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Citations de Maxime Rovere (209)


Tâchez d’être plus habiles. Il n’est pas difficile d’admettre qu’un ordre vivant est celui qui est capable d’accueillir le désordre, et cela signifie que l’instance de contrôle ne peut pas être contraire à l’émotion. Mais, en l’occurrence, si l’on admet que cette fonction de régulation ne peut pas être étrangère aux émotions, cela implique qu’elle doit nécessairement venir d’elles, autrement dit que les émotions sont elles-mêmes susceptibles d’autorégulation.
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Plus l’émotion est vive, plus l’obscurité autour d’elle est profonde. À chaque nouveau choc, votre champ de vision se rétrécit et l’événement local prend une valeur absolue, comme si rien n’avait jamais été plus lumineux ni plus brillant que lui. C’est peu dire que la souffrance vous empêche de penser ; cet effet joue un rôle central dans votre répugnance à même adresser la parole aux cons, car il ramène sans cesse votre attention sur leur connerie.
Les effets des émotions et le travail qu’elles nécessitent sont généralement mal compris, parce qu’une grande partie des philosophes et de leurs héritiers ont tendance à privilégier un discours de contrôle. Il faut l’admettre, il y a là une excellente idée. Lorsque votre exaspération contre la crétine ou votre mépris pour le charognard explosent, il est indispensable de limiter cette explosion – certainement pas par charité, encore moins par politesse ! Mais la déflagration causée par la force émotionnelle peut abîmer ce à quoi vous tenez, autrement dit entrer en conflit avec vos propres intérêts. Vous me direz encore que c’est le con ou la conne qui causent cette déflagration ? Non. Pas plus que le feu d’artifice n’est responsable de la nuit. En revanche, si vous lâchez la bride aux émotions, elles auront les moyens, oui, de faire énormément de dégâts en vous et autour de vous.
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Les plus grands cœurs ne s’en sont pas cachés : une fois que l’on connaît les principes généraux de la philosophie morale (ou si vous préférez, les chemins de la sagesse), il suffit qu’un con grille un feu rouge et vous emboutisse la voiture en vous couvrant d’injures, pour que toute votre habileté logique s’envole d’un coup. Cela aussi, c’est structurel : nous savons que presque tous nos maux sont relatifs, donc se comprennent comme des défis, donc sont des chances pour notre vie, mais en réalité à chaque fois que l’épreuve recommence, à chaque fois qu’une souffrance même légère (car franchement, quelle importance, la voiture !) s’affirme absolument, nous confondons immédiatement tout de nouveau, et de nouveau la connerie parvient à nous mettre hors de nous.
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Les cons qui veulent s’imposer par leur mémoire et par leurs connaissances ont sérieusement souffert depuis l’invention des smartphones. On les croise, malheureux, qui errent dans les salons comme des dinosaures après une glaciation. Rien n’est plus douloureux que de voir leur interlocuteur, tandis qu’ils soutiennent quelque chose sur l’Orient Ancien ou les institutions américaines, dégainer le maudit objet pour vérifier dans Wikipédia : impression qu’un chasseur abat un animal d’une espèce en danger.
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En vertu de l’ambivalence axiologique de tout événement, et en vertu de l’intrication réciproque du sujet et de l’objet, la connerie des autres doit donc immédiatement être comprise comme une occasion favorable, nécessaire, opportune, à votre propre développement moral. Elle est d’ailleurs merveilleusement adaptée à vous, puisque vous êtes ici, et à personne d’autre.
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Si la connerie n’a pas de témoins, c’est parce qu’elle n’a que des complices. Je sais d’expérience que cette idée est révoltante, et pourtant nous devons extraire de notre chair vivante l’épine qui nous heurte si profondément. Le temps est donc venu de réorienter votre attention vers votre propre rôle dans cette situation.
Car ce qui vous enrage, ce qui teinte inutilement de rage votre révolte, est une certaine idée de responsabilité par laquelle vous voulez vous dédouaner de la connerie du con. Vous pensez que ce n’est pas à vous de régler ce conflit, puisque ce n’est pas vous qui l’avez créé.
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Vous savez désormais que la première chose à penser, lorsque vous rencontrez un con, est d’avoir pleinement conscience qu’il est lui-même en train de sombrer dans les sables mouvants (lesquels ? peu vous importe), et que, dans ces conditions, vous êtes en quelque sorte le seul espoir dans notre commune ascension vers l’humain. Pour ne pas sombrer à votre tour, il vous faut donc prendre acte du fait qu’un con ou une conne témoignent d’un dysfonctionnement, autrement dit d’une anomalie dans la conception que vous vous faites de l’humanité.
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Parmi les cons, il y a ceux qui se délestent sur les autres de leurs frustrations accumulées, qui couvrent tout l’Univers de reproches, qui vous inondent de médisances, qui se laissent fasciner par tout le mal, par la quantité proprement infinie de mal qu’ils arrivent à dire des autres, et qui pour l’unique raison que vous n’avez pas dit un mot, finissent par vous trouver absolument charmants. Plus tard, lorsqu’ils auront de nouveau fabriqué leur bile, ils iront trouver un autre interlocuteur à qui ils iront débiter tout le mal, la quantité proprement infinie de mal qu’ils pensent des autres, et à qui ils pourront raconter comment, pourquoi et à quel point vous les avez déçus.
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Là où la connerie advient, votre valeur doit survenir.
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Les sables mouvants sont une illusion qui s’autoalimente dans et par la panique. Parce que vous ne saviez pas comment vous en sortir, vous avez estimé qu’on ne pouvait pas s’en sortir autrement qu’en détruisant soit le con, soit sa connerie. Cet enchaînement de pensée est naturel et nécessaire, mais il a emmené votre réflexion dans une impasse, car il est tout simplement incorrect.
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Je l’ai dit, la connerie nous inflige une blessure qui nous affaiblit moralement ; pourtant, malgré notre première impression, cela ne signifie évidemment pas qu’elle nous prive absolument de nos forces. Certes, la connerie par définition nous fait mal, et les cons se nuisent le plus souvent à eux-mêmes. Mais cela ne signifie pas que la connerie soit absolument un mal : il y a ici un effet d’emballement et d’exagération. En effet, faire mal et être un mal sont deux choses différentes, que nous avons jusqu’à présent laissées confondues sous l’effet de la panique. Les cons font mal les choses (c’est le jugement que nous pouvons produire grâce à notre intelligence) et du même coup, ils nous font mal (c’est la détermination affective, qui décrit la relation entre les cons et nous).
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Le sursaut moral suppose en effet de contrarier toutes les forces qui tendent vers le conflit, donc d’interrompre la logique des causes et des effets, bref, de briser le cours des choses pour les orienter en sens inverse. Or, cela semble non seulement très difficile à faire, mais même logiquement absurde. Où, je vous le demande, trouverez-vous la force ne serait-ce que de jeter un clin d’œil complice au connard qui vous méprise ou de sourire à l’abrutie qui ruine sciemment toutes vos démarches ? D’où peut provenir ce surcroît de force face à la connerie, alors que nous venons de la définir précisément par sa propriété d’expansion, autrement dit par la manière dont elle diminue vos forces morales ? En réalité, l’appel au sursaut présuppose ce qu’il est censé engendrer, c’est-à-dire qu’il vous attribue toujours la force de faire ce que vous devez faire en droit – tout en sachant que cette force, de fait , vous ne l’avez pas. Voilà pourquoi le sursaut, quelle que soit la tradition où il apparaît, relève toujours d’une logique de la sainteté et de la grâce : il suppose une force qui vous dépasse, qui n’est pas tout à fait vous, peut-être pas tout à fait humaine, susceptible de prendre le relais là où vous êtes défaillants.
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L’issue du problème consisterait donc à tout simplement inverser la vapeur pour, comme on lit ici et là, répondre à la haine par l’amour, pardonner les offenses, renverser nos propres représentations, tendre l’autre joue – bref, sourire à ce foutu bestiau qui vous tape sur les nerfs, car seule votre propre générosité pourra vous aider à revenir – vous autant que lui – à une meilleure humanité.
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Nous savons, nous sentons que nous valons mieux que le malpropre qui ne tire pas la chasse dans les lieux publics, ou que la baronne qui se croit tout permis parce qu’elle a de l’argent ; et pourtant notre valeur ne suffit pas à nous faire triompher de leur connerie. Au contraire ! C’est à proportion de notre exaspération pour eux, à proportion de notre désir de les planter là ou de les faire disparaître de notre monde, que nous les distinguons précisément comme un con ou une conne – des êtres qui créent autour d’eux un reflux de bienveillance et d’amour. Ainsi, exactement en même temps que la connerie repose sur un jugement moral formel, elle engage un rapport affectif – en d’autres termes, une émotion – par définition négatif, qui nous donne soif de renoncer à notre commune humanité par un réflexe épidermique, un excès d’impatience dont nous ne voulons même plus savoir s’il est salutaire ou suicidaire. Quoi qu’on y fasse, les cons, on les déteste – stultitia delenda est.
Alors s’enclenche un très étrange dispositif, que je compte décrire plusieurs fois, en employant différentes images, afin de déjouer différents pièges. Nous étions comme réunis en cercle autour de l’emmerdeuse ou du connard qui empoisonnent nos vies, et nous nous accordions à les placer plus bas que nous-mêmes… Mais au moment où ils se mettent à nous répugner, nous commençons à perdre à notre tour notre disposition à l’empathie.
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La connerie n’est pas seulement faiblesse, elle est laideur. Elle se définit comme la face repoussante de la faiblesse humaine.
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J’accorde de bon cœur que nous sommes tous le con d’un autre ; mais cela ne signifie pas que tous les cons se valent. Au contraire, puisque chacun fournit sa propre évaluation de la connerie, la confrontation entre les évaluations produit nécessairement certains accords et désaccords. Donc, dans la situation locale et urgente qui fait l’objet de notre analyse, le con ou la conne est celui ou celle que le plus grand nombre d’autres s’accordent (malgré les variations) à estimer tel : cela signifie que la connerie objective n’est pas celle qui existe dans l’absolu et qui précède les évaluations subjectives, mais celle qui est produite par le recoupement de ces évaluations, de sorte que l’on peut dire que l’objectivité se définit à l’intersection de toutes les subjectivités, comme ce qui leur est commun.
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Voici donc une première considération importante : le con ou la conne se définissent, du fait d’un comportement que nous estimons inadéquat, comme des êtres que nous identifions, même momentanément, comme situés à un degré inférieur d’une échelle morale où, sans être parfaits, nous nous situons nous-mêmes – dans notre effort à tous pour devenir des êtres humains accomplis.
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Les cons surgissent sans préavis, à un moment où vous ne vous y attendiez pas. Vous n’y étiez pas préparés. Vous souhaitiez simplement faire quelque chose, vous déplacer ou jouir d’un paysage, travailler ou profiter de la vie – disons vivre, simplement vivre, en suivant votre bonhomme de chemin.
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Il y a des cons qui ne veulent pas d’emmerdes avec leurs femmes, et des connes qui ne veulent pas d’emmerdes avec leurs maris, d’autres qui ne veulent pas d’emmerdes avec leurs enfants, d’autres avec leurs parents, d’autres avec leurs voisins, d’autres avec leurs collègues, d’autres avec leurs élèves, d’autres avec leurs profs, d’autres avec leurs chefs, d’autres avec les médias, d’autres avec leurs clients, d’autres avec les flics… Et c’est à reculons, en tâchant désespérément de s’éviter les uns les autres, que les cons entrent en collision.
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On est toujours le con de quelqu’un ; les formes de la connerie sont en nombre infini ; et le principal con se trouve en nous. Ces trois observations sont parfaitement exactes, mais en ce qui me concerne, elles ne me sont d’aucun usage. Je réclame à la philosophie des techniques conceptuelles précises, qui me permettent de surmonter les failles dans mon intelligence, le manque de souffle dans ma bonté, que je découvre chaque fois que, passant cette porte à ma gauche, je me trouve confronté à la connerie humaine.
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