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Citations de Maurice Rollinat (115)


Maurice Rollinat
Douleur muette

À Victor Lalotte.

Pas de larmes extérieures !
Sois le martyr mystérieux ;
Cache ton âme aux curieux
Chaque fois que tu les effleures.

Au fond des musiques mineures
Épanche ton rêve anxieux.
Pas de larmes extérieures !
Sois le martyr mystérieux ;

Tais-toi, jusqu'à ce que tu meures !
Le vrai spleen est silencieux
Et la Conscience a des yeux
Pour pleurer à toutes les heures !

Pas de larmes extérieures ! —

(« Les Névroses », 1883)
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Maurice Rollinat
Économie de pauvre ...

« Ça vous surprend que j'fume, et que j'prise, et que j'chique ?
Vous vous dit' que pour moi qu'a besoin d'épargner
C'est un' trop gross' dépense et qu'ça doit me ruiner ?
Mais, j'fais du mêm' tabac trois usag' tabagiques,

Mon bout d'carotte, es' pas ? j'ai fini de l' mâcher,
I n'a plus d'jus : je l'fais sécher.
Alors, j'n'ai plus q'ma pipe à prendre,
Et son fourneau lui sert d'étui.

Puis, je l'fum' tout lentement, et, quand il est ben cuit,
J'le fourr' dans ma queue d'rat, et j'en prise la cendre.
Ma chiq' ? C'est provision d'tabac pour mon brûl'gueule
Et pour mon nez qu'est pas étroit.
Ça fait donc q'la dépens' d'un' seule
Me procur' le plaisir des trois ! »
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Maurice Rollinat
La baigneuse

Le temps chauffe, ardent, radieux ;
Le sol brûle comme une tôle
Dans un four. Nul oiseau ne piaule,
Tout l'air vibre silencieux...
Si bien que la bergère a confié son rôle
A son chien noir aussi bon qu'il est vieux.

Posant son tricot et sa gaule,
Elle ôte, à mouvements frileux,
Robe, chemise, et longs bas bleus :
Sa nudité sort de sa geôle.
Tout d'abord, devant l'onde aux chatoiements vitreux
Elle garde un maintien peureux,
Mais enfin, la chaleur l'enjôle,
Elle fait un pas et puis deux...

Mais si l'endroit est hasardeux ?
Si l'eau verte que son pied frôle
Allait soudainement lui dépasser l'épaule ?
Mieux vaut se rhabiller ! mais avant, sous un saule,
D'un air confus et curieux,
Elle se regarde à pleins yeux
Dans ce miroir mouvant et drôle.
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Le silence est l'âme des choses
Qui veulent garder leur secret.
Il s'en va quand le jour paraît,
Et revient dans les couchants roses.

Il guérit des longues névroses,
De la rancune et du regret.
Le silence est l'âme des choses
Qui veulent garder leur secret.

À tous les parterres de roses
Il préfère un coin de forêt
Où la lune au rayon discret
Frémit dans les arbres moroses :
Le silence est l'âme des choses.
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Maurice Rollinat
À Alphonse Daudet.

Des pêchers roses, tous en chœur
Embaument les vignes désertes ;
Le battoir fait son bruit claqueur
Au bord des mares découvertes,
Et la nuit perd de sa longueur.

Le vent qui n’a plus de rigueur
Éparpille en souffles alertes
La contagieuse langueur
Des pêchers roses.

L’Amour sourit, tendre et moqueur,
Car bientôt, dans les herbes vertes,
Œil mi-clos, lèvres entr’ouvertes,
Plus d’une aux bras de son vainqueur
Va commettre de tout son cœur
Des péchés roses.
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Maurice Rollinat
La biche

La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux :
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune.

Pour raconter son infortune
A la forêt de ses aïeux,
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux.

Mais aucune réponse, aucune,
A ses longs appels anxieux !
Et le cou tendu vers les cieux,
Folle d'amour et de rancune,
La biche brame au clair de lune.
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La conscience (Les Âmes) :

La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.
Tous ! les obscurs et les célèbres,
L’impie et le moine à genoux,

Nous cachons en vain nos dessous
À ses regards froids et funèbres !
La Conscience voit dans nous
Comme le chat dans les ténèbres.

Tant que l’Esprit n’est pas dissous,
Et que le sang bat les vertèbres,
Elle déchiffre nos Algèbres,
Et plonge au fond de nos remous.
La Conscience voit dans nous ! —
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Maurice Rollinat
LA VOIX DU VENT

Les nuits d'hiver quand le vent pleure,
Se plaint, hurle, siffle et vagit,
On ne sait quel drame surgit
Dans l'homme ainsi qu'en la demeure.

Sa grande musique mineure
Qui, tour à tour, grince et mugit,
Sur toute la pensée agit
Comme une voix intérieure.

Ces cris, cette clameur immense,
Chantent la rage, la démence,
La peur, le crime, le remord...

Et, voluptueux et funèbres,
Accompagnent dans les ténèbres
Les râles d'amour et de mort.
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Maurice Rollinat
JOURNÉE DE PRINTEMPS

Ici, le rocher, l'arbre et l'eau
Font pour mon oeil ce qu'il convoite.
Tout ce qui luit, tremble ou miroite,
Forme un miraculeux tableau.

Sur le murmure qui se ouate
Le rossignol file un solo :
L'écorce blanche du bouleau
Met du mystique dans l'air moite.

A la fois légère et touffue
La lumière danse à ma vue
Derrière l'écran du zéphyr ;

Je m'attarde, et le soir achève
Avec de l'ombre et du soupir
La félicité de mon rêve.
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À la longue, je suis devenu bien morose :
Mon rêve s'est éteint, mon rire s'est usé.
Amour et Gloire ont fui comme un parfum de rose ;
Rien ne fascine plus mon cœur désabusé.

Il me reste pourtant un ange de chlorose,
Enfant pâle qui veille et cherche à m'apaiser ;
Sorte de lys humain que la tristesse arrose
Et qui suspend son âme aux ailes du baiser.

Religieux fantôme aux charmes narcotiques !
Un fluide câlin sort de ses doigts mystiques ;
Le rythme de son pas est plein de nonchaloir.

La pitié de son geste émeut ma solitude ;
À toute heure, sa voix infiltreuse d'espoir
Chuchote un mot tranquille à mon inquiétude.
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Maurice Rollinat
LA GRANDE CASCADE

A cette heure, elle n'est sensible,
La grande cascade du roc,
Qui par son tonnerre d'un bloc,
La nuit la rend toute invisible.

Et, pourtant, sa rumeur compacte
Décèle son bavement fou,
Sa chute à pic, en casse-cou,
Son ruement lourd de cataracte.

Un instant, l'astre frais et pur
Écarte son nuage obscur,
Comme un oeil lève sa paupière ;

Et l'on croit voir, subitement,
Crouler des murs de diamant
Dans un abîme de lumière.
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Quand le chagrin, perfide et lâche remorqueur,
Me jette en ricanant son harpon qui s'allonge,
La Nuit m'ouvre ses bras pieux où je me plonge
Et mêle sa rosée aux larmes de mon cœur.

À son appel sorcier, l'espoir, lutin moqueur,
Agite autour de moi ses ailes de mensonge,
Et dans l'immensité de l'espace et du songe
Mes regrets vaporeux s'éparpillent en chœur.

Si j'évoque un son mort qui tourne et se balance,
Elle sait me chanter la valse du silence
Avec ses mille voix qui ne font pas de bruit ;

Et lorsque promenant ma tristesse moins brune,
Je souris par hasard et malgré moi, — la Nuit
Vole, pour me répondre, un sourire à la lune.
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L'Énigme désormais n'a plus rien à me taire,
J'étreins le vent qui passe et le reflet qui fuit,
Et j'entends chuchoter aux lèvres de la Nuit
La révélation du gouffre et du mystère.

Je promène partout où le sort me conduit
Le savoureux tourment de mon art volontaire ;
Mon âme d'autrefois qui rampait sur la terre
Convoite l'outre-tombe et s'envole aujourd'hui.

Mais en vain je suis mort à la tourbe des êtres :
Mon oreille et mes yeux sont encor des fenêtres
Ouvertes sur leur plainte et leur convulsion ;

Et dans l'affreux ravin des deuils et des alarmes,
Mon esprit résigné, plein de compassion,
Flotte au gré du malheur sur des ruisseaux de larmes.
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Maurice Rollinat
La forêt magique

La forêt songe, bleue et pâle,
Dans un féerique demi-jour.
Tout s’y voit spectral, d’aspect sourd,
Par cette nuit d’ambre et d’opale.

Là, c’est un cerf blessé qui râle…
Ici, d’autres, pâmés d’amour…
La forêt songe, bleue et pâle,
Dans un féerique demi-jour.

Ailleurs, une laie et son mâle
Et leurs marcassins tout autour !…
Et, tandis qu’un frais zéphyr court,
Venant la reposer du hâle,
La forêt songe, bleue et pâle.
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Dans les yeux de l'Humanité
La Douleur va mirer ses charmes.
Tous nos rires, tous nos vacarmes
Sanglotent leur inanité !

En vain l'orgueil et la santé
Sont nos boucliers et nos armes,
Dans les yeux de l'Humanité
La Douleur va mirer ses charmes.

Et l'inerte Fatalité
Qui se repait de nos alarmes,
Sourit à l'océan de larmes
Qui roule pour l'éternité
Dans les yeux de l'Humanité !
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LA MORT DES FOUGÈRES
À Madame Charles Buet

L’âme des fougères s’envole :
Plus de lézards entre les buis !
Et sur l’étang froid comme un puits
Plus de libellule frivole !

La feuille tourne et devient folle,
L’herbe songe aux bluets enfuis.
L’âme des fougères s’envole :
Plus de lézards entre les buis !

Les oiseaux perdent la parole,
Et par les jours et par les nuits,
Sur l’aile du vent plein d’ennuis,
Dans l’espace qui se désole
L’âme des fougères s’envole.


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Maurice Rollinat
LE ROSSIGNOL

À Louis Ratisbonne

Quand le soleil rit dans les coins,
Quand le vent joue avec les foins,
À l’époque où l’on a le moins
D’inquiétudes ;
Avec Mai, le mois enchanteur
Qui donne à l’air bonne senteur,
Il nous revient, l’oiseau chanteur
Des solitudes.

Il habite les endroits frais,
Pleins de parfums et de secrets,
Sur les lisières des forêts
Et des prairies ;
Sur les bords d’un lac ombragé,
Auprès d’un manoir très âgé
Ou d’un cimetière chargé
De rêveries.

Le doux ignorant des hivers
Hante les fouillis d’arbres verts,
Et voit le soleil à travers
L’écran des feuilles ;
C’est là que tu passes tes jours,
Roi des oiselets troubadours,
Et que pour chanter tes amours
Tu te recueilles.

Tandis que l’horizon blêmit,
Que la berge se raffermit,
Et que sur les ajoncs frémit
La libellule ;
Tandis qu’avec des vols ronfleurs,
Parfois obliques et frôleurs,
L’abeille rentre ivre de fleurs
Dans sa cellule ;

Lui, le bohème du printemps,
Il chante la couleur du temps ;
Et saules pleureurs des étangs,
Vieilles églises
Ayant du lierre à plus d’un mur,
Toute la plaine et tout l’azur
Écoutent vibrer dans l’air pur
Ses vocalises.


Extrait
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Avec le masque du mensonge
La parole suit son chemin,
Rampe aujourd'hui, vole demain,
Se raccourcit ou bien s'allonge.

Elle empoigne comme une main
Et se dérobe comme un songe.
Avec le masque du mensonge
La parole suit son chemin.

Cœurs de gaze et de parchemin,
Chacun la boit comme une éponge ;
Et jusqu'au fond du gouffre humain
Elle s'insinue et se plonge
Avec le masque du mensonge.
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Archange féminin dont le bel œil, sans trêve,
Miroite en s'embrumant comme un soleil navré,
Apaise le chagrin de mon cœur enfiévré,
Reine de la douceur, du silence et du rêve.

Inspire-moi l'effort qui fait qu'on se relève,
Enseigne le courage à mon corps éploré,
Sauve-moi de l'ennui qui me rend effaré,
Et fourbis mon espoir rouillé comme un vieux glaive.

Rallume à ta gaîté mon pauvre rire éteint ;
Use en moi le vieil homme, et puis, soir et matin,
Laisse-moi t'adorer comme il convient aux anges !

Laisse-moi t'adorer loin du monde moqueur,
Au bercement plaintif de tes regards étranges,
Zéphyrs bleus charriant les parfums de ton cœur !
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Maurice Rollinat
Au crépuscule
  
  
  
  
Le soir, couleur cendre et corbeau,
Verse au ravin qui s’extasie
Sa solennelle poésie
Et son fantastique si beau.

Soudain sur l’eau morte et moisie
S’allume, comme un grand flambeau
Qui se lève sur un tombeau,
La lutte énorme et cramoisie.

Et, tandis que dans l’air sanglant,
Tout sort de l’ombre: moulin blanc,
Pont jauni, verte chènevière,

On voit entre les nénuphars
Moitié rouges, moitié blafards,
Flotter l’âme de la rivière.
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