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EAN : 9782073001214
Gallimard (01/02/2024)
4.75/5   2 notes
Résumé :
Comment faire sourdre des phrases qui soient au diapason de l’existence ? Qui la révèlent, la déplient – et nous l’expliquent ? La lucidité qui naît du désastre, mais aussi la confiance en un corps habité par ses fantômes, invitent à mettre en œuvre une éthique de la parole – et de la poésie – qui fasse « de la déchirure un lieu où vivre ».
L’assurance de la voix de Marie Joqueviel – claire, vibrante, allante –, et l’intensité du rythme qu’elle impose sont d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sensible et introspective, telle est la poésie de Marie Joqueviel dans son très beau recueil Devenir nuit. Dans une écriture mesurée et sans profusion de sens, l'auteure s'essaie du bout des doigts, avec attention, à déposer les mots sur la page, leur résonnance avec.

Ne pas parler, se taire, conserver l'ampleur du silence que portent en eux les mots, préférer parler aux fantômes, aux êtres aimés et disparus que l'on porte en soi, que l'on aimerait de l'extérieur, sans le pouvoir, serrer dans ses bras, dans une « litanie de noms, presque-poème, qui s'étire ».

Les pages, les poèmes de Marie Joqueviel nous murmurent qu'il faut se dissoudre dans l'évidence que nous sommes là, comme à part de nous-mêmes, inscrits dans un temps qui sans cesse se dérobe à nous, qui nous entraîne dans sa marche, jusqu'à notre disparition. Redécouvrir le pouvoir des mots, c'est se mettre en dehors d'un temps qui nous déborde, qui nous enlève la parole. Il faut redécouvrir

« L'émotion d'exister et le lancinant espoir de devenir
celle
qui vit juste
accordée à son propre coeur »


Ne pas savoir quoi écrire de notre désir, tant il est grand. Marie Joqueviel écrit pour tenter de s'approcher de lui, de ce désir, de cette sensation qui nous déborde. Dans un bruissement d'images et d'impressions, quelque chose la pousse à dire, à écrire, quelque chose de préexistant à la parole, qui telle une rumeur, touche au plus intime de soi.


« tu hésites entre une parole
et l'autre qui l'ignore

tu parles de ta voix du dedans à ce monde en toi sans visage
au peuple des morts aimés qui hante ta langue
litanie de noms presque-poème que la vie étire
(tu ne les diras pas tu les gardes au secret)

tu te sens
dépositaire de quelque chose comme la vie

_________ responsable du vivant __________
et tu écris probablement tu écris
pour rendre justice à l'intensité d'être »


La nuit, le secret, le murmure, les êtres aimés, le silence, tous chez Marie Joqueviel trouvent abris dans son écriture. Discrète et pudique, l'auteure se met en retrait, en tant que sujet qui écrit, mais qui révèle d'elle un pressentiment, un devenir, un je ne sais quoi qui se situe tout au bord des mots.


« Quand la ligne claire du vivre
Se tend sûre de ses attachements
Nous entrons dans les bras du monde
et la mort alors
en nous
s'apaise »


.
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Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions Gallimard pour l'envoie de ce service presse.

La poésie c'est un genre particulier, chacun l'appréhende comme iel le veut. On n'est pas obligé-e de lire chaque poème l'un après l'autre, on peut lire dans le sens qu'on préfère, tout d'un coup ou bien avec parcimonie. A titre personnel, je l'ai lu en deux temps : j'ai d'abord lu les 5 premières parties puis j'ai fait une longue pause avant de lire les deux dernières.

Quelques mots : j'ai adoré.

Je lisais avec un crayon à la main, en faisant des annotations un peu partout, des choses qui ne parlent qu'à moi, j'ai mis des flèches, j'ai souligné, j'ai entouré. Bref, je me suis emparé du texte pour qu'il devienne le mien d'une certaine façon. Ce sont des mots qui m'on terriblement touché et émus, j'en ai eu les larmes aux yeux. J'ai vraiment savouré ce recueil, j'ai lu et relu plusieurs fois les poèmes, dans ma tête et à voix hautes, pour me saisir des sonorités, de leur(s) sens. Ce sont des poèmes plus ou moins courts qui traitent de thèmes durs. J'ai trouvé énormément d'échos tout au long du recueil et c'est vraiment ce genre de texte qui font que j'aime autant la littérature.

C'est une ode à la vie autant qu'une ode à la mort. L'autrice parle aux vivants comme elle parle aux morts, c'est une mise à nue pudique, un dévoilement délicat.

J'ai beaucoup aimé la mise en page du recueil, c'était très aéré et cohérent. L'espace textuel respectait l'économie de chaque poème. Il y a vraiment un reflet entre la disposition des mots et des phrases, des ruptures, des vides, des silences ou au contrairement de l'omniprésence. La littérature c'est le lieu où le vide est plein et où le silence parle.

Si le coeur vous en dit, je ne peux que vous le conseiller même si je ne peux pas promettre qu'il vous plaise autant qu'il m'a plu. Pour ma part, j'ai été happé par les mots de Marie Joqueviel, dans lesquels je n'hésiterais pas plonger une nouvelle fois.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
pourquoi dire le monde
quand il passe en nous
continu
nous habite sans
autre demeure que le passage

quel besoin
de nommer l'émoi
du ciel
du corps épris de bleu
et d'air
jusqu'à
oublier qu'il existe oublier qu'il est là

on rêve alors de se dissoudre
dans la présence
de tenir tête à l'étirement du temps
et de répondre à l'appel des étangs

derrière la mer

.
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