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Citations de Marie Noël (119)


Vous qui passez par là, si vous voulez que j’ose
Vous rapporter du ciel la plus belle chanson,
Douce comme un duvet, rose comme la rose,
Gaie au soleil comme un jour de moisson,
Si vous voulez que je la trouve toute faite,
Vite aimez-moi, vous tous, aimez-moi bien
Avant que mon cœur las d’attendre un peu de fête
Ne soit un vieux cœur, un cœur bon à rien.
Aimez-moi, hâtez-vous… J’entends le temps qui passe…
Le temps passera… le temps est passé…
Bientôt fétu qui sèche et que nul ne ramasse
Mon cœur roulera par le vent poussé,
Sans voix, sans cœur, avec les feuilles dans l’espace.
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Marie Noël
Le plus beau chant est celui qui contient le plus grand silence.
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J’ai vu quelqu’un passer, un fantôme, homme ou femme…
Mon cœur appelait sur la fin du jour…
Les rossignols des bois sont entrés dans mon âme.
Et j’ai su chanter des chansons d’amour.

J’ai vu quelqu’un passer, s’approcher, disparaître ;
Et les chiens plaintifs qui rôdent le soir
Ont hurlé dans mon cœur à la mort de leur maître.
J’ai su depuis chanter le désespoir.

J’ai vu les morts passer et s’en aller en terre,
Leur glas au cou, lamentable troupeau,
Et leurs yeux dans mes yeux ont fixé leur mystère.
J’ai su depuis la chanson du tombeau…

Mais si tu veux mon Dieu que pour d’autres je dise
La chanson du bonheur, la plus belle chanson,
Comment ferai-je moi qui ne l’ai pas apprise ?
Je n’en inventerai que la contrefaçon.

Donne-moi du bonheur, s’il faut que je le chante,
De quoi juste entrevoir ce que chacun en sait,
Juste de quoi rendre ma voix assez touchante,
Rien qu’un peu, presque rien, pour savoir ce que c’est.
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"Je fais le plus de choses que je peux par amour pour me reposer d'en faire tant par nécessité."
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Les autres sont des gens,
Les autres sont des femmes,
Les mains pleines d’argent,
Pleine de bonheur, l’âme.

Moi, je suis dans le bois
Qui ne sait, une Source,
Je suis l’Eau que ne boit
Personne dans sa course.

Je suis l’Eau qui jaillit
De l’ombre. La tendresse
Qu’au secret des taillis
Emporte sa détresse.

L’Eau née avant le jour,
Pour qu’au sec de la terre,
À son limpide amour
Un cœur se désaltère.

L’Eau pâle qui, plus tard
Que le soir coule encore.
L’Eau de pauvre regard
Dont chaque larme implore.

Je suis l’Eau d’aujourd’hui
Et demain qui ruisselle
Pour rejoindre celui
Qui n’a pas besoin d’elle.

Je suis l’Eau qui se perd,
En vain vive, en vain pure,
En vain bonne, à travers
De trop seules verdures.

Je suis celle qui court
Pour qu’enfin son Eau meure,
La Source qui toujours
Aura soif et qui pleure.
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Celui qui n'a besoin de rien, tout lui manque. Misère de l'homme qui se suffit, de l'esprit comblé de lui-même. Toute la valeur de l'homme esr dans sa recherche, son appel, son désir.
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Moi, la chèvre, je suis le surplus du troupeau

Et je m'ennuie avec ces gens de tout repos

Qui font tout bonnement tous la même chose.

Je m'ennuie à mourir sur ce chemin morose.

Je n'aime pas – j'en ai le cerveau courbatu –

Marcher en foule ainsi sur un terrain battu ;

Je n'aime pas broutter l'herbe déjà tondue,

Ce petit foin sans goût, sans fleur inattendue...

Rien de nouveau, rien, rien... Tout est toujours pareil,

Pas même, pour changer, de l'ombre et du soleil,

Pas un obstacle au loin sur la campagne glabre

Qu'on devine et qui fait que d'avance on se cabre...
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Entrez tous dans la danse,
Jours tendres, jeunes mois,
Enlacez en cadence
Vos souffles à ma voix.

Mars entre! Je t'attrape,
Espiègle ! Vert cabri
Qui de l'hiver t'échappes
Trop las d'être à l'abri.

Entrez, Avril la folle
Qui rit entre ses pleurs,
Mai dont le coeur s'envole
Dans le pollen des fleurs.
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"Celui qui n'a besoin de rien, tout lui manque.
Misère de l'homme qui se suffit,de l'esprit comblé de lui-même.
Toute la valeur de l'homme est dans sa recherche, son appel, son désir."
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À tous ceux qui très loin sont captifs
Dans le silence ; aux âmes enchaînées
Par la longueur des muettes années
En nul ne sait quels abîmes plaintifs ;
À ceux dont l’ombre a tant de murs sur elle
Qu’ils n’ont jamais pu donner de nouvelle
De leur nuit noire aux gens qui sont dehors ;
Ceux pleins d’appels dont nulle voix ne sort,
Dont le secret cherche un mot qui l’emporte ;
Ceux dont le cœur bat sans trouver de porte,
À tous ceux-là - je ne sais pas combien -
Je viens. Je suis petit oiseau, je viens.
Je viens, je suis moucheron, un rien frêle.
Une aile. Et j’ouvre et je donne mon aile
Pour alléger leur épaule et mon chant
Pour délivrer mon âme à travers champs.
Je viens. J’ai pris dans leurs fers, à leur place,
Leur cœur en moi pour m’envoler avec.
Je suis le pleur jailli de leurs yeux secs,
Je souffre en eux, je lutte, je suis lasse,
J’ai faim. Je tremble en des rêves tout bas,
J’ai peur... Je suis ce que je ne suis pas,
Ce que je suis peut-être - jeune fille
Que le printemps entête et qui vacille
Avec ce cœur lourd de divin ennui
Qu’on ne peut pas porter seule - je suis
Celle blessée entre toutes qui pleure.
Et je serai les pauvres tout à l’heure.
Quand je suis eux je ne dors pas la nuit -
J’irai criant, pour qu’un cri nous soutienne,
Mes maux - les leurs - nos tâches, nos soucis
Avec leur bouche pauvre, pas la mienne.
Je serai vieille, veuve... morte aussi
Avec les morts. Je serai, quand la route
Fuit sous ses pieds, pâle, celui qui doute,
Tombe renversé dans le noir de Dieu
Et ne peut plus remonter au milieu
De ses dociles et douces prières.
Je serai lui - peut-être moi derrière,
Dans son abîme - Et peut-être, au bord bleu
Du Paradis, je serai sainte un peu
Pour ceux des saints emmêlés en ce monde
Les plus petits - dont la chantante foi
Veut s’envoler mais qui n’ont pas de voix.
Je viens, je suis, folle ou triste à la ronde,
Tous ceux qui sont...

Et quand je serai moi,
Moi toute seule, aride, sans génie,
Seule au lieu morne où la route est finie,
Seule au moment où le ciel obscurci
Ne s’ouvre plus ; quand, sans être entendue,
J’aurai ma voix et mes ailes perdues,
Déjà peut-être elles sont loin d’ici -
Quelqu’un viendra. Je l’attendrai dans l’ombre,
Un frère, un cœur entre les cœurs sans nombre,
Quelqu’un à moi viendra pour la Merci
Aider mon âme à se sauver aussi.

(Chant de la Merci)
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Il arrive que nous cherchons, dans notre ami, la consolation et qu'elle ne s'y trouve pas aujourd'hui. Il arrive que nous ayons soif et que la tendresse de notre ami oublie aujourd'hui de nous donner à boire. C'est que la source de douceur humaine n'est pas inépuisable. Le consolateur a, comme nous, son heure de sécheresse. Celui qui nous donne la force manque aujourd'hui de force. Celui qui relève notre joie est tombé, aujourd'hui, de sa joie.

Comprenons-le. Ayons compassion à notre tour de cette pauvreté. N'exigeons rien. Ne réclamons pas sans cesse de l'amitié, de la bonté, le plus dont elle est capable, mais soyons toujours reconnaissants pour le moins dont elle dispose, le peu qu'elle a et nous donne. Et sachons attendre. L'instant vient où la grâce de l'ami lui sera et nous sera rendue.
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Passage du démon


Au commencement
À l’Amour, s’oppose l’Orgueil
Moi !
Moi opposé à l’autre
L’Amour dit Oui !
L’Orgueil dit Non !
Non serviam.
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Marie Noël
ÈVE

Bois, mon petit, à ma poitrine qui coule,
Je suis ta source – Bois ! – ta tiède fontaine,
Bois ce doux lait qui coule en ta gorge pleine
Avec un bruit de colombe qui roucoule.

Pose ta joue à la place la plus tendre
De ma chair. Mords-moi de ta petite bouche.
Du bout de mon sein mol je tente, je touche
Ta lèvre qui se trompe autour… Viens le prendre !

Bois, mon petit avide, emplis ta faiblesse
De moi qui me penche et qui te suis versée.
Capte ce lait chaud de m’avoir traversée
Au bourgeon de la mamelle… Ah ! tu me blesses !

Le savais-je la douceur d’être blessée,
Ouverte et saignant comme une orange vive
Qui fond en miel et n’est plus sous la gencive,
Plus rien qu’une joie à la gorge laissée ?

Adam ! Adam ! la douceur d’être mangée,
Qui la savait ? Qui savait le cher supplice
D’être la gorgée émouvante qui glisse
Et m’entraîne toute en mon petit changée ?

La douceur de mourir, la tendre aventure
De me perdre sans yeux ni route, en allée
Dans le noir de toi qui m’attendais, mêlée
Aux chemins naissants de ta force future !

Mourir… m’évader de cette solitude,
De ce moi qui tient ma richesse captive
Pour te rejoindre, ô soif qui cherche, l’eau vive,
Et calmer à ton besoin ma plénitude…

Bois. Jusqu’à tes os je ruisselle et j’écoute
Quand le lait heureux chemine en toi, cher être,
Un peu de moi dans tes veines disparaître,
Un peu de moi qui devient toi goutte à goutte.

J’écoute. J’entends dans ma gorge profonde
Que la clarté du lait qui sourd illumine,
Ne parle pas, Adam ! Adam ! je devine
Où passait la joie en s’en venant au monde.
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À tous ceux qui très loin sont captifs
Dans le silence ; aux âmes enchaînées
Par la longueur des muettes années
En nul ne sait quels abîmes plaintifs ;
À ceux dont l’ombre a tant de murs sur elle
Qu’ils n’ont jamais pu donner de nouvelle
De leur nuit noire aux gens qui sont dehors ;
Ceux pleins d’appels dont nulle voix ne sort
Dont le secret cherche un mot qui l’emporte
Ceux dont le cœur bat sans trouver de porte
À tous ceux- là ——je ne sais pas combien ——
Je viens . Je suis un petit oiseau . Je viens .
Je viens. Je suis moucheron, un rien frêle
Une aile .Et j’ouvre et je donne mon aile
Pour alléger leur épaule et mon chant
Pour délivrer leur âme à travers champs » …
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A genoux, près du feu d'hiver, j'ai désiré être bercée par le chant de ma nourrice ; j'ai désiré qu'une ombre vînt me raconter son rêve. Nul ne savait ce rêve que le feu et moi. Alors, je me le suis raconté à moi-même.
Mais maintenant que je le raconte à d'autres, qui pourra me suivre jusqu'au bout, passé la mort, au bord du lac profond, dans ce brouillard du temps d'après où, dit-on, le cerveau de l'homme survit une heure encore à ses membres et peu à peu s'éteint, s'enfonce, se noie dans l'ombre, avant d'abandonner l'âme sur la route que nul ne sait, au chemin qu'elle prend sans lui ?
Qui m'accompagnera si tard, si loin ?
Je l'ignore... Je raconte.
Marie Noël
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Je savais…


Je savais comment les meubles seraient rangés
  dans les chambres…
je savais quelles assiettes à ramages bleus j’allais
  poser sur la table…
je savais quelle porte s’ouvrirait tout à l’heure et
  qui entrerait…
je savais dans quelle ombre de la chambre je
  préparerais le berceau…

J’attendis. Les ans passèrent…
Et je m’en irai d’ici sans savoir ce qu’était une demeure
   humaine.
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Dans la plante, les feuilles et les fleurs sont beauté, les fruits, richesse, mais la racine n'est que force de foi.
La racine n'est qu'espérance, montée patiente dans le noir, vers le jour qu'elle ne sait pas et ne verra jamais, vers la fleur qu'elle ne sait pas et que sa nuit allaite.
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Depuis l'enfance, la poésie de Marie Noël m'enchante et, comme le constatait Claude Roy évoquant le pouvoir de la poésie, m'aide à déchanter. (...) Dès lors, comment supporter que cette poète de haut vol, cette mystique quotidienne soit caricaturée et glisse vers un oubli insidieux ? J'ai souhaité la rendre accessible au plus grand nombre. Quoi de mieux qu'un livre de poche lu par bribes dans le métro, l'avion, à la pause-café ou dans un lit d'hôpital, glissé sous l'oreiller à la place du téléphone ?
(Lire et relire Marie Noël, introduction de Colette Nys-Mazure)
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La curiosité, cette espérance de l'esprit.
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Il arrive que nous ayons soif et que la tendresse de notre ami oublie aujourd'hui de nous donner à boire. C'est que la source de douceur humaine n'est pas inépuisable. Le consolateur a, comme nous, son heure de sécheresse. Celui qui nous donne la force manque aujourd'hui de force. Celui qui relève notre joie est tombé, aujourd'hui, de sa joie. Comprenons-le. Ayons compassion à notre tour de cette pauvreté. N'exigeons rien. Ne réclamons pas sans cesse de l'amitié, de la bonté , le plus dont elle est capable, mais soyons toujours reconnaissants pour le moins dont elle dispose... le peu qu'elle a et nous donne. Et sachons attendre. L'instant vient où la grâce de l'ami lui sera et nous sera rendue.
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