Citations de Meredith Russo (147)
L'art, a dit Bee en remettant ses chaussures, exprime quelque-chose de profondément personnel et de privé. C'est partager son monde avec d'autres personnes afin qu'elles se connectent à toi, même de façon fugace.
Les cigales chantaient avec insistance dans le soleil couchant. Un jour, j’avais lu qu’elles vivaient sous terre la majorité de leur vie avant de sortir une fois adultes et de passer leurs derniers jours dehors. Serait-ce mon cas ? Allais-je vivre presque toute ma vie cachée, sans jamais voir le monde ?
- Hé, salut, a-t-il dit avec un sourire espiègle. Je me trompe peut-être, mais en général, une fête c'est fait pour s'amuser.
- Mais je m'amuse, ai-je répondu en prenant une gorgée de bière.
[...]
- Ça fait dix minutes que tu regardes le plafond.
- Ce qui veut dire que ça fait dix minutes que tu me regardes !
- Comment me le reprocher ? a-t-il répondu en riant.
Si les gens te poussent à faire quelque chose, a murmuré Grant d'une voix qui tremblait légèrement, alors ils en sont responsables.
Je ne suis plus ni une fille ni un garçon. Je suis cassée, c'est tout.
- Et si ton fils te disait qu'il était ta fille ?
Ma mère a gardé un instant le silence. J'ai repensé à ce que j'avais écrit au conseillé, sur ce carnet "J'aurais dû être une fille."
Enfin, elle a croisé mon regard. Malgré ses joues rondes et rouges, elle avait l'air remontée.
- Écoute-moi bien.
Elle m'a serré la jambe si fort que la douleur a traversé le brouillard créé par les médicaments. Quand elle a parlé, elle avait toute mon attention.
- Mieux vaut n'importe quoi, n'importe qui, qu'un fils mort.
En parlant, j'ai repensé à ce que Virginia m'avait dit des semaines plus tôt, que pour être heureux, il suffisait d'accepter qu'on le mérite. Je m'étais toujours excusée d'exister, de vouloir être moi, de vivre ma vie. Peut-être serait-ce ma dernière conversation avec Grant. Peut-être pas. Quoi qu'il en soit, je n'étais plus désolée d'exister. Je méritais de vivre. Désormais, j'en étais convaincue : je méritais d'être aimée.
« Je n’ai plus peur de vivre, mais j’ai peur que les gens me fassent du mal. »
Peut-être que c'est cela, la vie : survivre à ce qu'on ne peut pas contrôler, se raccrocher à ce que les vents déchaînés apportent de bon.
si les gens te poussent à faire quelques chose, a mentionné Grant d’une voix qui tremble légèrement, alors ils en sont responsables.
Dans ce monde, être une fille, cela signifie avoir peur.
Que fait-on, sous l’eau, lorsqu’on ne peut ni remonter, ni descendre plus bas et qu’on risque d’étouffer si on reste sur place?
- Pardon d'être silencieuse. Je suis...heureuse. Je n'aurais jamais cru vivre un tel instant.
Virginia m'a souri avec chaleur et sagesse.
- Tu peux tout avoir, a t-elle dit, il suffit de prendre conscience que tu le mérites.
Le soleil s’était couché et les étoiles étaient sorties. Ici, on voyait tout, même le pâle ruban de la Voie lactée. J’aurais voulu m’envoler et vivre sur une lointaine planète, loin de ce qui me faisait peur. Je me demandais si l’on pouvait ressentir de la joie sans qu’elle soit troublée par l’appréhension ou si le chagrin était aussi universel que la vitesse de la lumière.
Jamais je ne serai libérée de mon passé, il serait toujours là, un trou noir prêt à m’aspirer et m’écraser. Le seul moyen de lui échapper était de continuer à avancer.
Le courage, ça implique un choix.
Porter des vêtements de garçon, même un déguisement, c'était comme renfiler une peau dont je m'étais depuis longtemps délestée.
Libérée du passé et de l'avenir, j'existais dans l'instant.
Tout le monde a un passé. Ca ne t'empêche pas d'avoir un avenir.
J'ai songé à combien la vie pouvait parfois être belle.