Un roman et un récit juxtaposés. C'est ainsi que Marielle Hubert caractérise son livre dans dans la vidéo que l'on trouve sous son nom sur Babelio.
Le récit c'est celui de la maladie et de la proximité de la mort de la mère, Sylvette. C'est le moment d'exposer le parcours de la mère et de la fille et le trou noir qui leur a mangé l'existence. Il faut tâcher de savoir et de comprendre. Mais comme il ne faut rien dire, beaucoup de choses restent dans l'ombre. Alors pour approcher de la vérité, il faut inventer. C'est le côté roman. Mais un roman qui dit vrai.
Car cette quête est relatée avec beaucoup de probité, en traquant tous les faux semblants, tous les donneurs de leçons qui ne savent rien, toute cette bouillie sociale.
Il faut retrouver la mère, cette fausse adulte qui a toujours cinq ans. Et chercher cet amour paradoxal, si grand et difficile, perdu, retrouvé, perdu à nouveau. Car Sylvette est incapable de se laisser aimer. C'est un roman qui exprime la complexité irréductible de l'amour.
Je ne sais pas si c'est beau. J'ai trouvé ce roman profond et intelligent, même s'il frôle parfois le psychologisme. L'écriture a des formules tranchantes qui soulignent la recherche de vérité, le souci de la justesse. Et une proximité se crée avec l'auteure narratrice.
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Je viens de terminer Il ne faut rien dire de Marielle Hubert et je ressens le besoin de venir en parler immédiatement - mais mes pensées ne sont pas vraiment cohérentes, j'ai toujours beaucoup de mal à évoquer des lectures aussi marquantes.
Pendant l'écriture de ce livre la mère de Marielle est en train de mourir et l'autrice revient sur son rapport à elle, sur tout l'amour qu'elle lui portait enfant et qui a fini par la dévorer de l'intérieur. À travers l'invention (mais l'invention n'est jamais un mensonge), Marielle Hubert remonte le temps, va à la rencontre de sa mere quand elle avait 3, 4, 5 ans. Elle essaye de faire du sens, elle tourne autour des fantômes de sa mère, elle veut retrouver de l'affection pour la fillette qu'elle était, puisqu'elle ne parvient plus à aimer celle qui est désormais une vieille femme, désormais mourante.
J'ai trouve ce récit extrêmement frappant de justesse, et tout en parlant de son expérience personnelle, l'autrice traite de sujets qui me sont chers, de sujets dont je sais qu'il est extrêmement difficile de parler, encore plus d'écrire.
Bref : un livre sur la transmission. Sur les non-dits. Sur les rapports passionnels et destructeurs d'une mère à sa fille.
Une claque.
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Il est des livres qui ne peuvent se résumer tant ils sont denses d’amour et d’émotions, Il ne faut rien dire, le deuxième roman de Marielle Hubert chez POL en fait partie.
Entre fiction, récit et témoignage, l’autrice au style à la fois percutant et poétique joue avec les ressorts du secret familial et du lien mère-fille. Celui de Sylvette et de sa fille ne s’inverse pas au cours du temps qui passe, il est fondateur de cette relation intense. Sylvette mère-enfant ou enfant-mère est la survivante d’un enfer qui ne peut s’énoncer, la narratrice en est à la fois le témoin et la prisonnière : indispensable et impuissante.
Sylvette est malade d’un cancer multi-métastasé en phase terminale, elle n’a plus que quelques semaines à vivre mais refuse de mourir, elle survivra plusieurs années forçant l’admiration de tous mais douchant les espoirs libérateurs de ses proches. Elle meurt 1 semaine après que ce livre soit achevé comme une conclusion à cette longue attente laissant l’imagination faire parler les fantômes d’une vie baignée dans la folie.
Un livre bouleversant qui reste dans la tête, le corps et le cœur !
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Un texte magnifique, stupéfiant, bouleversant, Ici Marielle , la narratrice, est au chevet de sa mère Sylvette, atteinte d’un cancer, et qui ne veut pas mourir., depuis des jours, des mois le temps s'accumulent Je souhaite sa mort qu'elle refuse de libérer. Un texte fort, puissant Il ne faut rien dire remonte une histoire familiale « J’ai arrêté d’aimer Sylvette quand j’ai compris que mon amour pour elle était immédiatement redistribué à toute une cohorte de fantômes qui ne la quittait jamais. » Elle va revenir à l'âge des 5 ans de sa mère pour essayer de sortir de ce trou noir, de faire sortir tous ces fantomes. « Les survivants sont des monstres : la douleur chez eux est convertie en métal vivant. » Ou encore : « Personne ne survit impunément. Les victimes ne peuvent pas s’empêcher de s’essuyer sur les autres. » On ressent chez elle une douleur immense, un cri tout au long des pages. Marielle veut faire sortir la Vérité en écrivant ce livre elle veut tout dire pour tenter de se reconstruire. Un grand coup de coeur pour ce livre, que je vous recommande vivement
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Ce livre parle de grotte, de peur, d'amour et d'enfance. Il dit si bien le poids si lourd de tout ce qui se joue à cette période de la vie.
Le talent d'écriture de Marielle Hubert ramène de la lumière dans ce sombre. J'ai trouvé ce roman extrêmement bien écrit et profond. C'est rare de lire l'enfance avec ce point de vue là et c'est beau. Ca réveille mais c'est beau !
J'ai hâte de lire le deuxième roman de cette autrice.
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Un écriture singulière, sans aucun doute, avec un fil directeur original (celui de l'immersion dans le noir profond) qui est exploité sur différents plans. Le dialogue des différents narrateurs permet de voir se polariser une expérience commune, mais il est souvent redondant et le bavardage intérieur des personnages peut parfois décourager...
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Un texte coup de poing, qui prend aux tripes, de l'amour à la haine. La narratrice ne mâche pas ses mots et c'est bien, peu importe ce que l'on peut dire ou ne pas dire en société. J'aime cette liberté. Un texte fort qui aborde l'héritage, le lien filial, la normalité, la folie, l'humanité en somme.
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Un premier roman réussi au style déjà abouti.
Une grotte, l’expérience de la mort, amours et découverte de la sexualité, Marielle Hubert nous emmène au cœur des amours et des ressentis adolescents avec talent et sans aucun jugement. Une fraîcheur qui fait du bien.
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