Écrire et rêver les images
C'est un livre un peu difficile, très ambitieux, passionnant mais parfois tarabiscoté et presque philosophique.
Je n'aime pas que l'on me prenne par la main pour me dire : « Ici tu vas voir cela ... là tu dois voir ceci... l'auteur a voulu dire que... sa démarche est la suivante... ». Une oeuvre est subjective et n'a pas toujours besoin d'être mâchée.
Dans cette formidable biographie fragmentée dirigée par
Marie Joqueviel-Bourjea et
Anne Strasser, le propos est de mettre en relief la corrélation entre l'oeuvre de l'artiste prolixe et prolifique qu'est
Philippe Claudel avec l'image et ce que celle-ci provoque.
Alors oui, on apprend que l'image peut être le point de départ du processus créatif, qu'une image peut se faire fantôme et revenir visiter de temps en temps le maître, telle la jeune nancéenne d'Emile Friant. L'image, fine cloison entre le réel et la peinture.
Claudel décloisonne car tout est affaire de regard.
« Nous sommes tous des êtres de désirs, d'histoires et d'images ».
Claudel filme comme un écrivain et écrit comme un cinéaste, les propos de cet essai sont agrémentés des paroles de l'auteur et c'est ce qui m'a le plus marqué.
L'artiste protéiforme est ausculté sous toutes les coutures rien n'est laissé au hasard, des échanges épistolaires, à l'usage de la photographie, son rapport ambivalent aux musées, la mort et l'oubli, l'identité, le rêve, et puis la voix qui lui est laissée à la toute fin, deux nouvelles plus personnelles, sur l'élan créatif, la littérature, et les fantômes qui ne verront jamais le jour.
C'est un livre qu'il n'est pas possible de lire et de restituer en un mois. Trop d'éléments, la plupart me touchent particulièrement, férocement. Ces propos sont aussi beaux et profonds que le sont ses films.
A mettre entre les mains des admirateurs du cinéaste et entre ceux qui aime les arts tout simplement.
Merci Aux Éditions de l'Université de Lorraine.