comme dans le blanc de ses linges
se révèle une absence accueillante
le passage d'une ombre que rien
ne laissait annoncer
parole est celle qui se cherche
dans l'émergence de son souffle
et son jaillissement de la source
au silence
un silence qui vibre
comme écho du destin
qui prend appui sur ce que l'ombre
cèle de possible clarté
un silence qui vient chercher
dans le remuement de la langue
ce qui livre et délivre
et que la parole ne savait pas
mais qui se disant la dépasse
devenant cet outil qui rêve
découvrant d'elle-même
ce qu'elle dit du monde
se consumant et s'éclairant
tout à la fois dans l'affirmation
de sa seule présence
présence au monde désaxée
dans son refus fragile
de n'être que dans l'évidence
où se tient l'apparence des choses
– rapace
qui dérives
milan les yeux aveuglés d'aube
ignorant le regard de celui qui l'observe
cherchant à quoi se noue
suspendue ainsi dans le vide
la force de sa solitude
son féroce et indépassable héritage
ton plané silencieux
dessine le tracé d'une âme
perpendiculaire à la mienne
guide l'air qui descend et
remonte dans ma poitrine
il n'y a pas de quoi
se sentir misérable
de marcher dans la même blessure
tout au long de sa mort
ici
le jour levé
dans ses exhalaisons terrestres
et son immensité perdue
sur les chemins des pierres
est un baiser léger posé
sur mon épaule
cela suffit
à la très humble mais fervente joie
de se sentir vivant !
ici
au milieu de ce qui est là
après les sueurs de la nuit
apparaît parfois dans les clairs de jour
et n'a jamais de cesse
dans son œuvre de force sourde
et de buisson ardent