Maria Eugenia Mayobre présente "La morsure de la goyave".
Les deux tiers de sa famille avaient beau être athées et se livrer ouvertement à l'infidélité, au concubinage, à l'amour libre, à la luxure, à la gourmandise et à presque tous les péchés dénonces par l'Eglise, Primitiva - avec l'aide de tante Santa- avait supplié sa mère et le poète de l'inscrire à un cours ouvert à quiconque voulait boire et manger Dieu tous les dimanches.
Le poète ne fut pas son premier amant. Le professeur d'éducation physique de l'internat, un brillant avocat qui avait abandonné le métier pour ce poste qui lui apportait des revenus moindres mais davantage de bénéfices, se chargeait de faire perdre leur virginité à toutes les demoiselles qui souhaitaient éviter ce risque énorme qui consiste à offrir sa pureté par amour.
Mon enfance et ma jeunesse furent probablement semblables, comme je l'ai déjà raconté, à celles de n'importe quel autre camarade : faite d'anormalités et de situations bizarres qui finirent par constituer ma normalité à moi.
Cet épisode que maman et le poète prirent pour un acte de folie avait été précautionneusement prémédité par tante Santa, dont le seul objectif était d'éviter que son ultime et plus grande peur se réalise : mourir seule.