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Critiques de Marie Noël (15)
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Les Chansons et les heures - Le Rosaire des..

De passage dans la cathédrale d'Auxerre, une exposition présentait Marie Noël, célèbre en sa ville, et quelques unes des plus belles de ses poésies.

Sortie de ce contexte et d'une manière générale, la poète semble beaucoup plus terne ; ce recueil manque de souffle et d'inspiration : l'auteure tourne et retourne sa ferveur avec des mots sans relief... et rares sont les textes un peu lumineux !

Elle apparaît donc un peu comme une simple femme pieuse, à la personnalité un peu lisse et ce n'est pas la préface de cette édition qui pourrait éveiller notre intérêt !

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Les Chansons et les heures - Le Rosaire des..

L’image que j’ai de Marie Noël (1883-1967) est un peu lisse. A priori, on peut la croire peu passionnée. Restée célibataire, née et morte à Auxerre, adepte d’une religion douce, créatrice de poésies charmantes mais parfois sans grand relief, elle ne prétend pas faire partie du panthéon de la poésie française. Toutefois, en me documentant, j’ai appris que sa vie a été bien plus tourmentée que je ne l’imaginais.



De Marie-Noël, je connais (un peu) "Les chansons et les heures" - et rien d’autre. Effectivement, ces poésies sont des chansons souvent douces, agréables, occasionnellement un peu mièvres. Avec elle, on est évidemment loin, très loin des audaces surréalistes (par exemple).

J’ai mis en citation un extrait de "Attente" qui me semble caractéristique de son style.

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Notes intimes

Nous sommes en 1920. Marie Rouget a 37 ans. Secouée par une grave crise religieuse, elle commence à rédiger - en marge des premiers poèmes qu'elle édite à compte d'auteur sous le pseudonyme de Marie Noël - des notes éparses, « quelques notes, bon an, mal an, pas davantage ». Mots mûris « dans l'ombre tourmentée du premier mauvais arbre », mots témoins du corps à corps avec l'Adversaire, mots échappés de « la grande nuit où personne ne guide personne ». Près de trente ans après la publication des Chants de la Merci, Marie Noël n'a pas quitté la campagne auxerroise et se décide à livrer ses Notes intimes [1], avec cet avertissement liminaire : « Je pense que ce n'est pas une lecture pour tous ».

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Le chant des jours

Des poèmes assez courts, un pour chaque jour de l'année. Un livre qui peut se lire d'une traite ou lentement. C'est pour moi qui adore la poésie assez simpliste comme recueil, je n'ai pas forcément ressentis d'émotions dans les différents vers. Un recueil assez "bon" tout de même.
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Petit-jour et souvenirs du beau mai

Marie est née en 1883 à Auxerre et a grandi dans le milieu strict d’une famille de la petite bourgeoisie catholique. Son enfance s’est déroulée, sans problème particulier sur le plan matériel, au sein du cocon douillet et protecteur de la demeure familiale ; pourtant, le manque d’affection taraude son petit être, lui procurant une souffrance intérieure, lancinante, qui l’attriste et qu’elle tente d’exorciser dans de ferventes prières. Le thème religieux est effectivement le point d’orgue de son histoire. La proximité de la cathédrale Saint-Etienne qui jouxtait son domicile et la grande dévotion familiale pour la religion ont certainement contribué à nourrir, dans l’esprit de Marie, l’espoir d’un bonheur céleste.



Dans cet ouvrage autobiographique, Marie Noël revient, avec une grande précision, sur les dix premières années de son existence. Elle décrit ses ressentis de petite fille, son univers peuplé de rêves et de cauchemars ; elle se souvient des chansons qui ont bercé sa jeunesse, des paroles de sagesse prononcées par les Grandes-Personnes, des contes de sa grand-mère, des promenades en pleine campagne et des séjours dans la maison de sa nourrice, juste avant l’âge de raison…



A la faveur d’une plume élégante et fine, la romancière relate, avec beaucoup de sensibilité et de poésie, la candeur et l’espièglerie qui sont le lot de tous les enfants, en général, et du sien, en particulier. Elle dévoile avec un peu de nostalgie les souvenirs de son jeune âge qui demeurent étonnamment ancrés, au détail près, dans sa mémoire. Se voulant intimiste, son récit de « petite fille modèle » se rapproche un peu de celui des « Malheurs de Sophie » de la Comtesse de Ségur. Représentant un jour de fête chrétienne ou un nom propre, Noël scellera définitivement le destin, aussi émouvant que tragique, de cette grande dame de la littérature.

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Les Chants de la Merci - Chants de Quatre-T..

Un recueil très varié, où Marie Noëlle embrasse de ses vers des thématiques très pathétiques, avec le ton correspondant : misère sociale, misère affective, misère matérielle.

Elle navigue toujours entre deux eaux, à la frontière entre poésie et chanson populaire.

Le côté champêtre et agricole sonne régulièrement un peu suranné, démodé.



Un drôle de mélange avec des passages franchement niais ("j'ai dans le coeur un grand amour, qui de la terre a fait le tour"), et d'autres, bien plus profonds, notamment lorsque l'auteur aborde la mort et le sacrifice, en particulier à la guerre.
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Les Chansons et les heures - Le Rosaire des..

J'imagine Marie-Noëlle avec une toute petite voix. De celles qui nous forcent à nous taire pour mieux les écouter. Marie Rouget, de vrai nom, a passé sa vie discrètement dans la petite ville d'Auxerre jusqu'à sa découverte tardive. Qu'a t-elle fait durant tout ce temps ? Quelques "bonnes oeuvres" sans doute, des prières , des soins de ménage mais surtout, en secret elle attendait ce Bien -Aimé dont elle n'a jamais dit le nom,.et qu'elle a pourtant si bien chanté dans ses écrits . Rien de spectaculaire dans tout cela j'en conviens, mais ses poésies sont d'une si grande profondeur, d'une telle sincérité et reflètent tant de drames intimes qu'elles forcent le respect. Comme pour moi, leur musique vous accompagnera longtemps.
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J'ai bien souvent de la peine avec Dieu : C..

Xavier Galmiche publie aux éditions du Cerf la correspondance de la poétesse Marie Noël (1883-1967), née à l’état civil sous le nom de Marie Mélanie Rouget. Elle s’est entretenue avec Arthur Mugnier, plus connu sous le nom d’abbé Mugnier, qui se voua « au culte des âmes et des lettres » (Paul Valéry). L’abbé Mugnier a rencontré beaucoup d’écrivains de son époque comme Huysmans, dont il relata la conversion. Il excella à sonder les cœurs.

Il convient de préciser, que la conférence des évêques de France a sollicité, en février 2017, l’ouverture d’une cause de béatification de Marie Noël. Elle fréquentera également l’abbé Brémond de l’Académie française.

C’est une grande et belle âme qui transparaît au fil des lettres, et bien sûr de l’œuvre de Marie Noël, qui apparaît en filigrane.

L’auteur parle joliment de « l’espièglerie angélique ». Marie Noël parle de la peine d’une âme troublée par le tragique de l’existence humaine, et par le spectacle d’une création traversée par « Bien et mal ensemble ».

Le but de cette correspondance était de trouver, dans la foi, de l’aide.

Marie Noel avait des scrupules à transgresser les interdits de l’Index (liste de livres interdits par l’Eglise, qui fut supprimée en 1966, car lesdits ouvrages seraient contraires à la foi ou de nature immorale).

Toutes ces lettres commentent vingt ans de vie culturelle. Cette correspondance est suivie de « Marie Noël ». Quand on lit toutes ses lettres, on pense à Sainte Thérèse de Lisieux, quand entre autre, Marie Noël évoque son caractère indécis et craintif à l’excès, par exemple, et elle quand indique, qu’elle cherche dans un livre « l’homme… ses grâce naturelles d’esprit et de cœur ».

Elle indique qu’elle oscille entre sa foi et la beauté du livre.

L’abbé Mugnier lui rappelle qu’autant d’âmes il existe, autant de manières de les diriger il y a. Il lui indique, qu’il faut « accepter la complexité, le mélange, le chaos de la vie », et qu’elle doit trouver dans sa foi l’élan, et non pas un obstacle. Selon l’abbé, on prie avec ses facultés et chacun a les siennes.

Une lecture rafraîchissante sur le fond, car il est rare de suivre le déroulement d’un accompagnement spirituel, et sur la forme ! A lire !



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Les Chants de la Merci - Chants de Quatre-T..

L'ouvrage est un recueil de poèmes, qui rassemble Les chants de la Merci, parus en 1930, et Les Chants des Quatre-Temps, publiés en 1972, après la mort de Marie Noël, survenue en 1967. Beaucoup des chants de la Merci sont d'inspiration chrétienne, alors que les poèmes des Chants des Quatre-Temps ressemblent davantage à des comptines, auxquelles il semble que seule manque une mélodie pour pouvoir les fredonner.



Sur le fond, ces poèmes aux accents autobiographiques ("Captive" : Cette fille, / Je crois que c'était moi) sont souvent sombres, exprimant une large palette de sentiments négatifs. Et malgré cela, cette poésie reste empreinte de foi, d'espérance et de charité. Ce double constat est la marque de fabrique de Marie Noël.



Parmi ces sentiments négatifs, on peut citer la peur, notamment celle de la mort ("Les dernières détresses" : Ils se penchent. En vain. Ils ne peuvent descendre / Les degrés de l'abîme où roule ton effroi. / Ils te veillent. En vain. Ils ne peuvent entendre / Ce cri désespéré qui ne sort plus de toi), la déception amoureuse ("Désenchantement" : Ô mon amour, mon seul amour ! / Si je savais par quel chemin / Tu t'en es allé sans retour / Je le prendrais, j'irais sans fin), l'amour contrarié ("Discorde", qui commence et se termine par "Vous viendrez"), l'inquiétude du lendemain, avec toutes les préoccupations qui provoquent l'insomnie d'une mère de famille ("Le souci" : Les heures tour à tour partent. J'entends l'aurore / Qui s'approche. Ô fatigue, endors-moi ! - Pas encore...), la perte d'un fils sur les champs de bataille de 14-18 ("Chant de la compassion" : Prends-lui la main et, l'endormant, / Fais-le descendre doucement / Au fond obscur de la mort.).



Dans ce tableau noir, Marie Noël fait néanmoins luire la petite flamme de la Foi, de l'Espérance et de la Charité. Et c'est là que, la poésie se faisant prière, l'oeuvre de Marie Noël atteint le sublime. Ainsi, en matière d'espérance, on ne peut pas ne pas citer cette magnifique "Assomption", où elle décrit les anges accueillant à sa mort, Fanny, une pauvre servante qui a vécu dans l'ombre toute sa vie : "Lève-toi maintenant dans tes haillons splendides ! / Viens dans le dénuement de ton morne départ / Viens Fanny, prends les cieux, prends Dieu dans tes mains vides / Prends l'éternelle joie, ô femme, c'est ta part".

Pour ce qui concerne la charité, les magnifiques "Exercices", où Marie Noël détaille les circonstances qui font obstacle à la charité, nous invitent à les surmonter et à aimer : "Quand donc m'arrêterai-je un peu d'aimer ! - Courage ! / - Mais je n'ai plus d'amour, je l'ai trop prodigué. / - Aime ! Les voyageurs qui sont pris par l'orage / Se mettront à l'abri dans ton coeur fatigué." Où l'on ne manquera pas d'observer qu'elle fait rimer le mot ciel avec fiel... Ces exercices sont suivis de la superbe "Prière pour toutes sortes de nécessités", où Marie Noël passe en revue les intentions de prière qui jalonnent une vie (la solitude, la maladie, la mort, etc.), tout en se mettant en retrait et en ne demandant rien pour elle-même : "- Moi, Seigneur ? Ô mon Dieu, je n'ai besoin de rien".



La poésie est un art où Marie Noël excelle, tant sur la rime que sur le rythme. Des vers de quatorze pieds, de douze, de huit, ou de six, voire des impairs, elle a tout tenté et tout réussi. A ce titre, ce recueil de poèmes m'a fait penser à ce qu'André Gide écrivait sur l'art : "L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de libertés". Ainsi, plus le vers "sonne" bien, c'est-à-dire plus il coule de source, un peu comme une évidence, plus il a exigé de travail en amont.

Mais paradoxalement, si le poète a respecté la rime et le rythme, cette contrainte a restreint son champ de recherche et donc limité son choix de mots, lui facilitant en quelque sorte le travail. Il ne s'agit plus alors de chercher un mot parmi tous, il s'agit simplement d'en choisir un parmi les deux ou trois qui peuvent convenir.

Au moment de conclure ce billet, par gratitude pour Marie Noël qui m'a offert ces moments d'émotion littéraire, et pour reprendre le titre, je n'aurais qu'un seul mot : merci.
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Le sommet de la route et l’ombre de la croix

Un peu mystérieux, le titre de ce petit livre est, en fait, un vers extrait du "Rosaire" de Francis Jammes, dont Georges Brassens avait composé la belle chanson "Je vous salue Marie". Son sous-titre est plus explicite : "six poètes chrétiens du XXème siècle". La préface, intitulée "Mon Dieu m'a dit", les présente de façon synthétique, en indiquant ce qu'il est important de savoir de chacun d'eux. Puis, comme si ces six poètes répondaient à ce que Dieu leur a dit, l'ouvrage nous propose une sélection de leurs textes. Les mots ont parfois une telle puissance d'évocation -ou d'invocation- qu'un poème peut, en effet, constituer une prière ; inversement, des auteurs ont aussi choisi d'emblée la voie poétique pour écrire une prière. A titre personnel, je suis plus sensible aux rimes et aux alexandrins, qu'aux vers libres. Marie Noël et Charles Péguy dominent donc ce florilège. Une lecture rafraîchissante.
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Le chant des jours

C’est l’une des très grandes femmes de lettres du XXe siècle – à l’égal d’une Colette, selon Montherlant – mais dont la renommée peine à s’imposer. Marie Noël est oubliée, et c’est injuste. Il faut dire aussi que cette auteure bourguignonne (comme Colette, d’ailleurs), n’aura jamais bougé d’Auxerre et a cultivé une forme de discrétion tout au long de sa vie ("Et quand tu m’écouterais, / Quand tu suivrais à mesure / Tous mes gestes, tous mes pas, / Par le trou de la serrure… / Tu ne me connaîtrais pas"), discrétion qui lui a survécu, hélas.

Il est temps sans doute, de découvrir ou, pourquoi pas, de redécouvrir Marie Noël (1883-1967), récompensée en son temps de prestigieux prix (Académie Française, Société des gens de lettres ou Société des Poètes). Le Chant des Jours que publient les éditions Desclée de Brouwer, et dont le titre renvoie à ses Chansons, est une manière d’entrée en douceur dans une œuvre à la tonalité incomparable, tour à tour sombre, lumineuse, désespérée et aux éclats de lumière incroyables.

La romancière et essayiste Colette Nys-Mazure a compilé dans cet ouvrage une sélection de textes, toujours très brefs, pour rendre Marie Noël accessible au plus grand nombre : "Quoi de mieux qu’un livre de poche lu par bribes dans le métro, l’avion, à la pause-café ou dans un lit d’hôpital, glissé sous l’oreiller à la place du téléphone ?"

Le Chant des Jours c’est 365 jours avec Marie Noël, donc. Chaque mois de l’année correspond à une thématique abordée : la difficulté de se connaître soi-même, l’amour espéré et redouté, le repli et l’envol, la détresse et la confiance, la nature, les exigences de la création, le chez-soi, la solitude, le temps et la croyance. Une sorte d’almanach, donc, qui n’est pas sans rappeler cet autre : Almanach pour une jeune fille triste (2011, posthume).

Le choix éditorial a été de proposer des textes extraits de poèmes s’étalant sur plusieurs jours, à l’instar de Ronde : "Mon père me veut marier, / Sauvons-nous, sauvons-nous par les bois et la plaine, / Mon père me veut marier, / Petit oiseau, tout vif te laisseras-tu lier ?" (7-12 juillet).

L’humour et l’autodérision ("Je ris… Je me moque un peu de moi") est présent, sans pour autant que Marie Noël ne doute que l’écriture est ce qui la fait avancer, avec toujours le regard d’une femme croyante, pieuse (un procès en béatification est d’ailleurs en cours), mais d’une grande humilité.

Cette grande solitaire ("Il se fait tard. Personne ne viendra plus maintenant…") se confie via des textes denses, qui chantent le dépouillement, les autres ou la nature, autant que le malheur, le désespoir ou la mort, "entre révolte et acquiescement", comme le souligne Colette Nys-Mazure. Et avec toujours une importance laissée au sacré et à la foi. Les passages choisis pour les premiers jours de février renvoient ainsi au Cantique des Cantiques ("Mon bien-aimé descend la colline fleurie / De blé noir, / Très lentement par les champs pâles… C’est le soir"), mais cette fois avec le regard noëlien d’une femme rejetée, rappel d’un amour de jeunesse déçu ("Mon bien-aimé passa, voilé de rêverie, / L’âme ailleurs, / Sans rien me dire hélas ! Sans me voir, et j’en meurs"). L’amour apparaît chez elle comme un Souverain Bien inaccessible, et en tout cas pour lequel elle ne semble pas être destiné ("Dans l’Amour, si grand, si grand, / Je me perdrai toute / Comme un agnelet / Dans un bois sans route").

Cet amour inaccessible et finalement cette solitude qui l’a pesée toute sa vie ("J’ai tellement besoin d’un ami que je l’invente"), on le doit sans nul doute à une éducation rigide, tiraillée entre un père philosophe, agnostique et dur ("- Va prier le soleil pour que mon champ prospère. / C’est ta dot qui mûrit dans nos blés. / Oui, mon père") et une famille pétrie dans une culture catholique extrêmement rigide ("Sommes-nous au couvent ?" demande-t-elle avec une ironie mordante) : une éducation qui est pour beaucoup dans le parcours personnel et artistique de Marie Noël ("Famille d’autrefois en province, composée de gens qui retombent – les femmes surtout – indéfiniment les uns sur les autres"). L’auteure parle également d’une des grandes déchirures de sa vie : la mort prématurée de son jeune frère Eugène en 1904 ("Sœur, la chanson d’amour que tu savais naguère, / Celle où passe un oiseau, chante-la… / Oui, mon frère" fait-elle dire à cet enfant qu'elle ne cessera jamais de pleurer).

Artistiquement, le lecteur trouvera dans Le Chant des Jours des textes consacrés à son travail littéraire. Marie Noël l'appréhende comme une artisane à la recherche de la phrase parfaite, sans fioriture ("Ce que tu as dit en dix mots, tâche de le dire en sept. En trois si tu peux") mais aussi comme une poétesse en recherche perpétuelle ("Je voudrais retrouver le pays natal de ma poésie, le nid perdu de ma chanson").

Femme de lettres importante, mais aussi croyante tourmentée, Marie Noël résume elle-même ce qui pourrait définir son œuvre : "J’ai toujours pensé que pour découvrir dans un poète la source subconsciente de sa Poésie, il n’était que de noter les mots qui reviennent le plus fréquemment, les plus involontairement dans son incantation. Chez moi j’ai trouvé : chemin, noir, perdu, pâle, seul…" Il est à cet égard frappant que ce ne sont pas des termes ayant trait à la religion ou à Dieu qu'elle choisit. Profondément croyante, Marie Noël n’en retira finalement que peu de réconfort : "Dieu n’est pas un lieu tranquille," écrit-elle pleine d'amertume dans un texte que le lecteur trouvera singulièrement à la date du 25 décembre.
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Le chemin d'Anna Bargeton

Anna Bargeton aurait pu se marier : elle avait quelqu'un en vue, et l'attirance semblait réciproque. Mais dès le début de ce très court roman, on sait que le moment où cet avenir était encore possible est passé. La vie d'Anna s'étiole entre sa mère, une femme égoïste et dure, et une malade dont il faut prendre soin. Bref, extérieurement, Anna a raté sa vie. Elle souffre de ce célibat auquel elle s'est résignée, et ses pensées font écho à certains de poèmes de Marie Noël, elle-même « vieille fille ». « S’il allait ne pas venir !... »

Anna réussit le tour de force de ne céder ni au désespoir ni à l'aigreur, même dans les moments amers. Elle reste cette femme aimante qui souhaite du bien aux autres. A-t-elle, comme le pense l'éditeur, trouvé le meilleur de la vie ? Je ne sais pas, mais elle illustre à merveille le « Quand la vie vous donne des citrons, faites de la citronnade ».
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Les chansons et les heures

Son premier recueil Les chansons et les heures, paru en 1928, est enraciné dans l'enfance : c'est avec une naïveté et une pudeur touchante que Marie Noël évoque sa passion pour le chant populaire et la liturgie chrétienne
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Almanach pour une jeune fille triste

Récemment, on a retrouvé, cet almanach pour une jeune fille triste. Un inédit, donc. L’auteur prévient : « Ceci n’est pas un livre, rien qu’un almanach. Pas une œuvre littéraire, un simple remède de bonne femme pour les humeurs noires » : un « recueil de pensées tonifiantes pour tous les jours de l’année, (…) un vin de santé. »



Marie Noël l’écrit au cours d’un séjour à l’hôpital où elle rencontre cette « jeune fille triste ». Elle va ainsi chercher pour chaque jour une pensée, un mot, une phrase, une citation. Hélas, elle s’en excuse dans la préface, la bibliothèque dont elle dispose n’est pas la sienne et n’enferme pas tout le matériau littéraire ou spirituel qu’elle aurait voulu. « Je n’abordai qu’avec précaution le sentiment religieux », écrit-elle.

Comment organiser ce travail ? Comment semer dans les jours, les semaines et les mois du bon grain qui trouverait une terre meuble ? « Rien de suivi, rien d’uniforme, la liberté, la variété et le stimulant, chaque matin, de quelque surprise. »

Elle-même ne va pas bien quand elle entreprend ce travail : plongé dans « un grave état de faiblesse nerveuse », avoue-t-elle. Elle prend chaque matin quatre ou cinq feuilles de beau papier d’Arches car « il faut que le papier soit beau pour qu’on ait peur de la gâcher ». Et elle trace à l’encre rouge un cadre. C’est l’idée de Victor Ségalen qui dans Stèles, encadre ses pages de noirs pour figurer les tombes. Ici, on est partagé entre l’infirmerie blanche à liseré rouge et le livre d’heure coloré.

Chaque jour de cette année 1922 a sa pensée. « Ne soyez pas de ces affairées qui n’arrêtent jamais. Sachez prendre du repos, perdre du temps –Ce ne sera jamais du temps perdu- Et quelque fois, vous ébattre » (10 janvier). Elle cite François de Sales, Michelet, Rousseau, Péguy, Verlaine, Bossuet, Isaïe, les évangiles. Elle glisse des conseils, des pensées : « N’abandonnez pas le monde, car il regorge de joies pures et vraiment divines qui seront perdues si vous ne les moissonnez pas ». (30 juin).

Dans sa préface, la vieille dame prévient : « Quand on n’est pas content de la page du jour, il est ex-pres-sé-ment in-ter-dit de regarder d’avance pour se dédommager la page du lendemain, du surlendemain, des jours suivants. » Dans sa postface, elle écrit : « Vieille ramasseuse de bonnes herbes, j’ai achevé ma récolte. (…) Le livre de la vieille année est clos. Ouvrez, écrivez vous-même celui de la nouvelle année ».

Entre ces deux textes, donc, 365 pages de bonne herbe, qu’on peut lire aussi comme un combat spirituel, la volonté de regarder le monde, et le temps avec humilité et bienveillance, avec générosité, tout simplement.


Lien : http://christophemory.com/in..
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Almanach pour une jeune fille triste

Son livre est un baume mais aussi un tonifiant. On y découvre, pas à pas, comment transformer l'eau des heures froides en vin de réjouissance.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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