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3.79/5 (sur 26 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Martine Quentric-Séguy a été ethnologue puis psychothérapeute.

Aujourd'hui, elle est peintre, conteuse et écrivain,

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Bibliographie de Martine Quentric-Séguy   (5)Voir plus

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Un homme très imbu de lui-même fit recouvrir de miroirs tous les murs et le plafond de sa plus belle chambre. Souvent il s’enfermait là, contemplait son image, s’admirait en détail, dessus, dessous, devant, derrière. Il s’en trouvait tout ragaillardi, prêt à affronter le monde.

Un matin il quitta la pièce sans refermer la porte. Son chien y pénétra. Voyant d’autres chiens il les renifla ; comme ils le reniflaient, il grogna ; comme ils grognaient, il les menaça ; comme ils menaçaient, il aboya et se rua sur eux. Ce fut un combat épouvantable : les batailles contre soi-même sont des plus féroces qui soient ! Le chien mourut, exténué.

Un ascète passait par là tandis que le maître du chien, désolé, faisait murer la porte de la pièce aux miroirs.

- Ce lieu peut beaucoup vous apprendre, lui dit-il, laissez-le ouvert.
- Que voulez-vous dire ?
- Le monde est aussi neutre que vos miroirs. Selon que nous sommes admiratifs ou anxieux, il nous renvoie ce que nous lui donnons. Soyez heureux, le monde l’est. Soyez inquiets, il l’est aussi. Nous y combattons sans cesse nos reflets et nous mourons dans l’affrontement. Que ces miroirs vous aident à comprendre ceci : dans chaque être et chaque instant, heureux, facile ou difficile, nous ne voyons ni les gens ni le monde, mais notre seule image. Voyez cela et toute peur, tout refus, tout combat vous abandonneront.
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Le Bouddha enseignait partout où il passait. Or un jour qu’il parlait sur une place de village, un homme vint l’écouter parmi la foule. L’auditeur se mit bientôt à bouillir d’envie et de rage. La sainteté du Bouddha l’exaspérait. N’y pouvant plus tenir, il hurla des insultes. Le Bouddha demeura impassible. L’homme fulminant quitta la place.

Comme il avançait le long des rizières à larges enjambées, sa colère s’apaisait. Déjà le temple de son village grandissait au-dessus des rizières. En lui monta la conscience que sa colère était née de la jalousie et qu’il avait insulté un sage. Il se sentit si mal à l’aise qu’il rebroussa chemin pour présenter des excuses au Bouddha.

Lorsqu’il arriva sur la place où l’enseignement continuait, la foule se poussa pour laisser passer l’homme qui avait insulté le Maître. Les gens incrédules le regardaient revenir. Les regards se croisaient, les coudes étaient poussés pour attirer l’attention des voisins, un murmure suivait ses pas. Lorsqu’il fut suffisamment près, il se prosterna, suppliant le Bouddha de lui pardonner la violence de ses propos et l’indécence de sa pensée. Le Bouddha plein de compassion, vint le relever.

- Je n’ai rien à vous pardonner, je n’ai reçu ni violence ni indécence.

- J’ai pourtant proféré des injures et des grossièretés graves.

- Que faites-vous si quelqu’un vous tend un objet dont vous n’avez pas l’usage ou que vous ne souhaitez pas saisir ?

- Je ne tends pas la main, je ne le prends pas bien sûr.

- Que fait le donateur ?

- Ma foi, que peut-il faire ? Il garde son objet.

- C’est sans doute pourquoi vous semblez souffrir des injures et des grossièretés que vous avez proférées. Quant à moi, rassurez-vous, je n’ai pas été accablé. Cette violence que vous donniez, il n’y avait personne pour la prendre.
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Le roi tomba de cheval. Il se brisa si gravement les jambes qu'il en perdit l'usage. Il apprit donc à circuler avec des béquilles mais supportait mal son invalidité. Voir autour de lui les gens de sa cour valides lui devint bientôt insupportable et lui gâta l'humeur. Il refusa de se montrer amoindri.
"Puisque je ne peux pas être semblable aux autres, se dit-il un matin d'été, chacun sera semblable à moi."
Il fit donc publier dans ses villes et villages l'ordre définitif que chacun s'embéquille sous peine de mort immédiate.
Au début, quelques provocateurs sortirent au grand jour sans aucun support. Il fut certes difficile de les rattraper en courant, mais tous furent un jour ou l'autre arrêtés, condamnés, exécutés pour l'exemple. Nul n'osa réitérer la provocation. Afin d'assurer la sécurité de leurs enfants, les mères enseignèrent d'emblée à leurs bambins à marcher avec des béquilles. Il fallait s'y faire, on s'y fit. [...]
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Et le voyant voit l’impermanence, il voit que la seule permanence est la permanence du changement. L’ego prend peur et refuse, s’accroche. Et si l’impermanence était acceptée ? Totalement acceptée… non pas un « oui mais », juste « OUI », sans conflit, sans ego.

Qu’est-ce qui pourrait être plus libérateur que « je ne suis rien, je n’ai rien » ? Soudain il n’y a ni image à perdre, ni peur de la destruction. Comment « rien » pourrait-il être prisonnier ou libéré ? Plus de questions ni de réponses à recevoir : tout ce qui était à donner est donné, OUI. […]

[…] Unité, sans séparation, uniquement UN : le voyant, l’objet vu et l’action de voir, totalement UN, à l’état de Conscience, car sans Conscience rien ne peut exister, la conscience du « rien » elle-même appartient à la Conscience. Cependant la Conscience n’est pas consciente à cause des objets qui y passent, la conscience est hypostase, Conscience en Soi.
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Ivresse

Swâmî Muktânanda &tait un sage abandonné à Dieu. Ce jour-là, il marchait en ville.

Un homme apparut qui titubait et marmonnait en agitant les bras. La tête semblait aller de l'avant tandis que le postérieur souhaitait revenir au point de départ. Il leva la tête pour estimer les distances, jauger les obstacles éventuels, envisager une stratégie.

C'est alors qu'il aperçut swâmî Muktânanda. Son visage se fendit d'un rire radieux et il se précipita, soudain capable d'avancer en ligne droite.

- Toi, tu me plais, dit-il. Viens boire avec moi.

Swâmî Muktânanda, impassible, répondit doucement:

- Ne vois-tu pas que je suis déjà ivre ?
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JE ne Suis ni mental, ni intelligence, ni ego, ni pensée,
pas plus qu’ouïe et goût, ni qu’odorat et vue,
pas non plus ciel et terre, ni soleil, ni vent.
Sous forme de conscience et de béatitude, JE Suis Siva, JE Suis Siva.
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Il hocha la tête et lui dit :

- Trouve une maison où la mort n'a jamais frappé. Demande une poignée de riz. Dés que tu l'auras dans la main ton enfant revivra.

Elle partit en courant vers le premier village, riant, pleurant tout à la fois. Elle revivrait, bientôt avec son fils.

Elle frappa à la porte de la première maison. Une vieille dame vint ouvrir.

- Une poignée de riz, pour sauver mon enfant !

- Prends, femme, et sois en paix !
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Merveilles des merveilles, le tigre se dressa aussitôt sur ses pattes, le poil rude, les canines scintillantes. Superbe, il bondit élégamment, croqua les trois hommes. Depuis le temps que ses os séchaient, il avait très grand-faim. Son festin achevé, la mendiante le vit se lécher les babines, s'avancer dans le temple et se confondre avec le grand tigre de marbre que chevauchait l'effigie de Durgâ.
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Ils arrivèrent en vue du monastère un peu avant la tombée de la nuit. Épuisés par leur voyage, ils étaient soulagés de voir se profiler le grand bâtiment sombre et l'immense cloche blanche du stûpa. Ils firent une pause pour souffler un instant. Le moine soudain s'inquiéta :

- Comment vas-tu expliquer cela au lama ?

- Que dois-je expliquer au lama ?
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Comme il atteignait leur maison, il entendit des rires d'enfants dans le jardin. Il jeta un coup d’œil par-dessus le muret, vit la femme allaiter un nourrisson tandis qu'une fillette et son frère aîné jouaient autour d'elle. Il était inutile de demander si le bébé était celui de la femme. D'où lui serait monté, sinon, ce lait que l'enfant savourait ?
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