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3.86/5 (sur 1800 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , 1976
Biographie :

Delphine Bertholon:

Je suis née à Lyon en 1976, j'ai fait des études de lettres (hypokhâgne, khâgne, licence et maîtrise).

Je vis à Paris depuis dix ans, je suis scénariste (voir surtout Madame Hollywood, mini-série pour Canal + en 2007).

J'ai écrit quatre romans, deux dans de petites maisons, puis deux chez JC Lattès : Cabine Commune en 2007, chronique acide et drôle, entièrement dialoguée, dans une cabine d'essayage, qui a reçu un bon accueil critique, puis Twist (septembre 2008, toujours chez JC Lattès), l'histoire une petite fille kidnappée, qui marche plutôt bien.

Elle a publié depuis "L'effet Larson" en 2010, "Grâce" en 2012, "Le Soleil à mes pieds" en 2013 ou, plus récemment, "Coeur Naufrage" en 2017, toujours chez Lattès.

Elle écrit également des scénarios pour la télévision.


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Source : www.aufeminin.com
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Entretien avec Delphine Bertholon à propos de son roman Les corps inutiles

D`où vous est venue l`idée de l`insensibilité physique du personnage principal de votre roman ? Aviez-vous entendu parler d`un tel cas réel, avez-vous fait des recherches médicales ?

J`aime beaucoup les perturbations sensorielles. J`avais déjà exploré l`hyperacousie dans L`effet Larsen (hypersensibilité au bruit) et, dans une moindre mesure, l`achromatopsie (daltonisme extrême) dans Twist. Si l`hyperacousie est une affection réelle et terrible, je l`avais traitée dans le roman de manière symbolique : quand le sens de la vie est atteint, le sens physique est touché. J`ai poussé cette idée plus loin, avec une maladie qui n`existe pas – en tout cas, pas à un tel degré. Pour l`héroïne des Corps inutiles, cette affection est psychosomatique et, d`un point de vue romanesque, métaphorique. Je suis partie du fait que les victimes de violences, en particulier sexuelles, évoquent souvent l`impression d`un corps anesthésié.


Votre héroïne cumule les particularités physiques : cheveux roux, yeux vairons… Ce qui lui arrive était-il trop exceptionnel pour arriver à un personnage au physique plus banal ? Est-ce une forme d`adéquation entre son apparence et son âme torturée ?

Au contraire, j`ai voulu parler d`un fait banal - parfois banalisé, minimisé. L`agression dans le livre est grave, mais… Toute l`histoire repose sur ce “mais”. Ce qui arrive à Clémence est d`une façon ou d`une autre arrivé à la plupart des femmes : harcèlement de rue, mains baladeuses dans les transports en commun… J`ai en effet créé ce physique atypique pour des raisons symboliques et psychologiques. Comme si ses bizarreries, ainsi que Clémence les appelle, la prédestinaient à se sentir “monstre” quand elle n`était encore qu`une fillette comme les autres. Et beaucoup plus simplement, la rousse incendiaire a pour moi un profil d`héroïne.


On suit dans le roman le parcours de « Clémence », dont le prénom signifie « capacité à pardonner », mais rime avec « démence »… Quelle symbolique avez-vous souhaité donner au nom de votre personnage ?

Si j`ai évidemment choisi - en oxymore puis en écho - le prénom Clémence pour raconter l`histoire d`une vengeance avortée, je n`avais pas pensé à la rime avec “démence” ! Pour Arthur, je n`avais pas non plus pensé au Chevalier : ce sont les lecteurs qui me l`ont fait remarquer. Je trouve toujours assez vertigineux de constater à quel point l`inconscient travaille en fond de court. En réalité (et je ne suis pas la seule à le dire), c`est très émouvant de voir qu`on comprend beaucoup de choses de son propre texte grâce aux lecteurs…


La plupart des hommes qui apparaissent dans le livre sont décrits de manière très négative : froid et distant, immature, agressif et violent, pervers, et le plus beau d`entre eux, Christophe, souffre d`un retard mental. D`où vient ce regard ironique et sans concession sur la gent masculine ?

On me le dit souvent, pour tous mes livres ou presque : “Chez vous, les mecs ramassent !” Pourtant, comme Clémence d`ailleurs, j`aime beaucoup les hommes… C`est difficile de répondre à cette question, il me faudrait un divan ! Mais il y a toujours quelque personnage masculin pour réhabiliter le sexe – ici, Damien-le-flic, plus que tous les autres, Arthur et en effet Christophe. Mais Christophe, c`est vrai, n`est pas un homme : c`est un enfant. Avec toute cette capacité de spontanéité, de vérité et d`innocence qu`ont les enfants, et qui me touche beaucoup dans la réalité.


Vous faites dire à Clémence : « Au cinéma, même le pire mélodrame a un sens ; tout est écrit pour avoir du sens. La vie, elle, en est dénuée. » Pourtant, on pourrait dire que les pièces du puzzle qu`est la vie de votre héroïne s`assemblent et qu`à la fin, tout fait sens dans son histoire. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Sans doute qu`un roman aussi est écrit pour avoir du sens – en cela, je comprends votre question. Mais je crois que j`ai surtout cherché à créer une trajectoire. Avec cette idée que, dans la vie, on réalise souvent des années plus tard que telle ou telle épreuve - sur le moment terrifiante, pathétique, honteuse, traumatisante - aura finalement eu quelque effet positif. C`est ma façon d`être (en partie…) d`accord avec cette phrase de Nietzsche dont Clémence se moque : “Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort”. Et puis son histoire fait sens parce que Clémence lui en donne un : pour survivre et avancer, c`est ce nous faisons tous.


La structure du livre est particulière : il est découpé en trois parties, dont la deuxième ne contient que quelques pages, comme une scène charnière. de plus, la fin semble apporter peu à peu des solutions liées à tous les problèmes de Clémence, comme un système de poupées russes qui s`emboîtent les unes dans les autres. Aviez-vous toute la structure en tête dès le début de l`écriture ?

Je n`avais pas la structure exacte en tête, non, mais une idée précise de ce que je voulais faire ressentir. Ma technique d`écriture a toujours été l`incarnation - vraiment, au point de parfois me perdre moi-même. Je suis le personnage – autant du verbe “être” que du verbe “suivre”. Cette deuxième partie, c`est le moment où Clémence se réunifie, où elle redevient une personne à part entière. En arrivant à ce moment-clé du récit, les deux énonciations se sont naturellement télescopées. La troisième partie revenait donc de droit au Je unique de Clémence adulte.


Vous ajoutez à la fin de votre roman une « playlist », dont certains des titres apparaissent sous forme d`extraits au fil de la lecture. Y a-t-il selon vous un lien capital entre la musique et la littérature ?

J`écoute rarement de la musique quand j`écris ; j`ai plutôt besoin de silence. En revanche, j`en écoute beaucoup quand je réfléchis, quand je relis, quand je retravaille le texte... Peut-être est-ce mon amour du cinéma qui me donne envie de mettre “l`image en musique”, à la manière d`une bande originale – les musiques de films sont d`ailleurs géniales pour écrire. Pour cette playlist, j`ai un peu hésité mais j`ai trouvé l`idée ludique. Tous ne sont pas forcément mes morceaux favoris, mais ils tressent un univers qui vient s`ajouter au récit et nourrir l`imaginaire du lecteur.



Delphine Bertholon et ses lectures

Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Honnêtement, tout m`a donné envie d`écrire. Tout ce que j`ai lu depuis que j`ai commencé à lire. Les Fantômette, sans doute. J`adorais Fantômette ! Un peu plus tard, E = MC2, mon amour, de Patrick Cauvin.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Aucun ne m`a donné envie d`arrêter d`écrire, sinon je ne serais pas là. Tous m`ont au contraire donné le courage de travailler, encore et encore, sans bien sûr espérer une seconde les égaler. Les livres qui donnent d`incommensurables complexes sont légions, mais l`admiration est aussi un moteur. En ce qui me concerne, parmi les contemporains, pas mal de Joyce Carol Oates, certains Philip Roth, Haruki Murakami… Mais si je dois ne citer qu`un texte, je dirais Le Démon d`Hubert Shelby Jr. Une incroyable claque.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

American Psycho, de Bret Easton Ellis, que j`ai lu vers vingt ans. Avec ce roman, j`ai compris (pour la première fois concrètement) le concept de « fond » et de « forme » en littérature. La manière dont cette forme - volontairement bouffie, bavarde, redondante comme une boucle cauchemardesque - venait imprimer le fond : illustrer le cercle infernal du cerveau malade du héros, le psychopathe Patrick Bateman, étayer le portrait obsessionnel et implacable de cette société-là, aussi, de cette époque-là, magique et indécente - les années 80, le culte du fric, du pouvoir, de l`apparence… du « too much », en somme. J`ai également compris qu`un lecteur pouvait se passionner pour un parfait salaud – c`est un euphémisme – si le texte en valait la peine. Qu`en littérature, on est libre, puisque le lecteur est libre, lui aussi, de continuer le livre ou pas.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Je relis rarement les bouquins que j`ai aimé. Je le regrette parfois, d`autant que j`ai une mémoire de poisson rouge ; mais je préfère toujours découvrir de nouveaux textes. le roman que j`ai le plus lu reste sans doute American Psycho, car j`en avais fait mon sujet de maîtrise à la fac. Et je parcours souvent, juste pour le plaisir, Les fleurs du mal de Baudelaire.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Ulysse de James Joyce. J`ai essayé à plusieurs reprises, je n`ai jamais réussi à dépasser la centième page. Mais je n`ai pas dit mon dernier mot !


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Le son de ma voix, de l`Ecossais Ron Butlin (en poche chez Quidam). Un récit sur l`alcoolisme, entièrement à la deuxième personne et d`une incroyable puissance.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Non. Il y a beaucoup trop de phrases magnifiques pour être capable d`en choisir une seule…


Et en ce moment que lisez-vous ?

Comme beaucoup de monde, Vernon Subutex 1, de Virginie Despentes.


Découvrez Les Corps inutiles de Delphine Bertholon aux éditions JC Lattès :


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Delphine Bertholon parle de "Les corps inutiles". partie 1


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Puis je t’ai rencontrée, deux yeux, un nez, une bouche, tu as comblé la brèche, petit à petit, tu étais si pleine, si pleine de formes, si pleine de vie, si pleine de tout que pour le vide, il n’y avait plus de place, tu as mâché ma solitude comme du bubble-gum, tu en as fait une bulle.
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J’avais oublié la sérénité. Certains sentiments, lorsqu’ils s’en vont, deviennent des mythes. On n’en garde pas trace, ni souvenir palpable ni sensation physique ; et l’on finit par croire qu’ils ne sont que des mots, créations de langue inutiles, sans substance, signifiants sans signifiés. Certains sentiments n’existent qu’au présent. Mais, dès lors qu’ils réapparaissent, tout réapparaît avec eux.
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–Je pourrais te revoir, Amélie ? J’aimerais bien te revoir.
Elle songea subitement : Moi aussi, Raphaël, j’aimerais bien me revoir.
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À seize ans, à peu près tout est poétique ; poésie noire parfois, mais poésie tout de même. À seize ans, la vie n’est qu’un immense paysage.
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Qu’est-ce qu’une vie ? À quoi ça rime ? Le mauvais jeton dans la mauvaise machine - tout est pipé d’avance, ça claque, ça brille et ça loupiote mais au final, vous êtes toujours tout seul avec la mort au bout.
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Les livres des autres sont des coups de pieds au cul. Sans ces autres-là, je serais triplement morte. Il y a tellement de gens qui meurent de leur vivant.
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Les rêves n'ont pas toujours vocation à se réaliser. Ils font avancer, persévérer, donnent du courage, et c'est tout ce qu'on leur demande.
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J’ai vécu avec toi un bonheur tout rond, un bonheur que l’on ne peut imaginer en vrai, un bonheur de conte. Tu étais l’équilibre même, Claire est un déséquilibre en soi, déprimée, délicieuse, hantée, joviale, glacée, drôle, insupportable, attendrissante. Je suppose que c’est ce que j’aime, chez elle ; je ne suis plus assez stable pour un bonheur tout rond.
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Lise... mumura-t-il - et par sa voix, cette fameuse voie grave et sophistiquée, ma petite enfance se rouvrit au silex, plaie jamais suturée.
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On dira ce qu'on voudra pour faire plus joli, couleur de feuilles d'automne, couleur de pain d'épice, mais cette fille est rousse, voilà, rousse comme le feu et comme les enfers, c'est tout de même la première chose qui frappe lorsqu'on la regarde, bien avant sa beauté, ce sont ces cheveux que même ne peut égaler, le soleil de midi en plein coeur de l'été.
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