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Critiques de Michael Lucken (8)
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Les Japonais et la guerre : 1937-1952



L’historiographie française de la Seconde guerre mondiale s’est focalisée sur la France et l'Allemagne. Le Japon en est longtemps resté ignoré. Son histoire politique, le comportement de ses populations, la mémoire du conflit sont autant de sujets dont la recherche française s'est désintéressée.



C'est une raison de saluer l'impressionnant travail de Michael Lucken, professeur à l'Inalco. Comme Pierre Laborie l'avait fait pour l'opinion publique française, il dissèque les sentiments contradictoires qui ont agité la société japonaise durant la guerre. Comme Henry Rousso pour Vichy, il rend compte des polémiques historiques et des mémoires concurrentes. Il le fait notamment par le biais d'une étude des monuments aux morts qui n'est pas sans rappeler les travaux d'Antoine Prost sur les Anciens combattants de l'entre-deux-guerres.



Les conclusions auxquelles il parvient sont autrement plus nuancées que la vulgate héritée de la « vision américaine de l'histoire » forgée durant les années d'occupation par Ruth Benedict et Edwin Reischauer. Elle fait du Japon une société totalitaire entraînée dans un jusqu'au-boutisme suicidaire par une clique militariste fanatique. Elle dédouane l'empereur de toute responsabilité. Elle critique la duplicité du Japon dans l'après-guerre, qui fait profession de pacifisme mais prend la posture de la victime et refuse de présenter des excuses à ses voisins.



Ces trois idées reçues ne sont pas dénuées de fondements mais appellent des appréciations plus subtiles.



Le Japon n'a jamais connu le totalitarisme d'Etat mis en œuvre dans l'Allemagne hitlérienne, l'URSS stalinienne voire l'Italie fasciste. La société n'était pas verrouillée ; aucun système policier de surveillance et de délation ne fut mis en place ; la contestation demeurait possible. Mais la pression sociale y était si forte que le projet d'unité totale de la nation (kokutai) forgé au début de l'ère Meiji a réussi à y prendre corps.



L'empereur a joué un rôle capital. L'idéologie du kokutai ne laissait aucune place aux corps intermédiaires, instaurant une fusion organique entre le peuple et son chef. C'est en son nom que les combats furent menés et que les kamikazes lancèrent leurs opérations suicides à partir de 1944. Pour autant, l'empereur ne faisait pas l'objet d'un culte de la personnalité analogue à celui orchestré en faveur de Hitler, de Staline ou de Mussolini. Ses sorties étaient rares et solennelles. Les Japonais ne connaissaient pas sa voix qu'ils entendirent pour la première fois le 15 août 1945 leur ordonner de se rendre. Supervisant minutieusement les affaires de l'Etat, il fut épargné par Mac Arthur pour maintenir l'unité japonaise.



Après-guerre, les Japonais ont sanctuarisé le souvenir de la guerre plus qu'ils ne l'ont historicisé. En particulier, les souffrances occasionnées par les deux explosions nucléaires de Hiroshima et Nagasaki ont eu tendance à occulter tout le reste. Michael Lucken insiste sur les ambiguïtés du discours pacifiste : constamment associé au culte des morts, il commémore plus un passé douloureux qu'il ne construit un avenir serein. Mais, comme le montrent le mémorial pour la paix de Hiroshima et le musée de Chiran dédié aux kamikazes, des représentations historiques contraires se superposent entre lesquels l'Etat japonais a refusé d'arbitrer, à rebours du stéréotype occidental d'une société consensuelle. Le regard que le Japon porte sur son histoire est moins duplice ou hypocrite que pluriel et contradictoire.
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L'universel étranger

Plaidoyer pour la xenologie, étude hybride évitant les écueils de la philosophie actuelle c'est-à-dire occidentale et reléguant à des places subalternes (sous le nom de sagesse / pensées / ailleurs / reste du monde) ce qui constitue pourtant plus des 3/4 de l'humanité (Asie, Afrique, Océanie).

Le travail doit se faire avant tout au niveau des langues et nous devons célébrer les identités duales et incertaines. C'est une belle suite donnée au cycle "Hybridités" sur la chaîne de la Maison de la culture du Japon à Paris (tapez "Michael Lucken - Hybridités" sur YouTube).



Livre intéressant mais qui sert sans doute un peu trop l'eau tiède car c'est véritablement dans la dernière partie que le talent de l'auteur s'exprime. Auparavant, ce sont parfois des portes ouvertes émaillées d'études malines de différentes écritures.

L'utilisation du vocabulaire déstabilise. Certains passages ressemblent à des formules intello d'une émission chic sur France culture ou des fulgurances d'Enthoven. Pourtant, on sent bien les connaissances et le soin pris pour mettre à portée une pensée (les parties, chapitres, conclusions sont bien amenés).



Une mise en théorie du cycle Hybridités (YouTube) qui plaira au cénacle.



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Les Japonais et la guerre : 1937-1952

Un passionnant essai sur les différentes formes de manipulations qui ont forgé la mentalité des japonais avant ,pendant et après la deuxième guerre mondiale . Très éclairant sur le rapport à l’histoire , à la mort , à la mémoire de ce peuple ( mais permet aussi de réfléchir à notre propre attitude devant des problèmes similaires ) . Enfin il éclaire bien la vie politique japonaise contemporaine jusque et y compris à Fukushima.
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L'universel étranger

La connaissance des autres répond, en général, à un projet de domination. Réformée, elle pourrait cependant s’en émanciper pour partie, plaide cet essai.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le Japon grec

Passionnant essai, donc, qui de l'« entasis » des colonnes du Hōryūji à Nara aux textes de Kawabata, nous montre comment deux cultures qui n'ont aucun lien naturel peuvent s'interpénétrer sans violence. Et en plus, c'est très bien écrit !
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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Le Japon grec

L’Antiquité gréco-romaine fait partie des fondements de la culture du Japon contemporain, nous apprend le spécialiste du Japon moderne dans son nouveau livre.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le Japon grec

L’auteur a exploré avec minutie la construction de la modernité japonaise à partir de l’ère Meiji. Son érudition est immense, et il nous fait avoir honte d’être aussi ignare.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Les Japonais et la guerre : 1937-1952

Michael Lucken éclaire tout en nuances le bellicisme et le nationalisme japonais au milieu du XXe siècle
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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