La dynamique belliciste fut d’autant plus puissante qu'elle s'appuyait sur un mouvement culturel de fond exaltant le geste de foi.
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Les mémoires sont éclatées et les polémiques historiques incessantes.
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La coexistence de plusieurs interprétations ne relève pas tant d'un choix politique qu'elle n'est l'expression de la faiblesse du pouvoir à unifier la nation autour d'un grand récit historique.
L'occupation de l'archipel a été préparée très en amont et elle a impliqué des civils relativement jeunes qui souvent connaissaient et aimaient la culture japonaise.Le rôle de ces derniers fut d'autant plus important qu'en qualité d'intellectuels ils ont contribué après coup à l'écriture de l'histoire;
Car en dépit du caractère incertain et transitoire de l'étranger, il est des régularités dans son abord. Derrière l'interchangeabilité des positions, se cache une communauté de liens élémentaires dont il est essentiel de mieux connaître le fonctionnement. Une humanité qui se serait accordée sur le rapport à l'étranger n'aurait pas fait disparaître l'étrangeté - qui voudrait que l'altérité soit entièrement neutralisée, que nos différences ne suscitent aucun sentiment? -, mais au moins chacun pourrait-il avoir ainsi une perception plus fine de la façon dont à la fois il regarde le monde et se trouve lui-même regardé.
La forme de racisme développée par les Japonais à l’encontre des Coréens et des Chinois au cours de la première moitié du xxe siècle est un développement pervers d’une politique d’affirmation de soi née en réaction au colonialisme occidental. Il n’a pas la profondeur historique ni l’ancrage religieux de l’antisémitisme des pays de tradition chrétienne.