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Critiques de Marie Joqueviel-Bourjéa (6)
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Devenir nuit

Sensible et introspective, telle est la poésie de Marie Joqueviel dans son très beau recueil Devenir nuit. Dans une écriture mesurée et sans profusion de sens, l'auteure s'essaie du bout des doigts, avec attention, à déposer les mots sur la page, leur résonnance avec.



Ne pas parler, se taire, conserver l'ampleur du silence que portent en eux les mots, préférer parler aux fantômes, aux êtres aimés et disparus que l'on porte en soi, que l'on aimerait de l'extérieur, sans le pouvoir, serrer dans ses bras, dans une « litanie de noms, presque-poème, qui s'étire ».



Les pages, les poèmes de Marie Joqueviel nous murmurent qu'il faut se dissoudre dans l'évidence que nous sommes là, comme à part de nous-mêmes, inscrits dans un temps qui sans cesse se dérobe à nous, qui nous entraîne dans sa marche, jusqu'à notre disparition. Redécouvrir le pouvoir des mots, c'est se mettre en dehors d'un temps qui nous déborde, qui nous enlève la parole. Il faut redécouvrir



« L'émotion d'exister et le lancinant espoir de devenir

celle

qui vit juste

accordée à son propre coeur »





Ne pas savoir quoi écrire de notre désir, tant il est grand. Marie Joqueviel écrit pour tenter de s'approcher de lui, de ce désir, de cette sensation qui nous déborde. Dans un bruissement d'images et d'impressions, quelque chose la pousse à dire, à écrire, quelque chose de préexistant à la parole, qui telle une rumeur, touche au plus intime de soi.





« tu hésites entre une parole

et l'autre qui l'ignore



tu parles de ta voix du dedans à ce monde en toi sans visage

au peuple des morts aimés qui hante ta langue

litanie de noms presque-poème que la vie étire

(tu ne les diras pas tu les gardes au secret)



tu te sens

dépositaire de quelque chose comme la vie



_________ responsable du vivant __________

et tu écris probablement tu écris

pour rendre justice à l'intensité d'être »





La nuit, le secret, le murmure, les êtres aimés, le silence, tous chez Marie Joqueviel trouvent abris dans son écriture. Discrète et pudique, l'auteure se met en retrait, en tant que sujet qui écrit, mais qui révèle d'elle un pressentiment, un devenir, un je ne sais quoi qui se situe tout au bord des mots.





« Quand la ligne claire du vivre

Se tend sûre de ses attachements

Nous entrons dans les bras du monde

et la mort alors

en nous

s'apaise »





.
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Philippe Claudel : Ecrire et rêver les images

C’est dans le cadre d’une masse critique non-fiction que j’ai lu, « Philippe Claudel écrire et rêver les images.

Cet essai est une biographie de l’auteur qui ne laisse rien au hasard, tout est analysé et décortiqué, sur l’auteur, ses œuvres, ses rêves, sa vie, sa façon de voir l’image.

Car oui pour Philippe Claudel tout est image, que ce soit le cinéma, les écrits, la peinture, la photo, le rêves, les fantômes. Il a d’ailleurs une jolie description sur l’image qu’il se fait de Kristin Scott Thomas.

Par contre cet ouvrage est vraiment technique, j’ai eu le sentiment que tout était disséqué, il ne reste plus beaucoup de place pour les ressentis du lecteur, il est un peu trop guidé.

Ce qui n’empêche qu’il est exceptionnellement intéressant pour les fans de Philippe Claudel, ainsi que ceux qui veulent le découvrir. On a envie après cette lecture de lire ou relire, voir ou revoir ses films.

Pour moi, ce n’est pas un livre qu’il faut lire en un morceau, d’une traite. Je pense qu’il faut le lire passages par passages, surtout qu’il est très bien découpé, de façon thématique et pas trop longue. Au gré de ses humeurs en ayant le temps d’y penser et d’assimiler chaque partie.

Les passages que j’ai le plus apprécié sont ceux où la place est laissé à la parole de Philippe Claudel, ses regards sur certaines personnes ou toiles et les inédits qui sont offerts au lecteur.

Je remercie Babelio et les Éditions de l’université de Lorraine pour cette découverte.
Lien : https://sandetcesttout.com/
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Philippe Claudel : Ecrire et rêver les images

Faut-il que ma fascination pour Philippe Claudel se révèle plus dévorante que je ne l'imaginais...



Me voici plongée -et heureuse de l'être !- dans une analyse de ses œuvres, romans, films, nouvelles... toutes ses œuvres comme un album photo, tant l'image y est primordiale.

C'est de cela dont il est question, de l'importance de l'image. L'histoire ne racontant que cela. L'image. Celle d'une toile comme une obsession. D'une experience, un arrêt, un arrêt sur vécu, et les mots ne sont que la forme choisie pour dire, pour raconter cette image.



La pluralité des approches critiques sont ici autant de prismes différents, et je découvre un peu plus Philippe Claudel. Mais je redécouvre surtout des œuvres que j'ai aimées, et l'analyse que l'on m'offre ouvre un nouveau champ des possibles.

On explore ses obsessions, propres à chaque auteur. La même chose écrite inlassablement, sous d'autres formes. Les décors choisis, comme des frontières à franchir...



Je n'ai pas encore eu l'occasion de visionner les films de Claudel. Cet ouvrage m'y encourage, et je me fais fort de provoquer cette occasion dans les jours à venir !



Je ne peux qu'applaudire le travail fourni pour Écrire et rêver les images.

Je ne peux que le recommander à ceux qui, comme moi, admirent tant l'œuvre de cet auteur incomparable.

Nous avons tant de chance d'avoir encore quelques auteurs de cette belle envergure !
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Devenir nuit

Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Gallimard pour l’envoie de ce service presse.



La poésie c’est un genre particulier, chacun l’appréhende comme iel le veut. On n’est pas obligé-e de lire chaque poème l’un après l’autre, on peut lire dans le sens qu’on préfère, tout d’un coup ou bien avec parcimonie. A titre personnel, je l’ai lu en deux temps : j’ai d’abord lu les 5 premières parties puis j’ai fait une longue pause avant de lire les deux dernières.



Quelques mots : j’ai adoré.



Je lisais avec un crayon à la main, en faisant des annotations un peu partout, des choses qui ne parlent qu’à moi, j’ai mis des flèches, j’ai souligné, j’ai entouré. Bref, je me suis emparé du texte pour qu’il devienne le mien d’une certaine façon. Ce sont des mots qui m’on terriblement touché et émus, j’en ai eu les larmes aux yeux. J’ai vraiment savouré ce recueil, j’ai lu et relu plusieurs fois les poèmes, dans ma tête et à voix hautes, pour me saisir des sonorités, de leur(s) sens. Ce sont des poèmes plus ou moins courts qui traitent de thèmes durs. J’ai trouvé énormément d’échos tout au long du recueil et c’est vraiment ce genre de texte qui font que j’aime autant la littérature.



C’est une ode à la vie autant qu’une ode à la mort. L’autrice parle aux vivants comme elle parle aux morts, c’est une mise à nue pudique, un dévoilement délicat.



J’ai beaucoup aimé la mise en page du recueil, c’était très aéré et cohérent. L’espace textuel respectait l’économie de chaque poème. Il y a vraiment un reflet entre la disposition des mots et des phrases, des ruptures, des vides, des silences ou au contrairement de l’omniprésence. La littérature c’est le lieu où le vide est plein et où le silence parle.



Si le cœur vous en dit, je ne peux que vous le conseiller même si je ne peux pas promettre qu’il vous plaise autant qu’il m’a plu. Pour ma part, j’ai été happé par les mots de Marie Joqueviel, dans lesquels je n’hésiterais pas plonger une nouvelle fois.
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Philippe Claudel : Ecrire et rêver les images

Écrire et rêver les images



C'est un livre un peu difficile, très ambitieux, passionnant mais parfois tarabiscoté et presque philosophique.

Je n'aime pas que l'on me prenne par la main pour me dire : « Ici tu vas voir cela ... là tu dois voir ceci... l'auteur a voulu dire que... sa démarche est la suivante... ». Une oeuvre est subjective et n'a pas toujours besoin d'être mâchée.

Dans cette formidable biographie fragmentée dirigée par Marie Joqueviel-Bourjea et Anne Strasser, le propos est de mettre en relief la corrélation entre l'oeuvre de l'artiste prolixe et prolifique qu'est Philippe Claudel avec l'image et ce que celle-ci provoque.

Alors oui, on apprend que l'image peut être le point de départ du processus créatif, qu'une image peut se faire fantôme et revenir visiter de temps en temps le maître, telle la jeune nancéenne d'Emile Friant. L'image, fine cloison entre le réel et la peinture.

Claudel décloisonne car tout est affaire de regard.

« Nous sommes tous des êtres de désirs, d'histoires et d'images ».

Claudel filme comme un écrivain et écrit comme un cinéaste, les propos de cet essai sont agrémentés des paroles de l'auteur et c'est ce qui m'a le plus marqué.

L'artiste protéiforme est ausculté sous toutes les coutures rien n'est laissé au hasard, des échanges épistolaires, à l'usage de la photographie, son rapport ambivalent aux musées, la mort et l'oubli, l'identité, le rêve, et puis la voix qui lui est laissée à la toute fin, deux nouvelles plus personnelles, sur l'élan créatif, la littérature, et les fantômes qui ne verront jamais le jour.

C'est un livre qu'il n'est pas possible de lire et de restituer en un mois. Trop d'éléments, la plupart me touchent particulièrement, férocement. Ces propos sont aussi beaux et profonds que le sont ses films.

A mettre entre les mains des admirateurs du cinéaste et entre ceux qui aime les arts tout simplement.



Merci Aux Éditions de l'Université de Lorraine.





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René Depestre : Le Soleil devant

Un livre hommage où se dessine une poétique humaniste à travers une lecture des œuvres et de la trajectoire de René Depestre.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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