Maud Parent

Il a déjà du mal avec lui-même, alors je ne vois pas comment il pourrait gérer correctement une relation amoureuse.

«  Tu sais, il y a la beauté facile, et puis il y a celle plus complexe. Celle qu’il faut trouver, celle qui se dévoile a nous uniquement si on fait l’effort de la chercher. Je préfère la beauté de l’âme. Lorsque tu découvres une personne que tu penses banale et qu’elle se révèle soudain extraordinaire faisant écho à tes propres rêves, ravivant tes espoirs les plus fous, t’ouvrant les yeux sur le monde et te faisant faire ce que jamais tu n’aurais cru être capable de réaliser … Rencontrer ce genre de personne, c’est comme trouver un trésor. »

Le bonheur, c'est pas un sentiment constant, c'est un moment éphémère. Et la plupart du temps on ne le voit pas passer, on en profite simplement pour ne pas l'oublier, et puis un jour on se rencontre que c'était ça, cet instant-là, à cet endroit-là, avec cette personne-là.

Et puis tu sais aussi ce que ça fait de ne pas être aimé pour ce que l'on est mais pour ce que l'on a ?

C'est comme ça, la vie. La contradiction de nos vies insipides et de nos instincts humains exacerbés. On vit sans en avoir les moyens. Les moyens d'aimer, les moyens de ressentir, les moyens d'en parler, les moyens d'avoir du temps. Il n'y a personne pour te donner tout ça, il faut avoir le courage de le prendre, de le voler, de réclamer ton dû. Il faut être fort pour vivre. Surtout ici.

Le nombre de selfies sur ce ...d'Internet où je suis tellement triste, tellement déçu, tellement crevé, tellement mal... Mais les gens ne le voient pas, ils ne me voient pas.

Tout le monde nous déçoit un jour ou l'autre. Je l'ai compris désormais. Et si ça nous fait si mal c'est simplement parce que l'on met trop d'espoir en ces personnes-là. On leur donne la force de nous blesser, on leur donne le droit de nous faire du mal.

La chute, ce n'est pas la fin, ce n'est que le début, j'ai peur de tomber, mais en réalité j'ai juste peur de m'écraser en contrebas. Parce que dans mon histoire je sais voler. Du coup, il faut juste ne pas avoir peur de sauter. Et on se rend compte que le voyage ne fait que commencer.

Il n'y a pas de recette miracle, Lila. Il n'y a rien de magique dans la vie. Et je n'ai pas la réponse à tes questions. Par contre, je tiens une chose pour sûre, c'est que les plus belles personnes sur cette terre sont des êtres mesurés, des âmes qui savent que les extrêmes ne sont pas des traits de personnalité à part entière. Rien ne se joue dans la démesure, la beauté est dans la tempérance. Il y a parfois des fausses notes dans une symphonie, des odeurs rances dans un parfum inoubliable. Il y a en ce monde du beau et du laid, du vieux et du jeune, du bon et du mauvais, et nous sommes faits d'un peu de ces choses et de beaucoup d'autres. Nuance tes pensées, dessine un portrait de toi plus détaillé, réfléchis à tes envies, décortique tes besoins. Tu as le temps de ta vie, le temps d'apprendre tes leçons, même le temps de te tromper et de tout recommencer.

Ce sont des petits détails, Lila, qui ne trompent pas. Une sensation qui te dérange, tu ne veux pas le voir mais tu le sais. Certains appellent ça l'instinct, d'autres l'expérience, moi, je pense que c'est notre intelligence qui nous rappelle à l'ordre. Écoute-toi toujours, ne mets jamais en sourdine cette petite voix qui te fait une remarque, même si elle te dit quelque chose qui ne te plaît pas. Même si c'est l'amour fou, même si ce que tu vis est fantastique, même si c'est le bonheur total. Il y a toujours une raison pour que ta voix s'élève, et finalement tu te rendras compte que, rien qu'en te faisant confiance, tu résoudras pas mal de problèmes avant même qu'ils ne se posent...

Si j'avais su quoi te dire, je ne serais pas là à t'écrire. Si j'avais pu te sauver, j'espère que tu m'aurais laissée faire. Si je pouvais revenir en arrière, je t'assure que je ferais les choses autrement. Je t'aurais dit que je t'aimais, tout simplement, comme on aime ceux qui nous comprennent. J'entends ta voix dans ma tête, et je t'entends soupirer, parce qu'une fille qui dit ça à une autre, à voix haute, c'est mal vu. Mais moi je m'en fous, je te dis que je t'aime. Et, si je te l'avais dit, peut-être que tu m'aurais crue, et peut-être que tu serais encore là. Alors je dis à toutes celles et ceux qui peuvent encore le faire de dire Je t'aime, effrontément et sans remords, de ne pas avoir honte, et de porter la bienveillance aux nues, à bout de bras et contre la terreur de ceux qui ont le cœur sec de tout amour. Puisque c'est une question de vie ou de mort. Tu sais, je n'y connaissais rien, à l'amour, et je suis certaine de ne pas en avoir fait le tour. Mais je croyais naïvement que ce n'était qu'entre deux amants. J'ai appris grâce à toi que ce n'est pas que ça. L'amour, c'est plus que moi et toutes ces conneries. L'amour, c'est finalement me rendre compte qu'après toutes ces frasques, Nanae, c'était toi my Korean lover...

J'avais changé, au plus profond de moi, je n'étais plus celle qui observait le monde derrière son objectif. Jamais il n'avait été question de tort ou de raison, ici ou ailleurs, dans nos jungles urbaines, l'homme restait le loup qu'il était et avait toujours été, pour son prochain et pour lui-même. Et jétais, bien évidemment, de ces animaux bêtes, damnés à être doués de conscience. Je réalisais que je n'avais rien vu venir, que j'avais été la spectatrice silencieuse de ta dernière danse. J'avais applaudi cette hypocrisie collective, apposé ma signature sur un contrat qui faisait le commerce de coeurs brisés, élevant au rang de dieux, ceux qui incarnent les tabous qu'ils condamnent fermement. Mais désormais je regardais la scène de ce monde de mes propres yeux, non plus derrière l'écran protecteur de mon appareil, tout en me rappelant que je pouvais enfiler le costume du personnage principal, que j'étais un rouage de cette vaste fumisterie, manæuvrée par des mains cruelles et malveillantes. Chaque mot comptait, d'un dialogue que j'écrirais avec mon ceur, et qu'il m'arriverait d'être aux manettes de la mise en scène. Il ne tenait qu'à moi, dès lors, d'endosser le rôle de meilleure personne.
Si seulement les gens pouvaient savoir. Si seulement ils pouvaient ouvrir les yeux. Si seulement ils pouvaient réaliser que les événements ne tiennent presque à rien, sinon à eux.

Malgré notre usure, nous ne devrions jamais en avoir assez de vivre.

Tu ne sais pas ce que c'est que d'avoir sa vie scrutée à chaque instant, de ne pouvoir rien faire sauf ce que les gens attendent de toi. D'être critiqué dès que tu laisses entrevoir ton exaspération devant un con ! Mais non ! Toi, tu ne sais pas ce que c'est que de vivre dans une société qui ne laisse rien passer, qui demande toujours plus et qui ne pardonne rien, même pas ton humanité.

Alors du coup, ça veut dire quoi être beau ? Vouloir absolument être accepté par les autres, correspondre à une norme, jusqu'à changer ce à quoi l'on ressemble... Ou bien avoir la force de voir la beauté, là où les autres sont incapables de la discerner ? Et je me sens stupide... Quoi que je fasse, je me sens stupide. Moi j'ai changé, pour finalement ne pas être acceptée...

Tu sais, Pierre, le bonheur, c'est pas un sentiment constant, c'est un moment éphémère. Et la plupart du temps on ne le voit pas passer, on en profite simplement pour ne pas l'oublier, et puis un jour on se rend compte que c'était ça, cet instant-là, à cet endroit-là, avec cette personne-là.

Je ne croyais pas aux toujours, mais pour lui sans hésiter j'aurais signé pour l’éternité.

La vie ne se résumait pas à cet amour à sens unique, à cette dévotion pour un simple humain de chair et d'os. C'était tellement plus grand, tellement plus dur. La vie, c'était une baffe dans la gueule, du remue-ménage à tous les étages, du vomi sur les pompes et des bleues aux joues après une sortie dans la jungle urbaine. Il fallait gagner sa croûte, défendre sa peau et bouffer ses ennemis. La chance n'existait pas, il n'était question que d'un peu de talent et de beaucoup de travail acharné.

Je transpirais comme une fontaine. J'avais de la sueur dans les yeux. Ou bien était-ce parce que je pleurais ? Impossible de savoir. Mais je ne me sentais pas bien. Je voulais en terminer avec ce supplice.

Un amour toxique qui blesse.