler ou juste faire un tour. Ils peuvent perdre leur travail ou perdre la vue. Perdre patience, perdre la face. Ils peuvent à la limite perdre un petit enfant entre les rayons d'un grand magasin pour le retrouver ensuite à la caisse centrale.
"La seule chose qui me parait inconcevable, c'est de cesser, physiquement, d'être la petite sœur d'Eli"
La neige, c’est du sucre glace qui ne serait pas sucré mais rien ne nous empêche d’en manger.
Le piédestal est une sorte de tabouret imaginaire sur lequel se perchent les hommes importants, ou qui se croient importants, afin d’être plus haut que les autres.
Les gémissements de douleur d’un être aimé sont les pires sons que l’on puisse supporter.
Chagrin ? Oui, je vais t’expliquer, Léo. De même que le charognard, le chagrin est un faux chat. Celui-ci est fait de plomb, d’eau et de sel.
Quelle noirceur d’âme ! L’âme, c’est le petit noyau à l’intérieur de notre coeur. Quand on vient de naître, il est tout blanc mais ensuite, chaque pas de travers le fait noircir comme un quartier de pomme qu’on a laissé traîner.
Quelqu’un qui appelait « chants d’elle » des étoiles était sûrement un poète.
Ce qu'il y a, c'est qu'enfance et résignation ne sont pas compatibles. se résigner à la perte, lorsqu'on a douze ans, c'est faire entrer quelques millimètres, quelques milligrammes de mort dans le plus vivant du corps de l'enfance. ce n'est pas grand chose, mais tout de même. Je ne voulais pas me laisser entamer.
Ce livre est simplement magnifique. On veut tous épargner les enfants face à la mort mais si vous lisez ce livre vous verrez à quel point c’est essentiel de partager avec eux. J’ai fondu en larmes à un moment du roman tellement c'était fort, tellement comme l’heroine Je les retenais en moi. Chacun s’enferme dans son propre deuil ignorant ce que vit l’autre, ignorant surtout qu’on peut s’accompagner pour retrouver la vie.